Mitton échappe ses chances de médailles : « C’est difficile de lancer dans un cercle glissant »
« Ça fait mal de savoir que c’était à ma portée et que je dois maintenant attendre quatre autres années. »
Sarah Mitton avait lancé un demi-mètre plus loin que sa plus proche rivale en ronde de qualification, jeudi, à son premier et seul tir de cette étape de l’épreuve du lancer du poids féminin à Paris 2024. La détentrice du record canadien a réalisé un lancer de 19,77 m pour ainsi se qualifier pour la finale de vendredi soir au Stade de France et y mériter le statut de favorite. Toutefois, une pluie torrentielle et une soirée humide ont contribué à ruiner son rêve de décrocher une médaille olympique.
Après la finale, l’athlète de 28 ans a expliqué à CBC la façon dont s’est déroulée l’épreuve pour elle :
« Les deux premières rondes après la pluie, j’ai eu le sentiment qu’après les deux dernières rondes d’échauffement, j’ai un peu perdu mes sensations. J’ai vu deux filles chuter. J’ai essayé de ne pas y penser. Au bout du compte, je me suis élancée un peu trop doucement les deux fois. Quand est arrivée la troisième ronde, j’avais le sentiment d’avoir retrouvé mes sensations, mais comme c’est arrivé à Tokyo, j’ai commis une faute et je suis convaincue que sans ça, j’aurais été dans le coup. »
Celle qui a été couronnée championne canadienne au lancer du poids à quatre reprises était un modèle de calme et de confiance au moment d’arriver au stade en vue de la finale. Les bras en l’air, elle s’est imprégnée de l’ambiance et a affiché un large sourire et a salué la foule d’un hochement de la tête pendant la présentation des athlètes.
En raison de la pluie qui est tombée au cours de la première ronde des lancers, le cercle était glissant. Mitton a perdu pied très légèrement et a relâché le poids rapidement, mais elle est restée à l’intérieur du cercle et a réalisé un lancer de 17,15 m.
Heureusement, la pluie s’est arrêtée à temps pour la deuxième ronde de lancers et Mitton a inscrit un lancer de 17,48 m. C’était là une légère amélioration, mais la détentrice du record national allait avoir besoin de lancer pas mal plus loin pour se retrouver parmi les huit athlètes qui auraient droit à trois lancers supplémentaires.
« À ces Jeux olympiques, j’en sais pas mal plus qu’à l’époque », a dit Mitton dans une entrevue avec CBC en faisant allusion à l’expérience qu’elle a vécue à Tokyo 2020. « C’est clair que j’ai encore plusieurs choses à apprendre. »
L’air soucieux, Mitton, qui avait pris le 28e rang à ses premiers Jeux olympiques il y a trois ans, semblait contemplative et concentrée avant d’y aller de son troisième lancer. Elle s’est avancée dans le cercle et a pris un court moment pour trouver ses marques. Elle a placé le poids de 4 kg sous le menton et a fléchi les jambes pour se mettre en position accroupie et se préparer à lancer. Avec légèrement moins de puissance et de vitesse que d’habitude, Mitton a tournoyé sur elle-même et a relâché le poids, mais son pied gauche a glissé et elle n’a pas réussi à rester dans le cercle. On l’a sanctionnée d’une faute à son troisième lancer.
Mitton n’a pas accédé à la ronde finale des lancers. Visiblement déçue, la médaillée d’argent des Championnats du monde de World Athletics 2023 a eu droit à un câlin, dont elle avait bien besoin, de la part de son entraîneur.
Après quelques mots échangés et un sourire de part et d’autre, Mitton est retournée dans la zone des lanceuses pour regarder le reste de l’épreuve. On a pu voir Mitton étreindre les médaillées et sourire même si elle a fini en 12e place. Grâce à un lancer de 20,00 m, l’Allemande Yemisi Ogunleye a remporté la médaille d’or.
Avec un sourire courageux, mais fragile, Mitton a déclaré à CBC qu’elle n’aura pas à gérer cet échec toute seule.
« Si j’ai appris quelque chose, c’est que je sais que la vie va continuer et que l’athlétisme n’est pas la seule chose dans ma vie, a-t-elle d’abord dit avant de s’arrêter un long moment pour réfléchir. J’ai des amis et ma famille qui me soutiennent et ç’a été une expérience extraordinaire, et j’ai aussi toute une communauté pour me soutenir à la maison. »
Quand on lui a parlé de sa mère, qui l’a regardée disputer une épreuve en personne pour la première fois depuis qu’elle étudiait à l’école secondaire, Mitton a essuyé des larmes et a courageusement répondu : « Je sais qu’il y a des gens qui sont de mon côté, peu importe les circonstances. J’ai hâte d’aller passer du temps avec eux. »