Mondial féminin: La fougue des jeunes enrichit l’équipe canadienne
Photo manchette : Présentation de Jessie Fleming, 17 ans, comme membre de la formation de la Coupe du monde.
« La variété, c’est ce qui met du piment dans la vie, non? »
C’est ce qu’a déclaré un John Herdman, tout sourire, lorsqu’on lui a posé des questions sur la combinaison de joueuses expérimentées et de jeunes joueuses qu’il mènera à la Coupe du monde féminine de la FIFA lorsque le coup d’envoi sera donné au Canada, samedi, à 18 h, HE à Edmonton (sur RDS).
« Je pense qu’il y a une bonne chimie. Lorsque nous avons ajouté un grand nombre de jeunes joueuses à l’équipe, nous avons essayé d’aider les joueuses seniors à faire le point, à savoir où elles en sont ou d’où elles viennent », a déclaré Herdman, qui gère l’équipe canadienne féminine de football depuis 2011, la semaine dernière alors que sa formation s’entraînait à Toronto en préparation à la Coupe du monde en terrain canadien.
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L’entraîneur a poursuivi en racontant comment son personnel s’est mis dans la tête des adolescentes afin d’expliquer aux seniors comment elles peuvent aider la nouvelle génération d’athlètes à grandir jusqu’à devenir des coéquipières. Ce qui s’est passé ensuite a été une plaisante surprise.
« Ça a marché en sens inverse, car les jeunes sont arrivées et ont apporté une énergie, une certaine attitude insouciante par rapport au jeu », de raconter Herdman en expliquant la toute nouvelle vitalité au sein de son équipe.
Il y a quatre ans, sous la direction de l’Italienne Carolina Morace, le Canada avait terminé au dernier rang à la Coupe du monde en Allemagne, ayant tiré sa révérence à l’étape des matchs de groupe, après avoir inscrit un seul but en trois matchs qui se sont tous les trois soldés par un échec. L’embauche de Herdman a vu l’équipe reprendre le chemin de la victoire, remportant l’or aux Jeux panaméricains à l’automne de la même année et se qualifiant pour Londres 2012 quelques mois plus tard. Ensuite, aux Olympiques, une défaite crève-cœur à l’issue d’un match controversé contre les États-Unis en demi-finale a été suivie de l’euphorie de la victoire, le Canada ayant décroché le bronze. Herdman pense que ces hauts et ces bas ont eu un effet sur le mental des joueuses.
« Beaucoup de nos joueuses seniors ont connu des entraîneurs sévères, sont passées par des moments assez difficiles dans leur carrière et ont subi des défaites à des moments importants… elles portent en elles des cicatrices qui peuvent s’ouvrir assez facilement, ces jeunes joueuses n’en ont aucune. Alors, l’énergie des jeunes a, en quelque sorte, soulevé les joueuses seniors, c’est fantastique. »
L’élan que ces jeunes joueuses ont aidé à générer au camp pourrait avoir desservi certaines d’entre elles cette fois-ci, car Herdman a choisi plusieurs des piliers de l’équipe qui a participé aux Olympiques pour cette édition de la Coupe du monde. Non moins de 15 membres de l’équipe de Londres 2012 ont été sélectionnées pour représenter le Canada en compagnie d’une poignée de jeunes perles rares, y compris la milieu de terrain décorée de 17 ans, Jessie Fleming.
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Cette adolescente polie et déterminée se souvient qu’elle était à son chalet durant les Jeux de Londres 2012 et que son père devait la conduire en ville pour suivre les matchs.
« Je suis passée par toute une gamme d’émotions », de raconter Fleming au sujet de la demi-finale olympique Canada-États-Unis. « Nous menions, puis nous étions à égalité, et à la fin, nous avons perdu, et je pense qu’en quelque sorte le pays a eu l’impression que la victoire nous avait été volée, car nous n’avons pas eu l’occasion de jouer pour l’or. »
« Mais le match pour la médaille de bronze m’a captivée et pas seulement en tant que joueuse, il a captivé ma famille et le pays. Nous avons vu ce qu’elles ont été capables d’accomplir. Ce match a été un fait saillant et a marqué un tournant dans ma carrière au soccer; il m’a inspirée à représenter le Canada, à vouloir jouer avec ces filles. »
Lorsque les Canadiens suivront la diffusion de la Coupe du monde samedi – ou s’ils ont de la chance, lorsqu’ils se présenteront au stade Commonwealth à Edmonton – ils placeront leur confiance dans le processus mis en place par Herdman il y a de cela plusieurs mois, lorsqu’il a réuni des vétéranes et des jeunes comme Fleming au camp de préparation de la Coupe du monde afin de générer des résultats positifs.
« Je pense que les joueuses seniors regardent les jeunes joueuses intrépides et se disent : c’est ce que nous voulons, nous voulons être davantage comme elles », soutient l’entraîneur. La beauté de la chose, c’est qu’il y a des joueuses comme Christine Sinclair qui sont capables d’enseigner en accéléré à Jessie Fleming ce qu’est la haute performance. »
« Grandir sous l’influence de Christine, c’est quelque chose qui te permet d’accumuler des milliers d’heures beaucoup plus rapidement parce qu’elle te donne tous les trucs qu’elle a appris au cours de ses 16 années de carrière au plus haut niveau. »
Fleming n’oubliera jamais le jour où elle a été nommée à la formation de la Coupe du monde et reçu son chandail de l’équipe nationale senior. C’est un rêve que peu de Canadiens arrivent à réaliser, et encore moins les adolescents. Elle dit qu’elle se considère « chanceuse » d’avoir été appelée plusieurs fois pour jouer avec des athlètes qu’elle a idolâtrées toute sa vie.
« C’est un privilège et un rêve devenu réalité. J’aime ce pays, et j’aime ces personnes, et c’est quelque chose de vraiment spécial pour moi de pouvoir vivre avec elles et de jouer jour après jour. »
Alors que ce tournoi offrira une expérience incroyable à des adolescentes comme Fleming, Kadeisha Buchanan et Ashley Lawrence, ainsi qu’à la joueuse de 22 ans Adriana Leon, Herdman visera une autre forme de croissance.
« Il faut grandir à travers le tournoi, ça, c’est la première des choses; il faut aussi générer un élan avec différentes approches et mettre au point différentes parties de ta stratégie, alors que progresse ce tournoi », a commenté l’entraîneur au sujet de l’immense tâche qui les attend pour les semaines à venir.
Le Canada ne fait pas partie du top 5, et un parieur ne donnerait pas non plus l’équipe comme favorite face à des puissances comme l’Allemagne, la France ou les États-Unis, admet Herdman. Mais l’entraîneur se nourrit des attentes placées en l’équipe, appuie ses joueuses et pense que les partisans peuvent mener le Canada vers de nouveaux sommets.
« C’est un pays qui soutient réellement le sport féminin. Dans notre pays, l’équipe féminine n’a jamais été considérée comme une équipe de seconde zone. »
« Cette Coupe du monde aura lieu chez nous, et toute une nation sera derrière nous. »