Paris 2024 : Des Jeux olympiques historiques pour la natation canadienne
Quelle partie de plaisir, n’est-ce pas?
Après neuf jours de compétition de natation dans l’atmosphère électrisante de l’Arena Paris La Défense, Équipe Canada repart avec une impressionnante récolte de huit médailles, soit autant que son deuxième total de médailles remportées en natation au cours de mêmes Jeux olympiques. La moitié de ces médailles sont l’œuvre de Summer McIntosh, dont les performances étincelantes à Paris 2024 feront l’objet de conversations pour des années à venir.
La récolte de McIntosh n’était qu’un de nombreux moments mémorables dans la piscine pour le Canada à Paris 2024.
Summer au sommet
Si les Canadiens ne connaissaient pas Summer McIntosh avant ces Jeux, ils la connaissent certainement maintenant.
L’athlète de 17 ans quitte Paris avec trois médailles d’or et une d’argent. Elle est devenue la première athlète canadienne à décrocher trois médailles d’or au cours de mêmes Jeux olympiques et a rejoint sa coéquipière Penny Oleksiak pour le plus grand nombre de médailles remportées par une ou un athlète canadien(ne) au cours de mêmes Jeux olympiques.
McIntosh a remporté l’argent au 400 m libre, femmes, au Jour 1 de la compétition avant de remporter l’or au 400 m QNI, 200 m papillon et 200 m QNI. Ses victoires dans les courses de QNI ont été deux des plus mémorables à Paris, alors qu’elle a dominé au 400 m et a réalisé une magnifique remontée dans les 50 derniers mètres au 200 m.
« Je me souviens de regarder les Jeux olympiques de 2016 et d’être simplement inspirée par tous les membres d’Équipe Canada, mais en grandissant depuis l’âge de sept ou huit ans, j’ai toujours porté le rêve en moi de faire partie d’une équipe olympique. Aujourd’hui, j’ai gagné ces médailles et c’est plutôt incroyable », a déclaré McIntosh après avoir remporté sa quatrième médaille.
Avant les Jeux de Paris, McIntosh était déjà connue comme une des meilleures nageuses au monde. Elle aura certes solidifié son statut pendant ces Jeux.
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Records abaissés
Parlant des réalisations de McIntosh, elle a établi deux records olympiques à Paris. Au 200 m papillon, son temps de 2:03,03 était meilleur que le précédent record de 2:03,86, établi à Tokyo par la Chinoise Zhang Yufei, médaillée de bronze à Paris dans cette épreuve.
McIntosh a aussi établi une marque olympique au 200 m QNI en 2:06,56. Elle a ainsi abaissé la marque de 2:06,58 qui appartenait à la Hongroise Katinka Hosszú depuis les Jeux de Rio 2016.
Deux records canadiens ont aussi été établis à Paris. Le chrono de 49,99 de Josh Liendo a réédité la marque nationale au 100 m papillon, tandis que le temps d’Ilya Kharun au 200 m papillon (1:52,80) était aussi la meilleure performance de l’histoire canadienne sur la distance.
De retour sur le podium
Que seraient les Jeux olympiques sans que Kylie Masse y gagne une médaille?
Après avoir terminé au pied du podium au 100 m dos, Masse a récolté la médaille de bronze au 200 m dos, montant ainsi sur le podium à trois Jeux olympiques consécutifs.
« Ça signifie beaucoup pour moi, affirmait Masse après sa course. J’étais un peu déçue après le 100 m, ça pince un peu de rater le podium. Je savais que la course de ce soir allait être difficile et je savais que j’allais devoir lutter jusqu’à la fin. Ces derniers mètres ont certainement été une bataille. Je suis heureuse de me retrouver sur le podium. Je voulais me présenter ici et m’amuser avant la course. Je voulais simplement nager. »
L’athlète de 28 ans a maintenant remporté cinq médailles olympiques à l’occasion de trois Jeux, soit l’argent au 100 m et 200 m dos, le bronze au 100 m et 200 m dos et le bronze au relais féminin 4×100 m quatre nages.
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Les hommes ont leur mot à dire
Avant les Jeux, aucun homme canadien n’avait remporté de médaille olympique en natation depuis Londres 2012. Un revirement important s’est produit à ce chapitre à Paris alors que les nageurs canadiens ont décroché trois médailles.
Kharun, un athlète de 19 ans participant à ses premiers Jeux olympiques a mis fin à la disette en décrochant la médaille de bronze au 200 m papillon en 1:52,80. Dans cette course, le Français Leon Marchand, qui était coéquipier de Kharun à Arizona State, a remporté l’or devant le médaillé d’argent Kristóf Milák de la Hongrie, détenteur du record du monde de l’épreuve.
Kharun a ensuite remporté sa deuxième médaille de bronze à Paris au 100 m papillon, dans une course où son coéquipier canadien a remporté l’argent. Aucun Canadien n’avait remporté de médaille à l’épreuve masculine du 100 m papillon depuis que Bruce Robertson a remporté l’argent aux Jeux de Munich 1972.
« Je crois qu’il y a un important changement de rythme chez les hommes, a déclaré Liendo. C’est tout simplement palpitant. Je crois que nous avons vraiment fait quelque chose de grand ici. »
Un c’est bien, deux c’est mieux
Les médailles de Liendo et de Kharun au 100 m papillon ont créé un moment historique, non seulement pour le programme de natation du Canada, mais aussi pour l’ensemble d’Équipe Canada. C’était le premier doublé sur le podium aux Jeux olympiques d’été depuis ceux de Montréal 1976.
Le secret de cette présence commune sur un même podium résidait possiblement dans le pouvoir de la déclaration.
« Josh et moi avons discuté il y a quelques jours de combien ce serait fou si lui et moi nous nous retrouvions ensemble sur le podium, a déclaré Kharun. Je suis tellement heureux de l’avoir déclaré, puis de l’avoir vécu. Ça procure un sentiment énorme. »
Une autre page d’histoire pour Liendo
Une partie de la magie des Jeux olympiques est de savoir que la prochaine génération est inspirée par ce qu’elle regarde. Il n’y a aucun doute que Liendo a inspiré un bon nombre de Canadiens et même de personnes de partout dans le monde à Paris.
Aux Championnats du monde de natation en petit bassin en 2021, Liendo est devenu le premier nageur canadien noir à remporter une médaille d’or et une médaille individuelle dans un grand championnat. Il a aussi contribué à la victoire du relais canadien mixte 4×50 m libre et il a remporté le bronze au 50 m et au 100 m libre dans cette compétition disputée dans une piscine de 25 mètres.
Avec sa médaille d’argent au 100 m papillon à Paris, Liendo est devenu le premier Canadien noir à remporter une médaille olympique à la natation.
« C’est magnifique, non? C’est une étape énorme et ce n’est certainement pas là quelque chose que je prends à la légère. Il y a définitivement beaucoup de fierté à avoir réalisé cela et c’est un moment un peu irréel. »
Compte tenu du caractère inspirant des Jeux olympiques, il ne sera probablement pas le dernier à le faire.
Résultats crève-coeur au relais
Malgré tous les succès individuels dans la piscine pour Équipe Canada, Paris 2024 n’a pas été le rendez-vous souhaité pour les équipes de relais.
Chez les femmes, le Canada a pris le quatrième rang au 4×100 libre, le quatrième rang au 4×200 m libre et… attendez, vous l’avez bien deviné… le quatrième rang au 4×100 m quatre nages. C’est dur à avaler. Le résultat du relais quatre nages a possiblement le plus douloureux des trois alors que le Canada était en position pour remporter une médaille jusqu’à la toute fin.
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Le meilleur résultat des relais masculins du Canada a été une cinquième place au 4×100 m quatre nages où le groupe est passé tout juste au-dessus du record canadien.
Le Canada a aussi terminé cinquième au relais mixte 4×100 quatre nages, ici encore, tout juste au-dessus de la marque canadienne.
Bienvenue sur la grande scène
De nombreux Canadiens vivaient à Paris leurs premiers Jeux olympiques dans des épreuves individuelles.
Outre le médaillé Kharun, Tristan Jankovics (400 m QNI, hommes), Sophie Angus (100 m brasse, femmes), Blake Tierney (100 m et 200 m dos, hommes), Ella Jansen (400m QNI, femmes), Ingrid Wilm (100 m dos, femmes) et Regan Rathwell (200 m dos, femmes) ont réalisé leurs premières performances olympiques.
Plusieurs autres recrues olympiques ont participé aux épreuves de relais tout au long de la compétition, notamment Jeremy Bagshaw, un athlète de 32 ans qui a été nommé au sein d’Équipe Canada à sa cinquième tentative, Alex Axon, Julie Brousseau, Brooklyn Douthwright, Apollo Hess, Patrick Hussey, Emma O’Croinin et Lorne Wigginton qui ont aussi nagé dans les relais à leur premier voyage aux Jeux.
Les regards tournés vers LA
Il est difficile de ne pas tourner les yeux vers Los Angeles 2028 et se dire… le meilleur est-il à venir?
Trois des quatre médaillés canadiens dans les épreuves individuelles étaient âgés de 21 ans ou moins : Summer McIntosh a 17 ans, Ilya Kharun a 19 ans et Josh Liendo a 21 ans. Qu’est-ce que ces trois athlètes nous réservent avec quatre autres années d’entraînement? Au-delà de ce trio, qui d’autre pourrait percer sur la scène internationale d’ici les Jeux de Los Angeles?
Le Canada a gagné six médailles à la piscine à Rio et à Tokyo, un total que l’équipe a amélioré à Paris. N’oublions pas non plus que la meilleure récolte de médailles olympiques du pays en natation s’est produite en 1984, la dernière fois que les Jeux étaient présentés à Los Angeles.
Il y a de nombreuses raisons d’être optimistes et emballés par les nageurs du Canada en route vers les prochains Jeux.