Laurie Blouin dans les airs pendant l'épreuve de slopestyle

« J’ai montré aux plus jeunes athlètes que c’était possible » : La planchiste Laurie Blouin constate à quel point le snowboard a évolué

Avec six médailles des X Games, deux titres des Championnats du monde et une médaille d’argent olympique à son actif, la planchiste d’Équipe Canada Laurie Blouin a régulièrement été une des forces sur lesquelles il fallait compter dans les disciplines du slopestyle et du big air en snowboard chez les femmes.

Depuis son premier titre mondial en 2017, Blouin s’impose dans son sport en repoussant sans cesse ses limites et en poussant ses adversaires à se surpasser. À 28 ans, elle est déjà une planchiste expérimentée et inspirante, admirée par de nombreux jeunes talents au Canada et ailleurs.

Olympique.ca a discuté avec Blouin de son programme d’entraînement, des faits saillants de sa carrière et de l’avenir du snowboard freestyle féminin.

Dans quelles circonstances as-tu commencé à pratiquer le snowboard ?

J’ai commencé à pratiquer le snowboard à l’âge de cinq ou six ans. J’ai un frère aîné qui pratiquait ce sport. Tout ce qu’il faisait, il fallait que je l’essaie aussi, alors j’ai décidé d’essayer le snowboard.

Ma mère m’a inscrite à quelques cours. Ils m’ont dit que j’étais très bonne pour mon âge, alors j’ai arrêté les cours et j’ai commencé à en faire avec mes amies. C’est comme ça que ç’a commencé.

Que penses-tu de l’évolution du snowboard féminin depuis le début de ta carrière ?

C’est fou et je suis vraiment contente d’avoir participé à tout ça. Je me souviens qu’au moment où j’ai commencé en Coupe du monde à 17 ou 18 ans, je pense que les femmes l’emportaient avec des cinq [rotations de 540 degrés] et des sept [720 degrés]. Si tu réussissais un sept, c’était quelque chose de gros. Maintenant, nous faisons des neuf [900 degrés], des 10 [1080 degrés], parfois des 12 [1260 degrés]. C’est fou de voir ça.

Je suis juste contente d’avoir pu faire partie de tout ça. J’ai été une des premières à réussir un cab nine double dans une compétition, et après, un front 10. J’ai montré aux plus jeunes athlètes que c’était possible de réaliser plus que des cinq et des sept.

[Note de la rédaction: Blouin a aussi été la première femme à réussir un cab triple underflip dans une compétition, ce qui lui avait alors permis de décrocher la médaille de bronze en big air aux X Games de 2023].

Qu’est-ce qui t’excite le plus pour l’avenir du snowboard féminin ?

J’adore le fait qu’il y a plus de filles qui pratiquent le snowboard, et plus de filles qui deviennent bonnes à un plus jeune âge, ce qu’on voyait rarement quand j’en étais à mes débuts. Quand j’étais une des plus jeunes, c’étaient les plus vieilles qui étaient de bonnes planchistes au niveau professionnel.

Ce qu’on voit, c’est que les plus jeunes affichent un meilleur niveau. C’est pas mal spécial de voir ça. Ça, et aussi de voir à quel point toutes les filles veulent progresser.

Aurais-tu des prédictions en ce qui concerne ce qu’on pourrait voir de nouveau en slopestyle féminin à Milano Cortina 2026 ?

C’est difficile à dire. Je pense que le slopestyle progresse de manière différente que le big air. C’est plus difficile parce qu’il n’y a pas qu’une seule manœuvre qui compte, c’est la descente au complet. C’est donc difficile, par exemple, d’intégrer un triple à ta descente, parce qu’il faut faire le lien avec toutes les manœuvres. Milano Cortina, c’est bientôt, mais je suis pas mal certaine que nous allons probablement voir quelque chose comme un triple dans une descente de slopestyle très bientôt.

En espérant que je ne serais plus là quand ça va arriver, parce que ce n’est pas le genre de manœuvre que je fais sur rail ! J’aime faire des choses plus techniques. J’ai eu une époque où

À quoi ressemble l’ambiance au sein de la communauté internationale en slopestyle féminin ?

C’est vraiment beau. Ç’a toujours été comme ça depuis que j’ai commencé à faire du snowboard. La communauté du snowboard est tellement belle et tissée serrée, nous sommes toujours contentes les unes pour les autres. Nous aimons nous pousser les unes les autres à faire mieux, et nous nous inspirons les unes des autres. Nous nous poussons à faire mieux et nous voulons toutes progresser, mais pas de façon négative.

Dans certains sports, c’est vraiment compétitif et ils ne se parlent pas vraiment entre eux, ce ne sont pas des amis. Cependant, nous sommes toutes des amies à la fin de la journée et quand des planchistes ont du succès, nous sommes toutes contentes pour elles.

Une planchiste célèbre avec un drapeau canadien
Laurie Blouin, d’Équipe Canada, célèbre sa médaille d’argent dans la finale de slopestyle féminin aux Jeux olympiques d’hiver de PyeongChang 2018 le lundi 12 février 2018. Photo de LA PRESSE CANADIENNE / HO-COC / Vaughn Ridley

Quel est un élément de ton sport que bien des gens gagneraient à connaître ? Les gens en ont-ils une vision fausse à certains égards ?

J’aimerais que les gens en sachent plus sur notre mentalité et les manœuvres que nous faisons. Je sais que c’est un peu difficile à comprendre, mais si on prend le temps de regarder des vidéos, on va comprendre notre sport un peu mieux.

Quel est ton plus beau souvenir en carrière en snowboard ?

J’en ai plusieurs ! Quand j’apprends de nouvelles manœuvres, ça laisse toujours de beaux souvenirs. C’est une des plus grandes sensations que tu peux ressentir. Quand j’étais au début de la vingtaine, je passais beaucoup de temps à apprendre de nouvelles choses. Ce sont tellement de beaux souvenirs. Quand j’étais plus jeune, à faire du snowboard avec mes amis et tout ça, arriver sur la pente à midi et repartir seulement à 22 h. C’étaient là des bons, des très bons moments.

Évidemment, à PyeongChang [où Blouin a remporté une médaille d’argent — la première médaille olympique du Canada dans la discipline du slopestyle en snowboard chez les femmes].

Quel est le processus que tu suis quand on cherche à apprendre une nouvelle manœuvre ?

Eh bien, à l’époque, il n’y avait pas de coussins gonflables, alors il fallait l’apprendre sur la neige. Je le fais à l’aide de coussins gonflables depuis que j’ai 20 ans à peu près.

Ç’a tout changé parce que tu te retrouves toujours sur ta planche, tu fais toujours le même mouvement encore et encore. Tu te souviens de tout grâce à ta mémoire musculaire. Quant au niveau de risque, tu l’as fait 1000 fois et ensuite tu te retrouves sur la neige, alors tu vas probablement bien atterrir dès le premier ou le deuxième essai parce que tu t’es tellement entraînée à le faire. C’est ça la différence; à l’époque où il n’y avait pas de coussins gonflables, c’était un peu plus risqué. Maintenant, la gestion du risque est meilleure.

Une athlète de snowboard célèbre la fin de sa descente

Quel est ton plus beau souvenir de snowboard en tant que spectatrice, que ce soit en regardant une compétition ou un athlète qui t’a vraiment inspirée ?

Quand j’étais vraiment très jeune, je regardais des vidéos de snowboard de Jamie Anderson pendant des heures sur YouTube. Je l’admirais tellement.

Quand j’ai remporté ma première médaille à la Coupe du monde, j’étais debout à côté d’elle sur le podium. J’avais trouvé ça pas mal spécial ! Je l’admirais depuis si longtemps, elle m’avait tellement inspirée, et voilà que j’étais à côté d’elle sur le podium!

J’imagine que c’est une question un peu similaire, mais y a-t-il des athlètes que tu admirais plus jeune, des planchistes ou des athlètes d’autres sports, quelqu’un qui a été un modèle à suivre pour toi ?

Je pense que Seb [Toutant] en était un, parce que je l‘ai rencontré quand j’étais très jeune, parce que nous avions le même entraîneur. Jamie et Seb sont ceux qui ont vraiment eu une influence sur mon snowboard et ma carrière. Je les ai rencontrés quand j’étais vraiment très jeune, c’était bien de pouvoir faire du snowboard en étant dans leur entourage.

Aurais-tu un conseil à donner aux jeunes athlètes ?

Amusez-vous et n’arrêtez jamais de chercher à repousser vos limites.

En rafale avec Laurie Blouin

As-tu un rituel ou une routine avant une course ?

Je le prends tout simplement comme ça vient !

Ton endroit favori pour t’entraîner ?

Laax est un endroit où j’ai beaucoup de plaisir. Leur parc de neige et leur site sont vraiment plaisants. Quand je suis de retour à la maison, je vais au Maximise et c’est bien. C’est seulement à trois heures de route à peu près et c’est un centre de haute performance, alors il y a un grand saut et un remonte-pente à corde.

Ton endroit favori pour une compétition ?

Oh, je dirais que c’est Laax. Ou les X Games, en fait ! Les X Games, c’est bien, parce que tu as tellement de temps d’entraînement; c’est facile de devenir à l’aise avec le parcours. Ouais, je pense que les X Games sont un des meilleurs endroits.

Comment décrirais-tu ton style ?

C’est une bonne question. Je pense qu’on pourrait dire que c’est un style qui est plus de la vieille école. Quand je me vois sur une planche, comparativement aux autres files, j’aime pas mal [la différence]. J’aime l’allure de la vieille école.

Si tu n’étais pas devenue planchiste, quel autre sport aurais-tu pratiqué ?

Je pense que j’aurais été une sprinteuse! Quand j’allais à l’école secondaire, je me suis rendue jusqu’au niveau régional en sprint, et j’ai fait le relais aussi. J’aime bien l’athlétisme.