Un adieu aux Jeux olympiques tels qu’on les connaît
C’est l’heure de dire adieu aux Jeux olympiques tels que vous les connaissez et de souhaiter la bienvenue aux Jeux que vous attendiez. La collaboratrice invitée Malin Dunfors nous présente la première partie d’une série en trois volets sur la façon dont les sports d’action ont révolutionné les Jeux olympiques.
« Je ne suis pas certain… les Jeux olympiques peuvent-ils relever le défi? »
Il s’agit d’une question valide : les Jeux olympiques peuvent-ils composer avec la progression et la popularité évidente des sports de plus en plus extrêmes qui sont ajoutés au programme?
Ils pourraient bien ne pas avoir le choix.
En s’interrogeant à savoir si le vélo de montagne slopestyle sera le prochain sport à être intégré au programme des Jeux olympiques, aux côtés de sports extrêmes plus traditionnels comme le surf des neiges et le BMX, le caméraman et photographe Dan Campbell-Lloyd en conclut que ce serait probablement le sport le plus intéressant à regarder.
« Ça et le tennis de table », poursuit-il avec ironie.
Pendant dix jours de sports extrêmes à Whistler – au plus grand festival de ce type au monde –, on voit certains des meilleurs athlètes de slopestyle, d’endurocross et de descente de partout dans le monde se rendre à la station de montagne afin de repousser les limites de leur sport.
Répétez : Repousser les limites.
Ça vous rappelle quelque chose?
Demi-lune en ski acrobatique? Déjà fait. Ski slopestyle? Déjà fait. Surf des neiges slopestyle? Déjà fait.
Ces trois sports qui repoussent les limites attireront l’attention du monde entier à leurs débuts officiels au sein de la programmation de Sotchi 2014.
Il faut admettre que certains sports extrêmes sont contagieux, et le fait qu’ils « repoussent les limites » suscite l’attention constante des médias internationaux. Mais il faut commencer quelque part, et il est triste de constater que les débuts de bon nombre de ces sports extrêmes font aussi face à des fins extrêmes.
Voici un aperçu des 7 sports extrêmes très à la mode pour lesquels l’équipement ramasse maintenant la poussière dans des sous-sols de par le monde :
EXTRÊMEMENT OLYMPIQUE
Le mélange des Jeux olympiques et des sports extrêmes peut sembler étranger au premier abord – un esprit non conformiste, rebelle et libre qui s’oppose à la tradition, l’uniformité et le statu quo. Mais comme l’histoire du sport l’a démontré, les contraires s’attirent.
La planche à voile est devenue le premier sport extrême à être introduit aux Jeux olympiques, en 1984, suivie par le vélo de montagne en 1996, le surf des neiges en 1998 et le BMX en 2008. Aux Jeux olympiques d’hiver de 2014 à Sotchi, en Russie, dans moins de cinq mois, les versions slopestyle des épreuves de ski et de surf des neiges se joindront à la famille olympique.
« L’une des raisons pour lesquelles le CIO [Comité International Olympique] se tourne vers les sports expérimentaux – si on peut appeler ainsi les sports issus du milieu des X Games – est de captiver l’attention d’une partie de la population qui est perçue par le CIO comme étant désintéressée des Jeux olympiques », explique Scott Martyn, professeur agrégé de l’Université de Windsor qui se spécialise dans l’évolution historique des Jeux olympiques.
Pendant les quelque 20 dernières années, le CIO, qui a parfois été décrit comme un « club de gentlemen du 18e siècle », a constaté une transformation démographique de son public de base.
Les membres de la génération du baby-boom vieillissent, et leurs enfants et petits-enfants, dont plusieurs ont grandi avec des planches à roulettes, des patins à roulettes et des skis ou planches à extrémités jumelles, ont redéfini le cadre des Jeux olympiques modernes.
Ajoutez à cette équation les X Games, un cycle de nouvelles de 24 heures et les réseaux sociaux, qui créent tous une demande constante de nouveau contenu. La vieille devise olympique « Citius, Altius, Fortius » (plus vite, plus haut, plus fort) pourrait devoir être modernisée et remplacée par « plus jeune, plus vite, plus cool ».
Qu’est-ce que cela signifie pour le Mouvement olympique d’aujourd’hui et celui de demain? Et surtout, quelle est la place du Canada dans ce nouvel ordre mondial olympique?
DANS LE RÉTROVISEUR
Commençons au tout début – aux Jeux olympiques antiques.
Comment les sports extrêmes du 21e siècle se comparent-ils aux normes olympiques de la vieille école?
C’est vrai qu’ils sont dangereux, mais ils ne sont pas du tout brutaux, selon le professeur David Gilman Romano, professeur Karabots d’archéologie grecque à l’École d’anthropologie de l’Université de l’Arizona.
« Si vous étiez athlète de l’Antiquité et que vous vous rendiez au gymnase, à la salle des sports d’équipe et que vous disiez à votre mère que vous alliez participer au pankration, elle n’aurait pas été très contente », explique M. Romano pendant un appel depuis la Grèce.
Ce n’est pas surprenant! Le pankration, ultime épreuve d’athlétisme de cette époque, était caractérisé par sa férocité.
« Il s’agissait d’un mélange de boxe et de lutte qui se terminait en mêlée générale où les seuls règlements étaient de ne pas mordre et de ne pas s’attaquer aux yeux », poursuit M. Romano.
Introduit aux Jeux olympiques pour la première fois en 648 av. J.-C., le sport a fait de nombreux blessés; Arrhichion de Phigaleia est même décédé après avoir réussi à remporter le titre olympique.
Il reste que, en général, les sports de l’Antiquité étaient plutôt conservateurs et comportaient un début, un milieu et une fin très distincts. Les sports sont restés presque inchangés pendant plus de 1 000 ans. Les Jeux olympiques antiques comptaient au total 23 épreuves, mais la plupart d’entre elles avaient été introduites pendant les 300 premières années de compétition.
Les anciens Grecs ne faisaient pas de différence entre le sport amateur et le sport professionnel. Tous les participants étaient des « athlètes », ce qui signifiait littéralement qu’ils « combattaient pour remporter un prix ».
ÉMERGENCE DES PROS
Revenons maintenant à notre époque, au Crankworx Whistler de 2013, où les athlètes amateurs et professionnels se sont affrontés sur les pistes ensoleillées et poussiéreuses de Whistler.
Les sœurs Bishop se trouvent au bas de la piste GLC; elles sont en sueur, sales, mais heureuses. Ces deux adeptes de niveau amateur venant de Seattle (Washington) sont venues ici pour la fin de semaine afin de découvrir le festival.
« Ce n’est pas quelque chose que l’on voit tous les jours presque nulle part ailleurs dans le monde, et certainement pas là d’où je viens », explique Amanda Bishop.
« Un sport doit se développer au-delà de sa base, sinon il est voué à l’échec », poursuit sa sœur Rachel. « Pour qu’un sport se développe et prospère, et pour qu’il devienne pratique courante, il faut exposer un grand nombre de personnes à la passion qui anime les athlètes. »
« Exposer » est bien le bon mot.
Ryan Meyer, ancien concurrent et maintenant annonceur sportif de Crankworx, suggère que c’est la reconnaissance à l’échelle mondiale qui apporte des avantages supplémentaires aux diverses communautés de sport extrême. Un plus grand nombre de commanditaires représente un plus grand revenu pour les athlètes, qui peuvent alors bâtir des installations d’entraînement dans leur cour ou ailleurs.
« Cela veut dire une plus grande couverture télévisuelle, ce qui fait augmenter tout le reste, comme les commanditaires », poursuit M. Meyer.
« Les commanditaires ont tout à coup des budgets de marketing plus importants quand ils voient que le sport est présenté à la télévision », explique l’athlète originaire de Vancouver, tout de noir vêtu et arborant une moustache imposante. « Il s’agit d’une bonne exposition pour le reste du monde… ce qui peut avoir des répercussions infinies », précise M. Meyer. « Nous espérons que les X Games nous invitent pour une deuxième année d’affilée et que le sport prenne son envol, mais je crois que de toute façon, c’est un sport très intéressant à regarder pour les spectateurs. »
Il reconnaît qu’il est difficile pour de nombreux sports extrêmes, en particulier les épreuves jugées, de faire une percée dans le programme olympique, mais M. Meyer reste optimiste quant à une éventuelle inclusion.
« Ce serait une excellente chose pour notre sport et je suis certain que tout le monde apprécierait », dit-il.
L’athlète québécois de vélo de descente Yann Gauvin est d’accord : « Ce serait génial pour le sport, c’est certain, et il a une place aux Jeux ». Et il ajoute : « Il faut absolument que le sport soit ajouté au programme parce qu’on le voit partout sauf aux Jeux olympiques. »
Pour le Canada, un lancement olympique pour ce sport serait une excellente nouvelle. M. Gauvin, qui a pris une année sabbatique et entraîne de jeunes adeptes de vélo, insiste sur le nombre et l’expérience des jeunes de la nouvelle génération.
« Récemment, on a vu beaucoup de jeunes hommes s’entraîner avec acharnement et ils veulent repousser les limites du sport, que ce soit en slopestyle ou en descente », explique-t-il. « Je crois que les Canadiens offriront de très bonnes performances dans quelques années, en particulier Steven Smith, qui excelle en descente. »
Steven Smith a remporté sa troisième victoire consécutive aux Championnats ouverts de descente du Canada à l’occasion de la dernière journée de Crankworx.
Tout à coup, apprendre à nos enfants à se lancer sur une rampe à toute vitesse pour descendre une montagne représente un investissement logique en vue des Jeux olympiques, et ce, dans toute une gamme de sports.
Des athlètes avec la fureur de vivre : l’influence des X Games sur les Jeux olympiques partie 2.