À surveiller en ski acrobatique à Beijing 2022 : bosses et sauts
L’être humain peut faire des choses incroyables sur des skis, comme nous le rappellent les Jeux olympiques d’hiver tous les quatre ans.
Beijing 2022 ne sera pas différent, avec 32 athlètes canadiens s’apprêtant à participer à 13 épreuves dans les six disciplines distinctes que comprend le ski acrobatique. Avant que l’action ne se mette en branle au Parc de neige de Genting à Zhangjiakou et au site de big air de Shougang à Beijing, examinons ce à quoi les fans canadiens peuvent s’attendre dans chaque discipline et des athlètes canadiens aspirant au podium.
Commençons par les épreuves de bosses et de sauts.
Bosses
Dans cette épreuve, les participants dévalent un parcours rempli de bosses en réalisant deux figures aériennes au cours de la descente. Leur progression à travers les bosses est d’une importance capitale pour leur pointage, bien que leurs figures et leur vitesse tout au long du parcours soient aussi prises en compte.
Le Canada a connu beaucoup de succès dans cette épreuve au cours des récents Jeux, Mikaël Kingsbury ayant remporté l’or à PyeongChang 2018 après avoir décroché l’argent à Sotchi 2014. Cependant, l’athlète de 29 ans affirme qu’il se sent encore plus prêt maintenant qu’il ne l’était avant ces Jeux d’hiver.
« Je pense que je suis plus mature en tant que skieur et en tant qu’athlète, affirme Kingsbury. Je sais à quoi m’attendre cette fois-ci et je sais ce que c’est que de se retrouver au sommet du parcours et d’avoir tous les projecteurs sur soi. »
Bien que Kingsbury ait tout vu et tout fait dans ce sport, il pourrait tenter quelques nouvelles figures à Beijing. En particulier, il pense être en mesure de réussir un 1440 (c’est-à-dire quatre rotations complètes) et un cork 1080 degrés avec prise (trois rotations en tire-bouchon), mais il devra évaluer si le jeu en vaut la chandelle.
« Nous allons voir quelle stratégie les autres utilisent », a-t-il déclaré avant le début de la saison de la Coupe du monde. « J’ai mes propres plans, mais j’ai beaucoup d’options dans ma poche arrière. »
Le succès de Kingsbury servira de balise aux recrues olympiques comme Laurent Dumais. L’athlète de 25 ans dit que le champion olympique en titre et lui se poussent mutuellement à l’entraînement.
« Je veux apprendre de lui, comment il gère le stress et comment il se prépare pour les grands événements, dit Dumais. Nous essayons simplement de nous entraider, en se donnant aussi des conseils pour certains sauts et en nous adaptant à certaines situations. »
Du côté féminin, deux des sœurs Dufour-Lapointe, Justine et Chloé, seront de retour et chercheront à ajouter à leur collection de médailles. Elles étaient côte à côte sur le podium à Sotchi (Justine avec l’or, Chloé avec l’argent), tandis que Justine a aussi décroché une médaille d’argent à PyeongChang.
Âgée de 30 ans, Chloé est en voie de devenir la première Canadienne à participer à quatre Jeux olympiques en ski acrobatique. Justine, âgée de 27 ans, espère devenir la deuxième skieuse acrobatique à remporter trois médailles olympiques. Outre leurs visées historiques, cependant, les sœurs cherchent à mettre une 2021 difficile derrière elles et à renouer avec le plaisir qui les a attirées vers ce sport.
« Selon moi, le plaisir est ce sur quoi nous devons nous concentrer », déclare Chloé. « Cela nous permettra de donner le meilleur de nous-mêmes, et également de nous sentir à notre mieux. »
Justine a un autre objectif en tête à ces Jeux olympiques : ajouter un cork seven (une rotation de 720 degrés avec une vrille hors axe) à son répertoire.
Bien que les figures ajoutent du style, c’est au niveau des bosses elles-mêmes que les épreuves sont gagnées et perdues. Reconnaître une bonne descente quand on en voit une, selon Justine, consiste à mesurer l’énergie d’un skieur.
« Quand vous regardez une descente et que vous vous dites, ‘wow elle était vraiment énergique et précise et propre, il semblait ne presque pas y avoir de mouvements’, je dirais que c’est vraiment ce que les gens devraient rechercher, dit-elle. Quand ils atterrissent, à quoi ça ressemble? Cela semble-t-il vraiment parfait et en équilibre sur les deux pieds et sans aucun mouvement? »
Sauts
Cela dit, quand il est question de panache dans les airs, c’est ici que cet aspect est vraiment à l’avant-plan. Les athlètes ont environ trois secondes pour effectuer autant de vrilles et de figures que possible… et le niveau de ce qui est possible semble être sans cesse rehaussé.
Il est donc logique que Marion Thénault soit une ancienne gymnaste. Toutefois, il peut être surprenant d’apprendre qu’elle n’a appris à skier qu’en 2017. Cinq ans plus tard, l’athlète de 21 ans fait ses débuts aux Jeux olympiques.
Elle cherchera à réussir un double full full (deux saltos avec trois vrilles et deux vrilles dans le premier salto) et un full double full (deux saltos et trois vrilles, mais deux vrilles dans le deuxième salto). Thénault sait que d’autres concurrentes tenteront des triples, avec trois saltos. Bien sûr, les figures ne font pas foi de tout… l’atterrissage est également crucial.
« Dans les sauts, tout est une question d’équilibre, explique Thénault. Vous voulez tenter les figures les plus difficiles possibles, mais vous voulez avoir une exécution propre et un pourcentage élevé d’atterrissage. Il y a des filles qui vont essayer des figures très difficiles. Certaines d’entre elles réussiront leur atterrissage et d’autres non. »
Lewis Irving a emprunté un chemin résolument différent vers Beijing. Le skieur de 26 ans a découvert les sauts pour la première fois à l’âge de 11 ans et a participé à cette épreuve aux Jeux de PyeongChang.
Il a pris une année sabbatique après ces Jeux pour se remettre d’une opération, juste au moment où Thénault connaissait ses premiers succès. Irving dit que l’arrivée de sa coéquipière fut une sorte de « coup de pied au derrière » qui a maintenant rehaussé l’éthique de travail de toute l’équipe.
« [Cela] fait que nous avons une très bonne équipe qui veut pousser et c’est une excellente chose », dit-il.
En ce qui concerne ce qu’il fait sur la pente, Irving travaille sur un double full double full full (un triple salto arrière avec cinq vrilles), mais il participera aussi à la compétition à Beijing après avoir raté les Coupes du monde cette saison, lui qui se remettait d’une déchirure du LCM.
Il sait qu’il y a une profondeur incroyable parmi les participants, mais que cela ne peut qu’être bon pour le sport et les partisans qui regardent la compétition.
« Il n’y a jamais eu autant de gars qui peuvent réussir des quintuples vrilles qu’il y en a en ce moment, dit-il. Ça va être incroyable. Certains gars font même plusieurs quintuples vrilles, donc nous verrons ce qui va se passer.
« Celui qui donne l’impression que c’est le plus facile et qui réussit la figure la plus difficile va gagner. »
