Photo by Mark Blinch/COC
Photo by Mark Blinch/COC

Sur la route vers Milano Cortina 2026 : discussion avec l’équipe canadienne de slalom

Entre les séances d’entraînement, les voyages et les compétitions, l’équipe canadienne de slalom a pris le temps de s’arrêter, de réfléchir et de partager. À l’aube d’une année olympique, chaque athlète est en route vers Milano Cortina 2026 avec son propre parcours, ses défis et ses apprentissages.

Nous avons rencontré Laurence St-Germain, Ali Nullmeyer, Amelia Smart et Kiara Alexander pour discuter de leur saison morte, de leurs expériences passées et de la façon dont elles abordent cette année olympique. Des défis physiques aux leçons mentales, en passant par des talents cachés et quelques anecdotes inattendues, découvrez l’équipe féminine de slalom sous un autre jour.

La saison morte

La saison morte est bien plus qu’une pause pour des athlètes de haut niveau, elle constitue la base technique, physique et mentale sur laquelle se construit toute l’année de compétition. Pour l’équipe canadienne, les derniers mois ont donc été déterminants, même si d’une athlète à l’autre, les réalités vécues ont été très différentes.

Pour Amelia Smart et Kiki Alexander, l’été a été particulièrement positif. Les deux athlètes ont pu s’entraîner intensivement au gym, ce qui les a bien préparés physiquement pour la saison. Le retour à un entraînement complet de Kiki avait une signification particulière, après un été précédent consacré à la réhabilitation à la suite d’une blessure au genou.

L’été a toutefois été plus exigeant pour Ali Nullmeyer et Laurence St-Germain, toutes deux prises avec des blessures.

AN: « C’était un été assez difficile, parce que j’ai des problèmes de dos depuis trois ou quatre ans, et l’année dernière, c’était assez compliqué. Cet été, j’ai surtout travaillé à me reconstruire et à atteindre un état où je peux être sans douleur la plupart du temps. »

Elle reconnaît que le début de saison a été plus lent, mais demeure optimiste :

« Je n’ai pas pu passer autant de temps sur les skis ni avec l’intensité que je souhaitais, mais tout va dans la bonne direction maintenant. Je me sens bien et je parviens à gérer mon dos la plupart du temps. »

De son côté, Laurence St-Germain a dû composer avec des douleurs persistantes au genou :

LSG: « J’ai passé un été difficile. J’ai des problèmes de genou depuis des années et cet été, j’ai ressenti de fortes douleurs, ce qui m’a empêchée de m’entraîner correctement. J’étais à seulement 80 % de ma capacité et j’ai donc dû manquer les camps d’entraînement. Ce n’est que début novembre que j’ai repris le ski. »

Malgré ce contexte, à peine une dizaine de jours après son retour sur les skis, Laurence a signé un top 10 dès sa première compétition de la saison 2025-2026, réalisant au passage le troisième meilleur temps de la deuxième manche.

En quoi ton approche pour Milano Cortina est différente de celle de tes derniers Jeux?

Pour Laurence, chaque participation aux Jeux olympiques a façonné son état d’esprit. Après l’excitation de ses premiers Jeux, puis la déception d’une deuxième expérience où la performance n’était pas à la hauteur de ce qu’elle souhaitait, elle a tiré une leçon essentielle : tout donner, sans laisser place aux regrets.

LSG: « À mes premiers Jeux, je n’avais pas vraiment d’attentes. C’était surtout excitant de participer. À mes deuxièmes Jeux, j’ai beaucoup moins bien performé. Ce que j’ai appris, c’est vraiment de tout donner et de ne pas avoir de regrets. »

Pilier de l’équipe canadienne, Laurence amorce sa dixième saison sur le circuit de la Coupe du monde, depuis ses débuts en 2015. Elle compte 18 résultats parmi les 10 meilleures au monde et a terminé 15e au slalom à PyeongChang 2018 puis 17e à Beijing 2022. Sa constance et sa résilience en font une référence au sein de l’équipe.

La Canadienne Laurence St-Germain montre sa médaille d’or du slalom féminin des Championnats du monde, à Méribel, en France, le samedi 18 février 2023. (AP Photo/Alessandro Trovati)

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L’approche de Amelia Smart vers Milano Cortina est marquée par une confiance grandissante et par des attentes plus élevées envers elle-même, qu’elle choisit d’accueillir comme une source de motivation.

AS: :« À Beijing, honnêtement, je ne m’attendais même pas à faire partie de l’équipe olympique. Cette fois-ci, j’ai simplement plus d’attentes envers moi-même. C’est une bonne chose, mais ça rend aussi les choses un peu plus difficiles. »

Amelia a fait ses débuts en Coupe du monde en 2017-2018 et a rapidement signé plusieurs top 10, dont une 9e place à Schladming et Courchevel en 2022, ainsi qu’une 8e place à Zagreb en 2023. Aux Jeux de Beijing 2022, elle a terminé 7e au slalom.

La skieuse alpine d’Équipe Canada, Amelia Smart, prend part au slalom féminin lors des Jeux olympiques d’hiver de Beijing 2022, le mercredi 9 février 2022. Photo : Mark Blinch/COC

Malgré cette expérience, elle continue de s’inspirer de ses coéquipières, et particulièrement de Laurence.

« J’ai beaucoup appris la résilience grâce à Laurence. La voir arriver à une course sans se sentir à 100 %, puis réussir quand même à bien performer, c’est vraiment inspirant.

Pour Ali Nullmeyer, les Jeux de Beijing ont surtout été riches en apprentissages sur le plan mental.

AN: « Je pense que je n’en ai peut-être pas fait assez au niveau de la préparation mentale. J’étais vraiment contente d’être là, puis juste avant les courses, je suis devenue extrêmement nerveuse. »

Cette expérience lui a permis de mieux anticiper et gérer ces émotions :

« Aujourd’hui, mentalement, je me sens plus confiante à l’approche de ce genre d’événement, notamment dans ma capacité à gérer l’ampleur de la compétition. »

Depuis ses débuts sur la scène mondiale en 2019, Ali s’est imposée parmi l’élite du slalom, avec une participation aux Jeux de Beijing 2022, où elle a pris le 21e rang.

La skieuse alpine d’Équipe Canada, Ali Nullmeyer, prend part au slalom féminin lors des Jeux olympiques d’hiver de Pékin 2022, le mercredi 9 février 2022. Photo : Mark Blinch/COC

La plus jeune membre de l’équipe, Kiki Alexander, a fait ses débuts en Coupe du monde en 2022. Après deux saisons difficiles marquées par une blessure, elle est de retour à la compétition en 2024-2025, déterminée à se tailler une place sur la scène internationale.

Au sein d’un groupe composé d’athlètes très expérimentées, elle bénéficie directement de l’expertise et du vécu de ses coéquipières, qu’elle observe et dont elle s’inspire au quotidien.

KA: «C’est drôle d’être la plus jeune de l’équipe. Les autres filles ont énormément d’expérience, autant aux Jeux qu’en Coupe du monde. Leur mentalité et leur façon d’aborder les grandes courses sont des choses dont je m’inspire beaucoup.»

Transmettre l’expérience aux prochaines générations

Après avoir vécu la pression, les attentes et les apprentissages propres à une carrière au plus haut niveau, ces athlètes savent mieux que quiconque ce qu’il faut pour évoluer en ski de compétition. 

Pour les jeunes qui rêvent de se lancer en ski de compétition, voici les conseils de quatre des meilleures skieuses de ski alpin d’Équipe Canada : 


LSG: « Il faut apprendre à skier partout, pas seulement dans les slaloms. C’est ce qui fait vraiment la différence et qui te fera aimer le ski. Mes plus beaux camps ont été, par exemple, au Chili, où j’ai appris à skier sur plusieurs pistes. »

AS: « Le meilleur conseil est de continuer à s’entraîner fort et à donner son maximum. Chaque athlète arrive là où elle est grâce à son engagement et sa discipline. Mais il ne faut pas oublier de ressentir la joie du sport : c’est en aimant s’entraîner dur qu’on aime ce sport. »


AN: « Commencez à skier le plus tôt possible. Pour moi, ça a vraiment été la clé. Quand j’étais jeune, je m’entraînais du mercredi au dimanche chaque semaine. C’est un gros engagement, mais ça en vaut la peine et c’est essentiel pour progresser dans le sport. »


KA:
« Pour moi, c’est simple : aimez le ski chaque jour et entraînez-vous autant que vous le pouvez, mais amusez-vous aussi. Dans notre équipe, on s’entraîne fort et on a des compétitions, mais on prend aussi le temps de s’amuser et d’apprendre les unes des autres. »

Faits amusants sur l’équipe nationale

Qu’il s’agisse de souvenirs marquants ou de petites habitudes qui les accompagnent encore aujourd’hui, ces athlètes partagent aussi des anecdotes plus légères qui révèlent leur personnalité, loin de la pression des compétitions.

LSG : «Je n’ai jamais participé aux Jeux du Québec en ski, mais j’ai joué au tennis de table !»

AS : «Je mange beaucoup de chocolat. Dès que je suis stressée le matin, je me permets un petit plaisir. J’ai toujours une barre de chocolat noir dans mon sac d’entraînement.»

AN: «Quand j’étais jeune, dans mon club, le plus rapide gagnait un Joe Louis. C’est là que j’ai appris à descendre les pentes vite!»

KA : «Je voyage avec des micros de karaoké pour qu’on fasse des soirées après nos compétitions. Nos entraîneurs participent aussi, et on ajoute même de la danse à notre chant !»