Paige Crozon d’Équipe Canada transforme l’élan olympique en force positive
Paige Crozon, accompagnée de ses coéquipières Kacie Bosch ainsi que des jumelles Katherine et Michelle Plouffe, a conquis le cœur des fans d’Équipe Canad par sa détermination : être la toute première équipe 3×3 olympique du pays, son lien d’équipe solide, et la relation particulière que sa fille Poppy entretient avec tout l’équipe.
Le titre d’athlète olympienne s’ajoute à un CV déjà bien rempli : elle est directrice de la Living Skies Indigenous Basketball League, fondatrice d’One Sky Sports, entraîneure à l’Université de Lethbridge, et, bien sûr, maman de Poppy.
Mais tout ce que fait Crozon gravite autour d’une conviction centrale : le pouvoir du sport pour transformer des vies.
Sur Olympique.ca, Crozon revient sur son expérience à Paris 2024, son engagement communautaire, et l’avenir prometteur du 3×3 féminin au Canada.
Quels souvenirs vous viennent en tête lorsque vous pensez à Paris 2024 ?
Je me souviens de notre première entrée sur le terrain lors d’un match d’entraînement, en voyant les anneaux olympiques. Michelle, Katherine et moi, on s’est juste enlacées parce que c’était l’objectif vers lequel on travaillait depuis le début : pourquoi on avait commencé le 3×3. Voir la concrétisation de tout ce parcours… ça me donne encore des frissons.
Puis, nous avons joué contre la France, en France, à 22 h : le match était complet et on m’a fait une faute. J’étais à la ligne des lancers francs, et tout le monde me huait—sauf les fans canadiens, évidemment, mais c’était tellement fort. Après le match, Poppy pleurait parce que les petits garçons à côté d’elle sifflaient sa mère : elle était tellement bouleversée.
Puis voir l’émotion et la joie de ma famille… Tout parent d’enfant sportif connaît les sacrifices, mais je n’avais pas vraiment mesuré ce que mes parents avaient donné jusqu’à ce que j’aie Poppy. Pas parce qu’ils savaient que j’irais aux Jeux, mais simplement parce que ça me rendait heureuse. Partager ce moment avec eux, c’était exceptionnel. Ma mère voulait même se faire tatouer les anneaux olympiques. Elle était tellement fière.
Comment se passe la vie après les Jeux ?
Cette dernière année a été folle. Avant Paris, c’était un rêve d’enfance de me rendre là. Finir quatrième a été un peu décevant. Après les Jeux, il a fallu digérer tout ce qui s’est passé, tout en gérant un peu de déception : on a tout laissé sur le terrain, mais il y a encore une petite blessure d’avoir raté le podium. Ça aurait été une fin de conte…
J’ai pu parcourir le pays, partager ma passion du 3×3 avec les jeunes, parler franchement de cette déception, tout en redéfinissant la résilience née des expériences difficiles.
Parlez-moi de votre engagement communautaire.
Je suis impliquée avec la Living Skies Indigenous Basketball League. Depuis un an et demi, on a remarqué que, surtout pour les jeunes filles, franchir le pas pour essayer une ligue comme la nôtre était difficile si elles n’avaient jamais été exposées au sport. On a donc lancé une initiative : aller dans des écoles rurales, autochtones, défavorisées ou mixtes, avec des élèves de 5e et 6e année, animer des ateliers de basketball et partager mon parcours—passer d’une petite ville à Paris, les leçons apprises.
On sait que les filles arrêtent souvent le sport à cet âge. L’objectif est d’offrir un environnement amusant, sécuritaire et encourageant où elles peuvent bouger et se sentir en confiance pour continuer.
C’est très enrichissant, et ça me permet de transformer la déception olympique en quelque chose de porteur.
Qu’apprenez-vous de cette expérience ?
J’espère que les enfants en apprennent autant que moi. C’est sacré, ces communautés… Certaines sont accessibles uniquement en ferry ou avion. On m’a invitée, et on m’a ouvert le cœur : on m’a partagé des expériences de vie, des difficultés. Chaque communauté est unique, mais il y a un fil rouge : le sport peut autonomiser, élever, donner de l’espoir.
Par exemple, à Bella Bella (C.-B.), chaque soir, 75 personnes—des enfants de 2e année jusqu’aux adultes—jouent au basketball dans le centre récréatif. C’était magnifique : le sport partagé, tissé dans la vie de tous les jours. Je peux aussi m’y reconnaître, comme mère monoparentale et passionnée de sport.
L’équipe 3×3 du Canada a évolué depuis Paris. Comment ça va avec les nouvelles recrues ?
On a intégré de nouveaux visages, et c’est un processus fascinant. Notre douce complicité de longue date s’est transformée : il faut la reconstruire. Il y a eu des défis, des ajustements, beaucoup de communication.
À la Coupe du monde FIBA 3×3, avec Saicha Grant‑Allen et Cassandra Brown, on voyait nos progrès à chaque match. Au départ, il y avait des frictions naturelles, mais on n’a jamais fui les conversations difficiles—et c’est comme ça qu’on construit la confiance.
Personnellement, les premiers matchs de la phase de groupes ont été compliqués : j’avais un regard différent posé sur moi. J’ai dû trouver de nouvelles façons d’inscrire des points, de défendre. J’ai appris à faire confiance au processus, individuellement et collectivement. L’important est de ne jamais monter trop haut ni descendre trop bas, comme à Paris.
Au fil du tournoi, j’ai progressé défensivement. Le dernier jour, l’équipe avait plus de chimie ; on commençait à vraiment s’harmoniser offensivement. On est enthousiastes à l’idée de bâtir sur cet élan.
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En fin de juin, Crozon, Bosch, Grant‑Allen et Brown ont remporté la médaille de bronze à la Coupe du monde FIBA 3×3. Prochain rendez‑vous : Crozon évoluera à domicile, à Edmonton, lors de la FIBA 3×3 Women’s Series les 1er et 2 août.