Les joueuses d'Équipe Canada posent pour une photo.Photo : Simran Sandhra
Photo : Simran Sandhra

L’équipe de soccer féminin d’Équipe Canada mettra ses valeurs de l’avant à Paris 2024

Équipe Canada amorcera les Jeux de Paris 2024 en tant que médaillée d’or olympique en titre au soccer féminin. Toutefois, à la suite d’une séquence difficile après les Jeux de Tokyo 2020 qui a vu l’équipe être éliminée prématurément de la Coupe du Monde Féminine de la FIFA, les Canadiennes seront quelque peu considérées comme des négligées au moment d’entreprendre le tournoi olympique cet été.

L’entraîneure-chef Bev Priestman dit qu’elle préfère qu’il en soit ainsi. En s’adressant aux médias à la suite d’une série de matchs amicaux contre l’équipe nationale mexicaine au début du mois de juin, Priestman a ouvertement parlé des hauts et des bas de l’équipe dans les années qui ont suivi son triomphe des derniers Jeux olympiques, ce qui l’a amenée à faire un sérieux examen de conscience sur son approche et celle de l’équipe.

« Je pense que nous avons perdu notre chemin, n’est-ce pas? Nous avons eu des années remarquables en 2021 et 2022, nous avons alors connu de très bonnes séquences et ensuite, pour une raison ou une autre, nous avons perdu notre chemin. Personnellement, j’ai perdu mon chemin au chapitre de mes valeurs et de mes principes, ainsi que de ma capacité à voir la forêt qui se cachait derrière les arbres », a déclaré Priestman avec franchise. 

« Ce qui me rend fière quand je suis en bordure du terrain, c’est quand je vois sur le terrain des valeurs comme ne jamais abandonner. Être une bonne coéquipière. Le respect. L’humilité. Travailler plus fort que toutes les autres équipes. Ce sont toutes là des choses qui sont dans l’ADN de cette formation. Ces valeurs-là ne proviennent pas seulement de Christine Sinclair ou Sophie Schmidt. Il y a toute une génération qui a été là avant, comme Diana Matheson, qui a instauré [ces valeurs] dans cette équipe et nous ne pouvons absolument pas nous permettre de les perdre. »

Adriana Leon fait un geste à une coéquipière .
Adriana Leon fait un geste à une coéquipière lors du match contre le Mexique à Toronto, le 4 juin 2024. Photo de Simran Sandhra.

Alors qu’est-il arrivé à la Coupe du Monde?

« Nous avons eu trop peur de prendre des risques. J’ai eu trop peur de prendre des risques, a affirmé Priestman. Maintenant, nous avons corrigé tout ça et ça nous permet d’avancer. »

Ce qui est non négociable aux yeux de Priestman à l’approche de Paris 2024, c’est ce retour aux valeurs et à l’identité de base de l’équipe. Mettre de l’avant ces valeurs a été au coeur du message qu’elle a livré aux joueuses à l’occasion du match du 4 juin à Toronto, qui était non seulement le deuxième affrontement de l’équipe dans le cadre de sa dernière série de matchs au pays avant son départ, mais a aussi servi de journée de célébration de la Fierté.

Équipe Canada s’est présentée sur le terrain avec des maillots de la Fierté et on avait décoré les abords de la surface de jeu avec les couleurs du drapeau de la Fierté. Pour les joueuses, célébrer la Fierté représente une extension très naturelle de la plus importante des valeurs fondamentales de l’équipe.

« L’unité est quelque chose dont nous parlons constamment, a déclaré l’étoile montante Simi Awujo après le match.Pour Équipe Canada, l’unité veut dire non seulement les joueuses sur le terrain, mais les membres de l’organisation au grand complet, et les partisans.

« C’est tellement une belle célébration, et c’en est une qui est importante, a déclaré Shelina Zadorsky, qui a participé à son 100e match avec Équipe Canada le 4 juin. Notre équipe, en l’absence d’un meilleur terme, se fait une fierté d’offrir un milieu vraiment ouvert et inclusif, où nous voulons que tout le monde soit soi-même et s’exprime avec confiance. Nous sommes chacune aimées et acceptées dans ce milieu — et nous voulons que ça s’étende à nos partisans aussi. »

Shelina Zadorsky debout sur le terrain.
Shelina Zadorsky fait sa 100e apparition pour Équipe Canada le 4 juin 2024 à Toronto. Photo de Simran Sandhra.

« Toutes les personnes, autant au sein du personnel que chez les joueuses, qui s’amènent dans notre milieu sont libres d’être qui elles sont, a indiqué Priestman. Je crois que c’est vraiment important que les jeunes, nos partisans et notre pays puissent le voir et le ressentir. Parce que je crois que nous sommes des modèles à suivre, nous sommes une source d’inspiration pour les jeunes. [Célébrer la Fierté] est quelque chose qui nous tient à coeur. » 

L’accent que met Priestman sur les valeurs fait aussi en sorte qu’il lui incombe de gérer le délicat processus de sélection de l’équipe olympique de la façon la plus transparente possible. 

Autant au cours de la victoire de 2-0 contre le Mexique à Montréal qu’à l’occasion de la nulle de 1-1 à Toronto, Priestman a fait l’essai de différentes formations et différentes combinaisons. La profondeur qu’on retrouve au sein d’Équipe Canada et l’effort supplémentaire que les joueuses ont donné dans le but d’être retenues dans l’équipe ont compliqué la tâche de Priestman. Ici aussi, elle préfère qu’il en soit ainsi.

« Ma philosophie, ç’a toujours été d’être honnête, a-t-elle souligné. [Les joueuses] savent que je me soucie d’elles en tant que personnes. Elles savent que leurs coéquipières se soucient d’elles en tant que personnes. En fin de compte, il y a un groupe de joueuses qui sont de classe mondiale et qui ne pourront pas aller [à Paris 2024]. Malheureusement, parfois — je l’ai souvent déjà dit — ce ne seront pas nécessairement les 18 meilleures joueuses, mais ce sera peut-être la meilleure formation possible. À la fin, c’est ça le défi et nous allons devoir regarder des gens dans les yeux et avoir ce genre de discussion. »

S’il n’en tenait qu’à Priestman, sa formation s’étendrait au-delà de la limite de 18 joueuses en vue des Jeux, notamment en raison des risques de blessures, mais aussi parce que ça donnerait à des joueuses plus jeunes l’occasion de gagner de l’expérience à l’échelle internationale en prévision des prochaines Coupes du Monde.

Le match du 4 juin à Toronto a été une belle illustration du risque de blessures qui est toujours présent dans un match de soccer. Un contact physique particulièrement agressif aux dépens de Jordyn Huitema l’a projetée en touche, où elle est restée durant de longues minutes. L’entraîneur-chef mexicain Pedro López a présenté des excuses au nom de son équipe pendant la conférence de presse d’après-match. Karen Luna, la défenseure mexicaine qui a initié le contact, a seulement reçu un carton jaune.

Priestman rappelle cependant qu’il ne faut pas trop s’attarder aux aspects du jeu qui sont hors de son contrôle, comme les décisions d’arbitre, et il s’agit plutôt de se concentrer sur ce qu’on peut contrôler.

Des joueuses d'Équipe Canada célèbrent ensemble sur le terrain.
Des joueuses d’Équipe Canada célèbrent ensemble, le 4 juin 2024. Photo Simran Sandhra.

« Il y a des apprentissages à faire après chaque match. Je me concentre exclusivement sur le processus. Je dois continuer à mettre ces apprentissages en pratique et quand il y a des décisions difficiles à prendre, il faut y aller avec ses convictions et avoir le courage de le faire. Je l’ai appris à la dure ces 12 derniers mois et c’est ce qui a fait partie des impondérables qui nous ont aidées à Tokyo. »

Équipe Canada pourrait aussi être portée à Paris 2024 par l’effervescence sans précédent que connaît actuellement le sport féminin au Canada. Dans la dernière année, il y a non seulement eu la première saison complète de la Ligue professionnelle de hockey féminin et l’annonce de l’arrivée d’une équipe de la WNBA à Toronto, mais aussi l’annonce que la Super Ligue du Nord (SLN), la première ligue professionnelle de soccer féminin au Canada, disputera sa première saison en 2025.

« Je pense que l’animation qu’il y a dans le monde du sport féminin dans son ensemble au Canada est vraiment formidable et d’être impliquée dans tout ça en ce moment représente quelque chose de vraiment spécial. Aussi, le fait de savoir que pour les générations futures, ça ne pourra qu’aller de mieux en mieux. Les Canadiens adorent les sports féminins, alors je trouve que le fait d’être une ambassadrice pour tout ça et d’en faire partie, c’est tout un honneur », a déclaré Zadorsky.

Pour sa part, l’entraîneur-chef mexicain a souhaité la meilleure des chances à la nouvelle ligue canadienne, affirmant qu’environ 85 % des joueuses faisant partie de l’équipe nationale évoluent dans la ligue professionnelle féminine du Mexique.

Priestman affirme que la SLN aura d’énormes retombées positives pour le développement du soccer féminin au Canada.

« J’ai tellement hâte. Je suis super, super emballée, a dit Priestman. Quand vous revenez au pays avec votre médaille d’or comme ç’a été le cas en 2021, s’il y a une chose que vous aimeriez voir se matérialiser, c’est bien une ligue comme celle-là. »

La ligue ne se mettra en branle qu’après Paris 2024, mais elle risque sûrement d’avoir des répercussions en vue de LA 2028.

Équipe Canada fera partie du groupe A à l’occasion du prochain tournoi olympique, avec la France, la Colombie et la Nouvelle-Zélande. Le premier match de la phase de groupes aura lieu le jeudi 25 juillet contre la Nouvelle-Zélande.

Équipe Canada fait actuellement partie d’un groupe de seulement trois pays au monde à avoir remporté trois médailles au soccer féminin, ayant raflé le bronze à Londres 2012 et Rio 2016 avant de remporter la médaille d’or à Tokyo 2020.