Les joueuses d’Équipe Canada font le point sur la grande rivalité avec les États-Unis à l’approche du Championnat mondial de hockey féminin
C’est une des plus grandes rivalités dans le monde du sport, point à la ligne.
Que ce soit aux Jeux olympiques, au Championnat mondial où à l’occasion de la bien nommée « Série de la rivalité » — on sait que quand Équipe Canada et les États-Unis s’affrontent dans le cadre d’un match de hockey, l’ambiance va être électrique.
On peut donc s’attendre à ce qu’il y ait encore de l’électricité dans l’air quand Équipe Canada cherchera à défendre son titre au Championnat mondial féminin de l’IIHF, qui aura lieu du 9 au 20 avril à Ceske Budejovice, en Tchéquie.
Au cours des 23 premières éditions du Championnat mondial, la finale a opposé Équipe Canada aux États-Unis à 22 occasions. En vertu des 13 titres mondiaux qu’elle a à son actif, Équipe Canada a eu le dessus dans ces affrontements.
À l’occasion des sept présentations du tournoi féminin de hockey sur glace aux Jeux olympiques, il y a eu six matchs pour la médaille d’or entre Équipe Canada et les États-Unis. En plus d’être championne du monde en titre, Équipe Canada est l’actuelle championne olympique, ayant défait les Américaines 3-2 en finale à Beijing 2022.
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Au récent tournoi de la Confrontation des 4 nations, le niveau de tension entre les formations de hockey masculin d’Équipe Canada et des États-Unis a été à son comble, attisé par les propos incendiaires du président américain sur l’annexion du Canada.
Cette tension politique qui se poursuit depuis fera-t-elle monter d’un autre cran la rivalité Canada/États-Unis au Championnat mondial féminin? Étant donné que le niveau d’intensité de cette rivalité est déjà élevé, est-ce même possible?
La joueuse de longue date d’Équipe Canada Brianne Jenner reconnaît avoir le sentiment que le prochain tournoi aura une signification particulière, elle qui arborera la feuille d’érable pour la 11e fois au Championnat mondial.
« Ç’a toujours été une chaude rivalité. C’est dans la nature des choses. C’est une des plus grandes rivalités du sport, déclare Jenner, la capitaine de la Charge d’Ottawa dans la LPHF. Je pense toutefois qu’il va y avoir une couche d’émotions de plus. Il y a un sentiment accru de fierté canadienne en ce moment avec tout ce qui se passe sur la scène politique. Tout le monde en est conscient ».
Cela étant dit, en tant que joueuse aguerrie, Jenner sait que l’équipe doit faire fi de ce qui se dit à l’extérieur du vestiaire et centrer son attention sur la tâche à accomplir.
« Ça ne change rien à notre approche quant au travail qu’il y a à faire. Nous sommes toujours passionnées dans le cadre de ce que nous faisons et nous sommes vraiment reconnaissantes de pouvoir porter la feuille d’érable. En espérant que nous pourrons faire honneur à notre pays à l’occasion de ce moment particulier ».

L’attaquante d’Équipe Canada et des Sceptres de Toronto Emma Maltais a dit avoir éprouvé beaucoup de plaisir à regarder la Confrontation des 4 nations, sachant que le Championnat mondial féminin allait suivre peu de temps après.
« C’était vraiment spécial de voir les hommes afficher la même passion que nous avons d’habitude, année après année. C’est toujours un énorme honneur de représenter son pays, surtout au hockey féminin », note Maltais.
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À l’approche de sa cinquième participation au Championnat mondial, Maltais estime que le niveau de jeu sera plus élevé que jamais cette année, grâce à la stabilité que la LPHF procure aux joueuses, cette ligue en étant maintenant à sa deuxième saison. Plusieurs athlètes d’Europe qui ont traversé l’Atlantique pour jouer dans ce nouveau circuit vont maintenant afficher davantage de leadership dans leurs équipes nationales respectives. Le mélange de joueuses d’Équipe Canada et d’Équipe États-Unis au sein des différentes équipes de la LPHF fait en sorte qu’elles ont toutes appris à connaître différents systèmes de jeu et les méthodes de différents entraîneurs.
« Le simple fait que nous sommes regroupées [dans la LPHF] fait de nous des joueuses plus solides, affirme Maltais. Il faut donc s’attendre à ce que le calibre de jeu soit encore plus élevé, ce qui veut dire que l’esprit de compétitivité sera lui aussi encore plus grand ».

Le prochain Championnat mondial sera le dernier tournoi international de hockey féminin d’importance à avoir lieu avant les Jeux olympiques d’hiver Milano Cortina 2026. Comme cela a été le cas lors de la Confrontation des 4 nations, le tournoi représentera une belle occasion pour les pays de tester les formations qu’ils pourraient aligner à Milan au mois de février prochain.
À la Confrontation des 4 nations, l’entraîneur d’Équipe Canada était Jon Cooper, qui agira aussi comme entraîneur-chef pour l’équipe de hockey masculin à Milano Cortina 2026. Du côté des femmes, l’entraîneur de l’équipe du Championnat du monde, Troy Ryan, sera aussi à la tête d’Équipe Canada à Milano Cortina 2026.
À Milano Cortina 2026, ce seront les premiers Jeux olympiques d’hiver à avoir lieu depuis le lancement des activités de la LPHF. Le tournoi olympique se déroulera au milieu de la troisième saison de la ligue.
La formation d’Équipe Canada au Championnat mondial est composée d’un mélange de joueuses d’expérience et de jeunes athlètes en pleine ascension. On y trouve 18 joueuses qui ont fait partie de l’équipe qui a remporté la médaille d’or l’année dernière, tandis que cinq feront leurs débuts au Mondial à titre de représentantes du Canada.
« Nous avons un bon noyau de joueuses qui évoluent ensemble à ce niveau depuis longtemps, ce qui fait que nous nous connaissons très bien et nous avons confiance les unes en les autres, souligne Jenner, qui a décroché trois médailles olympiques avec Équipe Canada. Il y a aussi de jeunes joueuses vraiment talentueuses qui en seront à leur premier Championnat mondial, et ça va être plaisant de les amener à s’intégrer au sein du groupe. Je pense qu’elles vont avoir une influence immédiate ».
Même si elle en sera à sa cinquième présence au Mondial, Maltais hésite à se qualifier de vétérane, en raison de l’influence extraordinaire qu’exercent au sein de l’équipe des joueuses comme Jenner et Marie-Philip Poulin. Cette dernière, qu’on surnomme affectueusement « Capitaine Clutch », s’apprête à disputer le Championnat mondial pour la 12e fois.

« Je ne me considère pas encore tout à fait une vétérane parce qu’il y a tellement de joueuses extraordinaires qui font partie de l’équipe depuis beaucoup plus longtemps que moi, et aussi parce qu’elles ont une présence, de l’expérience et de la sagesse », indique Maltais.
Maltais est particulièrement emballée de voir ses anciennes coéquipières à l’Université Ohio State Jennifer Gardiner et Sophie Jacques, faire leurs débuts au Championnat mondial. Maltais prévoit leur prodiguer un conseil que Jill Saulnier lui avait relayé à son premier Championnat mondial.
« Je me souviens que Jill Saulnier m’avait dit : ‘Savoure le moment présent!’, raconte Maltais. Je sais que ça peut être intimidant, pas à cause des femmes en soi qui sont là, mais en raison de ce qu’elles ont accompli. En espérant que je serai en mesure de les aider de ce côté-là ».

À titre de joueuse qui fait partie de l’équipe depuis un long moment, Jenner fait écho à ces propos, affirmant qu’il faut se concentrer sur la tâche à accomplir sans trop y penser. Ce qu’elle conseille aux recrues, c’est d’éviter de s’apitoyer sur leur sort très longtemps après avoir commis une erreur, parce que c’est là quelque chose qui va inévitablement arriver.
« Le hockey est un jeu d’erreurs et nous en commettons toutes. Je trouve que notre équipe, tout particulièrement, est à son mieux quand les joueuses jouent avec confiance, qu’elles jouent librement et qu’elles éprouvent du plaisir, a indiqué Jenner. C’est là la mentalité que nous aimons inculquer à ces jeunes joueuses, pour éviter qu’elles hésitent trop quand vient le temps de faire les choses. Nous avons des standards élevés dans notre équipe sur le plan des habitudes de travail, mais elles n’auraient pas eu droit à cette occasion si elles n’avaient pas déjà atteint ces standards-là. Alors il suffit d’être soi-même. Il ne faut pas s’en faire avec les erreurs ».
Le premier match d’Équipe Canada au Championnat mondial féminin de l’IIHF aura lieu contre la Finlande, le jeudi 10 avril à compter de 13 h (HE).