Saut à ski 101 avec les as du Canada
Si vous vous êtes déjà demandé ce que ça fait de voler, il est peut-être temps de vous intéresser au saut à ski.
Ce sport a une longue histoire olympique qui remonte à Chamonix 1924. Et pour quelqu’un qui ne connait pas ce sport, ça peut sembler assez simple : dévaler une rampe courbée sur des skis et aller le plus loin possible.
Mais c’est bien plus que ça : la préparation, la technique, le risque et, bien sûr, l’exaltation de réaliser ce rêve de voler, même juste pour quelques secondes.
Avec six épreuves de saut à ski au programme de Milano Cortina 2026, nous avons fait appel à quatre des meilleurs sauteurs et sauteuses canadiens pour vous aider à vous préparer à toute l’action.
Abigail Strate et Alexandria Loutitt ont remporté le bronze lors de la toute première épreuve par équipes mixtes à Beijing 2022, tandis que Nicole Maurer et Natalie Eilers espèrent participer à leurs premiers Jeux olympiques.
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Quelle est la formule olympique du saut à ski?
Même si le saut à ski figure aux Jeux olympiques d’hiver depuis la toute première édition en 1924, la première épreuve féminine n’a été ajoutée qu’à Sotchi 2014.
Milano Cortina 2026 présentera quatre des mêmes épreuves qu’à Beijing 2022 : individuel hommes sur tremplin normal, individuel hommes sur grand tremplin, individuel femmes sur tremplin normal et épreuve mixte par équipes. Une deuxième épreuve féminine sera enfin ajoutée, l’individuel sur grand tremplin, et l’épreuve masculine par équipes sera présentée sous le nouveau format « super team » (deux athlètes par pays plutôt que quatre).
Les épreuves se dérouleront au stade de saut à ski de Predazzo les 7, 9-10 et 14-16 février (les jours 1, 3-4 et 8-10 des Jeux).
Tremplin normal et grand tremplin : c’est quoi la différence?
Les tremplins sont classés selon la distance maximale à laquelle les athlètes peuvent sauter en toute sécurité. Pour les tremplins normaux, c’est jusqu’à 109 m; pour les grands tremplins, jusqu’à 149 m.
Les Canadiennes sont particulièrement enthousiastes à l’idée de montrer leur talent pour la première fois sur un grand tremplin olympique.
« Plus c’est gros, mieux c’est », dit Maurer, 25 ans, de Calgary. « Je fais ce sport parce que je veux sauter loin. Alors pourquoi je ne voudrais pas sauter sur un plus grand tremplin? »
Mais ce n’est pas seulement une affaire de distance : chaque taille de tremplin demande des habiletés et des approches différentes.
« Sur le tremplin normal, tu essaies d’utiliser ta puissance, tes jambes, et de sauter aussi fort que tu peux », explique Strate, 24 ans, aussi de Calgary. « Et sur le grand tremplin, c’est plus la technique de vol qui entre en jeu. »
Sur n’importe quel tremplin, les résultats ne reposent pas que sur la distance. La position du corps en vol et à l’atterrissage est aussi évaluée par les juges, dont les points de style comptent dans la note finale.
Strate hésite encore à dire si elle préfère un tremplin normal ou grand, mais elle affirme qu’il est « vraiment excitant » d’avoir enfin deux épreuves individuelles féminines aux Jeux.
« Je pense que c’est bon pour l’esprit des athlètes », dit-elle. « Tu n’entres pas dans la compétition en te disant : « bon, c’est ma seule chance.»»

Comment se prépare-t-on pour un saut?
Tout commence par une montée en télésiège ou en tramway vers la cabine de réchauffement située au sommet.
« On peut attendre là 20 minutes… jusqu’à une heure », dit Loutitt, 21 ans. « Tu peux être là longtemps, alors tu te mets à ton aise. »
Ensuite vient le moment d’enfiler l’équipement et de passer au contrôle : les officiels vérifient la combinaison, puis scannent une micropuce pour s’assurer qu’elle est identique tout au long de la compétition.
« Après ça, on va mettre nos skis sur la marche », dit Loutitt. « J’ai ma petite routine : je mets mes skis une marche plus bas, puis je remonte jusqu’à la porte de départ.
« Je prends vraiment beaucoup de temps pour mettre mes fixations. J’aime prendre mon temps. »
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Puis c’est le moment d’attendre sur la barre de départ. Loutitt respire, visualise son saut et attend que la lumière devienne verte ou jaune.
« Une fois que c’est vert, tu regardes ton entraîneur pour recevoir le signal. Quand tu as le signal, tu pars », dit-elle. « Tu te mets en position de recherche de vitesse, ce qu’on appelle l’in-run, et tu deviens de plus en plus rapide.
« Puis tu arrives dans la courbe du tremplin et tu sautes pour vrai. Après le saut, tu manipules ton vol pour trouver la position la plus efficace possible.
« Tu essaies d’aller le plus loin possible en gardant ta vitesse. Il y a plein de petits détails à garder en tête pendant que tu es en l’air.
« À la fin du saut, tu poses un pied devant l’autre pour un parfait atterrissage en télémark. »
L’atterrissage en Telemark aide les sauteurs à garder le contrôle et à obtenir des points de style des juges.

Quel est le sentiment d’être dans les airs?
Malgré la quantité de tâches physiques et mentales qui mènent au saut, le vol lui-même frôle le transcendantal.
« C’est comme si tous les poids que tu portes dans ta vie devenaient irrelevants », explique Maurer. « Tu descends une pente à 95 km/h. Tout ce qui se passe dans ta vie personnelle n’a plus d’importance parce qu’il y a quelque chose d’immédiat qui se passe.
« C’est ironiquement très ancré, parce que même si tu es dans les airs, tu te sens connecté à ce que tu fais et à qui tu es, et tout semble devenir correct. »
Eilers est du même avis quant à cette sensation unique.
« Il y a le rush de la descente, l’accumulation avant le saut, puis la sensation de portance sous tes skis », dit Eilers, 26 ans. « C’est un peu comme dans un avion, sauf que c’est toi qui fais tout. C’est juste toi et ton équipement. Tu contrôles ton vol. »

Comment Équipe Canada se prépare pour les Jeux?
Comme dans plusieurs sports, les athlètes tissent des liens serrés, mais les sauteurs canadiens ont un facteur supplémentaire : leur base d’entraînement est située en Slovénie, où ils passent une grande partie de l’année. Cela permet l’accès à une gamme plus vaste de tremplins et de ressources.
Être loin de la famille comporte ses défis, mais ça renforce aussi leur esprit d’équipe.
« On vit plein de nouvelles expériences », dit Eilers. « Ça renforce notre relation comme coéquipières, parce qu’on vit ensemble une situation unique et on peut s’appuyer les unes sur les autres. »
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Ce soutien a été crucial pour Eilers, qui a subi de multiples blessures dans une lourde chute à l’entraînement en début 2024. Après deux opérations, elle se dit « vraiment bien et vraiment excitée » de poursuivre son rêve olympique.
« Rester positive pendant la réhabilitation a été très difficile, mais je n’ai jamais pensé arrêter », dit-elle. « Je gardais mon esprit au bon endroit, parce qu’il y a eu plein de petites victoires en chemin, et il y en a encore, et il y en aura tout au long de la saison. »

Eilers mentionne que les quatre athlètes, venant toutes de Calgary ont grandi ensemble dans le sport.
« Notre esprit d’équipe est très fort », dit-elle. « On s’apprécie vraiment et on se nourrit les unes des autres. L’ambiance est vraiment celle d’une équipe… presque d’une famille. »
Maintenant, c’est au tour de Loutitt de s’appuyer sur ses coéquipières : elle a subi une blessure au genou en septembre et ne pourra pas participer à Milano Cortina 2026.
« Je suis dévastée que cette blessure m’empêche de représenter le Canada aux prochains Jeux olympiques d’hiver », a déclaré Loutitt. « J’ai l’impression de laisser tomber ma famille, mes amis et mes coéquipières.
« Je sais que je suis encore jeune, et je suis reconnaissante pour tout ce que j’ai déjà accompli. C’est un recul dans mon parcours, mais ce n’est pas la fin. »
Quand allons-nous avoir qui va aux Jeux?
La Fédération internationale de ski et de snowboard (FIS) publiera sa liste finale de quotas olympiques le 19 janvier 2026. Les pays recevront des places à Milano Cortina 2026 selon les classements de la Coupe du monde et du Grand Prix d’été, entre le 1er juillet 2024 et le 18 janvier 2026.
En vue de la saison 2025-2026 de la Coupe du monde, Équipe Canada est en voie d’obtenir trois places féminines et une place masculine.



