THE CANADIAN PRESS/Sean Kilpatrick
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Bosses 101 : comprendre sur les bosses et les sauts

Équipe Canada a créé plus d’un moment magique en bosses aux Jeux olympiques ces dernières années.

Jennifer Heil, chef de mission d’Équipe Canada pour Milano Cortina 2026, a remporté la toute première médaille canadienne en bosses chez les femmes, une médaille d’or aux Jeux de Turin 2006.

Alex Bilodeau a quant à lui marqué l’histoire en remportant la première médaille d’or olympique du Canada sur son sol, en bosses masculines, à Vancouver 2010 (avant de défendre son titre avec succès quatre ans plus tard).

Qui pourrait oublier les sœurs Dufour-Lapointe, Justine (or) et Chloé (argent), qui ont partagé le podium à Sotchi 2014? (Leur sœur aînée Maxime avait d’ailleurs frôlé la qualification pour la finale.)

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Bien sûr, il y a aussi la légende Mikaël Kingsbury, qui est monté sur le podium lors des trois derniers Jeux olympiques : argent à Sotchi, or à PyeongChang 2018, et argent à Beijing 2022.

Au total, le Canada compte 11 médailles olympiques en bosses, depuis l’or de Jean-Luc Brassard à Lillehammer 1994. Alors peut-être que vous vous sentez un peu en retard en vous demandant : « Au fait, c’est quoi exactement, les bosses ? »

Pas de panique, on vous explique tout.

Mikael Kingsbury performs an aerial trick with his skis crossed on a moguls course
Le skieur acrobatique d’Équipe Canada Mikaël Kingsbury participe à la première ronde des qualifications en bosses masculines lors des Jeux olympiques d’hiver de Beijing 2022, le jeudi 3 février 2022. Photo : Mark Blinch/COC

C’est quoi, au juste, le ski à bosses ?

C’est une discipline du ski acrobatique qui a fait ses débuts comme sport de démonstration à Calgary 1988, avant de devenir épreuve officielle aux Jeux olympiques d’Albertville 1992.

Les skieurs dévalent une piste remplie de bosses et réalisent deux sauts acrobatiques en cours de route. Donc si vous avez déjà vu des images de skieurs qui filent à toute vitesse, les genoux collés, tout en s’allongeant et se compressant comme un accordéon… eh bien, c’est ça, les bosses.

Cependant, les bosses ne sont pas qu’un obstacle à franchir : la qualité des virages à travers ces bosses, qui sont évaluée par un jury, constitue la majeure partie de la note. Le reste provient de la qualité et de la difficulté des sauts, ainsi que de la vitesse à laquelle le skieur descend la piste.

Quelles épreuves de bosses seront présentées à Milano Cortina 2026 ?

Les épreuves masculines et féminines de ski à bosses seront au programme, comme c’est le cas depuis Albertville. Mais une nouveauté fait son entrée aux Jeux olympiques d’hiver : bosses en duel, une épreuve où deux skieurs s’affrontent directement sur des parcours parallèles. Les virages demeurent l’élément le plus important de la note, mais la vitesse et les sauts prennent encore plus de poids ici.

Et plusieurs skieurs canadiens sont emballés par cette nouvelle épreuve.

« Je pense que je suis plus excité par les bosse en duel et je me sens moins nerveux quand c’est du duel, » explique Kingsbury, qui vise une quatrième médaille olympique. « Il y a un peu plus d’adrénaline en bosses en duel parce que tu as quelqu’un contre toi et tu vas absolument à fond. »

Pour la première fois, les skieurs de bosses auront la chance de viser deux médailles lors des mêmes Jeux. C’est une perspective qui motive particulièrement Maïa Schwinghammer, une athlète de 24 ans originaire de Saskatoon, qui espère participer à ses premiers Jeux après avoir remporté le bronze en bosses aux Championnats du monde FIS 2025.

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« Ce sera un moment historique pour nous. C’est clairement quelque chose dont je veux profiter, et je vais mettre davantage l’accent dans mon entraînement sur les départs en duel et sur l’élément de vitesse en ski à bosses », dit-elle.

« Je suis tellement excitée. C’est vraiment génial. On pourra rester plus longtemps aux Jeux. C’est incroyable. Avec Jenn Heil comme chef de mission, c’est un beau moment qui boucle la boucle pour elle aussi. »

Moguls skier in white snowsuit does a flip in the air with mountains in background
Maïa Schwinghammer participe à l’épreuve de ski à bosses chez les femmes aux Championnats du monde de ski acrobatique FIS 2025 à Engadin, en Suisse (Rudi Garmisch/FIS Freestyle).

Qu’est-ce qui traverse l’esprit d’un skieur de bosses avant un départ ?

Schwinghammer écoute de la musique et essaie de rester détendue à l’approche de son passage dans le portillon de départ.

« J’essaie vraiment de faire quelques exercices de respiration, de me relaxer et de me concentrer sur quelques mots-clés. Je me demande : d’accord, quels sont les éléments du parcours sur lesquels je dois me concentrer ? » explique-t-elle.

« Mais quand j’entre vraiment dans le portillon de départ et que je regarde ma ligne, j’essaie de tout laisser aller. J’essaie juste d’être libre, tu vois. Me rappeler de laisser mon corps bouger. Le corps sait ce qu’il a à faire. »

C’est une routine assez similaire pour Elliot Vaillancourt, un athlète de 26 ans originaire de Drummondville, au Québec, champion du monde junior en en bosses en parallèle en 2019 et lui aussi en quête d’une première participation olympique.

Team Canada's Elliot Vaillancourt
LA PRESSE CANADIENNE/Sean Kilpatrick

« Cet hiver, j’essayais surtout de rester dans le moment présent, de sentir mon corps. Juste essayer de sortir de ma tête », dit-il. « Tu as fait le travail, tu connais le parcours. »

« Reste simplement dans le présent. Profite du moment. Ils disent “3-2-1, go” par formalité, mais le chrono ne part que lorsque tu traverses le faisceau laser. Alors, après le “go”, je prends toujours une seconde ou deux, et c’est comme si le temps s’arrêtait. Je me dis : “Bon, c’est parti.” Puis tu t’élances. »

Que devrait-on savoir sur le ski à bosses ?

Le message de Vaillancourt est simple : chaque piste de bosses est différente.

« J’ai l’impression que parfois, les non-skieurs pensent que la neige, c’est de la neige, peu importe qu’il fasse froid ou chaud », dit-il. « Mais les parcours sont vraiment très différents les uns des autres. Sans entraînement, si on devait passer d’un site à un autre et simplement faire une descente en compétition, il serait impossible d’être aussi bons. »

« L’entraînement est essentiel, parce que les sauts peuvent être plus grands ou plus petits, les bosses plus rapides, plus serrées ou plus imposantes, la neige change, l’éclairage du parcours change, l’inclinaison est différente, le rythme des bosses aussi. C’est l’addition de tous ces petits changements qui fait qu’un parcours peut être complètement différent d’un autre. »

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Comme si le sport n’était pas déjà assez exigeant, s’adapter aux particularités de chaque piste ajoute un tout autre niveau de difficulté.

« [J’aimerais que plus de gens sachent] à quel point il faut être athlétique pour descendre une piste de bosses », dit Louis David Chalifoux, 23 ans, de Québec. « On peut facilement regarder le sport et l’ignorer, mais c’est vraiment difficile, et tous ceux qui compétitionnent au plus haut niveau en ce moment sont incroyables. »

Chalifoux s’est mis au ski à bosses après avoir vu Alex Bilodeau remporter ce fameux titre olympique à Vancouver en 2010. En quête de son propre moment olympique, il est simplement heureux de faire partie d’un point fort pour la discipline.

« Le niveau sur le circuit de la Coupe du monde est vraiment, vraiment élevé, le plus élevé qu’il ait jamais été », ajoute-t-il. « Il y a tellement de gens très bons, ça fait vraiment progresser le sport, et c’est génial d’en faire partie. »