Les athlètes afro-canadiens qui ont marqué l’histoire d’Équipe Canada
Cet article a été mis à jour le 17 janvier 2023.
Le Mois de l’histoire des Noirs est l’occasion de rendre hommage aux Canadiens et Canadiennes de race noire d’hier et d’aujourd’hui. Tout au long du mois, nous célébrerons les réalisations des athlètes noirs qui ont marqué la société et la culture canadiennes.
Bien que célébré depuis 1976, ce n’est qu’en décembre 1995 que la Chambre des communes a officiellement reconnu le mois de février comme le Mois de l’histoire des Noirs au Canada.
Olympique.ca célèbre les Canadiens noirs qui ont tant contribué à notre succès sportif sur la scène olympique et bien au-delà du sport, inspirant les générations qui les succèdent à continuer de faire tomber les barrières.
Programme scolaire olympique canadien
La collection : Histoire des Noirs
Hommage aux contributions des Canadiens noirs au sport et à l’histoire du pays
Army Howard
C’est à Stockholm en 1912 que John « Army » Howard est devenu le premier olympien noir d’Équipe Canada. Mais c’était une période difficile pour lui, comme vous pouvez l’imaginer, faisant notamment l’objet d’une couverture raciste dans les journaux quotidiens. Il lui était interdit de rester dans le même hôtel que ses coéquipiers blancs et il a dû endurer un voyage assez pénible sur le bateau qui lui faisait traverser l’Atlantique en direction des Jeux.
Howard était l’un des tops sprinteurs au monde, ayant même battu les Américains qui allaient devenir les médaillés olympiques aux 100 m et 200 m à Stockholm. Le Canadien a malheureusement souffert d’une maladie de l’estomac à ces Jeux et n’a pu se qualifier pour la finale de ses épreuves.
Membre du Corps expéditionnaire canadien durant la Première Guerre mondiale, Howard a remporté le bronze au 100 m aux Jeux interalliés de 1919. Même après sa retraite de la compétition, son impact sur le sport canadien a perduré à travers deux de ses petits-enfants devenus olympiens eux-mêmes.
Phil Edwards
Né en Guyane, le coureur de demi-fond Phil Edwards a reçu le surnom d’Homme de bronze. Il était unique parmi les athlètes d’athlétisme, remportant cinq médailles de bronze olympiques, mais aucune des autres couleurs. Ces cinq médailles constituaient un record olympique canadien qui ne serait égalé qu’en 2002.
La première médaille olympique d’Edwards est survenue à Amsterdam 1928 avec l’équipe du relais 4×400 m. À Los Angeles 1932, il a réalisé sa plus grande performance olympique : des podiums en individuel au 800 m et au 1500 m, ainsi qu’une médaille de bronze au relais 4×400 m. Edwards a couronné sa carrière olympique avec une autre médaille de bronze au 800 m à Berlin 1936.
Parmi ses autres réalisations historiques, il est devenu le premier homme noir à gagner une médaille aux Jeux de l’Empire britannique (maintenant les Jeux du Commonwealth) en 1934. Il a également remporté en 1936 le premier Prix Étoile du Nord (autrefois appelé trophée Lou Marsh) remis à l’athlète de l’année du Canada.
Juste avant sa dernière apparition olympique, Edwards est devenu la première personne de descendance africaine à obtenir son diplôme de la faculté de médecine de McGill. Il a ensuite mené une brillante carrière en tant que consultant auprès du gouvernement canadien sur les maladies tropicales et thoraciques.
Ray Lewis
Ray Lewis était l’un des coéquipiers d’Edwards dans leur performance en bronze au relais 4×400 m à Los Angeles 1932. De Hamilton, en Ontario, le petit-fils d’anciens esclaves évadés a été le premier athlète noir né au pays à remporter une médaille olympique.
Écarté de l’équipe olympique canadienne de 1928, Lewis a poursuivi son entraînement tout en travaillant comme porteur ferroviaire pour le Canadien Pacifique. Il a renoncé à un mois de salaire afin de participer aux essais olympiques canadiens de 1932 où il a obtenu son billet pour Los Angeles.
Bien qu’il ait reçu peu d’éloges immédiats après son succès olympique, il a été nommé à l’Ordre du Canada en 2001 et après sa mort en 2003, une école primaire de Hamilton a été nommée en son honneur.
Barbara Howard
Barbara Howard n’avait que 17 ans lorsqu’elle s’est qualifiée pour les Jeux de l’Empire britannique de 1938 après avoir parcouru 100 verges en 11,2 secondes, un dixième de seconde de mieux que le record des Jeux de l’Empire britannique. Considérée comme la première femme afro-canadienne à participer à des compétitions sportives internationales, elle est revenue de Sydney, en Australie, avec deux médailles aux épreuves du relais.
Mais Howard n’a jamais eu la chance de démontrer ses capacités de sprinteuse aux Jeux olympiques en raison de la Seconde Guerre mondiale. Elle a ensuite obtenu son diplôme de l’Université de la Colombie-Britannique et est devenue enseignante, marquant l’histoire en devenant la première employée provenant des minorités visibles de la commission scolaire de Vancouver. Ses réalisations sportives ont été reconnues ces dernières années alors qu’elle a été intronisée au Temple de la renommée des sports de la Colombie-Britannique en 2012 et au Panthéon des sports canadiens en 2015.
Harry Jerome
Harry Jerome et sa sœur cadette, Valerie, ont marché dans les traces de leur grand-père olympien, Army Howard, quand ils ont participé aux Jeux de Rome 1960. Harry était le plus rapide de la famille, établissant le record du monde au 100 m en juillet 1960. Après qu’une blessure ait fait ombre à ses débuts olympiques, Jerome a remporté le bronze au 100 m quatre ans plus tard à Tokyo 1964, où il s’est aussi classé quatrième au 200 m.
Après avoir pris sa retraite à la suite des Jeux olympiques de 1968, Harry Jerome a été invité par le Premier ministre Pierre Trudeau à participer à la création du nouveau ministère des Sports du Canada. Il a également utilisé son profil racial pour faire la lumière sur de nombreux défis socioéconomiques auxquels sont confrontés les Canadiens de race noire, et pour créer des opportunités en dehors du monde sportif.
Jerome, âgé de 42 ans à peine, a succombé à un anévrisme cérébral et est décédé en 1982. Deux ans plus tard, une compétition internationale annuelle d’athlétisme à Vancouver était renommée en son honneur. En 1988, une statue a été érigée à Stanley Park. Il a été intronisé à l’Allée des célébrités canadiennes en 2001.
Debbie Armstead
Debbie Armstead a été la première nageuse canadienne noire à se qualifier pour les Jeux olympiques. Malheureusement, elle n’a jamais pu prendre part aux Jeux de Moscou 1980 puisque le Canada s’est joint au boycott mené par les Américains. Deux ans plus tard, elle a représenté le Canada aux Championnats du monde de la FINA 1982 en Équateur, y nageant le 100 m papillon. Armstead a reçu une reconnaissance longuement attendue en 2012 lorsque l’équipe olympique de natation de 1980 a été honorée lors des Essais nationaux canadiens à Montréal.
Charmaine Crooks
Charmaine Crooks, cinq fois olympienne, a eu un impact sur le sport canadien comme peu d’autres l’ont fait. À Los Angeles en 1984, elle était membre de l’équipe de relais 4×400 m qui a remporté la médaille d’argent. À Atlanta en 1996, elle a eu l’honneur d’être le porte-drapeau d’Équipe Canada à la cérémonie d’ouverture. Entre ses exploits olympiques, Crooks a aussi remporté plusieurs médailles aux Jeux panaméricains et du Commonwealth.
Élue par ses pairs à la commission des athlètes du CIO en 1996, Crooks a été membre à part entière du CIO de 2000 à 2004 et membre fondatrice du comité d’éthique du CIO. Son engagement en faveur du franc-jeu l’a menée vers une place au sein du premier conseil d’administration de l’Agence mondiale antidopage. Elle a également siégé au conseil exécutif de Right To Play International et, en 2006, a reçu le prix Femme et Sport du CIO.
Jarome Iginla
Salt Lake City en 2002 a été le théâtre de plusieurs victoires historiques. À peine cinq jours après que la bobeuse américaine Vonetta Flowers soit devenue la première athlète noire à remporter une médaille d’or aux Jeux olympiques d’hiver, le hockeyeur Jarome Iginla est devenu le premier homme noir à réussir l’exploit.
Iginla a inscrit deux buts lors de la victoire de 5-2 d’Équipe Canada face aux États-Unis, ce qui a permis au Canada de remporter sa première médaille d’or olympique au hockey masculin en 50 ans. Il a également participé aux Jeux olympiques de Turin 2006 et de Vancouver 2010, pour totaliser trois participations olympiques. Il a été un joueur clé dans la conquête de la médaille d’or par le Canada à ses derniers Jeux, récoltant une aide sur le « but en or » de Sidney Crosby en finale contre les États-Unis pendant la prolongation.
Phylicia George
Après s’être qualifiée pour les finales du 100 m haies à Londres en 2012 et à Rio 2016, Phylicia George a marqué l’histoire à PyeongChang 2018. Quelques mois à peine après avoir poussé pour la première fois un bob, George est devenue la première femme afro-canadienne à avoir participé aux Jeux olympiques d’été et d’hiver. Mais George n’a pas seulement pris part à la compétition en Corée. Elle a remporté une médaille de bronze avec la pilote Kaillie Humphries.
Damian Warner
À Tokyo 2020, Damian Warner a fait ce que personne n’avait fait auparavant : faire plus de 9000 points au décathlon à des Jeux olympiques. Warner est le quatrième homme seulement à dépasser cette marque, lui qui a mené le décathlon du début à la fin, devenant ainsi le premier Canadien à remporter l’or olympique dans cette épreuve qui comporte 10 disciplines en deux jours. C’est sans surprise que celui qui porte le titre honorifique de plus grand athlète au monde a été choisi pour être le porte-drapeau du Canada pour la cérémonie de clôture.
Andre De Grasse
Andre De Grasse a remporté une médaille à chacune des six épreuves olympiques pour lesquelles il s’est aligné sur la ligne de départ. Ces performances en font l’athlète olympique masculin canadien de sport d’été le plus décoré. À Rio 2016, il est devenu le premier athlète canadien à remporter une médaille olympique dans les trois épreuves de sprint, mettant la main sur une médaille d’argent au 200 m et des médailles de bronze au 100 m et au relais 4×100 m. À Tokyo 2020, il a réalisé ce tour du chapeau encore une fois. De Grasse a cette fois gagné l’or au 200 m, suivi par une deuxième médaille de bronze consécutive au 100 m. Il a aussi conclu le relais 4×100 m, permettant au Canada de remporter la médaille d’argent.
Joshua Liendo
Les nageurs noirs sont encore rares au niveau olympique, mais Joshua Liendo espère que la visibilité de ses réalisations aidera son sport à afficher plus de diversité.
Liendo a fait ses débuts olympiques à Tokyo 2020 où il a contribué à la quatrième place du relais masculin 4×100 m style libre. Il est devenu le premier nageur noir canadien à remporter une médaille d’or et une médaille dans une épreuve individuelle à une compétition internationale majeure. Aux Championnats du monde FINA en petit bassin (25 m) en décembre 2021, il a remporté l’or au relais mixte 4×50 m style libre ainsi que des médailles de bronze au 50 m et au 100 m style libre.
Liendo a fait encore plus de percées en 2022. Il a remporté trois médailles aux Championnats du monde FINA en grand bassin, dont des médailles de bronze au 100 m style libre et au 100 m papillon. Aucun Canadien n’était monté sur un podium international dans cette épreuve au cours des 49 dernières années.
Sarah Nurse
À Beijing 2022, lors de sa deuxième participation aux Jeux olympiques, Sarah Nurse a joué un rôle déterminant dans la conquête de la médaille d’or par le Canada au hockey féminin. Elle a battu le record de points obtenu au cours d’un même tournoi olympique, enregistrant cinq buts et 13 aides. Ses 18 points ont surpassé le précédent record détenu depuis 2006 par la légendaire Hayley Wickenheiser. Lors du match pour la médaille d’or contre les États-Unis, Nurse a marqué le premier but et obtenu une aide sur l’éventuel but décisif du match.
Nurse est présumée être la première femme noire à jouer au hockey pour le Canada aux Jeux olympiques d’hiver. Elle a réalisé ce fait d’armes lors de ses débuts à PyeongChang 2018. Quatre ans plus tard, elle est devenue la première femme noire à remporter l’or olympique au hockey. Son statut dans le sport a été reconnu plus tard en 2022 lorsqu’elle a été la première femme à apparaître sur la couverture de la franchise de jeux vidéo EA Sports NHL.
Cynthia Appiah et Dawn Richardson Wilson
Après avoir vu son rêve olympique anéanti lorsqu’elle était freineuse, Cynthia Appiah a persévéré pour devenir la première femme noire canadienne pilote de bobsleigh. Lorsqu’elle a finalement fait ses débuts olympiques officiels à Beijing 2022, elle l’a fait avec une autre athlète qui partageait son héritage ghanéen sur le siège arrière de son bob à deux : Dawn Richardson Wilson. Cela a fait d’elles le premier équipage entièrement noir de bobsleigh de l’histoire olympique canadienne. Appiah a longtemps été inspirée par Shelley-Ann Brown qui a remporté une médaille d’argent olympique en tant que freineuse pour le Canada à Vancouver 2010.