Deux couples médaillés aux Mondiaux en tête d’affiche pour le Canada à l’aube de la saison 2024-25 de patinage artistique
La saison pré-olympique est très importante pour les patineurs artistiques. Elle leur permet d’explorer de nouvelles approches pour affiner leur créativité, d’accumuler des répétitions en situation de compétition afin de perfectionner leurs techniques, et de se démarquer auprès des fans et des juges. Cette saison se termine avec les championnats du monde, l’événement phare du cycle olympique, où les places qualificatives pour les Jeux olympiques seront en jeu.
Bien que certaines compétitions cet automne aient été moins exigeantes, elles ne représentaient qu’un échauffement pour ce qui s’annonce. La majorité des patineurs participeront à deux des six étapes du Grand Prix ISU entre octobre et novembre, dans l’espoir de se classer parmi les six meilleurs de leur discipline, ce qui leur permettrait de se qualifier pour la finale du Grand Prix ISU en décembre.
Ensuite, il y aura les championnats nationaux canadiens, qui se dérouleront en janvier. Par la suite, les patineurs seront nommés pour faire partie de l’équipe qui participera aux Championnats des quatre continents ISU et aux très importants Championnats du monde.
Avec le début imminent de la saison, voici un aperçu des patineurs canadiens et des histoires à surveiller.
Compétitions majeures au Canada
- Grand Prix ISU : Internationaux Patinage Canada – 25-27 octobre – Halifax, Nouvelle-Écosse
- Championnats nationaux canadiens de patinage – 14-19 janvier – Laval, Québec
Championnats du monde
- Championnats du monde ISU de patinage artistique – 25-30 mars – Boston, Massachusetts, États-Unis
À surveiller
Les Championnats du monde de patinage artistique qui auront lien en mars seront l’événement de qualification principal pour Milano Cortina 2026. C’est lors de cet événement que la majorité des places de quota seront allouées. Toutefois, quelques places supplémentaires dans chaque discipline seront attribuées lors d’une autre compétition prévue à l’automne 2025.
Sur la base des résultats de l’année dernière, le Canada aura droit à un maximum de trois paires en danse sur glace et trois duo au patinage en couple aux Championnats du monde, avec pour objectif de conserver ces trois places pour les Jeux olympiques.
Dans les catégories individuelles hommes et femmes, le Canada ne disposera que d’une seule place chacune aux Championnats du monde. L’objectif sera qu’un patineur ou une patineuse se distingue en terminant dans le top 10, permettant ainsi au Canada de décrocher une deuxième place olympique dans ces catégories.
Danse sur glace
Le Canada a placé deux équipes de danse sur glace dans le top cinq aux Championnats du monde 2024. En tête de liste se trouvent Piper Gilles et Paul Poirier, qui ont décroché l’argent, leur meilleur résultat en carrière. Ils ont même remporté le programme libre, les propulsant d’un rang sur le podium mondial par rapport à leurs deux précédentes apparitions. Cette progression devrait les encourager, mais ils savent que monter sur la plus haute marche du podium ne sera pas facile, notamment face à deux autres équipes expérimentées : les Américains Madison Chock & Evan Bates et les Italiens Charlène Guignard & Marco Fabbri.
Comme souvent en danse sur glace, leurs deux programmes de la saison ont des styles très différents. Pour la danse rythmique – qui doit respecter le thème des « danses sociales et styles des années 1950, 1960 et 1970 » – Gilles et Poirier mettront en scène le monde « californien parfait » que l’on associe à la musique des Beach Boys. Leur danse libre, quant à elle, puise une énergie tango-esque dans la chanson A Whiter Shade of Pale reprise par Annie Lennox. Ce changement radical par rapport à la danse libre dramatique de l’année dernière sur Les Hauts de Hurlevent a toutefois été bien reçu lors de leurs performances en tournée avec Stars on Ice ce printemps.
« Il y a beaucoup de fluidité, beaucoup de belles transitions, les éléments techniques ne commencent vraiment que plus tard dans le programme. Et je pense que cela montre vraiment la profondeur et la confiance que nous avons dans nos compétences en patinage », a déclaré Gilles lors du camp de haute performance de Patinage Canada à la fin août. « Je pense que les fans de patinage apprécieront beaucoup ce programme. »
« C’est un peu de la danse classique, mais pas complètement », a ajouté Poirier. « Nous voulions vraiment montrer cette saison de la danse, un patinage serré, des positions rapprochées. »
Au cours des dernières années, ils ont souvent souligné que leur décision de continuer à patiner se faisait saison après saison. Alors que la décision de concourir en 2023-2024 leur a pris du temps, cette année, cela a été un « oui » plus facile, en partie grâce aux programmes « excitants » qu’ils ont choisis, qui leur permettent de s’amuser tout en continuant à se lancer des défis.
À quelques places derrière Gilles et Poirier lors des derniers mondiaux, on retrouve Marjorie Lajoie et Zachary Lagha, qui ont fait leur entrée parmi l’élite mondiale avec une cinquième place à domicile, à Montréal. Cela malgré le fait que leur entraînement ait été limité en raison d’une commotion cérébrale subie par Lajoie. Avoir réalisé leur meilleure performance en carrière dans ces circonstances leur a donné confiance et des pistes pour mieux gérer leur préparation.
« Les Mondiaux ont été un gros défi pour moi, mais encore plus important, c’est ma santé, car à long terme, nous voulons faire au moins deux autres Olympiques », a déclaré Lajoie lors du camp de haute performance, soulignant l’importance d’avoir le feu vert médical avant de reprendre un entraînement intensif.
Bien qu’ils n’aient que 24 et 25 ans, Lagha semblait déjà un sage vétéran lorsqu’on lui a demandé s’ils croyaient qu’une médaille mondiale était à leur portée après leur succès à Montréal. « On n’y pense pas. On se concentre sur l’effort, pas sur les résultats. Cela peut créer une pression dont on n’a pas besoin », a-t-il expliqué. « Donner un bon spectacle [“comme d’habitude”, a ajouté Lajoie] et ensuite, c’est aux juges de décider. Ce n’est pas à nous de dire, notre rôle est de bien patiner. »
« On patine mieux avec moins de pression », a ajouté Lajoie.
Leur danse rythmique est basée sur la bande sonore d’Austin Powers et leur danse libre sur la reprise de « The Sound of Silence » par Disturbed.
Deux autres équipes canadiennes de danse sur glace seront présentes dans la série du Grand Prix cet automne, Marie-Jade Lauriault & Romain Le Gac ainsi qu’Alicia Fabbri & Paul Ayer.
Paires
Deanna Stellato-Dudek et Maxime Deschamps entament la saison avec la pression d’être les champions du monde en titre, ce qui fait d’eux les chassés plutôt que les chasseurs pour la première fois. Mais ils ne laisseront pas leur succès passé les détourner de leurs objectifs futurs, qui incluent maintenant de faire mieux que la saison dernière.
« Ce n’était qu’une étape dans notre carrière pour aller là où nous voulons aller », a déclaré Deschamps.
Bien que les partisans aient probablement regardé leur programme libre gagnant de la médaille d’or à multiples reprises, ils n’ont pas ressenti le besoin de revivre ce moment magique à Montréal. En partie parce que c’était tellement émotionnel, et en partie parce qu’ils ne veulent pas vivre dans le passé. Ayant presque immédiatement commencé diverses tournées avant de reprendre rapidement l’entraînement et de créer de nouveaux programmes, une saison a presque fusionné avec la suivante.
Leur programme court est une version ralentie et sensuelle du hit de Beyoncé, « Crazy in Love », leur permettant de mettre l’accent sur leur maturité ; à 40 ans, Stellato-Dudek est devenue la femme la plus âgée à remporter un titre mondial en patinage artistique. Leur programme libre, composé de plusieurs sélections instrumentales, vise à illustrer le concept de Deschamps appelé par l’océan, et Stellato-Dudek lui montrant la beauté et le danger du monde sous-marin dans lequel il veut rester.
« C’est très important pour moi d’être originale. Je ne veux jamais patiner sur quelque chose sur lequel quelqu’un d’autre a déjà patiné, que ce soit des concepts ou des idées, donc celui-ci ne fait pas exception. Et celui-ci est encore plus original, propre à Max et moi », a-t-elle expliqué.
S’il y a bien une chose que tous les fans canadiens attendent avec impatience, c’est la nouvelle que Deanna Stellato-Dudek, née aux États-Unis, est devenue citoyenne canadienne. Tous les documents ont été déposés, mais il faudra du temps pour que le processus se termine, afin qu’elle obtienne le passeport nécessaire pour devenir éligible aux Jeux olympiques avec l’équipe canadienne.
Il est encore difficile de croire que ce ne sera que la deuxième saison complète ensemble pour Lia Pereira et Trennt Michaud, qui se sont classés deux fois parmi les huit meilleurs aux championnats du monde. Obtenir une deuxième qualification consécutive pour la finale du Grand Prix ISU établirait vraiment leur constance. Kelly Ann Laurin et Loucas Éthier, qui ont fait leurs débuts aux championnats du monde la saison dernière, seront la troisième paire canadienne sur le circuit du Grand Prix.
Simple
Madeline Schizas est la meilleure patineuse canadienne en simple sur la scène internationale depuis plusieurs années. Mais elle cherche aussi à gagner en constance après une saison 2023-2024 décevante et espère que sa préparation très organisée et méthodique durant l’entre-saison portera ses fruits. Cherchant à retrouver l’élan qu’elle avait lors de la dernière saison olympique, elle a délibérément choisi de concourir plus souvent cette année. Schizas a également converti l’un de ses numéros de spectacle, sur la musique du Roi Lion, en son nouveau programme court et a choisi « Danse Macabre » pour le programme libre.
De son côté, la jeune Kaiya Ruiter, âgée de 18 ans. Celle qui a ravi le titre national à Schizas en janvier a récemment déplacé son centre d’entraînement de Calgary à Toronto, où elle s’entraîne désormais avec Tracy Wilson et Brian Orser.
Quel patineur canadien prendra le devant de la scène cette saison? Sur le circuit du Grand Prix, on retrouve : le champion national en titre, Wesley Chiu, 19 ans; l’ancien champion national et olympien, Roman Sadovsky; le grand sauteur Stephen Gogolev, qui a été freiné par une blessure au dos lors des championnats nationaux de l’an dernier; et Aleksa Rakic, fraîchement sorti des rangs juniors.
Cherchant à continuer son développement artistique, Chiu a travaillé avec une nouvelle chorégraphe pour son programme libre : la triple olympienne canadienne en danse sur glace, Shae-Lynn Bourne, qui a une excellente réputation pour tirer le meilleur des patineurs qui ne sont peut-être pas aussi naturellement doués pour la musicalité et le mouvement. Malheureusement, la préparation de Chiu a été quelque peu perturbée lorsqu’il s’est foulé la cheville droite, sa jambe de réception. Mais il est maintenant prêt à entrer en action alors que la partie sérieuse de la saison commence.