Au-delà des médailles : comment Équipe Canada définit la réussite

Comment définir la réussite ? 

C’est la question que nous avons posée à des athlètes canadiens en route vers les Jeux olympiques d’hiver de Milano Cortina 2026.

Dans le sport, on réduit trop souvent la réussite aux podiums, aux médailles, aux trophées ou aux victoires. Mais une vision aussi restreinte peut enlever la joie de pratiquer son sport et faire oublier la fierté de progresser chaque jour vers un grand objectif.

Voici quelques réflexions partagées par les athlètes d’Équipe Canada :

Jocelyn Peterman et Brett Gallant (Curling)

JP : Nous parlons beaucoup de la réussite comme le fait d’adhérer pleinement à nos processus et au travail que nous investissons. Ce n’est pas forcément les médailles ou le classement final. C’est plutôt : suis-je la coéquipière que je veux être sur la glace? Est-ce qu’on se prépare comme on veut se préparer? Si oui, pour moi, c’est ça la réussite.

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BG : Nous savons les efforts que nous faisons en coulisses, jour après jour, pour être à notre meilleur. À la fin, quand tu as suivi ce processus et donné le meilleur de toi-même, c’est ça la réussite. Parfois, juste traverser une séance d’entraînement difficile ou toute la préparation avant une compétition, c’est déjà une grande réussite en soi.

Jocelyn Peterman et Brett Gallant participent au Championnat du monde de curling double mixte 2025 à Fredericton, au Nouveau-Brunswick (Anastasia Karekla/World Curling)

Cynthia Appiah (Bobsleigh)

C’est une question intéressante, parce que j’essaie justement de ne pas lier la réussite à un résultat. C’est plus facile à dire qu’à faire!

J’ai eu la chance d’être inspirée par les bobeuses d’autrefois, et j’espère à mon tour laisser cet héritage : inspirer la prochaine génération et leur transmettre un sport différent de celui que j’ai connu, en le laissant dans un meilleur état que lorsque j’y suis arrivée. 

Team Canada’s Cynthia Appiah competes in the women’s bobsleigh monobob fourth heat during the Beijing 2022 Olympic Winter Games on Monday, February 14, 2022. Photo by Mark Blinch/COC
L’athlète canadienne Cynthia Appiah participe à la quatrième manche du monobob féminin lors des Jeux olympiques d’hiver de Pékin 2022, le lundi 14 février 2022. Photo de Mark Blinch/COC.

India Sherret (Ski Cross)

Depuis un an environ, je redéfinis un peu ce que signifie la réussite pour moi. Avant, je pensais que c’était un résultat précis ou un niveau de performance constant.

Aujourd’hui, c’est davantage à savoir si je m’investis pleinement. Est-ce que je profite du processus? Est-ce que je m’amuse encore?

Bien sûr que je veux gagner ! En tant qu’athlète, ça restera toujours mon objectif. Mais pour y parvenir, il faut avant tout que je prenne plaisir à ce que je fais, que je sache que je me donne entièrement et que je m’investis pleinement dans tout le processus. C’est ça, pour moi, la véritable réussite.

India Sherret holds he ski poles up over her head in celebration
India Sherret de l’équipe canadienne remporte la 1re place lors de la Coupe du monde FIS de ski cross hommes et femmes, le 17 janvier 2025 à Reiteralm, en Autriche. (Photo de Grega Valancic/VOIGT/Agence Zoom)

Brodie Seger (Ski Alpin)

C’est une question que je me pose beaucoup ces temps-ci.

Pour moi, la réussite se trouve dans ces instants de courage. Peu importe que tu termines 1er, 10e ou 30e, c’est tellement plus satisfaisant quand tu sais que tu as tout donné sur la piste. Tu t’es offert une vraie chance, tu t’es placé en position de réussir. 

Les erreurs font partie du jeu. Si tu cherches seulement la course parfaite, la trajectoire parfaite, ça n’existe pas et ce sera sans doute plus lent. La véritable réussite, elle vient quand tu sais que tu as tout donné, peu importe si c’était ton jour ou non. Et ça, ce n’est pas entre tes mains. 

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Brodie Seger goes over a jump during an alpine ski race
L’athlète canadien de ski alpin Brodie Seger participe à l’épreuve de descente du combiné masculin lors des Jeux olympiques d’hiver de Pékin 2022, le jeudi 10 février 2022. Photo de Darren Calabrese/COC.

Lewis Irving (Ski Acrobatique – Sauts)

Ma définition de la réussite a beaucoup évolué. Quand j’étais jeune, c’était seulement les résultats, les victoires, être le meilleur. Avec l’expérience, c’est devenu : est-ce que je peux regarder ma journée et en être fier? Est-ce que je peux me dire que je n’ai aucun regret? Si oui, alors c’est une journée réussie.

Par exemple, aux Mondiaux, j’ai fini 10e après avoir raté mon saut de qualification. Mais on a quand même osé, on a suivi le plan prévu, sans reculer malgré la météo. J’ai mieux accepté cette défaite, parce que j’avais tout donné. Si j’avais reculé, je n’aurais pas vécu ça aussi bien.

Lewis Irving, de Lac-Beauport, Québec, célèbre sa deuxième place le samedi 25 janvier 2025 lors de la Coupe du monde FIS de ski acrobatique, épreuve de sauts, à Lac-Beauport, Québec. THE CANADIAN PRESS/Jacques Boissinot

Elliot Vaillancourt (Ski Acrobatique – Bosses)

La réussite, c’est avant tout un sentiment.

La réussite sans effort ne semble pas équilibrée. Pour beaucoup d’athlètes, la vraie récompense, c’est ce petit frisson intérieur : « J’ai tout donné, et wow, on y est arrivé ! »

Team Canada's Elliot Vaillancourt
Elliot Vaillancourt de l’équipe canadienne célèbre après la compétition. THE CANADIAN PRESS/Sean Kilpatrick

Trinity Ellis (Luge)

Pour moi, la réussite, c’est terminer une course et ressentir une véritable satisfaction personnelle. Ce n’est pas forcément lié à un résultat chiffré, mais plutôt au fait de savoir que j’ai vraiment tout donné. Dans ce cas-là, je suis toujours contente du résultat, peu importe lequel.

Trinity Ellis slides past Olympic rings on luge track
Trinity Ellis, du Canada, glisse lors de la troisième manche du luge simple féminin aux Jeux olympiques d’hiver de 2022, le mardi 8 février 2022, dans le district de Yanqing à Pékin. (Photo AP/Dmitri Lovetsky)

Kevin Drury (Ski Cross)

Ma définition de la réussite a beaucoup changé au fil des années. Aujourd’hui, tant que je sais que j’ai performé du mieux possible, je suis vraiment satisfait.

Dans notre sport, tellement de choses peuvent arriver : un contact qui te sort de la course ou une chute. Il y a tellement de facteurs hors de notre contrôle. Je suis donc moins axé sur le résultat et davantage sur cette question : comment est-ce que je sens que j’ai performé?

Reece Howden and Kevin Drury hold a Canadian flag between them on the podium
Reece Howden de l’équipe canadienne remporte la 1re place et Kevin Drury de l’équipe canadienne termine à la 3e place lors de la Coupe du monde FIS de ski cross hommes et femmes, le 14 mars 2024 à Craigleith, Canada. (Photo de Eric Bolte/Agence Zoom)

Brendan MacKay (Ski Acrobatique – Halfpipe)

Avant Beijing 2022, je voulais absolument une médaille, et ça m’a beaucoup déçu de ne pas en décrocher une. Ne pas performer à Pékin a été difficile à digérer.

Alors pour ces Jeux, j’essaie d’avoir l’esprit ouvert, peu importe le résultat. Tant que je donne tout ce que je peux, que je respecte mon plan et que je m’engage à fond, j’espère pouvoir être fier de ce qui en sortira.

A male halfpipe skier does a trick while competing for Team Canada
Brendan Mackay, du Canada, réalise une figure lors de la finale du halfpipe à l’occasion de la Coupe du monde U.S. Grand Prix de ski acrobatique à Copper Mountain, aux États-Unis. (Photo AP/Hugh Carey)

Hannah Schmidt (Ski Cross)

Quand je pense à la réussite, je pense à la résilience. Mon parcours n’a jamais été simple, et je crois qu’aucun athlète n’a un chemin facile.

Pour moi, réussir, c’est vivre avec le diabète de type 1, gérer les blessures, affronter les doutes de certaines personnes et continuer malgré tout. Être capable d’avancer et de rester résiliente dans le sport, c’est ça la réussite.

Canada's Hannah Schmidt celebrates her victory on the podium following the women's final of a World Cup ski cross event at Nakiska Ski Resort in Kananaskis, Alta., Saturday, Jan. 20, 2024.
Hannah Schmidt du Canada célèbre sa victoire sur le podium après la finale féminine d’une épreuve de Coupe du monde de ski cross au Nakiska Ski Resort à Kananaskis, Alberta, le samedi 20 janvier 2024. THE CANADIAN PRESS/Jeff McIntosh

Alexandria Loutitt (Saut à ski)

Pour moi, la réussite ne se résume pas à être au sommet du podium. C’est plutôt la façon dont tu exécutes ce que tu avais prévu.

Parfois, tu fais tout parfaitement et tu ne gagnes pas. Mais à la fin de la journée, c’est quand même une victoire, c’est quand même une réussite.

Ski jumper looks down on the stadium from the air with skis extended
L’athlète canadienne de saut à ski Alexandria Loutitt participe à l’épreuve par équipes mixtes lors des Jeux olympiques d’hiver de Pékin 2022, le lundi 7 février 2022. Photo de Mark Blinch/COC

Cameron Spalding (Snowboard – Slopestyle/Big Air)

Bien sûr, je veux être le meilleur et gagner tout ce que je peux. Mais en même temps, ce que je veux par-dessus tout, c’est prendre du plaisir sur ma planche. C’est pour ça que j’ai commencé, et rien ne peut égaler cette sensation. Tant que je m’amuse et que je garde cette passion, pour moi, c’est ça la réussite.

Cameron Spalding se tient au sommet du podium à Laax. Crédit photo : Snowboard Canada

Dawn Richardson Wilson (Bobsleigh)

Je crois que personne ne peut définir la réussite pour tout le monde. Ma vision peut être différente de la tienne.

Parfois, une journée réussie, c’est juste de m’être levée et d’avoir pris mon déjeuner. Pour d’autres, c’est d’avoir accompli une foule de choses.

Pour moi, réussir, c’est savoir que j’ai mis tout ce que je pouvais dans ce que j’avais à faire ce jour-là, sans rester avec des « et si » en tête. Peut-être qu’un jour, mon « tout » représente 90 % de ma pleine capacité, mais c’est quand même tout ce que j’avais ce jour-là.

Alors oui, gagner des médailles, c’est aussi une forme de réussite. Mais je crois que c’est surtout le chemin parcouru pour atteindre ces moments qui construit une vraie histoire de réussite.

Cynthia Appiah et Dawn Richardson Wilson de l’équipe canadienne participent à l’épreuve de bob à deux lors des Jeux olympiques d’hiver de Pékin 2022, le vendredi 18 février 2022. Photo de Leah Hennel/COC

Embyr Lee Susko (Luge)

Souvent, on définit la réussite uniquement par une médaille d’or. Mais j’ai vraiment essayé de changer ma perspective et de la trouver en moi-même, en me demandant : qu’est-ce qui compte vraiment pour moi dans ce sport?

La saison dernière, j’ai beaucoup grandi à ce niveau. Ma réussite, ce n’était pas de gagner aux Mondiaux ni aux Championnats nationaux. C’était de trouver énormément de joie tout au long de la saison et je suis reconnaissante d’avoir atteint ce nouvel état d’esprit.

Embyr-Lee Susko, du Canada, de Whistler, C.-B., transporte sa luge hors de la piste après avoir terminé à la neuvième place lors d’une épreuve de la Coupe du monde féminine de luge à Whistler, C.-B., le samedi 16 décembre 2023. THE CANADIAN PRESS/Darryl Dyck

Florence Brunelle (Patinage de Vitesse Courte Piste)

Je pense que la réussite est devenue, ces deux dernières années, quelque chose qu’elle n’était pas avant pour moi. Pour moi, réussir, c’est être capable de me reconnaître et de m’apprécier, en fonction de ce que je fais chaque jour. Tout est dans le processus. On entend souvent « processus, processus, processus ». Pour moi, réussir, c’est faire preuve de discipline tous les jours dans mon parcours.

La patineuse de courte piste de l’équipe canadienne, Florence Brunelle, participe à l’épreuve du relais féminin de 3000 m lors des Jeux olympiques d’hiver de Pékin 2022, le mercredi 9 février 2022. Photo de Andrew Lahodynskyj/COC