LA PRESSE CANADIENNE/Darren Calabrese - AP Photo/Lee Jin-man
LA PRESSE CANADIENNE/Darren Calabrese - AP Photo/Lee Jin-man

Deux équipes canadiennes médaillées en patinage artistique abordent les Championnats du monde avec confiance

La saison a été marquée par des hauts et des bas pour deux des meilleures équipes canadiennes en patinage artistique, mais elles tenteront de garder leur élan à l’approche des Championnats du monde ISU de patinage artistique 2025, qui débutent mercredi.

Deanna Stellato-Dudek et Maxime Deschamps se présenteront à Boston en tant que champions du monde en titre chez les couples. Piper Gilles et Paul Poirier ont remporté trois médailles des Championnats du monde en danse sur glace, décrochant notamment l’argent l’an dernier.

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Bien qu’aucun des deux duos n’ait connu un parcours sans heurts depuis ces réalisations remarquables, le fait demeure qu’ils sont convaincus de pouvoir performer à la mesure de leurs capacités à l’occasion de cette compétition où le niveau de pression sera à son comble.

Stellato-Dudek et Deschamps contents d’être enfin en santé

« Chaque année apporte son lot de défis, et cette fois, nous avons dû surmonter des obstacles inattendus et compliqués. », a déclaré Stellato-Dudek aux médias à l’occasion d’une conférence téléphonique précédant les Mondiaux.

Deanna Stellato-Dudek et Maxime Deschamps présentent leur programme libre en couple lors des Championnats nationaux de patinage artistique du Canada à Laval, Québec, le samedi 18 janvier 2025. LA PRESSE CANADIENNE/Graham Hughes

En effet, la façon dont leur saison s’est déroulée jusqu’ici fait contraste avec ce qu’ils ont vécu en route vers le titre mondial sur leur propre patinoire à Montréal, il y a un an. Ils ont quand même remporté leurs deux épreuves du Grand Prix à l’automne, mais ils ont eu de la difficulté à réaliser un programme court et un programme long sans faille au cours d’une même compétition.

Ils ont dû se retirer de la Finale du Grand Prix en décembre après que Deschamps a fait de la fièvre pendant quatre jours. Il n’a pas été en mesure de s’entraîner adéquatement pendant plusieurs semaines, ce qui a eu des répercussions sur leur préparation en vue des Championnats nationaux en janvier. Ils ont remporté un troisième titre d’affilée, mais seulement grâce à un programme court des plus réussis après qu’ils ont pris la deuxième place à l’occasion du programme libre.

« L’an dernier, personne n’a été malade. Personne ne s’est blessé. Cette année, c’était maladie après blessure après maladie après blessure », a lancé Stellato-Dudek.

Ils espéraient être en parfaite santé aux Championnats des quatre continents de l’ISU à la fin février, mais ça n’a pas été le cas. Stellato-Dudek a dû composer avec un hématome et des meurtrissures osseuses après avoir chuté directement sur ses muscles fessiers au cours d’une séance d’entraînement, ce qui l’a empêchée de réaliser des sauts et des sauts lancés dans la semaine précédant leur départ pour Séoul.

Deanna Stellato-Dudek et Maxime Deschamps du Canada se produisent lors du programme court en couple des Championnats des Quatre Continents de Patinage Artistique de l’ISU au Mokdong Ice Rink à Séoul, en Corée du Sud, le jeudi 20 février 2025. (Photo AP/Lee Jin-man)

« C’était là un défi en soi, nous préparer pour aller là-bas tout en gardant un bon niveau de courage et de confiance pour me dire que je pourrais quand même y arriver », a-t-elle expliqué, mentionnant au passage qu’elle était « terrifiée » à l’idée d’essayer une triple boucle piquée parce qu’elle ne savait pas à quel point ça lui ferait mal. Après la première tentative, elle a décidé qu’elle était capable de composer avec le niveau de douleur.

Son état de santé n’affectait cependant pas seulement ses sauts. Elle avait de la difficulté à trouver la bonne position en effectuant la spirale de la mort arrière extérieure, un élément imposé dans le cadre du programme court de cette année. Ils ont visé un degré de difficulté plus bas à cette occasion, et ont donc obtenu un pointage moins élevé qu’à l’occasion des autres compétitions de la saison.

Ce programme court « très, très désordonné » aux Championnats des quatre continents les a laissés en quatrième place. Ce « pire des scénarios » leur a toutefois aussi facilité la tâche au moment d’entreprendre le programme libre puisqu’ils l’ont fait avec une mentalité plus détendue, ce qui leur a permis de réaliser leur meilleur programme long de la saison, de décrocher la médaille d’or et d’en tirer une leçon importante.

« Nous avons tenté d’exploiter ce genre de liberté et d’afficher cet esprit libre à l’entraînement ainsi qu’à l’occasion des répétitions. Parce que, comme nous l’avons dit, l’entraînement s’est très bien passé tout au long de l’année. Ce sont les compétitions qui ont été un peu plus difficiles pour nous. Ce qui fait qu’à un moment donné, il faut en déduire que nous devons nous détendre un peu, comme ç’a été le cas à l’occasion du programme libre aux Championnats des quatre continents, pour que nous puissions donner notre meilleur niveau », a-t-elle poursuivi.

« Il faut tout simplement lâcher prise, laisser les choses arriver », a ajouté Deschamps.

Ils cherchent aussi à adopter une approche où les résultats deviennent un objectif secondaire, reconnaissant le fait qu’ils ne peuvent contrôler le niveau de performance de leurs adversaires.

« Pour nous, comme c’est toujours le cas, la position que nous occuperons au classement représentera tout simplement un boni. En fait, ce que nous voulons vraiment, c’est d’aller sur la glace et d’être fiers de ce que nous aurons fait, et nous disant que c’est ça qui va nous permettre de décrocher le rang que nous avons besoin de décrocher. Nous voulons obtenir le meilleur résultat, mais si ce n’est pas le cas et que nous sommes contents de ce que nous avons accompli, alors nous serons contents. Ensuite, si nous voulons faire mieux l’an prochain, si nous ne gagnons pas par exemple, alors nous allons nous asseoir, voir ce qu’il faut faire pour être meilleurs, pour obtenir plus de points », a indiqué Deschamps.

« Si nous avons réalisé deux très bons programmes, ça va quand même représenter en quelque sorte une victoire pour nous, a noté Stellato-Dudek. Peu importe le rang que nous obtenons, nous allons chercher à améliorer ce qu’il est possible d’améliorer en vue de l’année prochaine, mais en fait, il s’agit de quitter la patinoire en étant satisfait de soi, ce que nous n’avons pas encore été en mesure de faire dans les deux programmes d’une même épreuve jusqu’ici cette saison. »

Gilles et Poirier reposés et prêts à poursuivre dans la même veine

À l’approche de leurs 12e Championnats du monde ensemble, Gilles et Poirier ont vécu à peu près tous les scénarios possibles. Cette saison, ils ont dû relever des défis auxquels ils n’avaient pas été confrontés ces dernières années.

Piper Gilles et Paul Poirier en action en danse sur glace
Piper Gilles et Paul Poirier du Canada participent à la danse libre en danse sur glace lors des Championnats des Quatre Continents de Patinage Artistique de l’ISU au Mokdong Ice Rink le 22 février 2025 à Séoul, en Corée du Sud. (Photo de Chung Sung-Jun – Union Internationale de Patinage/Union Internationale de Patinage via Getty Images)

Tout a bien commencé avec une victoire aux Internationaux Patinage Canada. Cependant, une chute en danse libre au Trophée Finlandia les a empêchés de remporter l’or en Grand Prix pour la première fois depuis 2021. Ils ont subi un autre coup dur en Finale du Grand Prix quand une chute en danse rythmique a mis fin à leurs espoirs de décrocher une médaille.

Après une cinquième place inattendue, ils ont enfin pris le temps de vraiment examiner leur approche.

« Je pense que la façon dont notre saison était organisée, c’est comme si nous courions partout sans avoir du temps à consacrer au développement des programmes comme nous l’aurions souhaité. Puis, nous avons vraiment eu le temps après le Grand Prix pour prendre une vraie pause, de vraiment s’arrêter pour faire des ajustements aux programmes, pour les bonifier comme ils avaient besoin d’être bonifiés », a indiqué Poirier, faisant par ailleurs remarquer qu’ils ont amorcé leur saison beaucoup plus tôt qu’à l’occasion des deux campagnes précédentes, quand ils avaient seulement commencé à travailler sur les programmes au milieu de l’été. Ce changement a fait en sorte qu’ils ont commencé à ressentir une grande fatigue à la mi-décembre.

« Je pense qu’avant toute chose, ç’a fait du bien d’avoir un peu plus de temps entre les compétitions pour se reposer et prendre soin de nous », a ajouté Poirier.

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Ils ont remporté leur quatrième titre national en janvier grâce à une performance dominante et ils ont ensuite eu quatre semaines pour se préparer en vue des Championnats des quatre continents, où ils ont affronté les doubles champions du monde en titre, les Américains Madison Chock et Evan Bates. Ils ont alors mis la main sur la médaille d’or.

Ce résultat a créé de l’enthousiasme chez les partisans de patinage artistique, car il laisse croire que la compétition en danse sur glace aux Mondiaux pourrait être plus ouverte que prévu.

« Nous avons appris beaucoup de choses après les Championnats nationaux et avant de disputer les Championnats des quatre continents, a affirmé Gilles, soulignant le fait qu’ils ont disposé d’un autre laps de temps de quatre semaines pour se préparer en vue des Mondiaux et ont alors essayé de faire le même nombre de répétitions. Nous avons, dans le fond, reproduit ce que nous avions fait avant parce que nous avions confiance et nous nous sentions solides, nous nous sentions reposés et prêts à tout donner au moment d’entreprendre les Championnats des quatre continents. Alors nous avons eu quelques semaines exigeantes, puis quelques semaines un peu plus faciles, et ensuite quelques jours de congé supplémentaires pour nous assurer que nos corps soient disposés à bien réagir aux Mondiaux ».

Ils pourront aussi compter sur tout ce qu’ils ont appris en patinant ensemble depuis plus de dix ans.

« Nous avons appris au fil des ans que c’est important d’être bien entraînés, mais c’est encore plus important de ne pas être surentraînés. Il nous est déjà arrivé de trop nous entraîner avant les Mondiaux et d’être épuisés une fois sur place, ce qui nous empêchait de donner le meilleur de nous-mêmes. Nous avons vraiment confiance au type de préparation que nous avons adopté cette fois-ci », a déclaré Gilles.

Ils ont aussi hâte de retourner à Boston pour une compétition. La fois précédente où cette ville a accueilli les Championnats du monde, en 2016, Gilles et Poirier ont réalisé une percée à ce stade de leurs carrières, terminant en cinquième place à l’occasion de ce qu’on appelait alors le programme court.

« C’est plaisant de pouvoir s’inspirer d’un moment spécial comme celui-là et de pouvoir espérer en créer un autre tout aussi mémorable à nouveau », a dit Gilles.

Les épreuves des Championnats du monde ISU de patinage artistique 2025 commenceront le mercredi 26 mars et se poursuivront jusqu’au samedi 29 mars.