La génération en or porte Sinclair au sommet de l’Olympe
Quand Christine Sinclair a joué son premier match avec l’équipe nationale du Canada, Julia Grosso n’était pas encore née.
Vingt ans plus tard, la recrue olympique a inscrit le but de la victoire à la séance de tir en finale pour la médaille d’or du tournoi de soccer féminin des Jeux olympiques de Tokyo 2020. Grosso permettait ainsi à Équipe Canada de monter sur la plus haute marche du podium.
Meilleure buteuse de l’histoire du soccer international, Sinclair n’a pas participé à cette séance de tirs, ayant été remplacée en fin de deuxième demie. C’était un rare moment dans son parcours légendaire que la capitaine était forcée de vivre un moment crucial, sinon le plus important de l’histoire de son équipe depuis les lignes de côté.
«J’ai haï le fait de ne pas être sur le terrain puisque c’est tellement stressant, mais je déborde de fierté pour cette équipe, a-t-elle dit après la rencontre. Ce fut tout un parcours dans ce tournoi et c’est un honneur de faire partie de ce groupe.»
Sinclair a joué un rôle important dans ce tournoi, notamment comme partante dans cinq des six matchs du Canada. Elle a marqué le tout premier but des siennes dans le nul de 1-1 contre le Japon enlever de rideau du tournoi, et elle a été cherché le penalty important qui a permis aux Canadiennes de créer l’égalité dans le match pour la médaille d’or.
Cette fois cependant, la vétérane de 38 ans n’a pas eu à transporter l’équipe sur ses épaules. Si le Canada est maintenant assis au sommet de l’Olympe, ce n’est pas le produit du travail d’une seule joueuse, mais bien par l’effort cohérent d’une équipe entière.
Jessie Fleming a converti le penalty en deuxième demie qui a redonné vie aux Canadiennes, tout comme elle l’avait fait en demi-finale contre les Américaines. Le duo défensif dans l’axe compose de Kadeisha Buchanan et Vanessa Gilles (qui s’est taillée une place de partante à mi-chemin dans le tournoi) a été solide comme le roc. Nichelle Prince et Janine Beckie ont démontré qu’elles avaient des atomes crochus à l’attaque, tandis que Deanne Rose a donné des maux de tête aux défenseurs adverses par ses incursions offensives agressives. Le calme d’Ashley Lawrence était remarquable tandis que Quinn a fait ce que Quinn fait au cœur du milieu de terrain de la formation canadienne.
Bien que le tir de Grosso est celui qui a mis fin au suspense, deux autres joueuses de 20 ans, Jordyn Huitema et Jayde Riviere auraient aussi pu participer à la séance de tirs si elle s’était étirée davantage.
Au-delà de leur statut de médaillées d’or, ces joueuses partagent un autre point très intéressant : aucune ne sera âgée de 30 ans quand viendront les Jeux de Paris 2024.
On s’entend pour le moment que l’équipe n’a pas commencé à planifier la défense de son titre… elle célèbre. Et elle jette un regard sur le passé et à tout ce que Sinclair a fait pour ce programme pour l’emmener là où il est aujourd’hui.
«Elle est la meilleure de tous les temps, a lancé Buchanan. Plus important, elle est une véritable capitaine et une véritable amie. On a beaucoup à apprendre d’elle. Elle est une grande leader.»
Quinn se souvient enfant d’avoir regardé Sinclair jouer pour le Canada à la Coupe du Monde Féminine de la FIFA 2003.
«Quel sentiment incroyable! ‘Sinc’ est un modèle pour moi depuis silong temps. Je crois que pour les joueuses plus jeunes du groupe, notre désir était de redonner aux vétéranes de l’équipe», raconte le numéro 5 de la formation canadienne.
Sinclair rejoint Sophie Schmidt et Desiree Scott comme triples médaillées olympiques, ayant chacune remporté le bronze avec le Canada aux Jeux de Londres en 2012 puis de Rio en 2016. Schmidt, qui a aussi joué avec Sinclair aux Jeux de Beijing 2008, sait sans l’ombre d’un doute ce que la capitaine signifie pour le programme national canadien.
«Elle inspire tout le monde et pas seulement les jeunes filles à être la meilleure version de soi, dit-elle. C’est une personne intègre et tout le monde peut se reconnaître en elle, la suivre et l’apprécier. Elle incarne tellement notre identité en tant que Canadiens.»
Comme c’était le cas pour Sinclair, Schmidt a suivi la séance de tirs depuis les lignes de côté. Cependant, elle était confiante à propos des chances du Canada, grâce à l’accent mis sur la pratique de tirs de penalty depuis le début du camp d’entraînement, sans parler des mains sûres de la gardienne Stephanie Labbé.
«Steph a fait une grande différence pour nous depuis le début du tournoi, raconte Schmidt. Nous savions que nous étions capables d’un tel résultat et nous devions simplement respecter nos principes de jeu.»
Labbé a réalisé deux arrêts dans la séance de tirs au terme du match pour la médaille d’or et elle a été une des joueuses étoiles de la formation canadienne dans un tournoi où la marge entre la victoire et la défaite a été incroyablement mince.
«Je suis tellement heureuse et fière de tout le travail acharné qui m’a permis d’élever mon jeu à différents moments pour cette équipe quand j’étais mise au défi», a déclaré Labbé.
«Ça te ramène aux journées éreintantes quand tu travailles dur au gym… Je repense à ces journées plus difficiles ou je ne voulais pas sortir du lit. Cependant, je me suis poussée et j’ai continué et tout cela porte du fruit aujourd’hui.»
«Le sentiment est plutôt extraordinaire, affirme Labbé. Ce sont mes meilleures amies au monde. Nous avons vécu des moments très difficiles ensemble et d’autres moments glorieux et cette journée sera marquée et chérie pour toujours. Je manque de mots pour décrire ce que signifie pour moi le fait de réaliser cela avec les personnes que j’aime.»
À sa 22e saison au sein de l’équipe nationale et maintenant détentrice du record de buts dans l’histoire du soccer international, Sinclair sait trop bien comment le parcours était rempli de hauts et de bas.
«Nous nous sommes battues aujourd’hui et je suis bien fière de tout cela, affirme Sinclair. Notre objectif était de changer la couleur de la médaille et nous nous retrouvons maintenant sur la plus haute marche du podium, ce qui n’est pas mal du tout.»
Comme elle nous a habitués depuis ses débuts, Sinclair reste sobre dans ses propos, même après deux décennies de sang, de sueur et de larmes, particulièrement après avoir décroché cette médaille d’or olympique.
Si Sinclair et les autres vétéranes du groupe ont servi de source d’inspiration pour amener le Canada jusqu’à Tokyo. Une nouvelle génération a repris le flambeau et poursuivra la course, jusqu’à Paris, cette fois comme championnes olympiques.