Summer McIntosh parle au micro après une course.THE CANADIAN PRESS/Frank Gunn
THE CANADIAN PRESS/Frank Gunn

Summer McIntosh prête amorcer les Jeux de Paris 2024 d’Équipe Canada avec des succès dans la piscine

Summer McIntosh, la super étoile canadienne de 17 ans, ne se préoccupe guère de ce qu’on dit à son sujet. À l’approche des Jeux olympiques de Paris 2024, McIntosh ne s’intéresse qu’à une chose et rien d’autre, c’est-à-dire ce qu’elle doit faire pour être à son meilleur.

« Il y a de la pression dans le sport, ça fait partie de notre travail », dit-elle tout simplement.

Il s’agit là d’une attitude empreinte d’une belle maturité pour une si jeune athlète, surtout une athlète qui se trouve à ce point sous les feux de la rampe. Toutefois, il ne faut pas oublier que Mcintosh a participé à ses premiers Jeux olympiques à l’âge de 14 ans et qu’elle est la fille d’une athlète olympique en natation, ce qui fait qu’elle n’en est pas à ses premières armes en la matière.

McIntosh disputera quatre épreuves individuelles à Paris, soit le 400 m libre, le 400 m quatre nages individuel (QNI), le 200 m papillon et le 200 m QNI. Et elle va aussi fort probablement participer aussi à des épreuves de relais pour Équipe Canada. 

McIntosh entreprendra les Jeux à titre de détentrice du record du monde du 400 m QNI. Elle a remporté l’or aux épreuves féminines du 200 m papillon et au 400 m QNI aux Championnats du monde de World Aquatics en 2022 de même qu’en 2023. Ces quatre médailles d’or des Championnats du monde remportées par McIntosh représentent un sommet dans l’histoire de la natation canadienne.

Summer McIntosh avec la médaille d'or remportée au 400 m quatre nages féminin. Swimming Canada/Ian MacNicol
Summer McIntosh avec la médaille d’or remportée au 400 m quatre nages féminin aux Championnats du monde World Aquatics 2023, à Fukuoka, au Japon. Swimming Canada/Ian MacNicol

En s’adressant au contingent de journalistes canadiens aux yeux bouffis qui s’étaient levés à 4h HE pour pouvoir s’entretenir avec elle à quelques jours des Jeux, McIntosh semblait détendue et de bonne humeur au moment où ses coéquipiers de l’équipe de natation et elle participaient à un camp de préparation dans la région française de la Normandie.

Des questions ont été posées sur le poids des attentes à son endroit en termes de médailles et sur la possibilité de devenir une des athlètes les plus décorées dans l’histoire de l’olympisme canadien. On a tenté de souffler sur les braises de la rivalité avec les nageuses australiennes. Du début à la fin, McIntosh n’a pas dérogé à son approche: « Je cherche juste à me concentrer sur moi-même. »

La première journée des Jeux devrait donner lieu à un duel fort attendu au 400 m libre, alors que cette épreuve risque fort d’opposer les trois dernières détentrices du record du monde dans cette distance, soit l’Américaine Katie Ledecky, l’Australienne Ariarne Titmus et McIntosh.

Titmus est celle qui a commencé à semer la controverse quand, après avoir vu McIntosh rééditer le record du monde au printemps 2023, elle a laissé entendre que McIntosh n’avait pas l’expérience des grandes compétitions internationales ni la capacité de gérer la pression requises pour rivaliser avec Ledecky et elle. Titmus s’est ensuite emparée à nouveau du record du monde aux Championnats du monde de World Aquatics disputés en juillet 2023 à Fukuoka.

Aux questions ayant trait à Titmus, McIntosh a répondu : « En ce moment, je suis tout simplement concentrée sur moi-même, comme je l’ai toujours fait. Le 400 m est une épreuve où il y a beaucoup de profondeur dans l’ensemble et qui compte beaucoup d’athlètes remarquables. »

Un journaliste — qui avait un fort accent australien — est allé jusqu’à demander à la blague: « Détestez-vous les Australiens — est-ce la raison pour laquelle vous défiez toutes leurs meilleures athlètes? »

McIntosh n’allait certainement pas alimenter le feu.

« Je pense qu’il y a beaucoup de respect mutuel entre tous les athlètes aux Jeux olympiques parce que nous sommes tous et toutes conscients des sacrifices qu’il faut faire pour se rendre jusqu’au niveau mondial. »

Summer McIntosh lève le pouce dans l'eau.
Summer McIntosh réagit après avoir remporté l’or au 200 m papillon féminin lors des Championnats du monde de natation 2023 à Fukuoka, Japon. (Natation Canada/Ian MacNicol)

En lieu et place d’une supposée rivalité, McIntosh a plutôt mis l’accent sur le besoin, à l’occasion de la première journée de compétition samedi, de placer la barre haut pour Équipe Canada : « Le fait de pouvoir nager la première journée et d’essayer de donner le ton de la meilleure façon possible pour Équipe Canada est super, super important. »

Alors, sur quoi McIntosh porte-t-elle son attention pendant qu’elle fait la sourde oreille au bruit ambiant? Elle s’imprègne de tous les apprentissages qui viennent avec l’expérience, en plus d’apprivoiser toutes les petites habitudes qui, mises ensemble, peuvent faire une grande différence.

« J’avais juste 14 ans à mes premiers Jeux olympiques, c’est fou. C’est comme si c’était hier, mais en même temps, j’ai beaucoup évolué. J’ai assurément gagné en maturité et j’ai pas mal plus de vécu, notamment avec deux participations aux Championnats du monde, a noté McIntosh. Ce qui fait que toutes ces petits choses — la récupération, gérer les médias et tout ce qui se passe pendant une journée de course […] J’ai appris à être meilleure dans ce contexte. »

Au point de vue technique, elle a travaillé ses virages tandis que mentalement, elle a appris à rebondir après avoir disputé une course insatisfaisante — ce qui est là une qualité essentielle au cours d’une compétition de neuf jours comme celle des Jeux olympiques. Elle était déçue de son 400 m libre à Fukuoka, où elle a fini quatrième, mais elle s’est assurée que ça ne vienne pas compromettre le reste de la compétition.

« J’ai appris qu’il est super important de ne pas se laisser trop gagner par les émotions, ni dans un sens, ni dans l’autre. Essayer de rester d’humeur égale le plus possible, c’est ce qui fonctionne le mieux dans mon cas. »

Cela veut notamment dire d’attendre que la tâche à accomplir soit finie avant de savourer l’atmosphère et la présence de la foule : « Toutes ces autres choses, je peux y penser après, et c’est alors que je peux vraiment commencer à en retirer du plaisir. »

Summer McIntosh lève le bras après une course.
Summer McIntosh réagit après avoir battu son propre record du monde au 400 m quatre nages individuel aux Essais olympiques canadiens de natation à Toronto, le jeudi 16 mai 2024. THE CANADIAN PRESS/Frank Gunn

Puisqu’elle va disputer quatre épreuves individuelles et possiblement plusieurs relais, McIntosh va accorder beaucoup d’importance à la récupération pendant les Jeux. C’est là une facette du sport qui, selon elle, n’est pas assez souvent abordée. Dans le cas de McIntosh, après une course importante, elle va essayer de prendre un repas dès que possible, se faire masser, faire une sieste, manger encore et ensuite retourner à la piscine. 

L’aspect mental de la récupération est tout aussi important, souligne-t-elle.

« Le corps fait ce que l’esprit le croit capable de faire », affirme l’athlète de 17 ans.

L’aspect mental des Jeux devient plus facile en raison des liens étroits qu’il y a entre les nageurs et nageuses d’Équipe Canada. Le visage de McIntosh s’illumine quand on évoque la formation canadienne de natation dans son ensemble.

« L’équipe au grand complet est tellement tissée serrée, nous sommes comme une belle et grande famille et nous prenons soin les uns des autres. Nous n’avons pas conscience du bruit ambiant et des choses de ce genre. Ç’a donc été formidable. Nous essayons de travailler ensemble en tant qu’équipe pour être aussi proches, parce que nous sommes tous en train de passer au travers la même chose, explique Mcintosh. J’ai établi tellement de liens d’amitié [au sein d’Équipe Canada], des amitiés qui vont durer pour la vie. »

La disponibilité média a pris fin avant que le soleil se lève au Canada, mais pas avant qu’une question très importante soit posée à McIntosh: est-ce bien vrai qu’elle a un chat qui porte le nom du légendaire nageur Michael Phelps?

Celle-là a fait sourire McIntosh.

« En fait, j’ai trois chats. Un s’appelle Riley, un autre s’appelle Duke et il y a aussi Mikey, qui est nommé en l’honneur de Michael Phelps. »

Que fait une journaliste quand sa journée commence si tôt? Pour l’auteure de ces lignes, le choix était évident : se rendre à la piscine locale pour aller y faire quelques longueurs.

Les épreuves de natation des Jeux de Paris 2024 auront lieu du 27 juillet au 4 août à l’Arena Paris La Défense.