« Elle a ramené la joie dans ma carrière » : le lien spécial entre les athlètes de skeleton Jane Channell et Hallie Clarke

Jane Channell regardait les Jeux olympiques de Salt Lake City en 2002 à la télé lorsqu’elle a vu le skeleton pour la première fois. Alors que les luges filaient à toute vitesse à l’écran, son grand-père lui a lancé : « Ils sont fous ! »

« C’est là que j’ai su que je devais essayer le skeleton », a dit Channell en riant.

Elle a grandi à North Vancouver en pratiquant plusieurs sports et a fini par courir sur piste à l’Université Simon Fraser. Après l’obtention de son diplôme, elle savait qu’elle n’avait pas encore dit son dernier mot dans le sport et a déménagé à Whistler, là où se trouve la piste de glisse construite pour Vancouver 2010. Channell s’est lancée tête première, au sens propre comme au figuré, dans son nouveau sport : le skeleton.

Channell a connu une année remarquable en 2015, terminant quatrième aux Championnats du monde de la IBSF. La saison suivante, elle a terminé troisième au classement général de la Coupe du monde IBSF et compte aujourd’hui quatre podiums en carrière dans cette compétition. Elle a représenté le Canada à deux Jeux olympiques : PyeongChang 2018 (où elle a fini 10ᵉ) et Beijing 2022 (17ᵉ).

« Je pensais que Beijing serait mes derniers Jeux », a confié la sportive de 37 ans. « Mais ça ne me semblait tout simplement pas juste de finir là. »

Skeleton racer slides over the Olympic rings on an ice track
Jane Channell d’Équipe Canada du Canada participe à la troisième manche du skeleton féminin lors des Jeux olympiques d’hiver de Beijing 2022, le samedi 12 février 2022. Photo : Mark Blinch/COC

Non seulement les Jeux de Beijing 2022 ont été une expérience différente en raison des restrictions liées à la COVID, mais la communauté canadienne de la glisse et son système de développement ont également subi de plein fouet les impacts de la pandémie.

« Ça nous a vraiment affectés énormément, parce que nous n’avons pas pu faire autant de recrutement », a expliqué Channell. Une grande partie du recrutement de Bobsleigh Canada Skeleton se fait par des programmes comme RBC Training Ground, la plupart des athlètes de bobsleigh et de skeleton venant d’autres disciplines sportives.

« Je ne voulais pas quitter le sport simplement parce que nous n’avions pas cette base d’athlètes nécessaire pour que le sport puisse réellement survivre. »

Mais la situation s’annonce beaucoup plus positive pour le skeleton canadien aujourd’hui. L’année dernière a vu la plus grande promotion de recrues dont se souvienne Channell.

« Nos championnats nationaux ont été les plus gros que nous ayons eus l’an dernier, avec je ne sais combien de ces nouveaux sliders qui descendaient la piste depuis le départ, sans aucune peur », a dit Channell. « Je pense que pouvoir être là, les accompagner pendant mes dernières années, être une ressource ouverte et une banque de connaissances pour eux, c’est quelque chose que je n’avais pas vraiment lorsque j’ai commencé à glisser. »

Un lien spécial entre coéquipières

L’une des sliders en émergence avec qui Channell a passé le plus de temps est Hallie Clarke. À 21 ans, Clarke n’était même pas née lorsque Channell a vu le skeleton pour la première fois à la télé.

Pourtant, elle a surpris le monde de la glisse en remportant le Championnat du monde IBSF 2024 à seulement 19 ans, devenant ainsi la plus jeune championne du monde de skeleton de l’histoire.

« C’est l’athlète que j’attendais pour être ma coéquipière », a déclaré Channell à propos de Clarke. « Et pouvoir faire partie, même un peu, de son parcours, c’est vraiment extraordinaire pour moi. »

Avoir Channell comme mentore a été tout aussi spécial pour Clarke.

« J’ai tellement appris d’elle. Depuis mes débuts, elle faisait toujours un effort, et le fait encore, pour aider toutes les nouvelles », a raconté Clarke.

« Cette année, je vais certainement m’appuyer un peu plus sur son expérience, c’est clair, » a ajouté Clarke. « Je suis super excitée parce que ce seront mes premiers Jeux olympiques, et elle en sera à ses troisièmes, alors j’espère au moins apporter de l’énergie ! »

Channell apprécie d’ailleurs beaucoup l’enthousiasme de sa jeune coéquipière.

« Elle a ramené la joie dans ma carrière », dit-elle à propos de Clarke.

Mais Clarke a dû travailler fort pour préserver cette énergie positive. Son succès soudain, aussi tôt dans sa carrière, est venu avec beaucoup de pression.

« La victoire aux mondiaux n’était attendue par personne, même pas par moi », a expliqué Clarke. « J’ai eu l’impression que ça avait changé ma perspective, et ce n’était pas nécessairement un moteur très sain. C’était énormément de pression intérieure. »

Du jour au lendemain, Clarke avait l’impression qu’elle devait monter sur le podium tout le temps, sinon c’était un échec.

« J’ai vécu le plus grand des sommets, et ensuite tout semblait juste redescendre. »

Pour protéger sa santé mentale, Clarke a pris une pause au milieu du circuit de Coupe du monde la saison dernière, retournant à la maison pour environ un mois et demi afin de se recentrer.

« Cette remise à zéro, et le fait d’avoir travaillé avec une entraîneure en performance mentale et une psychologue du sport, tout ça a vraiment marqué un grand tournant pour moi », a expliqué Clarke. « J’ai dû apprendre ce dont j’avais besoin, autant comme personne que comme athlète, pour pouvoir continuer à avoir du succès, parce que tout est arrivé d’un coup et j’ai eu l’impression d’être plongée dans le vide. »

Quand Clarke est remontée sur sa luge, elle a remporté le titre junior des Championnats du monde IBSF 2025 à St. Moritz, en Suisse. Ses expériences au fil de la saison l’ont amenée à réfléchir profondément à ce que représente la réussite pour elle et ce que signifie être courageuse.

« Pour moi, le courage, c’est de continuer à avancer malgré la peur. Descendre la piste, c’est épeurant, c’est un sport dangereux, mais ce que j’ai appris cette année, c’est que le courage peut aussi vouloir dire demander de l’aide », a confié Clarke.

En glissant vers Milano Cortina 2026

Avec le début officiel de la saison de skeleton, Clarke et Channell se dirigent vers de grands objectifs en année olympique.

Les deux ont passé du temps à s’entraîner dans une soufflerie la saison dernière, ce qui leur a permis d’affiner l’aérodynamisme de leur position sur la luge.

« Même bouger d’un demi-pouce vers l’avant ou l’arrière sur la luge avait un impact sur les données », a expliqué Channell. « Nos entraîneurs nous répètent constamment de travailler notre position et notre technique, mais voir concrètement à quel point un détail aussi minime peut avoir un si grand effet, c’était vraiment impressionnant. »

Elles mettront leur entraînement hors-saison à l’épreuve lors d’une première étape spéciale de la Coupe du monde IBSFau Centre de glisse Eugenio Monti, à Cortina d’Ampezzo, le site de glisse pour Milano Cortina 2026.

Une toute nouvelle piste ramène tout le monde aux bases du sport et crée un terrain de jeu beaucoup plus égal entre les nations, puisque l’« avantage de la piste maison » disparaît.

Les athlètes de skeleton pourront profiter d’une période d’entraînement internationale pour apprivoiser le nouveau site olympique, du 7 au 16 novembre. La première étape de la Coupe du monde IBSF de skeleton et de bobsleigh se déroulera du 17 au 23 novembre.

Mais plus que tout, Channell espère que cette saison sera remplie de plaisir pour elle et Clarke.

« Hallie me ramène vraiment à la raison pour laquelle je glisse encore, c’est parce que c’est le fun. »