Le travail herculéen de Sinclair amène Équipe Canada aux portes de l’histoire
Christine Sinclair gravit cette montagne depuis des lustres et voilà qu’elle est tout près d’en atteindre le sommet.
En 22 années avec l’équipe nationale senior, la capitaine et joueuse emblématique du Canada est devenue la buteuse la plus prolifique dans l’histoire du soccer international. Elle a remporté le trophée Lou-Marsh en tant qu’athlète par excellence de l’année au Canada et elle a été intronisée à titre de membre de l’Allée des célébrités canadiennes. Elle a aidé le Canada à décrocher deux médailles de bronze olympiques, à Londres 2012 et Rio 2016.
Cependant, l’athlète de 38 ans n’a jamais disputé de match pour la médaille d’or dans un tournoi international senior de grande envergure. Maintenant, à la suite de la victoire surprise du Canada contre les États-Unis en demi-finales, Sinclair et ses coéquipières auront enfin l’occasion de le faire.
Dans son match des demi-finales, le Canada avengé sa défaite crève-cœur aux mains des États-Unis à Londres 2012. En finale contre la Suède (jeudi à 22 h, HE), les Canadiennes chercheront cette fois à se venger de l’équipe qui les a éliminées en huitièmes de finale à la Coupe du Monde Féminine de la FIFA en 2019.
Ce ne sera pas facile d’y arriver contre une solide formation suédoise qui a défait les États-Unis 3-0 plus tôt au cours de cette compétition. Alors que l’équipe a disputé cinq matchs en 13 jours par temps chaud et humide, il reste à voir si les joueuses auront encore de l’énergie en réserve.
Peu importe ce qui leur reste, elles donneront tout sur le terrain.
« Nous avons fait tout un chemin, a déclaré l’entraîneure-chef d’Équipe Canada Bev Priestman après la demi-finale. Ce groupe ne se contentera pas d’être en finale et de retourner à la maison avec l’argent.
« Nous avons 22 joueuses qui sont prêtes à faire le boulot. »
Effectivement, 21 de ces 22 joueuses ont obtenu des minutes de jeu à un moment ou l’autre depuis le début du tournoi, signe que Priestman a cherché à bâtir une formation bien équilibrée. Elle est bien loin l’époque où l’équipe canadienne se résumait à un spectacle en solo, mettant en vedette Sinclair et des actrices secondaires.
La défenseure centrale Kadeisha Buchanan et la défenseure/milieu de terrain Ashley Lawrence, des amies de longue date qui évoluent toutes deux dans les rangs professionnels en France, sont parmi les meilleures au monde à leurs postes.
Les attaquantes Janine Beckie, Deanne Rose, Adriana Leon et Nichelle Prince ont permis au Canada de montrer différents visages à l’avant. Au milieu, Quinn et Jessie Fleming apportent de la stabilité à l’équipe ainsi qu’une bonne vision du jeu.
Ces joueuses qui font partie du noyau actuel étaient encore des enfants dans les années 2000, quand Sinclair a mené le Canada à sa première présence olympique à vie aux Jeux de Beijing 2008.
Elles sont ensuite devenues des adolescentes, regardant avec admiration — comme nous tous d’ailleurs — Sinclair et ses contemporaines transporter le Canada sur le podium pour la première fois à Londres.
Elles sont la preuve vivante et tangible que les efforts de Sinclair, au cours des deux dernières décennies, ont été percutants sur les générations suivantes.
Autrement dit, Sinclair n’a pas fait qu’inspirer un groupe abstrait de jeunes filles qui allaient peut-être un jour vouloir jouer au soccer au plus haut niveau. Ces jeunes filles sont déjà là, devant nos yeux, et elles côtoient Sinclair tous les jours. Qui plus est, elles sont prêtes à disputer la médaille d’or olympique.
« L’objectif était clair, nous voulions changer la couleur de la médaille, a noté Priestman. Nous avons des tonnes de talent dans cette équipe. Le message est clair, ce sont les gagnantes qui gagnent, et il ne fait aucun doute que nous abordons cette finale dans le but d’aller chercher la médaille d’or. »
Peu importe le résultat obtenu à l’occasion du match de jeudi, on peut supposer sans crainte de se tromper que ce noyau restera pas mal le même dans les années qui précéderont Paris 2024. Un noyau auquel viendront se greffer de jeunes joueuses comme Kailen Sheridan, Vanessa Gilles, Julia Grosso et Jordyn Huitema, qui ont chacune participé à leurs premiers Jeux olympiques à Tokyo.
Auront-elles Sinclair encore à leurs côtés? Elle aura 41 ans d’ici les prochains Jeux. Cela dit, elle a quand même réussi à ajuster sa façonde jouer au fil des ans afin de rester performante, et il est vrai que nous avons vu Formiga s’aligner avec le Brésil à l’âge de 43 ans à Tokyo 2020.
D’une façon ou d’une autre, l’équipe canadienne présente un visage très différent par rapport à l’époque où Sinclair y a fait ses premiers pas. À ce moment-là, participer aux Jeux olympiques était un objectif en soi. Maintenant, le but est d’accéder au podium.
Il y aura beaucoup de pression à gérer, beaucoup de travail à accomplir. Toutefois, s’il y a une équipe qui est capable d’y arriver, c’est celle qui a grandi dans l’ombre bienveillante de Sinclair.