Propulsion : Être heureuse, le grand objectif de vie de Jennifer Abel
La carrière de la plongeuse Jennifer Abel s’est échelonnée sur quatre Jeux olympiques. Elle a remporté la médaille de bronze au 3 m synchro féminin aux côtés d’Émilie Heymans à Londres 2012 et est montée à nouveau sur le podium olympique pour mettre le point final à sa carrière sportive en remportant la médaille d’argent à cette même épreuve à Tokyo 2020. Au fil des années, la spécialiste du tremplin de 3 m a cumulé un total de 10 médailles en Championnats du monde World Aquatics, ce qui fait d’elle l’athlète de plongeon du Canada ayant remporté le plus de médailles aux Mondiaux.
C’est à l’âge de 16 ans que Jennifer a pris part à ses premiers Jeux olympiques à Beijing 2008; elle était alors la plus jeune athlète de la délégation canadienne.
« Quand j’ai participé à mes premiers Jeux, je n’avais fait que deux ou trois compétitions internationales seniors au 3 m avant. Je n’avais aucune pression. J’étais vraiment dans la naïveté de juste vouloir bien performer », a expliqué Abel dans le balado d’Équipe Canada, Propulsion.
L’expérience olympique de Londres 2012 a été très différente, marquée par la pression découlant de son partenariat avec Émilie Heymans en vue de l’épreuve féminine du 3 m synchro. Heymans, qui avait remporté des médailles à ses trois Jeux olympiques précédents, avait l’occasion dans la capitale du Royaume-Uni de devenir la première Canadienne, et la première plongeuse au monde, à remporter des médailles à quatre Jeux olympiques d’été consécutifs. Abel a alors ressenti le stress qui accompagne des objectifs ambitieux.
« Je me disais « Je ne veux pas être celle qui lui fait manquer cette opportunité-là « . La veille [de la compétition], je faisais tellement d’anxiété, j’en faisais des cauchemars, je ne dormais pas bien. »
Les deux plongeuses ont finalement décroché le bronze de l’épreuve, la première médaille olympique d’Abel.
« Je m’en souviens. Notre quatrième des cinq plongeons allait décider si on gagnait une médaille ou non. C’était vraiment un plongeon très difficile, surtout pour moi. Quand je suis rentrée dans l’eau, puis que je suis tombée sur la tête, mon cœur s’est tellement pincé. J’avais de la misère à respirer. Je me disais « On l’a eu, on l’a eu. » Mon entraîneur m’a dit « OK respire. Calme-toi. Il en reste encore un. Garde le focus ». Donc, quand on a gagné la médaille, je ne ressentais pas comme une envie de sauter dans les airs. C’était vraiment juste un soulagement. C’était comme plus « Ah fiou » ».
Après les Jeux de Londres, les retraites sportives de Heymans et d’Alexandre Despatie, des piliers de l’équipe de plongeon, ont fait en sorte qu’Abel a perdu non seulement ses mentors, mais aussi en quelque sorte ses repères. Elle dit avoir gagné beaucoup en maturité au cours du cycle olympique précédent Rio 2016.
« J’ai changé d’entraîneur, j’ai changé de club de plongeon. Je voulais avoir moi aussi un esprit compétitif, avoir de bonnes performances. Je voulais gagner. J’ai eu de très bons résultats. »
Une blessure au mollet, survenue deux mois avant les Jeux de Rio, est venue compliquer sa préparation olympique. Rétablie à temps pour les Jeux olympiques, Abel a pris le quatrième rang à la fois à l’épreuve individuelle du 3 m et au 3 m synchro.
« Ça a super bien été, mais j’ai fini quatrième. Sur le coup, j’étais contente parce je me suis battue jusqu’à la fin. J’avais eu des blessures. Mais après, je me faisais dire « Ah tu dois être triste ». Attends une minute-là, je n’étais pas triste avant que tout le monde me le dise. Je pensais « Peut-être que je devrais être triste. » Quand je suis revenue à la maison, c’est là j’ai réalisé que je n’allais pas bien. J’avais vraiment perdu la flamme. J’avais perdu l’amour pour mon sport. Je n’avais plus le sourire. »
La plongeuse a finalement retrouvé son sourire grâce à une nouvelle partenaire de 3 m synchro, Mélissa Citrini-Beaulieu. Le tempérament enjoué de l’athlète de quatre ans sa cadette, qui vivait alors ses premières expériences internationales, l’a aidé à reprendre plaisir aux compétitions.
Abel, qui a eu 30 ans quelques semaines après les Jeux de Tokyo 2020, avait décidé bien avant d’y prendre part qu’il s’agirait de ses derniers Jeux. Elle a conclu sa carrière de belle façon en remportant la médaille d’argent de l’épreuve du 3 m synchro en compagnie de Citrini-Beaulieu.
Elle a ensuite rapidement concrétisé son projet de devenir mère. Deux garçons sont venus agrandir la famille recomposée qu’elle forme avec son conjoint David qui lui avait déjà deux enfants.
« J’ai décidé consacrer quelques années à mes enfants et à ma famille. C’est aussi le temps de me retrouver et de voir où je voudrais m’en aller. C’est quoi mes priorités ? Qu’est-ce qui va me rendre heureuse ? Pour moi, c’est sûr, c’est d’être là pour mes enfants, de pouvoir leur donner un peu ce que mes parents m’ont donné. S’ils veulent faire du sport, je vais pouvoir les amener faire du sport, les soutenir sans leur mettre de la pression. »
Même si son rôle de mère est sa priorité, elle a amorcé quelques projets sur le plan professionnel.
« J’avais fait ma formation pour devenir instructrice de Pilates. Je suis aussi nouvellement certifiée pour être entraîneure privée. Me rediriger vers l’entraînement physique, c’est ce qui pourrait me rendre heureuse. Parce que c’est ce que j’ai connu toute ma vie, d’être en forme, et j’aimerais ça montrer aux mamans que c’est possible d’avoir un 30 minutes à soi, rendre le fait de sentir bien dans son corps accessible à toutes les femmes qui le désirent. »
Maintenant, loin des tremplins, Jennifer Abel poursuit le grand objectif qui lui a permis de conclure sa carrière de plongeuse en beauté : être heureuse.
Pour écouter l’épisode complet mettant en vedette Jennifer Abel, cherchez Propulsion sur votre plateforme de balados préférées.
La première saison de Propulsion, le balado d’Équipe Canada, est intitulée « Mon parcours » et met de l’avant les histoires captivantes des femmes déterminées, passionnées et inspirantes d’Équipe Canada. L’animatrice et athlète olympique Justine Dufour-Lapointe engage des conversations avec les athlètes d’Équipe Canada Katerine Savard (natation), Leylah Annie Fernandez (tennis) et Jennifer Abel (plongeon).