Les joueurs de baseball reçoivent-ils le mérite qu’ils devraient?

Les joueurs de baseball sont souvent qualifiés de paresseux parce qu’un match comporte beaucoup de temps d’attente. Les joueurs de football passent aussi beaucoup de temps à attendre entre les jeux, mais il ne viendrait à l’idée de personne de les traiter de paresseux. Est-ce parce qu’on a davantage peur des joueurs de football (pour de bonnes raisons) que des joueurs de baseball?

De nombreux sports d’élite exigent une certaine polyvalence et le baseball est l’un d’eux. Pour être un bon joueur défensif (je reviendrai aux lanceurs plus bas), il faut être capable de frapper, d’attraper, de courir et de lancer, entre autres choses.

N’oublions pas que les joueurs doivent rester au sommet de leur forme pendant 162 parties. La saison de baseball est de loin la plus longue de tous les sports professionnels nord-américains. Avec la saison régulière qui vient tout juste de se terminer et les séries éliminatoires qui sont sur le point de commencer, c’est le moment idéal pour discuter de la place des joueurs de baseball parmi les athlètes de haute performance.

Frapper

Justin Morneau

Frapper une balle de baseball est l’une des techniques les plus difficiles à maîtriser de tous les sports. À l’issue de la saison 2014, Justin Morneau a été couronné champion frappeur de la Ligue nationale (qui récompense le joueur avec la meilleure moyenne au bâton) grâce à une moyenne au bâton de .319. Ceci signifie qu’un peu moins de 32 % de ses présences au bâton de la saison ont réussi, contre 68 % qui se sont avérées infructueuses.

Dans quel autre sport deux échecs sur trois tentatives font-ils de vous le meilleur joueur de la saison? Au basketball, par exemple, c’est DeAndre Jordan qui a obtenu le meilleur pourcentage de lancers réussis : 67,6 % de ses lancers ont atteint la cible pendant la dernière saison. Au football, les meilleurs quarts-arrières complètent environ 70 % de leurs passes.

Pourquoi une moyenne au bâton de 32 % au baseball est-elle aussi remarquable? Sachant qu’en 2013, une balle rapide atteignait en moyenne 148 km/h, ça a un peu plus de sens. Si vous aviez 10 chances de frapper une balle qui voyage à 148 km/h, pensez-vous que vous arriveriez à la toucher? Rien n’est moins sûr. Plusieurs d’entre nous n’atteindront jamais 148 km/h en voiture alors toucher une balle lancée à cette vitesse relève pratiquement de l’impossible.

Pensez ensuite que frapper un coup de circuit est complètement différent dans tous les stades de baseball. Certains sont ceinturés d’imposants murs comme le « monstre vert » du champ gauche de Fenway Park. En plus d’être le mur d’arrière-champ le plus haut au monde, c’est aussi le plus rapproché du marbre dont il est séparé par seulement 94 mètres. Les clôtures des autres stades sont moins élevées, mais aussi beaucoup plus éloignées du marbre. Le mur le plus éloigné du champ centre se trouve au Minute Maid Park de Houston, où 133 mètres séparent la clôture du marbre, soit trois mètres de plus que tout autre parc.

Pour les meilleurs frappeurs, réussir un coup de circuit semble d’une facilité déconcertante. Selon ESPN, le coup de circuit le plus long de la saison appartient à Mike Trout, qui a fait parcourir 149 mètres à la balle. Le joueur avec la moyenne des coups de circuit les plus longs était Matt Holiday. Ses circuits couvraient en moyenne 127 mètres.

Et vous, à quelle distance pouvez-vous frapper une balle de baseball? Même si vous n’aviez pas à frapper un boulet de 140 km/h, les chances de faire dépasser les 120 mètres à votre balle sont très minces.

Attraper

Attraper une balle de baseball n’est pas la technique la plus difficile à apprendre, mais c’est l’une des plus difficiles à perfectionner. Qu’ils soient parmi les meilleurs ou ceux qui possèdent le plus d’expérience, les joueurs défensifs font quand même des erreurs. Les joueurs de deuxième but et les arrêt-courts sont plus susceptibles de commettre des erreurs que les autres parce qu’ils sont plus souvent la cible des frappeurs.

La palme du plus petit nombre d’erreurs pendant la saison revient à Albert Pujols, un joueur de premier but qui peut compter sur treize années d’expérience. Il en a commis seulement trois en 2014. Justin Morneau (qui a effectué quatre erreurs) et lui sont à égalité pour la meilleure moyenne défensive. Les deux joueurs concluent la saison régulière avec une moyenne de .997 (en d’autres mots, ils ont complété 99,7 % des jeux dirigés vers eux).

Les voltigeurs sont les joueurs défensifs qui couvrent la plus grande superficie de terrain. Ils doivent aussi être capables d’attraper la balle en courant, en plongeant ou même en fonçant dans un mur. Pour réussir leurs jeux, les joueurs de champ centre doivent avoir de bons réflexes et être capables d’anticiper la trajectoire de la balle. Une fraction de seconde peut faire la différence entre une balle attrapée facilement et une balle échappée qui permet à l’équipe adverse d’avancer d’un but.

On retrouve généralement les joueurs qui manient le mieux le gant au poste de… receveur! Vous vous rappelez ce que nous avons dit à propos de la vitesse moyenne d’une balle rapide la saison dernière qui est de 148 km/h? Et bien, les receveurs sont responsables de mettre le gant sur ces boulets. Certains receveurs font preuve d’une grande dextérité. Par exemple, Josh Thole avait la tâche d’attraper les balles papillon du lanceur des Blue Jays, R.A. Dickey. La balle papillon est réputée pour prendre une direction imprévisible à la dernière seconde, et le boulot de Thole est d’essayer de l’attraper. Si vous croyez que c’est facile, jetez un coup d’œil au GIF de Thole qui attrape les lancers de l’as de la balle papillon.

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Courir

La vitesse n’est peut-être pas un prérequis pour jouer au baseball, mais plusieurs joueurs s’y fient pour réussir leurs jeux. Que ce soit pour permettre à un joueur d’avant-champ de mettre la main sur une balle bondissante, à un joueur de champ extérieur de pourchasser un ballon dans le champ extérieur ou à un coureur de voler un but, les occasions d’user d’une bonne course sont nombreuses.

Les joueurs du champ intérieur n’ont que peu de temps pour réagir aux balles frappées dans leur direction et c’est pourquoi la plupart d’entre eux misent sur leur rapidité et leur agilité pour réussir les jeux. Ils sont souvent parmi les joueurs les plus rapides de l’équipe et pour réussir un coup sûr, ils misent souvent sur leur vitesse plutôt que de viser le coup de circuit. Deux des trois joueurs qui ont volé le plus de buts cette saison étaient des joueurs du champ intérieur. L’arrêt-court Dee Gordon est en tête de la ligue avec 64 buts volés tandis que le joueur de deuxième but Jose Altuve est en deuxième position ex aequo avec 56 buts volés.

Les voltigeurs, et particulièrement les voltigeurs de centre, couvrent plus de terrain que tous les autres joueurs de l’équipe. Ils ont aussi tendance à courir davantage que leurs coéquipiers. Ils dépensent la majorité de leur énergie défensive à courir après les ballons et à plonger pour attraper la balle. En 2014, les voltigeurs de centre représentaient sept des dix joueurs qui ont volé le plus de buts. Billy Hamilton des Reds de Cincinnati est le voltigeur de centre qui a volé le plus de buts, 56, pour conclure la saison au deuxième rang ex aequo.

Lancer

Tous les joueurs d’une équipe de baseball doivent avoir un bon lancer (sauf peut-être les joueurs de premier but). Les types de lancer effectués varient de poste et en poste.

Les lancers les plus longs sont l’œuvre de voltigeurs. Après avoir attrapé un ballon ou traqué un lancer, ils doivent lancer la balle vers le champ intérieur le plus rapidement possible pour empêcher les coureurs sur les sentiers d’avancer, ou encore attraper ceux qui sont encore en mouvement. On les voit parfois lancer depuis le fond du champ extérieur jusqu’au marbre pour retirer un joueur.

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Dans le champ intérieur, ce sont les joueurs de troisième but et les arrêt-courts qui ont les lancers les plus difficiles à faire. Ces défenseurs doivent attraper les balles dirigées vers eux en une fraction de seconde avant de se mettre en position pour lancer en boulet en direction du premier but pour retirer le coureur.

Même les receveurs, qui font généralement partie de l’équipe pour leurs prouesses en défense ou au bâton, doivent avoir de bons bras pour retirer les coureurs qui essaient de voler un but. Ils ont aussi besoin de bonnes mains parce qu’ils doivent souvent ramasser la balle dans le sable et la lancer au coureur qui essaie de voler un but.

Lancer

Les lanceurs sont dans une classe à part. Le lanceur doit posséder presque toutes les qualités des joueurs défensifs, mais il doit aussi être capable de lancer une balle de baseball avec vitesse et précision.

Le baseball s’est amélioré de plusieurs manières depuis les 40 dernières années, mais le lancer le rapide jamais exécuté reste toujours celui de Nolan Ryan. En 1974, il est devenu le seul lanceur à projeter une balle à plus de 174 km/h. C’est exact, depuis 1974, personne n’a lancé plus fort que le grand Nolan Ryan. Même le lanceur de relève des Reds de Cincinnati Reds Aroldis Chapman (surnommé le lanceur de flammes cubain), qui a réussi des lancers à plus de 169 km/h, ne s’est jamais même approché du record vieux de 40 ans.

En plus de lancer avec force, les lanceurs d’aujourd’hui doivent aussi être capables de lancer avec précision. Parlez-en à l’ancien lanceur des Cardinals de St Louis Rick Ankiel, qui a exécuté cinq mauvais lancers en une manche pendant un match des séries éliminatoires en 2000. Ankiel prendra par la suite sa retraite comme lanceur avant d’effectuer un retour comme voltigeur (avec un puissant lancer) dans les ligues majeures.

Certains lanceurs comptent davantage sur le mouvement que sur la vitesse. Comme nous l’avons dit plus tôt, RA Dickey faisait danser une balle de baseball comme nul autre. Il lance la balle papillon plus fort que tous les lanceurs qui l’ont précédé en atteignant la vitesse de 129 km/h. Avant Dickey, le meilleur lanceur de balles papillon était Tim Wakefield, et il ne lançait guère plus vite que 113 km/h.

Non seulement les lanceurs doivent lancer avec force et précision, mais ils doivent aussi être de bons défenseurs. Lorsqu’un frappeur envoie la balle en plein milieu du terrain, le lanceur doit être attentif et prêt à réagir. Certains lanceurs sont d’excellents défenseurs. Le lanceur partant des Blue Jays, Mark Buehrle, est réputé être l’un des meilleurs lanceurs défensifs de tous les temps. Vous doutez des prouesses que peut accomplir un lanceur avec son gant? Jetez un coup d’œil à ceci :

Dans la Ligue américaine, un frappeur désigné remplace le lanceur dans l’alignement des frappeurs, mais dans la Ligue nationale, les lanceurs sont obligés de se présenter au bâton. Ils ne font pas toujours les meilleurs frappeurs, mais de temps à autre, on voit un lanceur cogner de bons coups ou même parfois un coup de circuit.

Si vous étiez sceptique avant la lecture de cet article, j’espère avoir réussi à vous faire changer d’opinion. Si j’ai oublié quelque chose, faites-le-moi savoir dans les commentaires ou sur Twitter @OlympiqueCanada