Le meilleur de 2022 : Des larmes de joie pour une surprenante et historique médaille par équipes en gymnastique

Au cours de la dernière décennie, Ellie Black est passée de statut d’athlète olympique méconnue à Londres 2012 à celui de grande vedette reconnue à l’échelle mondiale.

En même temps, le Canada a grandement évolué en gymnastique artistique féminine, passant d’un statut de négligé jusqu’à est devenir l’un des aspirants au podium dans cette discipline.

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Black et ses coéquipières Laurie Denommée, Denelle Pedrick, Emma Spence et Sydney Turner ont tout de même créé une grande surprise lorsqu’elles ont mis la main sur le bronze aux Championnats du monde de gymnastique artistique de la FIG 2022 disputés à Liverpool, en Angleterre. Non seulement le Canada y a-t-il décroché sa toute première médaille par équipes à des Mondiaux de gymnastique artistique, sa performance lui a valu d’obtenir la qualification pour l’épreuve par équipes à Paris 2024.

Alors comment ont-elles écrit l’histoire? À la façon canadienne, évidemment — à l’aide de programmes solides et uniformes de haut niveau, en plus d’un esprit d’équipe fondé sur la camaraderie et le soutien. 

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À 27 ans, Black était la gymnaste la plus âgée en lice dans la finale par équipes chez les femmes. Ses qualités de leadership et son bagage d’expérience étaient d’autant plus importants qu’elle était entourée de quatre athlètes qui en étaient à leurs débuts aux Championnats du monde.

Il y avait malheureusement une absence notable au sein de la formation, Shallon Olsen, une athlète qui a participé à deux Jeux olympiques. Elle a dû déclarer forfait quelques jours seulement avant le début de la compétition en raison de la mort subite de sa mère. La stabilité qu’offrait habituellement Olsen, médaillée des Mondiaux de 2018 à la table de saut, allait certainement manquer à l’équipe.

Dans les premiers moments de la compétition, il semblait bien que c’était effectivement le cas alors que le Canada a accédé à la finale de justesse après avoir pris la huitième place des qualifications.

Selon les personnes qui s’y connaissent, la finale par équipes qui a suivi a été une des plus folles de l’histoire.

Alors que des places olympiques par équipes étaient à l’enjeu pour la première fois de cette période quadriennale, la pression était à son comble. Tour après tour, des équipes comme la Chine, l’Italie et le Japon, qu’on considérait être dans la course pour les médailles, ont vu leurs gymnastes chuter des appareils les unes après les autres.

Ce n’est pas arrivé à l’équipe canadienne. En fait, elle a été la seule équipe à n’enregistrer aucune chute en finale.

Il était tout à fait dans le ton que la gymnaste artistique la plus accomplie dans l’histoire du Canada ait l’occasion de compléter la compétition sur son meilleur appareil. Pendant que Black présentait avec panache son programme sur la poutre (qu’elle a conclu avec ce qui était sans doute l’une des plus belles célébrations dans l’histoire de son sport, y allant d’un geste de lasso et de poing brandi ), une gymnaste japonaise a perdu son emprise aux barres asymétriques, évinçant du même coup son équipe du podium.

Quand les pointages finaux ont été dévoilés, les cris de joie de la délégation canadienne ont retenti partout dans l’amphithéâtre.

Malgré tout ce qu’elle avait réalisé sur le plan individuel (et ses réalisations ont été nombreuses), il était clair que pour Black, cette médaille de bronze avait une valeur inestimable.

« J’étais si fière et j’étais tellement époustouflée, a-t-elle indiqué. L’épreuve par équipes est celle que je préfère et le fait de pouvoir me retrouver sur le podium avec l’équipe, c’est la plus belle des sensations. »

Ce n’était là qu’un début pour Black à ces Championnats du monde, qui allaient s’avérer sans doute les meilleurs de sa carrière.

Elle a ensuite fini parmi les cinq premières au concours multiple individuel pour la troisième fois de sa carrière à des Mondiaux. Elle a raté le podium de justesse en finale du saut, venant à seulement 0,05 point de décrocher la médaille de bronze.

À l’occasion de la dernière journée de compétition, l’attention se portait de nouveau vers Black alors qu’elle était à la poutre. C’était la sixième fois de suite qu’elle s’était qualifiée parmi les huit gymnastes de la finale à la poutre aux Championnats du monde. Elle avait fini quatrième sur cet appareil à Tokyo 2020, où elle avait aggravé une blessure à la cheville avec laquelle elle devait encore composer à Liverpool.

Son programme n’a pas été parfait, mais il s’est avéré être ce dont elle avait besoin pour rafler sa première médaille dans une finale individuelle sur un appareil à des Championnats du monde, alors qu’elle a mis la main sur l’argent.

Il y a bien des mots et bien des expressions qu’on peut utiliser pour décrire Black : loyale, humble, concentrée et travailleuse acharnée n’en sont que quelques-uns.

Comme l’a dit le champion olympique et analyste au réseau CBC Kyle Shewfelt:  « Ellie est exactement le type d’ambassadrice que tu veux voir représenter ton pays à l’échelle mondiale. »

Dans une discipline où les longues carrières comme la sienne sont rares, Black continue de donner tout ce qu’elle a pour contribuer à l’essor de la gymnastique artistique féminine au Canada. La réaction de ses coéquipières à Liverpool est la plus belle manifestation de la valeur qu’elles accordent à ses efforts.