Où réside votre passion pour le hockey?
Seules quelques questions importantes ont le pouvoir de polariser les Canadiens.
Quel est notre plat national? Où se trouve le plus beau lac de notre pays? Mitaines ou gants pour une bataille de balles de neige?
Une question ressort de toutes les autres et menace de révéler nos véritables allégeances – surtout lorsqu’il est question de hockey : la Coupe Stanley ou une médaille d’or olympique?
Pour nous, il s’agit d’une question rhétorique. Pour Sidney Crosby, la photo dit tout.
Or, si vous aviez à choisir entre la Coupe Stanley remportée par votre équipe favorite de la LNH ou une médaille d’or olympique gagnée par l’équipe canadienne de hockey masculin, de quel côté pencheriez-vous?
Les Canadiens se montrent discrets au sujet des richesses, hésitent à échanger à propos de la politique, sont ouverts à la culture et sont pourtant féroces au moment d’affirmer leurs allégeances sur la scène du hockey.
Passion omniprésente
Chez lui à Paradise (T.-N.-L.), Doug Facey, amateur des Oilers depuis toujours, est fier de sa collection de souvenirs.
Il énumère sa liste de trésors : « J’ai 8 chandails de toutes sortes, un tapis de bienvenue, un gnome, il y a un tableau indicateur en bas, une plaque d’immatriculation, quelques tableaux de Gretzky dont mon père m’a fait cadeau…le tout aux couleurs du logo des Oilers ».
À l’occasion d’un voyage en famille à partir de Saint-Jean à destination du Sud de la Californie (un voyage de 12 heures), on a égaré la valise de M. Facey quelque part entre Toronto et l’Aéroport international de Los Angeles.
Comme le veut la tradition familiale, ce qui a d’ailleurs été corroboré par Leslie, l’épouse de Doug Facey, il s’est distingué par sa préoccupation à l’égard de certaines marchandises mises en cause, notamment les chandails de Hall, de Eberle, de Nugent-Hopkins et de Yakupov.
« Tout ce que j’ai dit au transporteur aérien c’était de me rendre mes quatre chandails; quant aux autres articles, je les achèterais neuf. »
Les Oilers n’ont pas gagné la Coupe Stanley depuis 1990. M. Facey fait son choix prudemment.
« J’aimerais choisir les deux, mais si j’avais à en choisir une, je choisirais la Coupe Stanley. »
Il souligne également, « J’ai vu deux matchs de la médaille d’or au cours des 10 dernières années », et ajoute, « comprenez-moi bien, lorsqu’ils remporteront la médaille d’or, je serai fou de joie »!
L’énergie est réciproque
Un pays si captivé par le hockey attache beaucoup d’importance aux hommes et aux femmes qui y participent, d’autant plus sur la scène internationale.
Le médaillé d’or olympique et gagnant de la coupe Stanley, Theoren Fleury, a soulevé la coupe en 1989. Pour les habitants de Calgary, il s’agissait d’une grande source de fierté et ce, même après avoir été la ville hôte des Jeux olympiques d’hivers un ans plus tôt.
Fleury avoue que l’énergie des partisans a aidé l’équipe.
«À Calgary, nous avons perdu quatre matchs à domicile seulement durant cette saison. Nous avons des partisans passionnés et qui connaissent le hockey».
Si la ville a aidé Fleury et ses coéquipiers à réaliser leurs rêves d’enfances, peut-être en est-il de même pour le pays.
«Le hockey nous appartient. On représente non seulement le Canada, mais également tous les enfants qui ont rêvé de porter ce chandail. Le pays entier vibre avec nous durant cette période de deux semaines».
Victoire savoureuse
La difficulté que l’on a à justifier un choix par rapport à l’autre pourrait être reliée à la rare expérience qu’est la victoire absolue. Après tout, le parcours d’une équipe quelconque vers le triomphe est important pour une communauté, car il s’agit d’une affaire personnelle pour les amateurs.
Emma Billington a passé son enfance à North Vancouver où elle écoutait les parties des Canucks à la radio en compagnie de son père; elle a assisté, à l’occasion, à des matchs au colisée, amphithéâtre situé sur la rue Hastings Est.
« Je crois vraiment que la plus grande réalisation au hockey est de remporter une médaille d’or olympique, mais comme partisane des Canucks depuis deux décennies, j’aimerais bien voir Vancouver gagner la Coupe Stanley au moins une fois dans ma vie. »
Être amateur d’une équipe de la LNH nécessite plus d’attention pendant l’année civile, au moins sept mois, et plus si votre équipe est bonne. Les occasions d’encourager le Canada sur la glace ne se présentent pas aussi fréquemment. Il y a les championnats junior masculins et féminins et, bien entendu, les Jeux olympiques qui, eux, sont présentés tous les quatre ans.
Mais l’absence de la compétition olympique ne diminue en rien son importance.
Vous vous souvenez de ceci?
Comme amateurs de l’Équipe olympique canadienne, nous ne disposons pas d’autant d’occasions de montrer fièrement notre allégeance nationale; or, être Canadien revêt une forme plus subtile et constante.
Nous le vivons tous les jours.
Notre ville, notre nation
Le Shark Club est un restaurant très achalandé qui se trouve à quelques minutes de la Rogers Arena à Vancouver, qui est, rappelons-le, la patinoire où Crosby a marqué le but en or et où, un an plus tard, il manquait aux Canucks une victoire seulement pour remporter la Coupe de Lord Stanley.
John Teti, propriétaire du Shark Club, qui y était pour tout savourer, tente péniblement de faire la distinction entre l’ambiance électrisante qui régnait dans le restaurant à l’occasion des deux événements.
« Si le Canada joue, l’ambiance est formidable. Lorsque les Canucks jouent, nous voyons plus de gens de la région. Mais, je dirais qu’il n’y a aucune différence entre le match décisif de la Coupe Stanley et le match de la médaille d’or. »
À l’intérieur d’un bar local, il n’y a peut-être aucune distinction à faire, car nul ne peut douter de la passion qu’a notre pays pour le sport… à quelque titre que ce soit. Mais à l’occasion des Jeux olympiques d’hiver, le caractère régional de nos foyers et établissements locaux se dissipe – nous sommes une équipe.
Alors, nous souhaitons le plus grand succès à votre équipe favorite de la LNH lorsque les siens sauteront sur la patinoire cette semaine pour entamer la saison 2013-2014. Et n’oubliez pas que, peu importe à quel point vous encouragez maintenant votre équipe au nom de la fierté civique, lorsque nous endossons tous l’uniforme rouge et blanc, nos applaudissements sont encore plus bruyants.