International Skating Union, Dave Holland/Canadian Sport Institute Alberta
International Skating Union, Dave Holland/Canadian Sport Institute Alberta

Coup d’œil sur les liens percutants entre Bloemen et Fish, le duo dynamique des épreuves de fond du Canada

En général, plus un athlète est talentueux et entraîné, plus il donne l’impression qu’il performe sans effort.

Le patinage de vitesse longue piste est d’ailleurs l’un de ces sports qui, au plus haut niveau, semble se pratiquer tellement sans effort que c’en est beau. C’est de la poésie en mouvement.

Selon deux des patineurs de vitesse d’Équipe Canada spécialistes des épreuves de fond, Ted-Jan Bloemen et Graeme Fish, derrière le rythme hypnotique des bras qui balancent et des jambes qui glissent, il y a cependant un très haut niveau de compétence technique… ainsi que cette bonne vieille sensation de douleur.

« Ce que j’essaie de dire à mes plus jeunes coéquipiers, c’est que c’est très important, surtout dans les distances de fond, de rester calme et de chercher à ce que ce soit sans effort. Quand tu commences à paniquer parce que tu te fatigues et que tu te retrouves à travailler plus fort, alors l’efficacité part en fumée. Tu dois rester calme du début à la fin », a déclaré Bloemen.

Fish a donné une réponse plus brutale quand on lui a demandé ce qui l’a incité à graviter vers les épreuves du 5000 m et du 10 000 m.

« J’adore avoir mal », a-t-il lancé en riant.

« Une course 500 m ne m’attire pas parce que je ne ressens pas de la douleur. Je pense que tu apprends à aimer ça, a ajouté Fish. S’il y avait une course de 20 km, c’est sûr que je la ferais aussi, aucun doute ».

Né et élevé aux Pays-Bas – où le patinage de vitesse est aussi adoré que le hockey l’est chez nous – Bloemen est venu s’installer dans le pays de naissance de son père, le Canada, en 2014 après avoir eu de la difficulté à percer au sein du système néerlandais, dont le niveau était très relevé. Quand il a rejoint les rangs de l’équipe nationale canadienne, l’effet a été immédiat, alors qu’il s’est prouvé à lui-même qu’il avait raison de croire qu’il n’avait pas encore atteint son plein potentiel. Depuis, il a participé à deux présentations des Jeux olympiques, soit ceux de PyeongChang 2018 et de Beijing 2022.

À PyeongChang 2018, Bloemen a mis fin à une disette de 86 ans du Canada sans médaille olympique dans les épreuves masculines du 5000 m et du 10 000 m. Après avoir remporté l’argent au 5000 m à la photo d’arrivée, il a établi un nouveau record olympique au 10 000 m en route vers la médaille d’or. À 38 ans, Bloemen compte huit podiums à son palmarès aux Championnats du monde de distances individuelles de l’ISU.

Originaire de Moose Jaw, en Saskatchewan, Fish a participé à ses premiers Jeux olympiques à Beijing 2022. L’athlète de 27 ans s’est toutefois fait remarquer avant cela, quand il a établi un record du monde s’élevant à 12:33,86 au 10 000 m des Championnats du monde de distances individuelles en 2020. La marque qu’il a améliorée de près de 2,5 secondes avait été enregistrée par nul autre que Bloemen en 2015. À ces mêmes Championnats du monde, Fish a mis la main sur le bronze au 5000 m pendant que Bloemen raflait l’or.

Aide mutuelle

Même dans les sports individuels, les équipes sont la somme de leurs parties. Fish était bien placé pour voir l’influence de Bloemen à son arrivée au sein de l’équipe nationale canadienne.

« Avant que Ted s’en vienne au Canada, je ne pense pas qu’il y ait eu quelqu’un qui soit passé sous les 13 minutes au 10 000 m, a affirmé Fish. Ted a commencé à patiner avec Jordan Belchos et on pouvait pouvoir que Ted s’améliorait, mais on pouvait voir aussi que Jordan s’améliorait. Quand Ted l’a ensuite emporté aux Jeux olympiques, Jordan a fini cinquième – cette année-là, nous avions probablement le meilleur programme des distances de fond aux Jeux olympiques chez les hommes.

« Je me suis joint au groupe l’année d’après et ç’a tout de suite cliqué entre nous, sur la glace et en dehors. Je pense que tous les deux, nous ne serions pas aussi bons que nous le sommes en ce moment si nous ne nous entraînions pas ensemble », a dit Fish.

Bloemen est d’accord pour dire qu’ils s’aident mutuellement pour rehausser leur niveau de performance. Il ajoute que patiner avec Fish a aussi changé sa façon de voir les choses en ce qui concerne le rôle que doit jouer un coéquipier.

« Quand Graeme a établi le record du monde en 2020, qu’il me l’a enlevé, je pense que c’était la première fois de ma vie que j’étais vraiment content de voir quelqu’un d’autre bien performer, a déclaré Bloemen. Je n’étais pas jaloux, ni en colère envers moi-même de ne pas avoir réussi à mieux faire. J’étais tout simplement fier de l’avoir fait ensemble et qu’il m’ait maintenant battu ».

Graeme Fish célébrant son nouveau record du monde
Graeme Fish célébre son record du monde à l’épreuve du 10 000 m de patinage de vitesse aux Championnat du monde de distance individuelle de Salt Lake City, le vendredi 14 février 2020.(Photo:Speed Skating Canada/Twitter)

Bloemen affirme que leur capacité à célébrer sincèrement les réussites de l’autre lui a ouvert les yeux.

« C’est tout simplement une approche plus heureuse du sport, plutôt que d’être amer parce que tu n’as pas gagné ».

Un regard sur le passé pour se projeter dans l’avenir

Malgré le succès qu’ils ont connu au fil de leurs carrières, Bloemen et Fish adoreraient tous deux revenir dans le passé pour donner quelques conseils aux hommes qu’ils étaient plus jeunes.

Avec le recul qu’il a depuis qu’il est devenu père, Bloemen souhaiterait dire à la version plus jeune de lui-même de faire preuve d’un peu plus de discipline.

« Si je pouvais retourner au début de ma carrière, je me dirais : pour l’amour du ciel, concentre-toi juste sur ce que tu as à faire! Il y a juste 24 heures dans une journée! », a lancé Bloemen en riant.

« Ça m’a pris bien trop de temps avant que je m’engage vraiment, et que je comprenne vraiment ce qu’il faut faire pour devenir un champion – il faut que tu le vives à fond, 24 heures par jour, sept jours par semaine. C’est clair que j’aurais pu commencer à faire ça bien avant! »

Un patineur de vitesse en action sur la longue piste
Ted-Jan Bloemen, patineur de vitesse longue piste de l’équipe canadienne, participe à l’épreuve masculine du 5000 m lors des Jeux olympiques d’hiver de Pékin 2022, le dimanche 6 février 2022. Photo par Kevin Light/COC

Fish mettrait la plus jeune version de lui-même en garde contre les dangers de se comparer aux autres, et il lui conseillerait de faire ce qu’il fait maintenant, c’est-à-dire rester dans le moment présent et travailler fort.

En route vers les Championnats du monde

Alors qu’Équipe Canada s’apprête à disputer les Championnats du monde de distances individuelles de patinage de vitesse de l’ISU, qui auront lieu du 13 au 16 mars à Hamas, en Norvège, Bloemen et Fish pensent au processus plutôt qu’aux résultats. Ils ont aussi Milano Cortina 2026 dans leur mire.

« Les gens veulent toujours savoir à quel rang je voudrais terminer, quel temps je veux afficher, a indiqué Bloemen. Mais pour nous, ce n’est pas important – si tu veux donner le meilleur de toi-même, c’est le cheminement qui doit être l’objectif ».