La capitaine des grands moments ramène Équipe Canada au sommet du podium olympique
Marie-Philip Poulin a une fois de plus réussi le coup.
La capitaine canadienne – qu’on surnomme aussi « Capitaine ‘Clutch’ » pour son talent unique à briller dans les grands moments, a une fois de plus joué son rôle de grande héroïne en marquant deux buts et en préparant le troisième des siennes pour conduire le Canada à une victoire de 3-2 sur ses grandes rivales américaines dans le match pour la médaille d’or du hockey féminin jeudi. L’athlète de 30 ans est devenue la première athlète (homme ou femme) à inscrire des buts dans quatre finales olympiques pour un total remarquable de sept buts dans ces matchs sans lendemain.
Comment y parvient-elle?
« Les filles sur la glace, a déclaré Poulin en pointant vers ses coéquipières dans son entrevue d’après-match sur les ondes de CBC. Nous avons célébré les succès des unes et des autres et nous voulons que les autres connaissent du succès. C’est ce qui a paru ce soir. D’un trio à l’autre, tout le monde était engagé, a travaillé dur et nous y sommes arrivées. Nous avons réussi et je suis très heureuse. »
C’est la troisième fois que Poulin marque deux buts dans un match pour la médaille d’or du tournoi olympique. Son unique performance d’un but est survenue en finale du tournoi de PyeongChang 2018, qui s’est soldée par une douloureuse défaite de 3-2 aux mains des Américaines.
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« J’en ai des frissons, a renchéri Poulin à propos de la conquête de cette médaille d’or après avoir eu le cœur brisé (en finale) il y a quatre ans. « Je me sens tellement bien puisque 2018 a été très dur. Vous prenez du temps pour réfléchir sur ce que vous devez mieux faire collectivement et individuellement. C’est ce que j’ai fait et on en récolte les fruits. Quand tu t’entoures de bonnes personnes, de bonnes choses se produisent. Nous sommes résilientes et nous allons conjuguer (2018) au passé et gagner cette médaille d’or aujourd’hui. »
Le Canada a participé à chacun des matchs pour la médaille d’or en hockey féminin depuis l’entrée de la discipline au programme olympique aux Jeux de Nagano 1998, remportant cinq de sept rencontres ultimes. Le Canada et les États-Unis se sont croisés six fois dans un match pour la médaille d’or olympique et cette finale à Beijing a une fois de plus démontré l’infime écart qui sépare les deux programmes nationaux.
Les Canadiennes repartiront de Beijing avec un bilan parfait de sept victoires en autant de sorties, dominant leurs adversaires en inscrivant 57 buts contre 10. Leurs deux victoires contre les États-Unis, un gain de 4-2 au tour préliminaire, puis de 3-2 en finale, ont été serrées. Les Américaines ont même eu le dessus au chapitre des tirs dans les deux duels qui les ont opposés.
« Nous avons abordé (ce tournoi) un jour à la fois et un match à la fois. Nous avons fait attention de ne pas nous laisser emporter », a déclaré la vétérane Rebecca Johnston, qui participait à ses quatrièmes Jeux olympiques.
Une autre clé des succès de l’équipe était d’avoir du plaisir, selon Johnston.
« C’est (la compétition) la plus plaisante que nous ayons vécu. Nous essayions tout simplement de profiter de chaque moment et c’est ce qui s’est produit. »
Le Canada menait 2 à 0 au terme de la première période de ce match pour la médaille d’or grâce aux buts de Poulin et de Sarah Nurse. Poulin a ajouté son deuxième but du match à 9:08 de la période médiane, concrétisant sur le retour de tir effectué par Brianne Jenner pour porter la marque à 3-0. Hilary Knight a répliqué en fin de deuxième période pour redonner vie aux Américaines avant le deuxième entracte.
En troisième période, Poulin a écopé d’une punition pour avoir fait trébucher avec 1:25 minute à jouer, mais la gardienne de but Ann-Renée Desbiens et l’unité de désavantage numérique du Canada a déployé un bel effort jusqu’à ce qu’Amanda Kessel réduise l’écart à un seul but avec seulement 13,5 secondes à écouler. Après que le Canada ait remporté la mise au jeu au centre qui a suivi, les Américaines ont manqué de temps pour créer l’égalité et générer une autre occasion de marquer.
« Notre désavantage numérique a fait de l’excellent travail, a affirmé l’attaquante Sarah Fillier. Elles ont sacrifié leurs corps pour nous, pour le Canada. »
Âgée de 21 ans, Fillier a conclu ses premiers Jeux olympiques avec huit buts et trois mentions d’aide, au deuxième rang des buteuses du tournoi et sixième pour les points. Fillier figurait parmi de nombreuses recrues olympiques au sein de la formation canadienne qui ont offert un rendement impressionnant à Beijing, comme ce fut notamment le cas pour Jamie Lee Rattray, 29 ans et Claire Thompson, 24 ans.
« C’est fou, a lancé Fillier à propos de la conquête de l’or olympique. Je n’arrête pas de trembler. C’est un rêve qui se réalise. Je ne crois pas que j’arrive vraiment à exprimer ce que je ressens. Je tremble constamment. »
Avec un but et une mention d’aide dans le match pour la médaille d’or, Nurse a conclu le tournoi avec une récolte de 18 points, abaissant l’ancienne marque olympique de 17 points dans un tournoi détenue par Hayley Wickenheiser à Turin 2006. Pendant ce temps, Jenner a terminé la compétition avec neuf buts, un sommet à Beijing et à égalité avec le record des Jeux pour un seul tournoi.
Jenner, auteure de 14 points, a été nommée joueuse par excellence du tournoi et elle accompagne ses coéquipières Nurse, Poulin et Thompson au sein de l’équipe d’étoiles.
Devant le filet, Desbiens a accumulé une fiche de 5-0, assortie d’une moyenne de buts alloués de 1,80 et un pourcentage d’arrêts de .940. Comme c’est devenu la tradition au hockey international en période de COVID, les coéquipières ont elles-mêmes enfilé les médailles des unes et des autres. Poulin est celle qui a passé la médaille au cou de Desbiens.
« Quel sentiment magnifique, a confié Poulin. Ann a été prête à affronter ce tournoi depuis le premier jour ici et elle a été solide dans les grands moments.
« C’est une gardienne qui va faire le travail au moment opportun. Elle a réalisé de gros arrêts. Elle nous a gardé dans le match alors pouvoir lui remettre cette médaille m’a procuré des sensations uniques. »
Maintenant une triple championne olympique, Poulin s’est déjà hissée parmi une des meilleures joueuses de hockey de tous les temps, sinon la meilleure, et elle pourrait bien ajouter à son héritage. Questionnée à savoir si elle comptait participer à ses cinquièmes Jeux olympiques à Milan-Cortina 2026, sa réponse a été à la fois simple et courte.
« Je l’espère bien », a-t-elle dit.