« On est ensemble là-dedans » : les athlètes de luge Beattie Podulsky et Kailey Allan veulent marquer l’histoire en double féminin

Le parcours olympique de Beattie Podulsky a commencé par une pancarte.

« J’ai un frère qui fait du ski acrobatique, donc on était souvent à la montagne », dit Podulsky à propos de son introduction à la luge au Parc olympique du Canada, à Calgary. « Un jour, quand j’avais 10 ou 11 ans, on a vu une petite pancarte qui disait : “Venez ! Voulez-vous être un olympien ?» Et voilà où nous en sommes rendus. »

Aujourd’hui, pour Podulsky et sa partenaire Kailey Allan, ce rêve n’a jamais été aussi proche, alors que l’épreuve de double féminin fera ses débuts olympiques à Milano Cortina 2026.

Depuis que la luge a été ajoutée au programme olympique à Innsbruck en 1964, les épreuves individuelles féminines et masculines ainsi que l’épreuve de double reviennent à chaque Jeux olympiques d’hiver. L’épreuve de relais mixte a fait ses débuts à Sotchi en 2014. Bien que l’épreuve de double ait toujours été ouverte à tous les genres, aucune femme n’a jamais participé aux Jeux olympiques.

Aujourd’hui, plus de 60 ans depuis que les athlètes de luge sont devenus olympiens pour la première fois, l’excitation est à son comble pour l’arrivée du double féminin. 

« Ça va être une expérience partagée pour nous tous », dit Allan. « Ça crée un vrai sens de communauté. J’adore les amies que je me suis faites en double féminin. »

« Notre sport évolue et on commence à se rapprocher des hommes », ajoute Podulsky. « On est déterminées et prêtes à montrer ce qu’on est capable. On heureuses et excitées d’être les premières à le faire. »

Podulsky, 20 ans, et Allan, 22 ans, ont suivi des parcours étonnamment similaires vers le double. Elles ont grandi à Calgary, pratiquant plusieurs sports avant de trouver le bon. Comme Podulsky, Allan a commencé la luge vers 10 ans, lors d’un camp d’été au Parc olympique du Canada, avant de passer rapidement à un camp de recrutement.

Elles ont toutes les deux commencé en simple avant de passer au double en 2022, lorsque l’inclusion du double féminin à Milano Cortina 2026 a été annoncée. Podulsky a connu du succès international avec Embyr-Lee Susko pendant la saison 2023-2024, avant que la paire se sépare pour permettre à Susko de se concentrer sur le simple.

« Elle n’était pas prête à arrêter et je ne pense pas que j’étais prête non plus, car elle était tout simplement trop forte », explique Podulsky. « Alors je me suis mise à essayer des partenaires ici et là. Kailey était dans la même situation. On s’est trouvées et on s’est dit : oui, on essaie. »

Embyr-Lee Susko et Beattie Podulsky, du Canada, dévalent la piste lors d’une épreuve de luge en double féminin en Coupe du monde à Whistler, en Colombie-Britannique, le vendredi 15 décembre 2023. LA PRESSE CANADIENNE/Darryl Dyc

Podulsky et Allan ont formé leur duo à l’été 2024, un peu tard dans le cycle olympique, mais déterminées à rattraper le temps perdu.

« On a vraiment bien connecté », dit Allan. « On a des personnalités très semblables. On est capables de se confronter quand il faut, mais on s’entend super bien et on se complète. »

Même si la chimie était là, elles ont dû surmonter un obstacle technique.

En double, l’athlète du haut est attachée au niveau des hanches, tandis que celle du bas tient les sangles reliées aux bras de sa partenaire pour diriger le traîneau en synchronisation. Dans leurs anciens duos, Podulsky et Allan étaient toutes deux en position basse. Podulsky a finalement pris la position du haut, découvrant rapidement qu’elle avait tout à réapprendre.

« Je pensais connaître le double, puis je suis passée en haut et j’ai réalisé qu’on repartait à zéro », dit-elle.

Les deux positions n’ont rien à voir.

« En bas, tu ne vois rien. Tu utilises ta vision périphérique et tu suis les signaux de la personne du haut pour bouger les épaules. Tu mets toute ta confiance en elle », décrit Podulsky. « La personne du haut a le rôle de voir la piste et de placer le traîneau où elle veut.»

« Sur la piste, il faut vraiment travailler ensemble, l’une avec l’autre et avec le traîneau jusqu’en bas », ajoute Allan.

La confiance est essentielle dans un duo de luge.

« J’ai la vie de quelqu’un entre mes mains », mentionne Podulsky. « Si quelque chose arrive, nous sommes toutes les deux responsables. »

Avec des athlètes atteignant des vitesses de plus de 140 km/h, ce n’est pas une exagération. Il est important que ces jeunes adultes prennent cela au sérieux.

« C’est important de se relever ensemble. Je sais quand elle est nerveuse et elle sait quand je le suis. On essaie de se calmer et de s’aider à travers ça. On essaie de se motiver. »

« Partager ce moment avec quelqu’un d’autre, c’est un processus mental complètement différent », explique Podulsky. « On a eu un accident au Championnat mondial l’an dernier et j’étais absolument frustrée contre moi-même. Kailey m’a demandé : “Pourquoi ? C’est à cause de nous deux. On l’a fait ensemble. Tu ne peux pas mettre tout le blâme sur toi.” Elle a vraiment été bonne pour m’aider à changer ma mentalité, à me dire qu’on est ensemble là-dedans, et que, que ce soit bon ou mauvais, ce qui arrive, arrive. »

Ensemble, Podulsky et Allan ont terminé leur première saison en 2024-2025 parmi les huit meilleures équipes en double féminin au Championnat mondial de la FIL, où elles ont aussi aidé le Canada à remporter la médaille de bronze au relais par équipes.

Maintenant, à deux mois de Milano Cortina 2026, elles veulent une autre saison solide.

Elles ont bien commencé fin novembre avec un top 15 à l’événement test olympique sur la nouvelle piste de Cortina, suivi d’une cinquième place, un sommet en carrière, à l’ouverture de la Coupe du monde de la FIL à Winterberg, en Allemagne, une semaine plus tard.

« Il nous reste beaucoup de travail, mais on sait que si on se présente et qu’on fait de notre mieux pour s’élever mutuellement, on peut accomplir quelque chose », dit Allan.

Après tout, elles sont en train d’écrire l’histoire.