Étape par étape, Jean-Simon Desgagnés est prêt à réaliser ses rêves olympiques
Comment s’est déroulée la saison été/automne 2023 de Jean-Simon Desgagnés?
« A+ après A+ », répond l’athlète de 25 ans originaire de Saint-Ferréol-les-Neiges, au Québec, en riant.
Non, il ne parlait pas de cours d’été (bien qu’il soit aussi étudiant en médecine à l’Université Laval). C’est une série de performances éblouissantes au steeple qui ont valu à l’étoile montante de l’athlétisme canadien d’obtenir des notes parfaites.
Pour ceux qui ne connaissent pas le steeple, il s’agit d’une course de 3000 m avec des haies, dont certaines au-dessus de l’eau. Sur chaque tour de piste, les athlètes franchissent quatre barrières et un bassin d’eau.
Ce que la plupart des fans occasionnels ne savent peut-être pas, selon Desgagnés, c’est l’énorme différence stratégique entre les courses qui comportent des haies et celles qui n’en comportent pas.
« Chaque haie est un moyen de dépasser quelqu’un. C’est un moyen de se faire dépasser. C’est un moyen de se dire : ‘Oh, je vais faire coïncider mon coup de pied avec cette haie.’ Ce sont tous ces petits hauts et bas qui rendent ce sport intéressant. »
Desgagnés a démarré l’été dernier en réalisant une marque personnelle et un record du Québec en Hongrie. Il a démontré qu’il était de calibre international en terminant huitième aux Championnats du monde World Athletics de 2023. Puis il y a eu la médaille d’or qu’il a remportée aux Jeux panaméricains de Santiago 2023.
Ce qui fait toutefois que les gens continuent de regarder Desgagnés, ce n’est pas seulement la nature emballante du steeple ou les temps rapides qu’il a réalisés. C’est son authenticité et la façon dont il s’engage à respecter les principes fondamentaux que son professeur d’éducation physique à l’école secondaire lui a enseignés, à savoir que le sport, en fin de compte, devrait être amusant et axé sur l’équipe.
Ce penchant pour le plaisir s’est manifesté pleinement aux Jeux panaméricains, où Desgagnés a pris une telle avance que même une chute au dernier saut au-dessus de l’eau ne lui a pas coûté la première place sur le podium. Immédiatement après la course, Desgagnés était prêt à rire de sa mésaventure.
En raison de cet engagement à être un joueur d’équipe dans ce qui est souvent considéré comme un sport individuel, Desgagnés a prolongé une saison de course déjà très longue pour reprendre l’action immédiatement après les Jeux de Santiago 2023 afin de représenter Laval aux Championnats de cross-country de U SPORTS une semaine plus tard.
« Les gens disaient, ‘Oh, tu es un athlète qui participe aux Championnats du monde, un médaillé d’or des Jeux panaméricains – pourquoi participes-tu aux Championnats de U SPORTS?‘ Je fais toutefois partie de cette équipe depuis pratiquement le début de ma carrière de coureur. C’était ma cinquième année et j’ai voulu le faire en raison de l’esprit d’équipe, a déclaré Desgagnés. L’ambiance qui règne entre nous est tellement incroyable et c’est en partie pour cela que j’ai commencé à pratiquer ce sport. »
L’équipe de Laval a terminé deuxième et Desgagnés a remporté l’argent derrière son coéquipier Philippe Morneau-Cartier. Toute l’équipe arborait des cheveux décolorés assortis avec des pointes rouges.
« Ce n’est peut-être pas ce que tous les athlètes de niveau international feraient, mais je n’ai aucun regret. C’est comme ça que je fais les choses depuis longtemps et je suis très heureux de le faire. »
Plus jeune, Desgagnés était un passionné des sports d’équipe : « J’ai joué au hockey, au basketball, au football, à l’ultimate frisbee, je faisais du ski alpin. J’ai essayé l’athlétisme à un certain moment à l’école secondaire, mais ce n’était certainement pas une passion. »
Ce n’est qu’au cégep qu’il s’est rendu compte que l’athlétisme pouvait être plus qu’un sport individuel. C’est en s’entraînant en équipe qu’il est tombé amoureux de la course à pied.
« Depuis, j’ai progressé étape par étape, je me suis amélioré. Aujourd’hui, j’en suis là. »
Si la philosophie sportive de Desgagnés est de s’amuser et d’être un bon coéquipier, le processus étape par étape pourrait être une bonne façon de décrire sa philosophie d’entraînement.
« Si je me réveille le matin et que je me dis que je veux être bon aux Jeux olympiques, qui sont dans huit mois, pourquoi me coucherais-je plus tôt ou ferais-je mes étirements? Si toutefois je veux être bon à l’entraînement demain, cela me semble plus nécessaire », a déclaré Desgagnés.
« Il faut se donner des objectifs plus petits, des étapes plus petites. Il faut avoir envie d’aller à l’entraînement, d’établir un petit record personnel dans la salle d’entraînement. Ensuite, quand vous aurez atteint tous les petits objectifs, vous visez le grand. »
Si quelqu’un craignait que l’été 2024 ne soit pas à la hauteur de l’été 2023 pour Desgagnés, cela ne semble certainement pas être le cas. Il a défendu sa couronne de champion canadien du 3000 m steeple aux Essais d’athlétisme Bell et a été nommé au sein de sa première équipe olympique. Oh, et en plus, il a terminé un stage en maladies infectieuses à l’Hôpital de l’Enfant-Jésus à Québec.
Desgagnés s’est ensuite rendu en France pour participer à d’autres courses avant les Jeux olympiques. Au Meeting de Paris, au début du mois de juillet, Desgagnés a réalisé un nouveau record personnel et du Québec en 8:13,11. Et même en France, il y avait encore un coéquipier avec qui célébrer. Charles Philibert-Thiboutot, un autre athlète québécois et ancien de Laval, a réalisé un record canadien au 3000 m au cours de la même compétition.
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À seulement 25 ans, Desgagnés a déjà une bonne idée du type de modèle qu’il veut être dans le sport. S’il devait partager quelque chose avec de futurs athlètes, ce serait cette même philosophie inspirée par son professeur d’éducation physique à l’école secondaire.
« Pratiquez un sport parce que vous l’aimez. Pas parce que quelqu’un vous pousse à le faire ou parce que vous êtes bon dans ce sport. Pratiquez-le parce que vous l’aimez et que vous vous amusez. C’est ainsi que vous le pratiquerez longtemps et que vous aurez une bonne carrière. Quand vous arrêterez, vous ne voulez pas vous dire : ‘Oh, j’ai perdu 10 à 15 ans de ma vie.’ Vous voulez vous dire : Oh, ce furent les 15 meilleures années de ma vie.’ »
Les épreuves d’athlétisme des Jeux de Paris 2024 s’étaleront sur 11 jours, du 1er au 11 août. La première ronde du steeplechase masculin aura lieu le 5 août. Desgagnés aborde les Jeux au 12e rang mondial en steeple.
Questions-réponses avec Jean-Simon Desgagnés
O.ca: Si tu pouvais participer aux Jeux olympiques dans un autre sport, lequel choisirais-tu?
JSD : Sans aucun doute le ski acrobatique. J’ai skié toute ma vie.
O.ca : Quel est ton meilleur souvenir olympique en tant que fan d’Équipe Canada?
JSD : Le but en or de Sidney Crosby. Je me souviens que je jouais au hockey à l’époque et on l’a annoncé au haut-parleur : « Sidney Crosby vient de marquer le but gagnant du match pour la médaille d’or! » Je ne l’ai même pas regardé, mais je me souviens de l’endroit où j’étais et j’étais si fier. Pour ce qui est des Jeux d’été, je dirais voir Andre De Grasse remporter ses médailles à Rio. C’était incroyable.
O.ca : Quel est l’un des entraînements qui te permet de te sentir prêt à participer à une course?
JSD : Je pense que, dans mon cas, mon entraînement préféré serait 3 x 1000 m, avec 400 m avec des haies. Nous faisons, par exemple, 1000 m à un rythme de 3 km et 400 m à un rythme de 2 km de steeple avec des haies, puis nous le faisons trois fois.
