Les moments canadiens les plus mémorables en tournois du Grand Chelem de tennis
L’histoire des tournois du Grand Chelem de tennis — Wimbledon, les Internationaux des États-Unis, les Internationaux de France et les Internationaux d’Australie — remonte à la fin du 19e siècle. « L’ère Open » telle que nous la connaissons maintenant, qui a permis aux joueurs professionnels de prendre part aux tournois, s’est amorcée en 1968.
Le premier Canadien à avoir soulevé le trophée d’un tournoi du Grand Chelem a été Sébastien Lareau qui a remporté le titre du double masculin aux Internationaux des États-Unis en 1999.
Il a fallu attendre jusqu’en 2014 pour que le pays réalise un coup d’éclat en simple dans le cadre d’un tournoi du Grand Chelem. Jusqu’à ce qu’Eugenie Bouchard atteigne la finale de Wimbledon cette année-là, aucun athlète canadien en tennis n’était allé aussi loin dans un tournoi individuel.
Puis, en 2019, une adolescente du nom de Bianca Andreescu est devenue la première athlète canadienne de l’histoire à remporter un titre du Grand Chelem en simple.
Voici un tour d’horizon de quelques-uns des moments canadiens les plus mémorables dans les tournois du Grand Chelem :
Sébastien Lareau rafle le premier titre du Grand Chelem du Canada
Ouvrant la voie aux autres succès canadiens en tennis qui allaient venir par la suite, Sébastien Lareau est devenu en 1999 le premier Canadien de l’histoire à remporter un titre du Grand Chelem. Son partenaire américain Alex O’Brien et lui ont défait les Indiens Mahesh Bhupathi et Leander Paes en finale du tournoi de double masculin aux Internationaux des États-Unis.
Lareau a participé à deux Jeux olympiques soit à Atlanta 1996 et Sydney 2000. En vue des Jeux tenus en Australie, Lareau et son compatriote canadien Daniel Nestor ont chacun quitté des partenaires d’autres pays avec qui ils avaient connu du succès afin de faire équipe dans l’espoir de donner au Canada une première médaille olympique au tennis.
Cette union a porté ses fruits. Lareau et Nestor ont vaincu les favoris locaux australiens pour remporter la médaille d’or. Il s’agissait d’une grande surprise puisque Todd Woodbridge et Mark Woodforde étaient alors les champions olympiques en titre ainsi que les détenteurs de 11 titres du Grand Chelem.
Le Grand Chelem doré de Daniel Nestor
À la suite de cette médaille d’or olympique, Daniel Nestor a connu tellement de moments mémorables qu’il est impossible de n’en choisir qu’un seul.
Au fil de sa carrière, Nestor a remporté huit titres du Grand Chelem en double masculin et quatre titres du Grand Chelem en double mixte. Il fait partie d’un groupe de seulement cinq athlètes masculins de tennis spécialistes du double à avoir remporté un « Grand Chelem doré » en carrière (chacun des quatre tournois du Grand Chelem ainsi qu’une médaille d’or olympique). Il s’est imposé aux Internationaux d’Australie en 2002, aux Internationaux des États-Unis en 2004, à Wimbledon en 2008 et 2009, de même qu’aux Internationaux de France en 2007, 2010, 2011 et 2012.
Nestor s’est aussi distingué en devenant le premier joueur de double de l’histoire à remporter chacun des tournois du Masters 1000 et à remporter 1000 matchs en carrière.
Nestor a participé à un incroyable total de six Jeux olympiques, soit à Atlanta 1996, Sydney 2000, Athènes 2004, Beijing 2008, Londres 2012 et Rio 2016. En 2016, Nestor est venu très près de rafler une deuxième médaille olympique quand son partenaire Vasek Pospisil et lui ont terminé au pied du podium en quatrième place.
Eugenie Bouchard devient la première athlète canadienne à atteindre une finale du Grand Chelem en simple
Quand Eugenie Bouchard a atteint la finale du tableau féminin à Wimbledon en 2014, c’était la première fois qu’un joueur ou une joueuse du Canada se qualifiait pour la finale d’un tournoi du Grand Chelem en simple depuis le début de l’ère Open.
Bouchard était alors une jeune athlète prometteuse en pleine ascension, elle qui avait accédé aux demi-finales de deux tournois du Grand Chelem plus tôt cette année-là, soit aux Internationaux d’Australie et aux Internationaux de France. Bien que Bouchard, qui avait alors 20 ans, n’ait pas réussi à défaire Petra Kvitova, sa présence en finale représentait un moment marquant dans sa carrière et aussi pour le tennis canadien. Cet exploit a notamment contribué au fait qu’on lui attribue le prix Bobbie Rosenfeld, remis à l’athlète féminine de l’année selon La Presse Canadienne, pour la deuxième année d’affilée.
Bouchard a ensuite participé à ses premiers Jeux olympiques à Rio 2016. Elle a atteint le deuxième tour en simple et en double, alors qu’elle jouait en compagnie de Gaby Dabrowski.
Milos Raonic défait Federer pour ensuite affronter Murray
Suivant les traces de Bouchard, l’athlète olympique Milos Raonic a accédé à la finale de Wimbledon en 2016, devenant le premier Canadien à disputer la finale d’un tournoi du Grand Chelem chez les hommes. Pour se rendre jusque-là, il a défait le légendaire Roger Federer sur une de ses surfaces de prédilection. Tirant de l’arrière deux manches à une, Raonic a remonté la pente en remportant les deux dernières manches pour venir à bout de l’athlète qui, à ce moment-là, avait déjà été champion du tournoi de Wimbledon à sept reprises.
Son adversaire suivant était tout aussi coriace, d’autant plus que l’Écossais Andy Murray avait l’appui inconditionnel de la foule britannique. Même si Raonic avait réussi un incroyable total de 137 as en route vers la finale durant le tournoi, Murray a été en mesure d’empêcher Raonic d’en récolter un seul dans les cinq premières parties du match. Le Canadien a forcé le Britannique à disputer un bris d’égalité à deux reprises, mais il a fini par s’incliner alors que Murray a mis la main sur son troisième titre dans un tournoi du Grand Chelem.
Bianca Andreescu écrit l’histoire du tennis canadien à Flushing Meadows
Alors qu’on avait l’impression que le pays au grand complet regardait la finale des Internationaux des États-Unis 2019 en retenant son souffle, Bianca Andreescu a défait la légende du tennis Serena Williams pour ainsi devenir la première athlète canadienne à décrocher un titre du Grand Chelem.
C’était la première fois qu’Andreescu, qui avait alors 19 ans, se retrouvait dans le tableau principal de ce tournoi. Sa victoire a fait d’elle la première adolescente à remporter un tournoi du Grand Chelem depuis Maria Sharapova en 2006. Face à l’Américaine, qui était alors âgée de 37 ans, la jeunesse a eu le dessus sur l’expérience.
Quelques semaines plus tôt, Andreescu et Williams s’étaient toutes deux retrouvées en finale de la Coupe Rogers. Andreescu avait alors soulevé le trophée devant la foule canadienne après que Williams eut été forcée de se retirer en raison d’une blessure au dos.
Aux Internationaux des États-Unis, Andreescu a dû composer avec la foule new-yorkaise qui, de toute évidence, ne lui donnait pas son appui. À un moment donné durant l’affrontement, Andreescu a dû se mettre les doigts dans les oreilles pour tenter d’étouffer le bruit quand la foule a cherché à encourager Williams dans l’espoir qu’elle revienne de l’arrière. En s’adressant à la foule durant son discours d’après-match, la Canadienne a d’ailleurs souligné aux spectateurs que « je savais que vous vouliez que Serena l’emporte ».
Andreescu a aussi rendu hommage à Williams dans son discours en affirmant que de « jouer sur cette scène contre Serena — une véritable légende du tennis — est formidable ».
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Fernandez finaliste dans un duel entre adolescentes
Quand Leylah Fernandez, qui avait alors 19 ans, a affronté la Britannique Emma Raducanu, alors âgée de 18 ans, en 2021, il s’agissait de la première finale des Internationaux des États-Unis opposant deux adolescentes depuis 1999. Ni Raducanu, ni Fernandez n’était auparavant allée plus loin que le quatrième tour d’un tournoi majeur. Raducanu a fini par vaincre Fernandez en manches consécutives.
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Après le match, la reine Elizabeth II a envoyé une lettre à Raducanu dans laquelle elle a félicité les deux jeunes athlètes, écrivant alors que « je n’ai aucun doute que votre performance exceptionnelle, et celle de votre adversaire Leylah Fernandez, inspirera la prochaine génération de joueuses de tennis ».
Du nouveau en double aux Internationaux de France 2023
Bien que leur tournoi en simple ne se soit pas aussi bien passé qu’elles l’espéraient, Andreescu et Fernandez ont écrit un pan d’histoire à Roland-Garros en 2023. En prenant part respectivement à la finale du double mixte et à celle du double féminin, elles sont devenues les premières athlètes canadiennes à se qualifier pour la finale d’un tournoi du Grand Chelem autant en simple qu’en double au cours de leur carrière.
Andreescu estime que jouer en double l’aide mentalement à mieux jouer en simple, alors que disputer des matchs de double lui permet de partager le fardeau de la pression sur le terrain. « Parfois j’ai l’impression que je suis un peu trop sérieuse, trop dure envers moi-même, » explique Andreescu. « C’est évidemment plaisant d’avoir quelqu’un à tes côtés pour te dire que ça va bien aller, de ne pas s’inquiéter, de tout simplement passer au jeu suivant. »
Bien qu’Andreescu et son partenaire néo-zélandais Michael Venus aient perdu en finale aux mains de la Japonaise Miyu Kato et de l’Allemand Tim Puetz, Andreescu en était à sa première finale dans un tournoi majeur depuis qu’elle avait remporté les Internationaux des États-Unis en 2019.
De leur côté, Fernandez et l’Américaine Taylor Townsend avaient fait leurs débuts en tant qu’équipe de double en mars. Favori de la foule, ce duo s’est vu attribuer le surnom de « TeyLah ». Opposées en finale à la Taïwanaise Hsieh Su-Wei et à la Chinoise Wang Xinyu, Fernandez et Townsend sont venues près d’avoir le dessus, mais elles n’ont pas été en mesure de mettre la main sur le titre.
À l’instar d’Andreescu, Fernandez trouve que jouer en double lui permet de refaire le plein d’énergie mentalement et d’apprendre des choses de sa partenaire. Townsend, qui est plus âgée qu’elle, l’aide tout particulièrement à passer plus vite à autre chose à la suite de dures défaites. Tout de suite après le match ultime des Internationaux de France, la foule a pu voir Townsend poser les deux mains sur les épaules d’une Fernandez visiblement contrariée et y aller d’un mot d’encouragement.