Biathlon 101 : Tout ce qu’il faut savoir pour suivre Équipe Canada sur le pas de tir et dans la neige
Le biathlon, avec sa combinaison unique de ski et de tir, fait partie des Jeux olympiques d’hiver depuis plus d’un demi-siècle. Il a évolué à partir de son précurseur, la patrouille militaire à ski, pour devenir le sport rapide et extrêmement technique que l’on connaît aujourd’hui.
Parmi les athlètes canadiens qui se préparent pour Milano Cortina 2026, Adam Runnalls nous explique ce qui rend le biathlon aussi exigeant que captivant. Runnalls a fait ses débuts olympiques à Beijing 2022, aidant le Canada à obtenir son meilleur résultat de l’histoire dans le relais masculin 4 × 7,5 km, terminant en sixième place.

Qu’est-ce que le biathlon exactement?
Le biathlon combine deux disciplines qui exigent des états physiques opposés : le ski de fond à haute intensité et le tir à la carabine, calme et précis.
Les biathlètes repoussent leurs limites aérobies sur les skis, puis doivent immédiatement contrôler leur fréquence cardiaque pour tirer sur des cibles situées à 50 mètres. Cette dualité fait du biathlon l’un des sports d’hiver les plus exigeants mentalement.
Runnalls explique comment il effectue cette transition en pleine course :
« J’utilise des repères mentaux et physiques. Je me dis que je suis un tireur à partir d’un point précis avant d’entrer sur le pas de tir. J’enlève mes lunettes, je les mets sur ma tête, et c’est le moment. Ensuite je sens une vague de calme. J’essaie de sortir de l’esprit de course et de me mettre en mode entraînement. »

Comment fonctionne le tir
Les biathlètes tirent dans deux positions pendant une course. En position couchée, ils visent des cibles plus petites de 45 mm. En position debout, les cibles sont plus grandes, à 115 mm. Toutes les séries de tir se font à une distance de 50 m. Selon l’épreuve, chaque cible manquée entraîne soit une pénalité d’une minute, soit l’obligation de skier une boucle de pénalité de 150 m pendant que le chronomètre continue de tourner.
Quelles sont les épreuves au programme olympique?
Il existe 11 épreuves olympiques en biathlon, regroupées en six catégories : Sprint, Individuel, Poursuite, Départ groupé, Relais et Relais mixte. Voici un aperçu simplifié :
| Épreuve | Distance totale | Tours de ski | Cibles à abattre | Pénalités |
| Sprint | Hommes 10 km / Femmes 7,5 km | Hommes 3 × 3,3 km / Femmes 3 × 2,5 km | 2 × 5 cibles | Boucle de pénalité de 150 m par tir manqué |
| Individuel | Hommes 20 km / Femmes 15 km | Hommes 5 × 4 km / Femmes 5 × 3 km | 4 × 5 cibles | 1 minute de pénalité par tir manqué |
| Poursuite | Hommes 12,5 km / Femmes 10 km | Hommes 5 × 2,5 km / Femmes 5 × 2 km | 4 × 5 cibles | Boucle de pénalité de 150 m par tir manqué |
| Départ groupé | Hommes 15 km / Femmes 12,5 km | Hommes 5 × 3 km / Femmes 5 × 2,5 km | 4 × 5 cibles | Boucle de pénalité de 150 m par tir manqué |
| Relais | Hommes 4 × 7,5 km / Femmes 4 × 6 km | Hommes 3 × 2,5 km / Femmes 3 × 2 km | 2 × 5 cibles (par skieur) | Boucle de pénalité de 150 m par tir manqué (après utilisation des balles de réserve) |
| Relais mixte | 2 femmes × 6 km + 2 hommes × 7,5 km | Hommes 3 × 2,5 km / Femmes 3 × 2 km | 2 × 5 cibles (par skieur) | Boucle de pénalité de 150 m par tir manqué (après utilisation des balles de réserve) |
La préférée de Runnalls : l’Individuel
Runnalls s’épanouit dans l’épreuve la plus longue et la plus exigeante du programme, l’individuel 20 km : « C’est la course la plus longue, et je suis généralement meilleur quand c’est plus long. Il y a une pénalité d’une minute pour chaque cible manquée. Beaucoup ralentissent leur tir pour éviter ça, mais je garde le même rythme, donc je gagne du temps sur le pas de tir. »
Comment fonctionnent les épreuves
Dans le sprint, les athlètes skient trois tours rapides et s’arrêtent deux fois pour tirer, d’abord couchés puis debout. Le chronomètre ne s’arrête jamais, donc chaque cible manquée envoie le biathlète immédiatement dans une boucle de pénalité de 150 m. Le meilleur temps total remporte l’épreuve.
L’épreuve individuelle est la forme la plus traditionnelle du biathlon. Les erreurs y coûtent cher, puisqu’une minute est ajoutée pour chaque cible manquée. Avec une pénalité aussi sévère, même une seule erreur peut bouleverser le podium.
La poursuite transforme les résultats du sprint en véritable chasse. Les 60 meilleurs athlètes s’élancent dans l’ordre exact où ils ont terminé le sprint, le gagnant du sprint partant en premier. Les autres suivent en fonction de leur écart de temps. Le premier à franchir la ligne d’arrivée l’emporte.
Le départ groupé réunit les 30 meilleurs biathlètes sur la même ligne de départ. Tous s’élancent en même temps, créant une épreuve très tactique et marquée par l’affrontement direct. À chaque cible manquée, l’athlète doit effectuer une boucle de pénalité de 150 m. Comme en poursuite, le premier à franchir l’arrivée gagne.
Le relais et le relais mixte misent sur le travail d’équipe. Chaque biathlète skie son parcours puis touche son coéquipier pour lancer le suivant. Chaque parcours comprend deux séries de tir, d’abord couchée puis debout. Les athlètes disposent de trois balles de réserve qu’ils doivent charger à la main si leurs cinq premiers tirs ne suffisent pas. Si des cibles ne sont pas abattues, ils doivent skier une boucle de pénalité de 150 m. L’équipe dont le dernier membre franchit la ligne d’arrivée en premier remporte l’épreuve.
Règles que tout amateur de biathlon devrait connaître
Les procédures de départ varient selon les épreuves. Dans l’individuel et le sprint, les athlètes partent à intervalles, généralement toutes les 30 secondes. En poursuite, les temps de départ sont déterminés par les résultats du sprint, ce qui lance une course-poursuite au sens propre. Le départ groupé réunit les 30 athlètes sur la ligne en même temps. Les relais commencent aussi par un départ groupé pour le premier parcours, puis chaque parcours suivant débute dès que l’athlète précédent effectue la transition. Dans les relais, toute transition faite en dehors de la zone prévue doit être répétée correctement.
Les règles d’arrivée sont simples. Dans l’individuel et le sprint, si deux athlètes obtiennent exactement le même temps, ils sont déclarés à égalité. Mais dans les courses où les athlètes s’affrontent directement, comme la poursuite, le départ groupé et les relais, une caméra photo-finish détermine lequel a franchi la ligne le premier, en se basant sur la première partie du pied qui touche la ligne.

Équipe Canada en route vers Milano Cortina 2026
Équipe Canada a obtenu huit places de quota (quatre hommes et quatre femmes) pour Milano Cortina 2026 grâce au classement de la Coupe des nations à la fin de la saison 2024-2025, qui prenait en compte les résultats de la Coupe du monde de l’IBU et des Championnats du monde de l’IBU. Runnalls décrit à quel point décrocher ces places fût difficile :
« Depuis 2014, nous avons eu quatre départs aux Jeux, c’est l’objectif. Vouloir ces quatre places, ça veut tout dire. Les obtenir a été difficile. Ça a demandé de l’engagement de notre part comme athlètes et de la part de l’organisation. On a continué à pousser même quand ça semblait impossible. »
L’histoire olympique du biathlon canadien est marquée par Myriam Bédard, toujours la biathlète la plus décorée du pays avec trois médailles olympiques. Elle a remporté le premier podium canadien à Albertville 1992 (bronze au 15 km individuel), suivi du doublé d’or à Lillehammer 1994 au 15 km individuel et au sprint 7,5 km.
Où se déroulera le biathlon : Anterselva
Les épreuves de biathlon à Milano Cortina 2026 auront lieu à Anterselva (appelée aussi Antholz en allemand), un site situé dans le nord-est de l’Italie, près de la frontière autrichienne.
Pour Runnalls, c’est presque un deuxième chez lui :
« J’aime cet endroit parce qu’il me rappelle Canmore. L’altitude me convient bien, la neige est excellente, il fait froid et le parcours est très fluide. Je suis performant là-bas. C’est aussi où j’ai disputé ma toute première Coupe du monde. »
Anterselva est également connue pour ses foules immenses, entre 30 000 et 40 000 spectateurs pendant les grands événements.
Pourquoi regarder le biathlon
Le biathlon est l’un des sports d’hiver les plus populaires en Europe, et les athlètes d’Équipe Canada espèrent voir cet engouement grandir ici. Comme le dit Runnalls :
« Les gens disent toujours qu’ils adorent regarder le biathlon aux Jeux. Mais le biathlon, c’est chaque année. C’est un sport vraiment excitant, et on aimerait voir la communauté de fans grandir au Canada. Il suffit d’y jeter un œil pour accrocher. »



