Duhamel et Radford: Boucler la boucle avec un moment olympique
Quand Meagan Duhamel et Eric Radford ont terminé leur programme libre à PyeongChang 2018, ils ont tout de suite su qu’ils venaient de vivre le moment olympique qu’ils attendaient tant.
Ne restait plus qu’à savoir s’ils mettraient la main sur une médaille pour couronner le moment.
Des coulisses, ils ont été témoins de la performance du couple qui pouvait encore se dresser entre eux et le podium, mais ce couple a finalement fait plusieurs erreurs impardonnables.
« Je tenais la main d’Eric et je lui ai dit : “Je crois qu’on a suffisamment bien fait.” Mais Eric m’a répondu qu’il n’y croirait pas tant que les notes ne seraient pas affichées », se souvient Meaghan, une fois leur médaille de bronze olympique déclarée officielle. « C’était un drôle de moment où nos personnalités respectives se montraient. Eric qui refuse de s’emballer avant que tout soit officiel et moi, qui le fais peut-être un peu trop tôt. »
Le couple a toujours été un peu à l’image du yin et du yang depuis leur association en 2010. Meaghan est extravertie et Eric est tout le contraire; elle est le feu et lui, l’eau. Mais au cours des huit dernières années ensemble, ils ont développé une confiance et une détermination infatigable d’atteindre le sommet qui ont su les mener jusqu’au podium olympique.
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Lorsqu’ils ont mis le pied sur la glace pour ce qui, semble-t-il, sera leur dernière performance en compétition, Meaghan s’est avoué « d’un calme troublant », ce qui est loin de ce qu’elle s’était imaginé ressentir à patiner pour une médaille olympique.
« C’est drôle, parce que je me sentais aussi vraiment détendu, mais je ne l’ai pas dit à haute voix. Puis Meaghan m’a regardé et m’a dit : “Je me sens très calme en ce moment”, et je lui ai dit : “Moi aussi!” On est souvent sur la même longueur d’onde, mais cette fois-ci, on était vraiment dans le parfait état d’esprit », dit Eric.
Depuis qu’ils se sont associés, Meaghan et Eric ont dû faire face aux doutes de plusieurs qui croyaient impossible de marier leurs deux styles complètement différents. À PyeongChang, plusieurs ont remis en question l’idée de faire les deux programmes en couples de l’épreuve par équipes. Ils ont été le seul prétendant aux médailles à faire ainsi. Mais en fin de compte, la décision n’aurait pas pu leur être plus bénéfique, et leurs médailles d’or et de bronze en témoignent.
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« Nous sommes venus aux Jeux et nous avons livré quatre performances extraordinaires; quatre sur quatre », se réjouit Meaghan.
« En gardant le meilleur pour la fin », renchérit Eric.
« Je ne peux pas croire que nous l’avons fait, ajoute Meaghan. On nous croyait fous de faire l’épreuve par équipes au complet. Qui sont les fous à présent? »
Les 12 derniers mois n’ont pas été des plus reposants pour le couple qui a remporté deux titres consécutifs en 2015 et en 2016. Une hernie discale au dos d’Eric a beaucoup entravé les derniers Championnats du monde. Ils ont entamé cette saison avec un seul programme libre avant de retourner à leur programme exécuté au son de Hometown Glory d’Adele, tout juste avant les Championnats nationaux en janvier.
« C’est difficile de se rappeler ou facile d’oublier les mauvais moments lorsqu’on en vit un exceptionnel », dit Eric avant de se remémorer une conversation qu’il a eue avec David Pelletier juste après les ennuis des Mondiaux. « Il m’a dit : “Tu sais, une septième place aux Mondiaux, c’est peut-être la meilleure chose qu’il pouvait vous arriver, parce que vous vous rendrez aux Jeux en passant inaperçus. Ce sera le meilleur moment pour frapper fort et surprendre tout le monde.” Et c’est exactement ce qui s’est produit. »
« Je ne sais pas si des médaillés de bronze ont déjà été aussi heureux que nous en ce moment », se demande Meaghan.
En sachant que leurs carrières s’achèvent, ils se sont assurés de bien profiter de cette expérience autant qu’ils le pouvaient.
« Ce matin à l’entraînement, Eric a dit : “Soyons fiers. Nous voilà parmi le groupe final aux Jeux olympiques. On a de quoi être fiers de nous.” Pendant l’échauffement, j’ai pris le temps de regarder autour de moi, de me dire “J’y suis, c’est incroyable”, et j’ai pris le temps d’en profiter », nous confie Meaghan.
« Je crois que nous serons en mesure de prendre notre retraite et de considérer nos carrières comme étant complètes et heureuses », croit Eric.
« Je peux dire qu’on a réussi notre dernier quadruple saut lancé, et ça me rend heureuse », dit Meaghan, alors qu’elle ignorait qu’il s’agissait en fait du premier saut de la sorte réussit en compétition olympique.
Quatre ans plus tôt, Meaghan avait quitté la glace de Sotchi 2014 en pleurs, déçue de sa performance. Cette fois, ses seules larmes étaient de joie.
« J’ai le sentiment de boucler la boucle en vivant mon moment olympique. »
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