Les athlètes afro-canadiens qui ont marqué l’histoire d’Équipe Canada
Cet article a été mis à jour le 10 janvier 2025.
Le Mois de l’histoire des Noirs est l’occasion de rendre hommage aux Canadiens et Canadiennes de race noire d’hier et d’aujourd’hui. Tout au long du mois, nous célébrerons les réalisations des athlètes noirs qui ont marqué la société et la culture canadiennes.
Bien que célébré depuis 1976, ce n’est qu’en décembre 1995 que la Chambre des communes a officiellement reconnu le mois de février comme le Mois de l’histoire des Noirs au Canada.
Olympique.ca célèbre les Canadiens noirs qui ont tant contribué à notre succès sportif sur la scène olympique et bien au-delà du sport, inspirant les générations qui les succèdent à continuer de faire tomber les barrières.
Programme scolaire olympique canadien
La collection : Histoire des Noirs
Hommage aux contributions des Canadiens noirs au sport et à l’histoire du pays
Army Howard
C’est à Stockholm en 1912 que John « Army » Howard est devenu le premier olympien noir d’Équipe Canada. Mais c’était une période difficile pour lui, comme vous pouvez l’imaginer, faisant notamment l’objet d’une couverture raciste dans les journaux quotidiens. Il lui était interdit de rester dans le même hôtel que ses coéquipiers blancs et il a dû endurer un voyage assez pénible sur le bateau qui lui faisait traverser l’Atlantique en direction des Jeux.
Howard était l’un des tops sprinteurs au monde, ayant même battu les Américains qui allaient devenir les médaillés olympiques aux 100 m et 200 m à Stockholm. Le Canadien a malheureusement souffert d’une maladie de l’estomac à ces Jeux et n’a pu se qualifier pour la finale de ses épreuves.
Membre du Corps expéditionnaire canadien durant la Première Guerre mondiale, Howard a remporté le bronze au 100 m aux Jeux interalliés de 1919. Même après sa retraite de la compétition, son impact sur le sport canadien a perduré à travers deux de ses petits-enfants devenus olympiens eux-mêmes.
Phil Edwards
Né en Guyane, le coureur de demi-fond Phil Edwards a reçu le surnom d’Homme de bronze. Il était unique parmi les athlètes d’athlétisme, remportant cinq médailles de bronze olympiques, mais aucune des autres couleurs. Ces cinq médailles constituaient un record olympique canadien qui ne serait égalé qu’en 2002.
La première médaille olympique d’Edwards est survenue à Amsterdam 1928 avec l’équipe du relais 4×400 m. À Los Angeles 1932, il a réalisé sa plus grande performance olympique : des podiums en individuel au 800 m et au 1500 m, ainsi qu’une médaille de bronze au relais 4×400 m. Edwards a couronné sa carrière olympique avec une autre médaille de bronze au 800 m à Berlin 1936.
Parmi ses autres réalisations historiques, il est devenu le premier homme noir à gagner une médaille aux Jeux de l’Empire britannique (maintenant les Jeux du Commonwealth) en 1934. Il a également remporté en 1936 le premier Prix Étoile du Nord (autrefois appelé trophée Lou Marsh) remis à l’athlète de l’année du Canada.
Juste avant sa dernière apparition olympique, Edwards est devenu la première personne de descendance africaine à obtenir son diplôme de la faculté de médecine de McGill. Il a ensuite mené une brillante carrière en tant que consultant auprès du gouvernement canadien sur les maladies tropicales et thoraciques.
Ray Lewis
Ray Lewis était l’un des coéquipiers d’Edwards dans leur performance en bronze au relais 4×400 m à Los Angeles 1932. De Hamilton, en Ontario, le petit-fils d’anciens esclaves évadés a été le premier athlète noir né au pays à remporter une médaille olympique.
Écarté de l’équipe olympique canadienne de 1928, Lewis a poursuivi son entraînement tout en travaillant comme porteur ferroviaire pour le Canadien Pacifique. Il a renoncé à un mois de salaire afin de participer aux essais olympiques canadiens de 1932 où il a obtenu son billet pour Los Angeles.
Bien qu’il ait reçu peu d’éloges immédiats après son succès olympique, il a été nommé à l’Ordre du Canada en 2001 et après sa mort en 2003, une école primaire de Hamilton a été nommée en son honneur.
Barbara Howard
Barbara Howard n’avait que 17 ans lorsqu’elle s’est qualifiée pour les Jeux de l’Empire britannique de 1938 après avoir parcouru 100 verges en 11,2 secondes, un dixième de seconde de mieux que le record des Jeux de l’Empire britannique. Considérée comme la première femme afro-canadienne à participer à des compétitions sportives internationales, elle est revenue de Sydney, en Australie, avec deux médailles aux épreuves du relais.
Mais Howard n’a jamais eu la chance de démontrer ses capacités de sprinteuse aux Jeux olympiques en raison de la Seconde Guerre mondiale. Elle a ensuite obtenu son diplôme de l’Université de la Colombie-Britannique et est devenue enseignante, marquant l’histoire en devenant la première employée provenant des minorités visibles de la commission scolaire de Vancouver. Ses réalisations sportives ont été reconnues ces dernières années alors qu’elle a été intronisée au Temple de la renommée des sports de la Colombie-Britannique en 2012 et au Panthéon des sports canadiens en 2015.
Harry Jerome
Harry Jerome et sa sœur cadette, Valerie, ont marché dans les traces de leur grand-père olympien, Army Howard, quand ils ont participé aux Jeux de Rome 1960. Harry était le plus rapide de la famille, établissant le record du monde au 100 m en juillet 1960. Après qu’une blessure ait fait ombre à ses débuts olympiques, Jerome a remporté le bronze au 100 m quatre ans plus tard à Tokyo 1964, où il s’est aussi classé quatrième au 200 m.
Après avoir pris sa retraite à la suite des Jeux olympiques de 1968, Harry Jerome a été invité par le Premier ministre Pierre Trudeau à participer à la création du nouveau ministère des Sports du Canada. Il a également utilisé son profil racial pour faire la lumière sur de nombreux défis socioéconomiques auxquels sont confrontés les Canadiens de race noire, et pour créer des opportunités en dehors du monde sportif.
Jerome, âgé de 42 ans à peine, a succombé à un anévrisme cérébral et est décédé en 1982. Deux ans plus tard, une compétition internationale annuelle d’athlétisme à Vancouver était renommée en son honneur. En 1988, une statue a été érigée à Stanley Park. Il a été intronisé à l’Allée des célébrités canadiennes en 2001.
Debbie Armstead
Debbie Armstead a été la première nageuse canadienne noire à se qualifier pour les Jeux olympiques. Malheureusement, elle n’a jamais pu prendre part aux Jeux de Moscou 1980 puisque le Canada s’est joint au boycott mené par les Américains. Deux ans plus tard, elle a représenté le Canada aux Championnats du monde de la FINA 1982 en Équateur, y nageant le 100 m papillon. Armstead a reçu une reconnaissance longuement attendue en 2012 lorsque l’équipe olympique de natation de 1980 a été honorée lors des Essais nationaux canadiens à Montréal.
Charmaine Crooks
Charmaine Crooks, cinq fois olympienne, a eu un impact sur le sport canadien comme peu d’autres l’ont fait. À Los Angeles en 1984, elle était membre de l’équipe de relais 4×400 m qui a remporté la médaille d’argent. À Atlanta en 1996, elle a eu l’honneur d’être le porte-drapeau d’Équipe Canada à la cérémonie d’ouverture. Entre ses exploits olympiques, Crooks a aussi remporté plusieurs médailles aux Jeux panaméricains et du Commonwealth.
Élue par ses pairs à la commission des athlètes du CIO en 1996, Crooks a été membre à part entière du CIO de 2000 à 2004 et membre fondatrice du comité d’éthique du CIO. Son engagement en faveur du franc-jeu l’a menée vers une place au sein du premier conseil d’administration de l’Agence mondiale antidopage. Elle a également siégé au conseil exécutif de Right To Play International et, en 2006, a reçu le prix Femme et Sport du CIO.
Jarome Iginla
Salt Lake City en 2002 a été le théâtre de plusieurs victoires historiques. À peine cinq jours après que la bobeuse américaine Vonetta Flowers soit devenue la première athlète noire à remporter une médaille d’or aux Jeux olympiques d’hiver, le hockeyeur Jarome Iginla est devenu le premier homme noir à réussir l’exploit.
Iginla a inscrit deux buts lors de la victoire de 5-2 d’Équipe Canada face aux États-Unis, ce qui a permis au Canada de remporter sa première médaille d’or olympique au hockey masculin en 50 ans. Il a également participé aux Jeux olympiques de Turin 2006 et de Vancouver 2010, pour totaliser trois participations olympiques. Il a été un joueur clé dans la conquête de la médaille d’or par le Canada à ses derniers Jeux, récoltant une aide sur le « but en or » de Sidney Crosby en finale contre les États-Unis pendant la prolongation.
Phylicia George
Après s’être qualifiée pour les finales du 100 m haies à Londres en 2012 et à Rio 2016, Phylicia George a marqué l’histoire à PyeongChang 2018. Quelques mois à peine après avoir poussé pour la première fois un bob, George est devenue la première femme afro-canadienne à avoir participé aux Jeux olympiques d’été et d’hiver. Mais George n’a pas seulement pris part à la compétition en Corée. Elle a remporté une médaille de bronze avec la pilote Kaillie Humphries.
Damian Warner
À Tokyo 2020, Damian Warner a fait ce que personne n’avait fait auparavant : faire plus de 9000 points au décathlon à des Jeux olympiques. Warner est le quatrième homme seulement à dépasser cette marque, lui qui a mené le décathlon du début à la fin, devenant ainsi le premier Canadien à remporter l’or olympique dans cette épreuve qui comporte 10 disciplines en deux jours. C’est sans surprise que celui qui porte le titre honorifique de plus grand athlète au monde a été choisi pour être le porte-drapeau du Canada pour la cérémonie de clôture.
Andre De Grasse
À Rio 2016, Andre De Grasse est devenu le premier athlète canadien à remporter une médaille olympique dans chacune des trois épreuves de sprint, lui qui a décroché l’argent en 200 m ainsi que le bronze au 100 m et au relais 4×100 m. À Tokyo 2020, il a encore une fois réussi le triplé. De Grasse a amélioré son sort au 200 m en mettant la main sur l’or, puis il a obtenu une deuxième médaille de bronze d’affilée au 100 m. Il a ensuite été le dernier coureur du relais 4×100 m, menant les siens vers la médaille d’argent.
À Paris 2024, De Grasse a agi comme porte-drapeau à l’occasion de la cérémonie d’ouverture, aux côtés de l’haltérophile Maude Charron, se retrouvant ainsi à la tête d’Équipe Canada pour lancer les Jeux. Il s’est ensuite emparé de sa septième médaille olympique, ce qui lui a permis de devenir l’athlète olympique le plus décoré de l’histoire canadienne, à égalité avec la nageuse Penny Oleksiak.
De Grasse a franchi la ligne d’arrivée à titre de dernier coureur du relais masculin 4×100 m pour ainsi rafler la médaille d’or au profit d’Équipe Canada. L’équipe était aussi composée d’Aaron Brown, Jerome Blake et Brendon Rodney, et d’ailleurs Brown et Rodney ont alors eux aussi remporté une troisième médaille olympique de suite dans cette épreuve. Les Canadiens ont inscrit un temps de 37,50, à seulement 0,02 seconde du record national que les membres de ce même quatuor avaient établi quand ils sont devenus champions du monde en 2022.
Joshua Liendo
Les nageurs noirs sont encore rares au niveau olympique, mais Joshua Liendo espère que la visibilité de ses réalisations aidera son sport à afficher plus de diversité.
Liendo a participé à ses premiers Jeux olympiques à Tokyo 2020, où il faisait partie du relais masculin 4×100 m style libre qui a terminé quatrième. Il est ensuite devenu le premier nageur canadien noir à remporter une médaille d’or et une médaille individuelle dans une rencontre internationale d’importance. Aux Championnats du monde de la FINA en petit bassin (25 m) en décembre 2021, il a décroché l’or au relais mixte 4×50 m style libre en plus du bronze dans les épreuves de style libre du 50 m et du 100 m.
Liendo y est allé d’autres belles percées en 2022 quand il a remporté trois médailles aux Championnats du monde de World Aquatics en grand bassin, notamment le bronze au 100 m style libre ainsi qu’au 100 m papillon. Cela faisait 49 ans qu’un Canadien n’avait pas accédé au podium à l’échelle mondiale dans cette dernière épreuve. Il a ensuite mis la main sur l’argent au 100 m dos des Championnats du monde de World Aquatics 2023.
À Paris 2024, Liendo a raflé sa première médaille olympique, remportant l’argent au 100 m papillon chez les hommes. Cette réalisation a valu à Liendo d’écrire une page d’histoire à titre de premier nageur canadien noir à décrocher une médaille olympique. Il s’est retrouvé sur le podium en compagnie de son coéquipier Ilya Kharun, qui a obtenu le bronze, si bien qu’ils ont réalisé le premier double podium du Canada à des Jeux olympiques d’été depuis 1976.
Liendo a remporté cette médaille après être venu très près du but au 50 m style libre, quand il a raté le podium par un maigre écart de 0,02 seconde.
Sarah Nurse
À Beijing 2022, lors de sa deuxième participation aux Jeux olympiques, Sarah Nurse a joué un rôle déterminant dans la conquête de la médaille d’or par le Canada au hockey féminin. Elle a battu le record de points obtenu au cours d’un même tournoi olympique, enregistrant cinq buts et 13 aides. Ses 18 points ont surpassé le précédent record détenu depuis 2006 par la légendaire Hayley Wickenheiser. Lors du match pour la médaille d’or contre les États-Unis, Nurse a marqué le premier but et obtenu une aide sur l’éventuel but décisif du match.
Nurse est présumée être la première femme noire à jouer au hockey pour le Canada aux Jeux olympiques d’hiver. Elle a réalisé ce fait d’armes lors de ses débuts à PyeongChang 2018. Quatre ans plus tard, elle est devenue la première femme noire à remporter l’or olympique au hockey. Son statut dans le sport a été reconnu plus tard en 2022 lorsqu’elle a été la première femme à apparaître sur la couverture de la franchise de jeux vidéo EA Sports NHL.
Cynthia Appiah et Dawn Richardson Wilson
Après avoir vu son rêve olympique anéanti lorsqu’elle était freineuse, Cynthia Appiah a persévéré pour devenir la première femme noire canadienne pilote de bobsleigh. Lorsqu’elle a finalement fait ses débuts olympiques officiels à Beijing 2022, elle l’a fait avec une autre athlète qui partageait son héritage ghanéen sur le siège arrière de son bob à deux : Dawn Richardson Wilson. Cela a fait d’elles le premier équipage entièrement noir de bobsleigh de l’histoire olympique canadienne. Appiah a longtemps été inspirée par Shelley-Ann Brown qui a remporté une médaille d’argent olympique en tant que freineuse pour le Canada à Vancouver 2010.
Camryn Rogers
À Paris 2024, Camryn Rogers est devenue la première médaillée olympique de l’histoire du Canada au lancer du marteau féminin, remportant la médaille d’or avec un lancer de 76,97 m. Cette réalisation donnait aussi au Canada sa première médaille d’or olympique en 96 ans dans une épreuve féminine d’athlétisme.
À ses premiers Jeux olympiques à Tokyo 2020, Rogers a été la première femme canadienne de l’histoire à se qualifier pour une finale olympique au lancer du marteau et elle a alors fini au cinquième rang en vertu d’un lancer de 74,35 m. Elle était la plus jeune concurrente de cette finale par un écart de près de deux ans.
En 2023, Rogers est devenue la toute première championne du monde du Canada au lancer du marteau féminin, exploit qui a suivi la médaille d’argent qu’elle a remportée aux Championnats du monde de World Athletics 2022. À ses débuts à cette compétition mondiale, Rogers est devenue la première femme canadienne de l’histoire à remporter une médaille des Championnats du monde dans une épreuve de pelouse.
Charity Williams
Charity Williams, qui a participé à trois éditions des Jeux olympiques, est la seule athlète du Canada, homme ou femme, à avoir remporté deux médailles olympiques au rugby.
Williams a fait partie de l’équipe canadienne qui a décroché le bronze à l’occasion du tournoi olympique inaugural de rugby à sept féminin à Rio 2016. Elle a évolué avec Équipe Canada à Tokyo 2020, où les Canadiens ont pris la neuvième place. À Paris 2024, Équipe Canada est retournée sur le podium, décrochant l’argent.
Williams était la seule joueuse de l’équipe canadienne de rugby féminin à Paris 2024 à avoir vécu deux éditions des Jeux olympiques auparavant, lui conférant le statut de leader et vétérane au sein de la formation. Williams a été la meilleure marqueuse du Canada à Paris avec cinq essais, célébrant souvent l’occasion avec une pirouette.
Félix Auger-Aliassime
Félix Auger-Aliassime avait une lourde charge de travail aux Jeux olympiques Paris 2024, alors qu’il était inscrit dans les tournois de simple masculin, de double masculin et de double mixte.
Il a accédé au podium en double mixte, remportant le bronze aux côtés de sa coéquipière Gaby Dabrowski pour ainsi mettre la main sur la deuxième médaille olympique dans l’histoire du Canada au tennis, la première en 24 ans. Le lendemain, Auger-Aliassime a fini au pied du podium en simple masculin, mais cette quatrième place a quand même valu au Canada d’enregistrer le meilleur résultat de son histoire aux Jeux olympiques dans l’une ou l’autre des épreuves de simple.
Auger-Aliassime a été un joueur clé pour Équipe Canada au-delà des Jeux olympiques, lui qui a mené le Canada vers une historique victoire à la Coupe Davis en 2022.
Brandie Wilkerson
À Paris 2024, Brandie Wilkerson et sa coéquipière Melissa Humana-Paredes ont vécu un moment historique pour Équipe Canada, remportant la toute première médaille olympique du pays au volleyball de plage féminin.
Elles ont seulement commencé à travailler ensemble en 2022, bien qu’elles étaient prédisposées à exceller puisqu’elles avaient été des coéquipières à l’université. Le duo a décroché l’argent aux Jeux panaméricains Santiago 2023.
Wilkerson milite pour qu’il y ait une plus grande diversité de représentation dans son sport, elle qui a cofondé Project Worthy, un programme de bourses visant à accroître le taux de participation des PANDC au volleyball.