Joannie Rochette: « Je pense que j’ai toujours eu cette étincelle »

Joannie Rochette est la meilleure patineuse artistique individuelle du Canada. En 2006, elle a participé à ses premiers Jeux olympiques d’hiver et y a obtenu une solide cinquième place. Depuis lors, sa carrière connaît une véritable ascension. Les faits saillants de la saison passée incluent une médaille d’argent au Championnat ISU des quatre continents à Vancouver, en février, performance qui a été suivie par une médaille d’argent en mars à Los Angeles. Depuis Elizabeth Manley en 1988, aucune Canadienne n’avait remporté de médaille individuelle aux Championnats du monde.

Rochette se rappelle comment elle y est parvenue en répondant à ces questions.

Où a commencé votre carrière en patinage artistique, au tout début?

Je viens d’une toute petite ville appelée Île Dupas. J’ai commencé à patiner dans la ville avoisinante de Berthierville. Mon père était entraîneur de hockey, et ma mère m’emmenait parfois le voir lorsqu’il entraînait. Je voulais toujours aller sur la patinoire, et à chaque fois, il me prenait dans ses bras pour que je me familiarise avec la glace. C’est comme ça que j’ai commencé. Et comme j’étais enfant unique, ma mère voulait que je rencontre d’autres enfants, alors elle m’a inscrite au patinage.

Dans quelle mesure le patinage artistique vous est-il venu naturellement? Avez-vous dû travailler très fort?

Je pense que j’ai toujours eu cette étincelle. J’ai toujours été énergique, et j’ai toujours eu le désir de mieux patiner, et plus vite. J’ai toujours eu de la détermination. Je ne pense pas que j’avais un talent naturel, parce que je n’étais pas souple du tout. J’étais un garçon manqué.

Comment avez-vous géré la pression de votre première expérience olympique à Turin?

J’étais loin de la maison, et malgré tout je me sentais moins nerveuse que dans d’autres compétitions. Je m’entraînais normalement, j’ai été voir un match de hockey et je me suis beaucoup amusée. J’étais là-bas pour la cérémonie d’ouverture et j’y suis restée jusqu’à la cérémonie de clôture. C’est une bonne chose que mon esprit ait été ouvert à tout, et je sentais que je vivais les meilleurs moments de ma vie. Pour Vancouver, je devrais peut-être planifier les choses autrement, mais j’aviserai à mesure que je m’approche des Jeux.

Qu’est-ce qui vous vient à l’esprit lorsque vous pensez aux Jeux de 2010?

J’essaie de ne pas trop y penser chaque jour. Je sais qu’ils s’en viennent. Je prends maintenant les choses une compétition à la fois. J’attends avec impatience de vivre l’expérience, d’obtenir mes vêtements, d’aller à la cérémonie d’ouverture, de rencontrer de nouvelles personnes. J’essaie de penser à tout ça et non à la pression. C’est différent pour chaque athlète; chaque personne fait ce qui lui convient.

Aujourd’hui, vous avez 23 ans; quelles leçons avez-vous apprises lorsque vous deveniez lentement une patineuse artistique de haut niveau?

Vous ne savez jamais ce que vous réserve la vie et ce que vous pouvez attendre de vous-même. Honnêtement, lorsque j’avais 14 ans, je n’aurais jamais pensé que je serais là où je suis maintenant. Il semble que chaque étape que j’ai franchie m’a amenée à de plus grandes choses, et c’est extraordinaire. Je suis heureuse de ma carrière. En patinage artistique, dans d’autres pays, les filles réussissent leurs triples vers l’âge de 12 ans. Quant à moi, à l’âge de 12 ans, je ne pouvais pas réussir un triple saut. Je n’avais jamais pensé que je m’améliorerais aussi vite lorsque j’ai changé d’entraîneur. Je suis vraiment reconnaissante pour cela.

L’annonce de la retraite de Jeff Buttle a-t-elle été une surprise? – Et qu’est-ce que cela signifie pour l’équipe?

Ce n’était pas une surprise parce qu’après les Jeux olympiques, il sentait qu’il avait déjà accompli de grandes choses dans sa vie. Il possédait une médaille des Mondiaux ainsi qu’une médaille olympique, et lorsqu’il remporta les Championnats du monde, je n’aurais pas été surprise s’il avait pris sa retraite à ce moment-là, mais à l’été, il a commencé à s’entraîner et a conçu de nouveaux programmes. Toutefois, il a ensuite changé d’idées. Avec une carrière comme la sienne, il pouvait se sentir au sommet du monde, et j’aurais probablement fait la même chose.

C’est une grande perte pour nous, mais lui, il est très heureux, il participe à des spectacles et il poursuit sa vie. Je pense que nous avons d’autres grands talents au Canada aujourd’hui. C’est à leur tour de briller.

À titre de patineuse artistique, vous considérez-vous comme une artiste ou une athlète?

C’est difficile à dire. En ce qui a trait à la compétition, je suis davantage une athlète. Quand vient le temps de participer à des spectacles, je suis une artiste. Cette année, j’ai essayé d’être une artiste, de me laisser aller davantage.

Lorsque vous patinez, est-ce que vous vous exécutez avec fluidité ou est-ce que vous pensez aux caractéristiques techniques?

Je ne pense à rien avant d’effectuer un saut, ou alors je le raterai. Il ne faut pas que je pense à quoi que ce soit, et que je me lance. C’est un sport de mémoire musculaire – vous devez faire beaucoup de répétitions à la maison et vous entraîner tellement que votre corps s’habitue au mouvement pour que vous n’ayez pas le temps de penser. Les mouvements doivent s’effectuer rapidement, parfois en moins d’une seconde, et on n’a pas le temps pour penser.

Huit en huit avec Joannie Rochette

1. Mouvement préféré en patinage artistique : Triple boucle piqué

2. Musique préférée : Musique rock pour les spectacles, musique classique pour les compétitions

3. Vendredi soir idéal : Sortie entre amis, aller danser

4. Je ne peux voyager sans : Mon fer plat (mais je le brise toujours lorsque je voyage à l’étranger)

5. Plus grande source d’inspiration : Voir jusqu’où je peux arriver

6. Cuisine préférée : Cuisine française

7. Si vous n’étiez pas une patineuse, vous auriez été : Gymnaste (mais je n’étais probablement pas suffisamment souple)

8. Si vous jouez au hockey sur glace face à Patrick Chan, qui gagnerait? : Je pense qu’il m’aurait laissée gagner (rires)