Montage photo softball et skateboardAP Photo/Jae C. Hong - Mark Blinch/COC
AP Photo/Jae C. Hong - Mark Blinch/COC

Comment ajoute-t-on des sports aux Jeux olympiques?

Aux premiers Jeux olympiques modernes en 1896, neuf sports ont été présentés et 43 épreuves ont été disputées par 241 athlètes (tous des hommes). En revanche, 32 sports seront présentés à Paris 2024 totalisant 329 épreuves qui regroupant un total de 10 500 athlètes (avec une parité hommes-femmes!).

Évidemment, de nombreux aspects du programme olympique ont évolué au cours du siècle de développement dans le domaine du sport. Il y a des sports, des disciplines et des épreuves que tout le monde associe aux Jeux olympiques, comme le marathon, en vertu de leur historicité et de leurs rapports avec l’héritage olympique. Mais à Tokyo 2020, des sports comme le surf, le skateboard et l’escalade sportive ont été intégrés au programme olympique dans l’espoir de trouver un bon équilibre entre le pôle de l’histoire et de la tradition et celui de l’innovation et de la jeunesse. À Paris 2024, le breaking en sera à ses débuts comme sport olympique. 

Une B-Girl en pleine performance.
Emma d’Équipe Canada participe au quart de finale de Breaking chez les B-Girls aux Jeux olympiques de la jeunesse de 2018 à Buenos Aires // Photo : Ian Walton pour l’OIS/CIO.

Alors, comment de nouveaux sports sont-ils ajoutés au programme olympique ? 

Avant de répondre à cette question, prenons un peu de recul, le temps de clarifier certaines choses. 

Dans l’univers olympique, chaque sport est régi par une seule fédération internationale. Ainsi donc, les disciplines aquatiques, qui sont gouvernées par World Aquatics, représentent un seul sport. À l’intérieur de ce sport, on retrouve des disciplines que la plupart des gens considéreront comme des sports distincts – la natation, le plongeon, le water-polo et la natation artistique. On observe la même chose du côté des sports d’hiver. Tout ce qui se retrouve sous le parapluie de la FIS, la Fédération internationale de ski et de snowboard, est considéré comme un sport. Ce sport comprend cependant six disciplines olympiques différentes, soit le ski alpin, le ski acrobatique, le snowboard, le ski de fond, le combiné nordique et le saut à ski.  

En 2014, le CIO a créé l’Agenda olympique 2020 dans le but de protéger les valeurs olympiques et de renforcer le rôle du sport dans un monde en perpétuel changement. Cela a notamment mené à la résolution que les COJO (comités d’organisation des Jeux olympiques) soient en mesure de proposer de nouveaux sports uniquement pour leur édition des Jeux. Le but était de favoriser l’implication des jeunes, l’équilibre entre les genres et l’innovation.  

L'équipe canadienne féminine de softball célèbre sur le terrain.
Le Canada célèbre sa médaille de bronze en softball remporté contre le Mexique lors des Jeux olympiques de Tokyo 2020, le mardi 27 juillet 2021. Photo par Mark Blinch/COC

Tokyo 2020 a été le premier COJO à pouvoir profiter de cette mesure, ce qui a permis le retour du baseball/softball au sein du programme olympique ainsi qu’au karaté, au skateboard, au surf et à l’escalade sportive de faire leurs débuts aux Jeux. Les COJO y vont de leurs propositions quatre à six ans avant la tenue de leurs Jeux. Bien que les COJO puissent proposer des sports supplémentaires, ils n’ont pas le pouvoir d’enlever des sports du programme olympique. 

Seuls les sports qui adoptent et mettent en œuvre le Code mondial antidopage et sont régis par une fédération internationale peuvent être intégrés au sein du programme olympique. Le programme proposé est examiné par la commission du programme olympique du CIO, qui a les responsabilités suivantes

  • Élaborer un programme sportif qui maximise la popularité des Jeux tout en modérant les coûts et la complexité d’organisation ;
  • S’assurer que le programme olympique intéresse la jeunesse tout en respectant la tradition et l’histoire ;
  • Évaluer en profondeur les sports proposés et leurs fédérations internationales ;
  • Respecter les principes de l’Agenda olympique. 

 Les sports sont évalués en se fondant sur 35 critères qui sont regroupés dans cinq catégories :

  • Proposition olympique
    • Format de la compétition, nombre d’athlètes et officiels, installations
  • Valeur ajoutée au mouvement olympique
    • Legs, niveau d’intérêt de la jeunesse
  • Questions institutionnelles
    • Respect du code de l’AMA, établissement d’une fédération internationale, nombre de Championnats du monde tenus
  • Popularité
    • Vente de billets et intérêt médiatique aux Championnats du monde précédents, investissement de la population du pays hôte
  • Modèle d’affaires
    • Coûts potentiels, revenus additionnels prévus pour les Jeux olympiques

Une fois cet examen complété, l’étape suivante est d’amener la commission exécutive du CIO à soutenir la proposition et, ensuite, à la présenter à l’occasion d’une Session du CIO pour qu’elle fasse l’objet d’un dernier vote. En termes d’échéancier, mentionnons que Tokyo 2020 a présenté sa proposition en septembre 2015 et a reçu l’approbation de la Session du CIO en août 2016.  

Daniel Gaysinsky performe en compétition.
Le Canadien Daniel Gaysinsky affronte Tareg Hamedi d’Arabie saoudite lors du tour d’élimination à l’épreuve de Kumite masculin chez les plus de 75 kg aux Jeux olympiques de Tokyo 2020, le samedi 7 août 2021. Photo de Darren Calabrese/COC.

Quand un sport est ajouté, cela ne signifie pas nécessairement qu’il obtient une place permanente aux Jeux. Par exemple, le softball/baseball et le karaté ont été intégrés au programme de Tokyo 2020, mais n’ont pas fait l’objet d’une proposition pour inclusion à Paris 2024. Le COJO a décidé qu’il voulait ramener le skateboard, l’escalade sportive et le surf, en plus de proposer l’ajout du breaking. Les inclusions et exclusions proposées sont surtout fondées sur les niveaux de popularité et d’intérêt pour ces sports qu’on retrouve dans le pays hôte. 

Les autres sports que nous avons l’habitude de voir à tous les Jeux sont considérés comme les « sports principaux » et ne sont généralement pas sujets à être retirés du programme. Il est peu probable qu’on verra un jour des Jeux olympiques sans la natation, l’athlétisme ou la gymnastique, par exemple, qui sont tous des sports qui ont initialement été disputés à Athènes 1896

Ce qui peut changer, c’est le programme des épreuves au sein de ces sports principaux. C’est de cette façon que Paris en arrivera à la parité hommes-femmes. Au fil de la dernière décennie environ, les programmes d’épreuves pour les Jeux d’été et d’hiver ont été graduellement modifiés afin de s’assurer qu’il y ait un équilibre entre les épreuves masculines et féminines.  

Andréanne Langlois lève le poing dans les airs pour célébrer après une course de kayak.
La Canadienne Andréanne Langlois participe aux quarts de finale de K-1 200 m de kayak féminin lors des Jeux olympiques de 2020, le lundi 2 août 2021, à Tokyo, au Japon. (Photo AP/Kirsty Wigglesworth)

Par exemple, aussi récemment qu’à Rio 2016, le canoë-kayak de vitesse proposait huit épreuves masculines et seulement quatre épreuves féminines, tandis qu’il y avait trois épreuves masculines et une seule épreuve féminine au canoë-kayak slalom. À Tokyo 2020, on a équilibré le tout à six épreuves de vitesse et deux épreuves de slalom par genre et les femmes ont enfin pu disputer des épreuves de canoë. Il y aura une nouvelle modification à Paris 2024 alors que le programme de vitesse a été réduit à cinq épreuves par genre pour permettre l’ajout de la palpitante épreuve de kayak cross au sein du programme de slalom chez les hommes et les femmes.  

À LIRE : D’hier à aujourd’hui : Paris 1924 comparé à Paris 2024

Voilà comment on arrive à ajouter des sports aux Jeux olympiques ! Selon vous, quel est le prochain sport qui devrait être proposé ?