Les moments marquants de la carrière de Christine Sinclair
La fin de la carrière de l’incomparable Christine Sinclair se profile à l’horizon. Avant qu’elle ne tire sa révérence, revenons sur quelques moments marquants de sa longue et prolifique carrière au sein de l’équipe canadienne.
Sinclair, qui a célébré ses 40 ans en juin 2023, a joué pour l’équipe nationale pendant plus de la moitié de sa vie. Au cours de cette période, elle est devenue la meilleure buteuse de tous les temps du soccer international, tout en inspirant des générations de joueuse et joueurs au Canada et dans le monde entier.
Premier but : 14 mars 2000
Les spectateurs du match opposant le Canada à la Norvège lors de la Coupe Algarve 2000 ne savaient sans doute pas que page d’histoire du soccer international s’écrivait ce jour-là. Une adolescente élancée de 16 ans, qui en était à son deuxième match seulement avec le Canada, a inscrit le premier but du match à la huitième minute.
Le Canada a perdu le match 2 à 1 et s’est classé cinquième du tournoi. Toute preuve visuelle de ce but semble avoir été perdue au fil des ans. Cependant, nous apprendrons éventuellement que c’était le début de quelque chose de grand.
Christine à la conquête du monde
En 2002, Sinclair était déjà une habituée de l’équipe nationale senior. Cependant, c’est lors d’un tournoi pour les jeunes qu’elle a été propulsée sur la scène internationale.
La Coupe du Monde Féminine des moins de 19 ans de la FIFA en 2002 s’est déroulée au Canada, offrant à Sinclair l’occasion de briller à la maison. Sinclair a été la meilleure buteuse du tournoi avec 11 buts en six matchs, dont cinq dans un même match contre l’Angleterre.
Le Canada a affronté les États-Unis en finale devant près de 50 000 spectateurs au Commonwealth Stadium d’Edmonton. Même le Canada a vu la victoire lui filer entre les doigts, le leadership de Sinclair annonçait déjà ses futurs succès.
Bienvenue à la Coupe du Monde
L’année suivante, elle a fait sa première apparition à la Coupe du Monde Féminine de la FIFA. Il lui a suffi de quatre minutes pour marquer les esprits en inscrivant le premier but du Canada dans leur match d’ouverture contre l’Allemagne.
Ce n’était que le début. Elle a marqué deux autres fois au cours du tournoi, propulsant le Canada vers une quatrième place, sa meilleure performance à une Coupe du Monde senior. C’était également le début d’une série de cinq Coupes du Monde consécutives au cours desquelles Sinclair a marqué, un exploit que seuls deux autres ont réalisé.
Débuts olympiques
Le soccer féminin a fait ses débuts olympiques à Atlanta 1996, mais le Canada a fait sa première apparition au tournoi olympique à Beijing 2008. Sinclair, alors une vétérance à l’âge de 25 ans, occupait le poste de capitaine.
Le Canada s’est qualifié pour les quarts de finale, et a été « récompensé » d’un match contre l’équipe américaine, classée première au monde. Il n’y avait pas beaucoup de raisons de croire que le Canada, en tant que novices olympiques, pourrait rivaliser avec les puissantes Américaines.
Cependant, portée par un but absolument spectaculaire de Sinclair à la 30e minute, le Canada a poussé le match en prolongation en maintenant l’égalité à 1-1. Même si les États-Unis ont finalement remporté ce match et décroché la médaille d’or, Sinclair a contribué à établir que le Canada pouvait effectivement rivaliser avec les Américains lors de grands rendez-vous.
Comme vous vous en souviendrez peut-être, cela allait avoir une incidence sur ce qui arriverait quatre ans plus tard. Mais d’abord…
Un flair inégalé pour marquer des buts
La Coupe du Monde Féminine de la FIFA 2011 a été un moment difficile pour l’équipe canadienne, qui a terminé en dernière place. Cependant, le match d’ouverture contre l’Allemagne a donné à Sinclair l’occasion de montrer la détermination hors du commun qui faisait d’elle le cœur et l’âme de l’équipe.
Au début de la deuxième mi-temps, un coude malencontreux d’une adversaire lui a cassé le nez. « Ça a fait un craquement », a-t-elle dit aux journalistes à l’époque, de la façon modeste qu’on lui connaît. Mais elle est restée sur le terrain, et elle a marqué l’un des plus beaux buts de sa carrière en fin de match.
Ce but s’est avéré être le seul but du Canada dans le tournoi. Bien que cette Coupe du Monde ait été à oublier, elle a néanmoins fourni l’image inoubliable de Sinclair menant l’équipe avec un masque protecteur qui semblait être en pur titane.
Le plus beau match de tous les temps
Qu’est-ce qu’il y a à dire du match de demi-finale entre le Canada et les États-Unis des Jeux de Londres 2012*?
Mettez de côté la controverse et le chagrin des derniers instants du match, si vous le pouvez. Ce match était le chef-d’œuvre de Sinclair, la performance déterminante d’une athlète de 29 ans au sommet de ses capacités, cherchant à battre à elle seule le géant du sport et à élever son pays vers de nouveaux sommets.
Nous savons comment cela s’est terminé, nous connaissons la rédemption offerte par la médaille de bronze. Mais ce match a été le moment culminant de sa carrière, celui qui a donné naissance à tant d’autres réalisations pour Sinclair, de sa désignation comme porte-drapeau de la cérémonie de clôture des Jeux olympiques jusqu’à sa place sur l’Allée des célébrités canadiennes.
*Et si, par hasard, vous n’êtes pas au courant : Sinclair a marqué trois fois dans un match haletant où le jeu s’est déroulé de manière échevelée, mais le Canada a perdu 4-3 dans les derniers moments de la prolongation. Moins on en dit sur les détails exacts, mieux c’est.
Rien n’égale jouer à la maison
Treize ans après cette finale des moins de 19 ans, Sinclair était de retour en grand tournoi dans un Commonwealth Stadium bondé. Cette fois, il s’agissait du match d’ouverture de la Coupe du Monde Féminine de la FIFA 2015, organisée dans six villes canadiennes.
Avec de grandes attentes, le Canada semblait se diriger vers un match nul sans but dans le match d’ouverture contre la Chine. Mais lorsque l’équipe a obtenu un penalty (coup de pied de réparation) tardif, qui d’autre – qui d’autre? – que Sinclair allait se présenter.
Son calme olympien alors qu’elle a marqué a plongé les partisans à Edmonton et tout le pays en extase. Et, tout comme sa performance olympique trois ans plus tôt, cela a offert aux Canadiens un aperçu de ce qui était possible.
De retour sur le podium
Sinclair a fêté ses 33 ans juste avant le début des Jeux de Rio 2016. Et bien que ce soit dans la fleur de l’âge pour les simples mortels, en ce qui concerne les athlètes de haut niveau, c’est le moment où l’on se demande : « Bon, combien de temps reste-t-il à sa carrière ? »
Heureusement pour le Canada, Sinclair avait encore beaucoup à donner. Elle a été l’une des meilleures buteuses du tournoi, marquant entre autres le but gagnant du match pour la médaille de bronze contre le Brésil.
C’est aussi lors de ce tournoi qu’une nouvelle génération de joueuses canadiennes s’est affirmée en tant que noyau de l’équipe pour l’avenir. Mais la question devenait soudainement plus précise : le Canada pourrait-il atteindre le sommet avant que les jours de Sinclair ne soient révolus ?
(Bien sûr, vous connaissez la réponse à cette question, mais pour l’effet narratif, faites semblant de ne pas la connaître, ok?)
185e but : 19 janvier 2020
Ce qui n’a pas encore été dit, mais qui mérite d’être mentionné, c’est que Sinclair accomplissait beaucoup de choses dans sa carrière entre ces moments marquants.
Elle a remporté cinq championnats au niveau des clubs. Elle a ajusté son rôle et son style de jeu pour répondre aux besoins de l’équipe nationale. Et elle a été une ardente défenseure de l’équité salariale et de l’importance d’une ligue professionnelle féminine au Canada.
Oh, et elle a marqué des buts. Beaucoup et beaucoup de buts. Plus de 250 pour ses équipes de club. Et pour le Canada, elle est devenue la meilleure buteuse de l’histoire du soccer international le 19 janvier 2020, avec son 185e but.
Mais malgré les distinctions individuelles, la question demeurait : cette athlète de 36 ans pouvait-elle remporter une compétition majeure avec le Canada ? (Encore une fois, faites semblant de ne pas le savoir.)
Enfin la plus haute marche du podium
La plupart athlètes ne vivent pas une fin de carrière digne d’un conte de fées. Mais Christine Sinclair, comme nous l’avons établi, n’est pas comme la plupart des athlètes.
À Tokyo 2020, qui seraient les derniers Jeux olympiques de Sinclair, une équipe canadienne déterminée s’est illustrée dans des moments clés, à l’instar de leur capitaine tant de fois auparavant.
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« Je suis submergée de fierté pour cette équipe », a dit Sinclair après le triomphe du Canada en finale. Ç’a été un parcours extraordinaire… et c’est un honneur de faire partie de ce groupe. »
En effet, le parcours a été tout à fait extraordinaire, capitaine.
Adapté de l’anglais par Audrey Lacroix