Joshua Liendo tient sa médaille d'or des Jeux du Commonwealth 2022 dans sa main gauche.AP Photo/Aijaz Rahi
AP Photo/Aijaz Rahi

Joshua Liendo vise à nouveau sur le podium aux Championnats du monde World Aquatics

Demandez à Joshua Liendo quels sont ses objectifs pour les prochains Championnats du monde World Aquatics et il vous répondra de manière simple et décisive : « nager vite ». 

« Mon principal objectif est de nager vite et mon deuxième, c’est d’être compétitif. Mon but est toujours de gagner, même à l’entraînement et dans la salle de musculation, c’est ce à quoi je pense. C’est donc ce que je vise pour les Championnats du monde », expliquait Liendo dans une entrevue récente pour le site Olympique.ca.

La visibilité de Liendo en tant qu’étoile montante de la natation canadienne fait de lui un modèle pour les jeunes, en particulier ceux des communautés racisées qui n’ont pas souvent été représentés dans ce sport. Au départ, Liendo était intimidé à l’idée d’être un modèle pour les jeunes nageurs, mais il en est venu à considérer qu’il s’agissait d’une occasion de montrer à d’autres jeunes nageurs noirs qu’ils peuvent aussi y arriver et cette approche lui a servi de motivation à l’entraînement.

À LIRE : En route vers Paris 2024 : Trois olympiens évoquent leurs grands objectifs pour l’avenir, les leçons qu’ils retiennent et l’importance de la représentation

Un nageur vu de côté nage en style papillon.
Le nageur canadien Joshua Liendo participe à l’épreuve du 100 m papillon masculin lors des Jeux olympiques de Tokyo 2020, le jeudi 29 juillet 2021. Stephen Hosier/COC

Nous avons rencontré Liendo après une période de compétition très occupée qui comprenait les championnats régionaux universitaires, les championnats de la NCAA et les Essais canadiens de natation. À l’occasion de ces essais, Liendo a obtenu sa place au sein d’Équipe Canada en vue des Championnats du monde World Aquatics qui se dérouleront du 14 au 30 juillet à Fukuoka, au Japon.

L’athlète olympique de 20 ans a partagé ses réflexions sur sa première année à l’Université de la Floride, ses succès aux essais canadiens (y compris un record national !) et sa préparation pour les Championnats du monde où il cherchera à atteindre ses objectifs : nager vite, être compétitif et gagner.

À propos de sa première année en tant qu’athlète universitaire

À l’automne 2022, Liendo a déménagé à Gainesville pour fréquenter l’Université de la Floride et nager sous la direction de l’entraîneur Anthony Nesty, champion olympique de 1988 au 100 m papillon, l’une des épreuves de prédilection de Liendo. Représentant le Suriname, Nesty a été le premier nageur noir à remporter une médaille d’or olympique.

La transition vers la vie universitaire s’est très bien déroulée. En fait, Liendo apprécie son expérience plus qu’il ne l’aurait imaginé. « C’est une expérience que je conserverai avec moi pour le reste de ma vie », a-t-il dit à propos de sa première année universitaire.

« Habituellement, l’équilibre entre la natation et l’école est difficile à trouver, raconte Liendo. Le soutien qu’il a reçu en tant qu’étudiant-athlète a toutefois fait une énorme différence. Son cours préféré durant cette première année a été celui sur la gestion du sport, qui, il l’espère, lui sera bénéfique pour sa carrière de nageur.

« J’ai aimé ce cours parce qu’il m’a permis de voir le sport sous un autre angle. J’ai beaucoup appris sur le principe de ‘nom-image-ressemblance’ (NIL [name-image-likeness]) en classe et c’est quelque chose que je cherche à appliquer », explique-t-il.

Liendo a aussi apprécié l’énergie qui se dégage du sport universitaire aux États-Unis. 

« L’ambiance est incroyable. Les estrades sont pleines à craquer. C’est fou de voir à quel point ils aiment ça [la natation] ici, raconte Liendo. La compétition est féroce. On peut la comparer à des compétitions de niveau international. »

Faire partie d’une équipe — le soutien les autres et être soutenu en retour — contribue à faire en sorte que nager soit un plaisir et motive Liendo. Ce printemps, il avait besoin de l’énergie de l’équipe pour le soutenir alors qu’il s’apprêtait à participer à trois importantes compétitions consécutives.

« C’était un peu épuisant, admet Liendo. Je pense que j’ai un peu oublié à quel point c’était épuisant pour moi parce qu’à ce moment-là, je me concentrais simplement sur les choses à faire et sur la prochaine compétition. »

Cette série de compétitions a aussi été l’occasion de faire la transition entre les distances plus courtes des compétitions universitaires américaines ( qui ont lieu en bassin de 25 verges ) et la piscine olympique de 50 mètres.

« Avec les différents bassins, on a l’impression d’être dans un sport différent, explique Liendo. La stratégie n’est pas la même, ce qui demande beaucoup d’énergie mentale. »

Liendo s’est montré à la hauteur pour les Gators de l’Université de la Floride, remportant le titre de la NCAA au 100 m libre, l’argent au 50 m libre et au 100 m papillon, et contribuant à trois records de la NCAA dans les épreuves de relais. Son temps de 40,28 secondes dans le cadre de sa victoire au 100 m libre a fait de lui le deuxième homme le plus rapide dans cette épreuve dans l’histoire de la NCAA.

À propos de ses records établis aux essais

Un simple spectateur n’aurait jamais pu savoir que Liendo était fatigué au moment de se présenter aux Essais canadiens. Quatre jours seulement après son impressionnante performance aux Championnats de la NCAA, Liendo a battu son propre record national au 100 m papillon non pas une fois, mais deux fois. Il a réussi un temps de 50,78 secondes le matin, puis de 50,36 secondes en finale le soir même. À peine 24 heures plus tard, il a réalisé ce qui était alors la meilleure performance mondiale au 50 m libre, avec un temps de 21,80 secondes.

Joshua Liendo fait un départ de natation.
Joshua Liendo s’élance depuis le bloc de départ pour le 100m papillon masculin lors des Essais canadiens de natation à Toronto, le mercredi 29 mars 2023. LA PRESSE CANADIENNE/Frank Gunn

L’attention médiatique pendant les essais était surtout portée sur la phénoménale Summer McIntosh qui a établi un record du monde au 400 m libre le premier jour. Cinq jours plus tard, l’adolescente de 16 ans a réussi un deuxième record du monde au 400 m quatre nages individuelles (QNI). Elle est devenue la première athlète à détenir les records du monde dans ces deux épreuves. Cela faisait 56 ans qu’une Canadienne n’avait pas détenu deux records du monde de natation en grand bassin.

Liendo affirme que le fait de voir McIntosh connaître un tel succès ne fait qu’accroître sa motivation. 

« Ma réaction est de me dire : allez, je dois faire mieux, raconte Liendo en riant. Summer est une bonne amie et elle m’a donné la motivation de m’améliorer. Son éthique de travail est irréprochable. Le fait de la voir réaliser ces temps, en particulier aux essais, allume une flamme en moi. »

Un record sur lequel Liendo aimerait bien mettre la main est celui du record canadien au 100 m libre. Il lui manquait trois dixièmes de seconde pour y parvenir aux essais. Son record personnel de 47,55 secondes a été obtenu en demi-finale des Championnats du monde World Aquatics 2022.

Le record canadien actuel de 47,27 secondes a été établi par Brent Hayden aux Championnats du monde World Aquatics 2009. C’était l’époque des ‘combinaisons magiques’, mais Hayden était le seul nageur de cette finale à ne pas porter l’une de ces combinaisons qui ont ensuite été interdites par la fédération internationale. Il avait alors raté le podium par deux centièmes de seconde.

« C’est un record légitime, déclare Liendo. Si l’on compare avec le reste du monde, il y a des gars qui sont plus rapides, mais ce 100 m libre, c’est un record de classe mondiale. »

Pour réussir à battre ce record, il faudra réussir chaque détail, que ce soit un meilleur départ, un meilleur temps dans les 15 premiers mètres ou un meilleur virage pour bien amorcer la seconde moitié de la course.

« C’est la beauté de notre sport, c’est une question d’exécution et il y a très peu de marge d’erreur, relate Liendo. Brent sait que je veux m’approprier son record, mais en même temps, je regarde aussi mes concurrents aux Championnats du monde et je veux faire plus que battre ce record. »

À propos de sa préparation pour les Championnats du monde

Liendo dit qu’il est encore mieux placé cette année que l’année dernière et qu’il est impatient de voir ce qu’il peut faire à Fukuoka.

« Je suis concentré, je suis dans la meilleure forme possible, mentalement et physiquement. Je suis prêt à faire ce que j’ai à faire pour donner un bon spectacle. »

Les compétitions auxquelles il a participé depuis les essais, y compris celles d’Atlanta et de Vancouver, ont été l’occasion d’essayer des choses et d’utiliser différentes stratégies. Liendo note aussi que le fait de se rendre à des compétitions et d’expérimenter toutes les difficultés qui viennent avec les voyages, comme les longs trajets en voiture, les vols en avion, les changements d’heure et les environnements inconnus l’aident à se sentir confiant dans sa capacité à donner le meilleur de lui-même, quoi qu’il arrive.

Liendo vivra une expérience différente au Japon cette fois-ci, lui qui avait fait ses débuts olympiques à Tokyo 2020 avec les restrictions strictes liées à la COVID-19. Équipe Canada se réunira pour un camp d’entraînement à Toyota, au Japon, avant de se rendre ensemble à Fukuoka.   

Joshua Liendo nage en style papillon.
Joshua Liendo Edwards prend part à la demi-finale du 100 m papillon aux 19e Championnats du monde FINA à Budapest, en Hongrie, le jeudi 23 juin 2022. (AP Photo/Petr David Josek)

L’année dernière, Liendo était légèrement sous le radar avant les Championnats du monde, mais cette fois, il se présente en tant que médaillé en titre. Son état d’esprit est donc différent.

L’année dernière, il s’agissait avant tout d’essayer de se qualifier pour la finale. Bien qu’il ait participé à des finales en relais aux Jeux olympiques, avant de prendre aux Championnats du monde en petit bassin 2021, Liendo ne s’était pas jamais qualifié pour une finale d’épreuve individuelle lors d’une compétition internationale majeure au niveau senior. À ces Championnats du monde en petit bassin, Liendo est devenu le premier nageur canadien noir à remporter une médaille d’or et/ou une médaille individuelle à une compétition internationale majeure.

Après ses succès en petit bassin, Liendo a enchaîné en remportant trois médailles aux Championnats du monde World Aquatics 2022, une compétition en grand bassin, notamment des médailles de bronze individuelles au 100 m papillon et au 100 m libre. Il est aussi monté sur le podium aux Jeux du Commonwealth 2022 en mettant la main sur quatre médailles, dont l’or au 100 m papillon. 

Après une année exceptionnelle, Liendo aborde ses troisièmes championnats du monde World Aquatics avec la certitude qu’il est désormais un sérieux prétendant au podium.

« Cette année, l’objectif est d’essayer de gagner ces finales, contrairement à l’année dernière où je souhaitais seulement me rendre en finale », déclare Liendo. « C’est pourquoi nous pouvons élaborer des stratégies un peu différentes sur la façon dont je veux nager en qualifications ou en demi-finale. »

Les exploits de Liendo améliorent la situation de la natation canadienne du côté masculin puisqu’au cours des sept dernières années, les femmes ont dominé, notamment grâce aux résultats spectaculaires de Penny OleksiakKylie MasseMaggie MacNeil et Summer McIntosh.

Il est particulièrement enthousiaste quant au potentiel du relais masculin 4×100 m libre qui pourrait inclure l’un de ses partenaires d’entraînement en Floride, Édouard Fullum-Huot, ainsi que Ruslan Gaziev, qui a terminé au pied du podium du 100 m libre aux Championnats de la NCAA.

Les Championnats du monde World Aquatics représentent la première occasion de qualifier les équipes de relais pour les Jeux de Paris 2024. Les trois premières équipes de chaque épreuve de relais obtiendront des places de quota pour leur pays.

Il faudra surveiller Liendo au 50 m et 100 m libre, au 50 m et 100 m papillon ainsi que dans les nombreux relais à Fukuoka. Vous pourrez regarder toute la compétition sur Radio-Canada Sports.

  • Avec les informations de Paula Nichols