Laisser leur sport dans un meilleur état : les joueuses de rugby d’Équipe Canada réfléchissent à l’impact de leur médaille d’argent historique à Paris 2024
À Paris 2024, l’équipe féminine canadienne de rugby à sept a surpris tout le monde avec son parcours électrisant lors du tournoi olympique, décrochant la médaille d’argent — la meilleure performance olympique du Canada en rugby.
Cette équipe, qui était classée neuvième au monde à peine un an plus tôt, a déjoué toutes les attentes — sauf les siennes.
Si la finale olympique a été un moment déterminant pour chaque joueuse, c’est le match de quart de finale contre la France qui se démarque pour plusieurs d’entre elles comme le moment marquant des Jeux.
À Tokyo 2020, la France avait complètement dominé le Canada, l’emportant 31-0 et éliminant ainsi les Canadiennes de la course aux médailles.
À Paris 2024, les Canadiennes sont entrées au Stade de France, entourées de 70 000 partisans français, et ont fait taire la foule avec une victoire surprise de 19-14.
« C’est le moment fort pour moi », a déclaré la capitaine de l’équipe canadienne, Olivia Apps, en repensant aux Jeux un an plus tard. « On a fait taire ce stade à domicile. Ma famille qui était là était entourée de fans français. Et pour nous, de célébrer le fait qu’on était dans le top 4… d’être cette équipe négligée… c’était un moment vraiment rempli d’émotion. »

Sa coéquipière Taylor Perry est d’accord : ce quart de finale contre la France est un souvenir auquel elle pensera encore et encore.
« Quand le coup de sifflet final a retenti, on était ensemble, en totale incrédulité », a dit Perry.
Elle se ravise immédiatement : le mot incrédulité ne convient pas tout à fait. Parce que la foi — les unes envers les autres, envers l’équipe, envers le personnel de soutien —, c’est justement ce que l’équipe canadienne avait en abondance pendant les Jeux.
« On savait qu’on en était capables. On avait tout ce qu’il fallait. Mais quand même, de le faire pour vrai… les chances n’étaient pas de notre côté. »
La victoire contre la France ne serait pas la dernière surprise du tournoi. Les Canadiennes ont ensuite affronté l’Australie, une puissance du rugby, en demi-finale.
Encore une fois, le Canada a prouvé qu’il ne fallait pas le sous-estimer, battant les Australiennes 21-12. Cette victoire leur garantissait déjà le meilleur résultat olympique de l’histoire du pays en rugby à sept, peu importe l’issue de la finale.

Alors, qu’est-ce qui passe par la tête d’une joueuse au moment d’entrer dans le plus grand match de sa vie?
« Je sentais mon cœur battre jusque dans le bout de mes doigts », a dit Perry.
Apps, elle, se rappelle la scène avec un peu plus de légèreté : « J’étais un peu en mode “YOLO!” », dit-elle en riant.
« Honnêtement, je me disais : on est allées plus loin que ce que tout le monde croyait possible, et en plus, on peut encore finir championnes olympiques. Donc pour moi, je me sentais super calme et détendue, parce qu’en quelque sorte, le résultat ne comptait même plus. Je voulais juste être dans ma bulle et jouer au rugby. »
De leur côté, les Néo-Zélandaises entraient sur le terrain en tant que favorites. Il y a une certaine beauté à être l’outsider, à avoir déjà dépassé toutes les attentes en atteignant la finale.
« Je me disais : nos adversaires, elles ont beaucoup à perdre. Elles sont censées gagner, elles ressentent la pression. Et moi, je ne ressens pas cette pression. Je suis juste excitée de jouer une finale olympique. C’est un vrai cadeau », se souvient Apps.
« J’étais juste trop contente d’aller jouer un dernier match avec cette équipe, sachant très bien qu’on ne jouerait probablement plus jamais toutes ensemble après ça. »
Même si les Canadiennes ont livré une solide performance en finale, elles se sont finalement inclinées face aux championnes olympiques en titre, 19-12.

Mais cette journée a malgré tout marqué une grande victoire pour le rugby féminin canadien. Depuis, les joueuses ont constaté un regain d’intérêt pour le sport, surtout chez les jeunes filles, à la suite de leur exploit.
« Je viens de terminer ma neuvième saison avec l’équipe nationale, et c’est vraiment cool de voir à quel point le sport a grandi au pays depuis que j’ai commencé à jouer », dit Apps. « Pour moi, représenter le Canada, c’est aussi faire grandir le sport et continuer d’inspirer les jeunes filles à faire du sport. »
« Quand tu commences, tu joues pour toi-même, pour atteindre le prochain niveau. Puis ça devient : “Je joue pour mes coéquipières, parce que je crois en ce qu’on fait ensemble” », dit Perry. « Et à mesure que ma carrière avance, je sens que je joue aussi pour la prochaine génération, pour laisser le sport dans un meilleur état. »