« Nous sommes tous Équipe Canada » perdure à travers une installation héritée des Jeux panaméricains de 2015 à Toronto
Il y a 10 ans aujourd’hui, les légendaires artistes canadiens et canadiennes du Cirque du Soleil ont offert un spectacle éblouissant dans le cadre de la cérémonie d’ouverture des Jeux panaméricains de 2015 à Toronto, lançant la plus importante rencontre internationale multisports de l’histoire canadienne.
Équipe Canada a aligné sa plus imposante délégation à ce jour, réalisant une performance historique bien à elle, décrochant un nombre record de 219 médailles, menée par des étoiles émergentes comme Andre De Grasse, Ellie Black, Jamal Murray et Kia Nurse.
Les épreuves ont été disputées dans 16 municipalités différentes, de façon à répartir les bénéfices d’infrastructures sportives nécessaires dans le sud de l’Ontario. Cela a conduit à d’importants investissements en capital dans le secteur sportif, notamment le Centre sportif panaméricain à Scarborough (TPASC), le Centre panaméricain de Markham et le Vélodrome de Milton.
Ce Vélodrome, aujourd’hui connu sous le nom de Centre national de cyclisme Mattamy a accueilli à plusieurs reprises des éditions de la Coupe du monde de cyclisme sur piste ainsi que des compétitions de qualification olympique, et a vu naître des champions olympiques, dont Kelsey Mitchell.
Dix ans plus tard, j’ai l’occasion d’être témoin de l’héritage unique des Jeux pendant une visite d’un jour au TPASC le site qui a été le plus important investissement sportif pour les Jeux de 2015 à Toronto.
Quand on entre dans le bâtiment, tout semble encore neuf et chaque jour, le site bourdonne d’activités de 5 h du matin à minuit. L’an dernier, le TPASC a accueilli pas moins de 1,73 million de visiteurs, un record.
Le Centre sportif panaméricain à Scarborough a été construit au coût de 205 millions de dollars, dont environ 60 pour cent des investissements ont été financés par le gouvernement fédéral, alors que le reste était réparti entre la ville de Toronto et le campus de Scarborough de l’Université de Toronto. Aujourd’hui, ces partenaires partagent les installations et offrent une myriade d’opportunités sportives et de conditionnement physique pour la communauté locale, les étudiants de l’Université de Toronto ainsi que les athlètes de haute performance.
Ce site est possiblement mieux connu pour sa piscine olympique, l’une des meilleures au monde, reconnu pour son bassin de 50 m, que plusieurs des meilleur.e.s nageur.se.s olympiques et paralympiques du Canada considèrent désormais comme leur principal lieu d’entraînement. Les dirigeant.e.s de Natation Canada considèrent également l’installation comme étant la source d’une résurgence du sport au pays. Cependant, après quelques heures passées ici à discuter avec les gens qui utilisent ce site, j’ai vraiment compris à quel point la vision d’offrir un accès au sport et au conditionnement physique dans un secteur autrefois sous-développé de Toronto a véritablement porté ses fruits.

Depuis les gradins, ce matin, on peut apercevoir des centaines de jeunes enfants dans l’eau, plusieurs provenant de familles nouvellement établies au Canada vivant dans le quartier, et qui apprennent à nager grâce à l’un des nombreux programmes offerts par la ville. Leurs parents sont assis à mes côtés, surveillant l’action depuis les sièges qui surplombent la piscine.
Arrivée au Canada depuis le Sri Lanka alors qu’elle était jeune fille, Sivanujah Sritharan a trois enfants inscrits dans le programme et elle raconte que ce Centre occupe une place importante dans la vie de sa famille.
Son plus jeune fils, âgé de six ans, barbote dans la partie la moins profonde de la piscine, où l’eau lui arrive à la poitrine.
« Il a encore un peu peur, mais il s’habitue », raconte Sritharan. Ses deux autres enfants, âgés de 8 et 10 ans, font partie du programme depuis trois ans.
« Ça les a aidés à sortir de leur coquille et à vaincre leur peur de nager. Après ça, ils y prennent plaisir. Mes enfants me demandent maintenant s’ils vont être à nouveau inscrits dans le programme. Ils sont impatients de recommencer chaque fois ».
Sritharan ajoute qu’en voyant toutes les autres activités pratiquées au TPASC, ses enfants veulent toutes les essayer, notamment la piste de marche perchée au-dessus du gymnase voisin.
« Ça leur ouvre vraiment les yeux », dit-elle.

Sur la piste de marche aujourd’hui, on croise Pearl Alexander, qui utilise une canne pour l’aider à compléter ses 10 000 pas en matinée. Alexander vient s’exercer trois ou quatre fois par semaine comme plusieurs autres personnes âgées.
« Ça me permet de continuer de marcher, toujours debout. C’est une bonne chose », raconte Alexander à la blague.
Alexander nage aussi et s’entraîne au Centre sportif.
« Je crois que ce bâtiment est superbe pour garder notre communauté en bonne santé. En vieillissant, on doit faire face à l’arthrite et à toutes sortes d’autres choses, alors plus on bouge, mieux c’est. Dans mon cas, ça me permet de garder ma mobilité ».
Dans le gymnase situé sous la piste de marche, Abby Pan, une étudiante de deuxième année en gestion des affaires au campus de Scarborough de l’Université de Toronto enchaîne les lancers au panier. L’étudiante profite d’un accès au club de conditionnement physique et à d’autres activités puisque cela est compris dans ses frais étudiants. Pan vient au Centre sportif presque chaque jour pour participer au programme libre de basketball, tandis que d’autres étudiants de l’université se tournent vers le badminton, l’escalade ou d’autres activités. Plus de 256 000 étudiants de l’université ont franchi les portes du Centre sportif panaméricain en 2024.
« J’aime ce Centre. C’est comme ma maison. J’aime le gymnase ici. J’aime la lumière qui y brille. J’aime la vue, j’aime tout de ce bâtiment », confie Pan.

Sur l’autre terrain de basketball du même gymnase, des membres de l’équipe canadienne de basketball en fauteuil roulant disputent une partie improvisée.
Le Centre sportif panaméricain de Scarborough est le domicile de l’Académie nationale de Basketball en fauteuil roulant Canada et sert de terrain d’entraînement pour les meilleur.e.s athlètes de ce sport. Tamara Steeves est membre de l’équipe nationale féminine depuis les Jeux paralympiques de 2012 à Londres.
« Cela signifie beaucoup pour nous de profiter de ce site. Nous nous entraînons ici chaque jour. Ce n’est pas seulement un superbe terrain de basketball. Il y a une salle d’entraînement, un tapis roulant pour qu’on travaille sur notre conditionnement physique et tout ce dont nous avons besoin pour être au sommet de notre forme ».
Steeves dit qu’il y a un avantage supplémentaire à s’entraîner dans cet endroit.
« C’est magnifique de pouvoir faire connaître notre sport aux personnes qui ne vivent pas avec un handicap. Les gens qui marchent autour sur la piste nous voient jouer au basketball en fauteuil roulant et nous disent ‘Vous êtes tellement incroyables’ ».
Le Centre sportif panaméricain abrite aussi l’Institut canadien du sport de l’Ontario (ICSO), offrant ainsi à toutes et tous les athlètes de haute performance brevetés à l’échelle nationale au Canada un accès à une salle d’entraînement avec des équipements de pointe, des bains d’hydrothérapie chauds et froids, les meilleur.e.s scientifiques du sport, des massothérapeutes et plusieurs autres services.
Debbie Low est la présidente et chef de la direction de l’ICSO et elle dit qu’il y a eu plusieurs tentatives ratées d’ouvrir un centre comme celui-ci en Ontario comme dans plusieurs autres régions du pays. Elle assure que le Centre n’existerait pas sans la tenue des Jeux de Toronto en 2015.
« Toronto 2015 a été un événement transformateur pour nous », affirme Low.
Elle ajoute que cet événement a aussi été très important pour le sport canadien et particulièrement pour les athlètes de l’Ontario.
« Les performances des athlètes de l’Ontario ont été plus relevées et meilleures que jamais ».
L’ICSO a appuyé près de la moitié des athlètes d’Équipe Canada qui ont participé aux Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. Les athlètes soutenus par l’ICSO ont remporté un nombre impressionnant de 17 médailles aux Jeux olympiques de 2024 et 11 médailles aux Jeux paralympiques de 2024.

Sous les bannières colorées de l’ICSO affichant les visages de plusieurs médaillé.e.s de Paris, on retrouve le joueur de volleyball de plage Sam Schachter en train de soulever des poids.
Toronto 2015 a été la première expérience de Jeux multisports de Schachter. Il a depuis représenté Équipe Canada aux Jeux olympiques de 2016 à Rio et de 2024 à Paris. Il est très heureux de voir l’héritage des Jeux panaméricains dans sa ville d’attache.
« C’est merveilleux parce que le Centre sportif panaméricain est une installation pour que tout le monde fasse de l’exercice et soit en mouvement ensemble. Normalement, les athlètes de haute performance se retrouvent ensemble à l’écart dans des gymnases privés ou des installations qui leur sont réservées. Nous retrouver dans un endroit accessible pour toutes et tous est une façon magnifique pour nous d’être en relation avec la communauté ».
Schachter rappelle la récente campagne de marketing conjointe du Comité olympique canadien et du Comité paralympique canadien intitulée « Nous sommes tous Équipe Canada ». Le Centre sportif panaméricain en est vraiment une belle représentation à ses yeux.
« Ce bâtiment illustre parfaitement le principe que nous sommes toutes et tous Canadiens, réunis ensemble pour une cause [le sport]. Vous pouvez voir tous les types d’athlètes, des personnes issues de milieux variés et possédant différentes habiletés, peu importe leur niveau de compétence ou leurs qualités athlétiques. C’est la chose la plus canadienne à laquelle je puisse penser, un endroit où tout le monde peut se rassembler [pour le sport et le mieux-être] ».

Le printemps dernier, le côté unique de ces installations s’est retrouvé à l’avant-scène après qu’un incendie à Montréal ait forcé la relocalisation à la dernière minute des Essais olympiques et paralympiques de natation au Centre sportif panaméricain de Scarborough.
Rafael Torre est le directeur des sports et des loisirs au Centre sportif panaméricain et il a travaillé avec la ville pour voir si on pouvait trouver le moyen d’accueillir les Essais sans annuler les programmes de natation municipaux prévus à la même période.
« Pendant les Essais, nous avions des séances où nous avions des olympien.e.s et des espoirs olympiques qui s’entraînaient d’un côté de la cloison. De l’autre côté, il y avait des cours de natation communautaire avec des mamans et leurs tout-petits dans l’eau. Les conditions n’étaient pas nécessairement ce qu’il y avait de plus idéal pour des athlètes de haute performance, mais c’était très spécial pour la communauté que nous soyons parvenus à organiser cela ».
Le bâtiment a été construit grâce à un investissement destiné à un événement sportif de haute performance, mais Torre affirme que la véritable « sauce secrète » de son héritage, dix ans après les Jeux de 2015 à Toronto, tient à la manière dont il a été planifié dès le départ pour incorporer des activités de santé et de conditionnement physique conçues à la fois pour la communauté, l’université et les athlètes de haut niveau.
Teddy Katz a joué un rôle clé dans la gestion des communications pour les Jeux panaméricains de 2015 à Toronto après avoir travaillé pendant près de deux décennies pour CBC. Il travaille actuellement comme consultant en communication pour diverses organisations, dont le COC.