L’équipe derrière l’équipe : Rencontrez Derek Drouin, athlète de deux Jeux olympiques en saut en hauteur et gestionnaire de programme, marketing des athlètes et héritage des olympiens

Le Comité olympique canadien (COC) est fier de placer les athlètes au cœur de tout ce qu’il fait. À tous les niveaux de notre organisation, de notre conseil d’administration à nos stagiaires, notre équipe est composée de gens qui croient pleinement au pouvoir du sport – y compris un groupe impressionnant d’olympiens et paralympiens, d’athlètes des Jeux panaméricains, d’anciens athlètes d’équipes nationales, d’athlètes de ligues récréatives et de passionnés de sport. Dans le cadre de cette série, nous partagerons les histoires des membres de notre équipe qui ont compétitionné à de grands Jeux multisports et qui consacrent maintenant leur vie professionnelle à aider la prochaine génération d’athlètes d’Équipe Canada à réaliser leurs rêves.


Derek Drouin a remporté l’or au saut en hauteur aux Jeux olympiques de Rio en 2016, le premier Canadien à y arriver dans une épreuve de pelouse depuis 1932. Fait impressionnant, il a réussi à l’emporter sans rater une seule tentative de saut. Drouin a par ailleurs mis la main sur une médaille de bronze aux Jeux olympiques de Londres, en 2012. L’été dernier, il a été invité à Paris pour recevoir une médaille d’argent, à la suite d’un surclassement découlant de la disqualification du médaillé d’or initial pour dopage. Drouin a aussi été champion du monde en 2015 en plus d’avoir décroché l’or aux Jeux panaméricains de Toronto en 2015 ainsi qu’aux Jeux du Commonwealth à Glasgow en 2014. Il travaille maintenant pour le Comité olympique canadien en tant que gestionnaire de programme, marketing des athlètes et héritage des olympiens. 

Cette entrevue a été légèrement modifiée pour des raisons de longueur et de clarté.

J’ai entendu dire qu’il y a une histoire amusante sur tes débuts en saut en hauteur. Peux-tu nous la raconter?

Mes parents étaient toujours à la recherche d’activités pour que mes deux sœurs aînées et moi puissent dépenser de l’énergie. Pendant mon enfance, nous avons toujours pratiqué des sports et j’ai un peu l’impression que c’est le saut en hauteur qui m’a choisi.

L’athlétisme était un des sports qu’on offrait à mon école primaire. Plus je vieillis, plus je réalise à quel point j’ai été chanceux d’avoir eu des enseignants à l’école primaire qui étaient à ce point dévoués à mettre en place un milieu où le sport faisait partie du programme. Une de ces enseignantes extraordinaires était Mme Gilhuly, ma prof de maternelle, avec qui je suis encore en contact aujourd’hui. Elle nous a fait essayer le saut en hauteur. Évidemment, puisque nous étions des enfants de quatre, cinq et six ans, ça se résumait surtout à sauter sur le matelas. Cependant, je peux vous dire que cette activité a été percutante.

J’ai lu que tu es allé chez toi après ce cours d’éducation physique et tu as mis en place ton propre équipement de saut en hauteur au sous-sol? Est-ce vrai?

Oui. Je voulais continuer à faire du saut en hauteur chez moi, alors j’ai trouvé la solution parfaite pour en faire dans le sous-sol de mes parents. Nous avions un divan qui ressemblait beaucoup à un matelas de réception pour le saut en hauteur et nous avions toutes sortes d’objets dans notre salle de jeu. Je plaçais des livres sur le divan pour ajouter de la hauteur quand j’avais l’impression que je progressais.

Tu as ensuite connu une carrière fort réussie dans ce sport, avec plusieurs faits saillants. À quel moment as-tu commencé à rêver aux Jeux olympiques? 

Quand je repense à ma carrière, je suis très fier de ce que j’ai accompli. Si on m’avait dit quand j’avais 10 ans, après avoir participé à ma première compétition de saut en hauteur, que j’allais éventuellement remporter une médaille d’or olympique, je ne l’aurais pas cru. Le simple rêve d’accéder aux Jeux olympiques me semblait fou. Je ne connaissais personne qui avait participé aux Jeux olympiques. Du moins, jusqu’au jour où une athlète olympique est venue à mon école lorsque j’avais 10 ans. Elle s’appelait Michelle Conway. Elle avait fait partie de l’équipe de gymnastique artistique aux Jeux de Sydney 2000.

Je n’ai jamais abordé une compétition en pensant que j’étais la personne la plus athlétique du groupe ni le meilleur sauteur. Ma force, c’était l’aspect mental. Le saut en hauteur est particulier en ce sens que c’est un sport qui te met à l’épreuve mentalement. C’est un sport où tu peux gagner, où tu peux connaître une journée plutôt bien réussie, mais tu peux quand même terminer l’épreuve avec un échec… avec un saut raté. 

Quand j’ai pris ma retraite, je voulais prendre du recul et travailler ailleurs que dans le monde du sport, en combinant l’intérêt que j’avais eu pour la psychologie pendant mes études universitaires à l’expérience que j’avais vécue au saut en hauteur. Je voulais aider les professionnels qui font face à beaucoup de pression dans le cadre de leur travail. Je voulais aider les gens qui doivent livrer de grandes performances, qu’il s’agisse de musiciens ou de dirigeants d’entreprise. Pour moi, ç’a été différent à tous les Jeux que j’ai disputés et c’est un peu devenu un art que j’ai appris à maîtriser et à apprécier. 

Comment as-tu abouti au COC ?

L’été dernier, je suis retourné aux Jeux olympiques pour recevoir ma médaille surclassée de Londres. En pouvant ainsi profiter des Jeux sans la pression qui vient avec le fait d’y participer en tant qu’athlète, j’ai vu les Jeux d’un nouvel angle et ç’a rallumé une passion en moi. J’ai réalisé que j’adore tout ça, que je voulais recommencer à m’impliquer. Je savais qu’à l’époque où j’étais athlète, j’avais été le bénéficiaire du travail que le COC faisait en coulisses. Je n’avais toutefois aucune idée de l’étendue de ce travail, ni à quel point ça pouvait être stressant. Je ne savais pas que, parfois, c’est seulement à la dernière minute qu’on réussissait à rassembler tous les éléments pour qu’un événement se passe bien. Tout ce que je voyais comme athlète, c’était à quel point tout se déroulait de façon impeccable aux Jeux olympiques. J’ai réalisé que je voulais aider la prochaine génération d’athlètes olympiques à vivre le même genre d’expérience aux Jeux.


Tu as d’abord travaillé au sein de l’équipe de l’impact social. Peux-tu nous en dire plus sur ce que fait cette équipe ?

L’équipe de l’impact social s’occupe en gros du volet éducatif au COC. Il y a des journées de sensibilisation, notamment des activités de la Fierté qui ont lieu tout au long de l’été. Il y a des événements en lien avec le Mois de l’histoire des Noirs et pour mieux faire connaître l’histoire des Autochtones. On se sert de la plateforme du COC pour que les voix de nos athlètes puissent se faire entendre.

Mon secteur de responsabilités était davantage tourné vers l’éducation sur les Jeux olympiques en général et dans le cadre de notre programme scolaire, ce que j’ai vraiment adoré. Ma première journée de travail, au début de 2025, j’ai dû passer au travers des demandes pour notre programme de subventions aux écoles d’Équipe Canada en vue de la Journée olympique. La période pour faire une demande s’était terminée la veille. Je m’identifiais vraiment aux enseignants qui avaient rédigé les demandes pour ces subventions, qui voulaient lancer des programmes et donner plus de possibilités à leurs élèves de faire du sport. Ça m’a ramené à ma propre enfance. Toutes ces écoles ont droit à la visite d’une ou d’un athlète quand ils reçoivent une subvention, alors je me suis retrouvé de l’autre côté du rideau, à tourner les projecteurs sur les athlètes olympiques d’aujourd’hui et à planifier des visites dans des écoles, comme d’autres l’avaient fait à l’époque où j’avais 10 ans et qu’une olympienne a visité mon école. 

Tu as récemment été muté au sein de l’équipe du marketing des athlètes et de l’héritage des olympiens. Quels sont les aspects que tu aimes le plus de ton nouveau poste ?

Je suis content de me retrouver à travailler avec les athlètes. Tout au long de ma carrière, j’ai été en mesure de redonner au COC et à ma communauté au moyen de sorties d’athlète, et maintenant je peux rendre tout ça possible pour une nouvelle génération d’athlètes. Je n’ai jamais été très friand des moments que je passais sous les projecteurs, et je me sens beaucoup plus à l’aise dans ce rôle-ci. C’est une belle occasion d’apprendre à connaître les athlètes, de savoir quelles sont les causes qui leur tiennent à cœur et de leur offrir une plateforme où ils pourront faire du travail de sensibilisation.