Justine Dufour-Lapointe ne voulait pas abandonner
Première vague de la finale féminine des bosses, dimanche, très tôt pour le Canada. Justine Dufour-Lapointe, double médaillée olympique, se tient debout en haut de la piste. Elle amorce sa descente. Première section de bosses. Premier saut, très bien exécuté. Deuxième section de bosses. Sur le deuxième virage, la catastrophe. Dans une chute qui semblait ne plus vouloir en finir, Justine a poussé un bruyant « OH MY GOD ». Le genre de cri qui déchire le cœur.
Mais ce n’était pas la fin de son parcours à Beijing 2022.
Les sœurs Dufour-Lapointe nous ont habitués à des moments forts en émotions et à des performances historiques. Aujourd’hui, Justine nous a même donné une classe de maître de persévérance.
Après sa violente chute, elle s’est relevée. Elle a demandé de l’aide pour récupérer son deuxième bâton de ski, resté trop haut sur la piste. Parce qu’il n’était pas question qu’elle ne finisse pas sa descente.
Elle a pris une grande respiration, regardé au ciel, puis a complété sa descente. Elle a même trouvé la force de sourire à la caméra – et à tout le Canada qui la regardait – en attendant son pointage, pendant que les larmes coulaient sur ses joues.
« Mon seul choix, c’était de rester debout »
Après avoir passé quelques minutes avec ses sœurs, Chloé et Maxime, Justine Dufour-Lapointe a eu la générosité d’accorder une entrevue aux médias. D’ailleurs, elle a confié que c’est grâce à Chloé qu’elle a pris la décision de parler aux journalistes. « Elle m’a dit que j’avais un autre choix : de me tenir debout, et de m’assurer que je parlais avec mon cœur. »
Au Jour 2 de Beijing 2022, il est déjà clair que cette entrevue restera l’un des moments les plus forts des Jeux. On lui a demandé pourquoi c’était important pour elle de terminer avec classe. On devrait tapisser sa réponse sur tous les murs d’écoles, de centres sportifs et probablement aussi dans les bureaux de travail.
« Je n’y ai même pas pensé, c’était une évidence. Je devais finir ce rêve olympique sur mes deux pieds et m’assurer que chaque personne qui regarde ce soir sache qu’au-delà de la victoire, au-delà des journées comme celle-là, la seule chose la plus importante, c’est de ne jamais abandonner. »
« Aujourd’hui, mon seul choix, c’était de rester debout, et de continuer à skier même si ça faisait mal. »
La plus jeune des sœurs Dufour-Lapointe a fait ce choix en pensant non pas au classement, au pointage ou à sa performance – elle a voulu envoyer un message fort à tous ceux et celles qui pourraient l’entendre.
« La vie n’est pas toujours si facile. Et je veux juste m’assurer qu’à la maison, tout le monde sait que je n’abandonne jamais. Je me suis battue tellement fort pendant ces quatre dernières années pour vous donner cette Justine qui est prête à prendre des risques et à skier avec passion et dignité, et c’est la seule chose que j’ai faite ce soir. J’ai combattu, je n’ai jamais abandonné. »
Après la descente, la skieuse de Montréal a pu trouver du réconfort dans les bras de ses sœurs. En effet, Maxime étant mentor des athlètes d’Équipe Canada au Village olympique, elle a fait l’aller-retour en train jusqu’au site de compétition de l’épreuve des bosses pour encourager Chloé et Justine, qui s’étaient toutes les deux qualifiées pour la première finale chez les femmes.
« Je suis tellement choyée de les avoir toutes les deux avec moi ce soir, a dit Justine. Elles m’ont serrée vraiment fort et m’ont rappelé à quel point je pouvais être forte, parfois. »
En plus du soutien indéfectible de sa famille, Justine Dufour-Lapointe s’est aussi sentie soulevée par tous les fans qui l’ont encouragée au fil des ans, et particulièrement pendant les Jeux olympiques. Elle a tenu à leur envoyer un message.
« Merci à tout le monde à la maison, je vous aime tellement. J’ai senti tout votre soutien.
Vous étiez ici [dans mon coeur] jusqu’à la fin. »
Aujourd’hui, Justine Dufour-Lapointe a entamé la finale des bosses debout, forte, puissante et en contrôle. Et c’est exactement cette même Justine qui s’est présentée à nous après une journée d’une grande difficulté, à l’exception près qu’elle faisait désormais partie d’une catégorie d’athlètes dans une classe à part : ceux et celles qui nous inspirent à devenir la meilleure version de soi
