Ski alpin 101: de la descente au slalom, et tout ce qu’il y a entre les deux
Si on vous demandait d’imaginer un sport aux Jeux olympiques d’hiver, il y a de fortes chances que le ski alpin vous vienne en tête.
Présent au programme des Jeux d’hiver depuis Garmisch-Partenkirchen 1936, le ski alpin incarne parfaitement l’esprit olympique par son intensité athlétique. Après tout, on y voit des skieurs de haut niveau dévaler une montagne à des vitesses folles tout en enchaînant des virages périlleux.
C’est un sport qui semble facile à comprendre — même si très peu d’entre nous seraient capables de le pratiquer réellement.
Derrière cette apparente simplicité se cache une foule de nuances et de subtilités techniques dans les 10, oui, 10 épreuves de ski alpin qui seront disputées à Milano Cortina 2026.
Pour vous aider à vous préparer, nous avons discuté avec quelques-uns des rois et reines canadiens de la montagne. Ils vous expliquent les différentes épreuves, l’état d’esprit des athlètes et bien plus encore dans l’univers du ski alpin.
Quelles sont les différentes épreuves de ski alpin?
Il y a des compétitions masculines et féminines dans quatre épreuves individuelles : le slalom, le slalom géant, le super géant (souvent appelé super-G) et la descente. S’ajoutent aussi les épreuves combinées par équipes, chez les femmes et les hommes, qui feront leur entrée au programme olympique en 2026.
Dans toutes les épreuves, les skieurs doivent manœuvrer autour de « portes » (une série de piquets en plastique plantés sur la piste), en cherchant à atteindre le bas de la montagne le plus rapidement possible.
Toutefois, le positionnement des portes, le dénivelé vertical de la piste et le nombre de descentes distinguent les « épreuves de vitesse » (descente et super-G) des « épreuves techniques » (slalom et slalom géant).

En quoi consistent les épreuves de vitesse?
D’abord, l’expression « épreuve de vitesse » est un peu trompeuse, puisque tous les skieurs alpins vont très vite.
Mais comparativement aux épreuves techniques, les épreuves de vitesse présentent des pentes plus abruptes et des distances plus grandes entre les portes. Cela permet aux coureurs en descente et en super-G d’atteindre des vitesses impressionnantes.
« Les deux sont rapides ; la descente est plus rapide, et le super-G comporte simplement plus de virages », explique Jack Crawford, médaillé de bronze au combiné alpin masculin à Beijing 2022 et champion du monde de super-G en 2023.
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« La descente suit le relief de la montagne et donne l’impression de dévaler du sommet jusqu’en bas, tandis que le super-G est une épreuve plus contrôlée, plus technique, mais disputée à des vitesses similaires. »
Selon Crawford, les skieurs peuvent atteindre 150 km/h pendant un court instant, même si la vitesse se situe généralement autour de 120 km/h. Comment le commun des mortels peut-il concevoir une telle vitesse ?
« Quand un avion décolle, regardez par le hublot », suggère Jeffrey Read, qui vise une première participation olympique à Milano Cortina 2026. « Si vous aimez les sensations fortes ou si vous êtes déjà allé sur une piste de course automobile, vous pouvez commencer à comprendre les vitesses auxquelles on évolue.
« Mais imaginez que vous n’avez pas de coque métallique autour de vous et que vous descendez la piste uniquement avec votre corps. »

En quoi l’approche diffère-t-elle entre la descente et le super-G?
Dans les deux épreuves, les skieurs n’ont qu’une seule chance pour compléter leur descente. Toutefois, en descente, les athlètes peuvent effectuer des descentes d’entraînement à l’avance, ce qui n’est pas permis en super-G.
« En super-G, on peut seulement inspecter le parcours une seule fois, le jour même, puis on course ce jour-là », explique Cameron Alexander, médaillé de bronze mondial en descente en 2023, qui vise aussi une première présence olympique en 2026. « En super-G, il faut être capable de réussir en un seul essai ; en descente, on a quelques jours de plus pour ajuster ce qu’on veut faire, mais c’est pareil pour tout le monde.
« En descente, il faut exécuter presque parfaitement, tandis qu’en super-G, davantage de skieurs vont commettre des erreurs. Donc, si tu arrives à être proche des trajectoires idéales sans faire de grosse faute, tu finis souvent avec un bon résultat. »
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De quels dénivelés parle-t-on ?
En descente, le dénivelé maximal est de 1 100 m chez les hommes et de 800 m chez les femmes. En super-G, il est de 650 m pour les hommes et de 600 m pour les femmes.
Dans les épreuves techniques, les dénivelés sont moins importants. En slalom géant, le maximum est de 450 m chez les hommes et de 400 m chez les femmes, tandis qu’en slalom, il est de 220 m.
Et les portes ?
Les épreuves techniques comportent davantage de portes, placées plus près les unes des autres, même si le nombre exact varie selon le tracé.
Cassidy Gray, qui a pris part au slalom géant féminin à Beijing 2022, estime qu’il y a environ 40 portes sur un parcours moyen de slalom géant et environ 65 en slalom.
Une porte peut être composée de deux paires de piquets soutenant une banderole (le plus souvent en descente, en super-G et en slalom géant), ou simplement d’une paire de piquets de virage (généralement en slalom). Les portes alternent entre le rouge et le bleu, indiquant aux skieurs où effectuer leurs virages.

Il existe aussi différents types de portes : les portes horizontales (ou « ouvertes ») se retrouvent surtout en descente, en super-G et en slalom géant. Elles sont placées perpendiculairement à la « ligne de pente », soit la trajectoire la plus directe vers le bas.
Les épreuves techniques, surtout le slalom, comprennent aussi des portes verticales (dites « fermées » ou « en retard »). Elles sont disposées parallèlement à la ligne de pente et peuvent être combinées de façon exigeante, comme les épingles (deux portes verticales consécutives) ou les enchaînements (« flush ») de trois portes.
« En slalom, les portes sont très rapprochées, et c’est une seule porte que tu touches réellement, en passant à travers avec ton bâton », explique Britt Richardson, qui vise Milano Cortina 2026.
« En slalom géant, il y a un peu plus d’espace, un peu plus de vitesse, et les parcours sont généralement plus longs, avec moins de portes, mais des virages plus amples. Ce sont deux épreuves très techniques, où chaque mouvement doit être exécuté avec beaucoup de discipline. »
Quelles autres différences distinguent les épreuves techniques des épreuves de vitesse ?
Contrairement aux épreuves de vitesse, les skieurs en slalom et en slalom géant disputent deux manches. Toutefois, seuls les 30 meilleurs de la première manche accèdent à la deuxième, disputée dans l’ordre inverse.
En plus de l’ordre de départ, il peut y avoir d’autres différences importantes entre les deux manches.
« Le parcours peut être complètement différent », souligne Gray. « Ça dépend vraiment de qui trace le parcours, et chaque manche est tracée par un pays différent. C’est décidé très longtemps à l’avance, mais tout dépend de l’entraîneur qui met le parcours en place.
« Même en entraînement, on peut skier sur la même montagne et avoir une différence de cinq à dix secondes simplement selon que le tracé est plus rapide ou plus lent, avec davantage de virages. »

Qu’est-ce que l’épreuve combinée par équipes ?
Faisant ses débuts olympiques en 2026, l’épreuve combinée par équipes remplace essentiellement le parallèle par équipes et le combiné individuel, comme celui dans lequel Crawford a remporté sa médaille olympique.
Cette épreuve comprend deux manches : une de vitesse (la descente à Milano Cortina 2026) et une de slalom. Chaque équipe est composée de deux athlètes : un pour la descente et un pour le slalom, ce qui permet aux pays d’associer leurs meilleurs spécialistes de vitesse et de technique, chez chaque genre.
Si les deux athlètes complètent leur course respective, leurs temps sont additionnés, et l’équipe avec le total le plus bas l’emporte.
À Milano Cortina 2026, les épreuves de ski alpin auront lieu au Centre de ski alpin des Tofane (épreuves féminines) et au Centre de ski de Stelvio (épreuves masculines). Les compétitions se dérouleront aux jours 1 à 6, 8 à 10 et 12.



