Vers l’équité des genres : les athlètes féminines d’Équipe Canada continuent d’écrire l’histoire
Dans un peu plus d’un an, les Jeux olympiques d’été atteindront ainsi la parité des sexes pour la première fois de l’histoire, alors qu’un nombre égale de femmes et d’hommes y participeront.
Cette parité entre athlètes féminines et athlètes masculins est attendue depuis longtemps et a seulement été possible après que plusieurs sports eurent procédé à des changements graduels. À Paris 2024, pour la toute première fois, il y aura exactement le même nombre de femmes et d’hommes en athlétisme, à la boxe et en cyclisme et ce, 128 ans après les premiers Jeux olympiques de l’ère moderne.
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Même c’est une bonne nouvelle, le fait demeure qu’il reste encore du travail à faire pour s’assurer que cette équité aille au-delà du simple nombre de participants aux Jeux.
Le thème de la Journée internationale de la femme en 2023 est #EmbraceEquity, encourageant ainsi tout le monde à travailler collectivement dans le but d’en arriver à un monde qui est libre de préjugés et de discrimination, un monde où il y a de la diversité et de l’inclusion.
Une des bonnes façons d’y arriver est de célébrer les succès des femmes.
Équipe Canada a eu sa part de personnes influentes qui ont laissé leur empreinte sur le monde du sport. Même si gardons notre ligne de mire résolument sur le passé récent, les réalisations historiques de ces femmes canadiennes méritent un tonnerre d’applaudissements.
Ellie Black et l’équipe de gymnastique artistique
Équipe Canada a réalisé ce qui était peut-être la plus grande surprise des Championnats du monde de gymnastique artistique FIG 2022 quand Ellie Black, Laurie Denommée, Denelle Pedrick, Emma Spence et Sydney Turner ont remporté la médaille de bronze à l’épreuve féminine par équipes. C’était la première fois que le Canada décrochait une médaille par équipes aux Mondiaux de gymnastique artistique et cela a permis de qualifier une équipe canadienne féminine complète pour Paris 2024. En fait, il s’agissait des premières places de quota que le Canada obtenait officiellement en vue des prochains Jeux olympiques.
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Black, déjà la gymnaste artistique canadienne ayant connu le plus de succès de l’histoire, est devenue une plus grande légende encore à Liverpool. À 27 ans, elle était la concurrente la plus âgée dans la finale féminine par équipes. Elle a conclu cinquième dans le concours multiple individuel – c’était la troisième fois qu’elle se retrouvait parmi les cinq meilleures de cette épreuve aux Mondiaux – avant d’ajouter l’argent à la poutre pour ainsi obtenir sa première médaille aux Championnats du monde dans une épreuve individuelle à un appareil.
Camryn Rogers et Sarah Mitton
Elles ont battu des records et elles ont signé des résultats qui surpassent tout ce que les autres Canadiennes avaient auparavant réalisé dans leurs épreuves respectives.
Après avoir pris la cinquième place au lancer du marteau féminin à Tokyo 2020, obtenant ainsi le meilleur résultat du Canada à des Jeux olympiques dans cette épreuve de l’histoire, Camryn Rogers a monté son niveau de performance d’un autre cran en 2022. Elle a réalisé un lancer de 77,67 m, un record canadien, pour ainsi remporter son troisième titre de la NCAA. Elle a ensuite raflé l’argent à ses débuts aux Championnats du monde de World Athletics, devenant la première femme canadienne à remporter une médaille des Mondiaux dans épreuve sur pelouse. Question de compléter le tout en beauté, elle a ensuite ajouté une médaille d’or aux Jeux du Commonwealth.
Sarah Mitton est quant à elle devenue la première Canadienne à surpasser le plateau des 20 mètres au lancer du poids quand elle a réalisé un lancer de 20,33 m, un record national, pour ainsi décrocher le titre canadien en 2022. Sa quatrième place aux Championnats du monde de World Athletics 2022 — ayant alors été évincée du podium sur un bris d’égalité — s’est avérée le meilleur résultat canadien de l’histoire aux Mondiaux à l’épreuve féminine du lancer du poids.
Brooke Henderson
Chacun des tournois que Brooke Henderson remporte sur le circuit de la LPGA vient bonifier un palmarès personnel qui a déjà pris des proportions historiques — et elle n’a que 25 ans! En janvier, elle a remporté la première épreuve de la saison, le Tournoi des Championnes, s’imposant alors dans un tournoi qui rassemblait la crème de la crème du golf féminin. Il s’agissait alors de son 13e titre de la LPGA, ce qui dépasse largement le total récolté par tout homme canadien au golf professionnel. En fait, Henderson occupe le premier rang de tous les temps au chapitre des victoires par un athlète du Canada au golf professionnel depuis qu’elle a signé sa neuvième victoire en 2019.
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Summer McIntosh, Penny Oleksiak et Kylie Masse
Au cours des six dernières années, l’équipe canadienne féminine de natation est devenue une des puissances de son sport. Aux Championnats du monde aquatiques 2022, huit des 11 médailles remportées par le Canada en natation (permettant au pays de se classer au troisième rang de la compétition) ont été raflées dans les épreuves féminines.
À l’âge de 15 ans, Summer McIntosh est devenue la première nageuse canadienne de l’histoire à remporter deux médailles d’or aux Mondiaux, signant des victoires au 200 m papillon et au 400 m quatre nages individuel. Un mois plus tard aux Jeux du Commonwealth, elle a été l’athlète du Canada la plus décorée en vertu d’une récolte de six médailles.
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Les exploits de Penny Oleksiak aux Jeux olympiques ont été bien documentés. Toutefois, l’athlète du Canada la plus décorée aux Jeux olympiques est aussi l’athlète en natation du Canada la plus décorée de tous les temps aux Championnats du monde de la FINA. Elle a remporté quatre médailles en relais en 2022, ce qui lui a donné un total de neuf médailles en carrière aux Mondiaux.
Kylie Masse n’est pas loin derrière avec huit médailles en carrière aux Championnats du monde. Elle est aussi la première athlète du Canada en natation à remporter deux titres mondiaux d’affilée dans la même épreuve (le 100 m dos en 2017 et 2019), Masse a décroché cinq de ses médailles dans des épreuves individuelles, notamment une autre médaille d’or, cette fois au 50 m dos, en 2022.
Christine Sinclair
Christine Sinclair est l’athlète qui occupe le premier rang de tous les temps au chapitre des buts marqués à l’échelle internationale au soccer – n’en déplaise à l’Internet, qui cherche à vous faire croire que c’est Cristiano Ronaldo. Cette donnée est devenue le point focal d’une initiative qui a pris naissance en Nouvelle-Zélande et qui s’appelle « Correct the Internet » (Corriger l’Internet), et qui a pour but de sensibiliser les gens sur les biais de ce type.
Sinclair affiche un total de 190 buts (comparé à 118 seulement pour Ronaldo), qu’elle a inscrits au cours d’une carrière qui s’étend sur plus de 22 ans. Elle est la chef de file incontestée de l’équipe nationale canadienne féminine, même si de plus jeunes joueuses ont commencé à attirer davantage les feux de la rampe sur le terrain.
En dehors du terrain, elle se fait entendre plus que jamais. Sinclair travaille avec son ancienne coéquipière Diana Matheson dans le but de lancer une ligue nationale de soccer professionnel féminin. Elle a par ailleurs montré qu’elle est toujours prête à lutter pour que ses coéquipières et elle soient traitées de manière équitable.
L’équipe de basketball 3×3
Il n’est pas question que les sœurs Plouffe – Katherine et Michelle – ainsi que leurs coéquipières Paige Crozon et Kacie Bosch laissent certains critères de qualification difficiles à comprendre les exclure d’une autre édition des Jeux olympiques. L’été dernier, elles ont prouvé qu’elles composent la meilleure formation de basketball féminin 3×3.
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Après avoir remporté la médaille d’argent au tout premier tournoi en sol canadien de la Coupe du monde féminine FIBA 3×3, elles ont remporté quatre tournois au cours des Séries féminines FIBA 3×3 – incluant la finale – pour terminer au premier rang du classement général. Leur mission en 2023 est de continuer à ce rythme dans le but de décrocher une place à Paris 2024.
Laurence St-Germain et Valérie Grenier
À l’approche de l’actuelle saison de ski alpin, c’est l’équipe canadienne masculine des épreuves de vitesse qui attirait l’attention en raison des bons résultats que celle-ci a commencé à afficher en 2022. Pendant ce temps, les membres de l’excellente équipe féminine des épreuves techniques ne sont pas restés les bras croisés, puisqu’elles ont elles aussi connu des moments étonnants.
Le plus marquant d’entre eux est survenu aux Championnats du monde de ski alpin de la FIS, où Laurence St-Germain a marché sur les plates-bandes de la plus grande athlète de tous les temps au slalom féminin et s’est emparée de la médaille d’or. N’ayant jamais fait mieux que la sixième place dans une épreuve de slalom de la Coupe du monde, St-Germain a été aussi parfaite qu’il lui était possible de le faire à l’occasion des deux manches. Elle est devenue la première athlète du Canada a obtenir un titre mondial de slalom en 63 ans.
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Quelques semaines plus tôt, Valérie Grenier avait été la première skieuse canadienne à remporter une médaille d’or dans une épreuve de de slalom géant en Coupe du monde depuis 1974. Ceci représente peut-être le début d’une nouvelle ère du ski alpin canadien chez les femmes. Il ne faut pas oublier que le Canada a remporté plus de médailles olympiques dans des épreuves féminines de ski alpin que du côté masculin !
Alexandria Loutitt et Abigail Strate
C’est juste avant que le saut à ski féminin soit intégré pour la première fois au programme olympique, en 2014, qu’a commencé l’histoire d’amour d’Alexandria Loutitt avec ce sport. Une décennie plus tard, elle est devenue la première Canadienne à remporter une épreuve de la Coupe du monde de saut à ski quand elle s’est imposée dans une compétition sur tremplin normal à Zao, au Japon, au mois de janvier dernier.
Mais Loutitt n’avait pas fini d’écrire l’histoire. Début février, elle est devenue la première Canadienne à être couronnée championne du monde junior en saut à ski. Un mois plus tard, elle est devenue la première athlète du Canada à remporter un titre mondial dans une épreuve de saut à ski en gagnant la médaille d’or au grand tremplin féminin.
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Quelques semaines seulement après la victoire de Loutitt en Coupe du monde, sa coéquipière Abigail Strate a remporté une médaille en Coupe du monde à son tour, gagnant le bronze dans une grande épreuve de tremplin. C’est la première fois que le Canada voit deux athlètes féminines accéder au podium en Coupe du monde de saut à ski au cours d’une même saison. Les deux athlètes avaient aussi écrit une page d’histoire à Beijing 2022 quand elles ont aidé le Canada à remporter sa toute première médaille olympique en saut à ski, le bronze, à l’occasion de la toute première présentation de l’histoire d’une épreuve mixte par équipes.
À Milano Cortina 2026, les femmes auront enfin droit à deux épreuves individuelles de saut à ski — à l’instar des hommes — alors qu’une épreuve sur grand tremplin s’ajoutera à l’épreuve sur tremplin normal.
Caitlin Nash et Natalie Corless
En décembre 2019, Caitlin Nash et Natalie Corless sont devenues les premières femmes à participer à une course en luge double en Coupe du monde. À l’époque, l’épreuve de double était ouverte à tous les genres, mais seuls les hommes y avaient participé jusque-là. Ce n’est donc pas surprenant que Nash et Corless aient misé sur la luge en simple pour tenter de se qualifier en vue de Beijing 2022.
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Toutefois, quelques mois après que Corless eut fait ses débuts olympiques en simple, on a annoncé qu’une épreuve féminine de double serait ajoutée au programme en vue de Milano Cortina 2026. Les deux adolescentes ont décidé de faire équipe à nouveau. En décembre 2022, elles ont remporté le bronze à Park City, dans l’Utah, pour ainsi rafler la première médaille de la Coupe du monde dans l’histoire du Canada dans une épreuve féminine de luge double.
Megan Oldham et Laurie Blouin
L’une est une skieuse, l’autre est une planchiste, mais elles ont toutes deux été des chefs de file dans les efforts qui ont été faits pour repousser les limites de la progression des femmes dans leurs sports respectifs.
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Aux X Games d’hiver à Aspen à la fin du mois de janvier, Megan Oldham est devenue la première skieuse ou planchiste à réussir un triple cork (trois flips et quatre rotations désaxées) dans une compétition, en route vers l’or à l’épreuve de ski big air. Cette figure historique lui a valu d’obtenir le tout premier pointage parfait de 50 dans une épreuve féminine de big air aux X Games.
Le lendemain, Laurie Blouin a réalisé le premier cab triple underflip 1260 en snowboard féminin, décrochant du même coup la médaille de bronze en big air. Au cours du weekend, le niveau de compétition en freeski et en snowboard féminins a clairement monté d’un cran.
Deanna Stellato-Dudek
Au tournant du millénaire, Deanna Stellato affichait de belles promesses à l’épreuve individuelle de patinage artistique, alors qu’à 16 ans, représentant alors les États-Unis, elle avait remporté l’argent aux Championnats du monde juniors. Un peu plus d’un an plus tard, elle a pris sa retraite après avoir dû composer avec de nombreuses blessures. Avançons maintenant jusqu’en 2016. Après avoir entrepris une carrière d’esthéticienne et s’être mariée, elle a réalisé qu’elle rêvait encore de participer aux Jeux olympiques et elle a décidé d’effectuer un retour, cette fois en couple, ce qui voulait dire qu’elle devait apprendre à maîtriser une série de nouvelles habiletés à partir de zéro.
Stellato-Dudek s’est installée au Canada en 2019 afin de faire équipe avec Maxime Deschamps. À leur quatrième saison ensemble, ils ont fait de grandes avancées à plusieurs égards pendant l’automne. À 39 ans, Stellato-Deschamps est devenue la médaillée la plus âgée du circuit Grand Prix et la médaillée d’or la plus âgée dans l’histoire de cette série. Après avoir remporté son premier titre national au mois de janvier dernier, le couple a décroché le bronze aux Championnats des quatre continents, ce qui fait que Stellato-Dudek s’est à nouveau retrouvée sur le podium d’un championnat de l’ISU après une absence de 23 ans. Il semble effectivement que l’âge ne soit qu’un chiffre.