Le Canada, une puissance des lancers alors que Katzberg, Rogers et Mitton visent les Championnats du monde d’athlétisme
Pour exceller dans les épreuves de lancer, il faut savoir maîtriser l’élan. Et lorsqu’il s’agit de propulser des engins comme le marteau ou le poids, Ethan Katzberg, Camryn Rogers et Sarah Mitton font partie des meilleurs au monde. Rien de moins.
Mais ces athlètes canadiens profitent aussi d’un autre élan : l’enthousiasme croissant pour leurs disciplines, nourri par leurs performances internationales, marquant le début d’une ère où le Canada s’impose comme une véritable nation des grands lancers.
Mais à quel point ces trois-là sont-ils impressionnants ?
Ethan Katzberg est devenu le premier Canadien en 112 ans à décrocher une médaille olympique au marteau en remportant l’or aux Jeux de Paris 2024. Deux jours plus tard, Camryn Rogers s’est hissée sur la plus haute marche du podium au lancer du marteau féminin — un exploit qu’aucune Canadienne n’avait accompli en athlétisme depuis 96 ans.

Katzberg peut aussi se vanter d’autres titres : champion du monde en 2023, champion des Jeux panaméricains en 2023, médaillé d’argent aux Jeux du Commonwealth en 2022. Rogers, quant à elle, est championne du monde en 2023, championne des Jeux du Commonwealth en 2022, et médaillée d’argent aux Championnats du monde en 2022.
Sarah Mitton, qui faisait partie des favorites pour l’or à Paris, a connu des jeux difficiles. Elle en a parlé avec franchise à Olympic.ca plus tôt cette année, mais elle s’est rapidement ressaisie après les Jeux, remportant le titre de la Ligue de diamant, ainsi que ses titres mondiaux en salle (2024 et 2025), sa médaille d’argent aux Championnat du monde en 2023 et ses victoires aux Jeux panaméricains en 2023 et aux Jeux du Commonwealth en 2022.
Sans grande surprise, Katzberg, Rogers et Mitton détiennent tous les records canadiens dans leurs disciplines respectives. Tous trois ont aussi été couronnés champions nationaux aux Championnats canadiens d’athlétisme 2025, où Olympic.ca a pu s’entretenir avec eux à l’approche des Championnats du monde d’athlétisme, qui se dérouleront du 13 au 21 septembre à Tokyo. Le Canada sera certainement un adversaire redoutable — surtout dans les épreuves de lancer.
Des lancers plus loin, des objectifs plus grands
« Je pense que presque tous les lanceurs de l’équipe canadienne qui participeront aux championnats du monde ont une chose en tête », a confié Mitton après sa victoire à Ottawa. « Je ne vais pas le dire à voix haute, mais je pense qu’on pourrait vivre un été vraiment, vraiment spécial. »
Ces trois athlètes sont motivés non seulement par leur performance individuelle, mais aussi par le désir de maintenir l’attention du public canadien sur les épreuves de lancer, un intérêt ravivé à Paris et qu’ils espèrent faire durer.
« C’est tout ce qu’on peut souhaiter : que les gens découvrent ton sport, qu’ils l’aiment et qu’ils deviennent passionnés », a dit Rogers. « J’ai remarqué un gros changement (après Paris). Je suis à l’aéroport au Canada et quelqu’un me dit : « C’est toi la lanceuse de marteau ! », Et je réponds «Oui! C’est moi!” ».

Katzberg est du même avis : Paris a marqué un tournant. Même si sa routine quotidienne est restée semblable depuis son sacre olympique, il sent une plus grande responsabilité de représenter son sport, en raison de l’attention grandissante du public. Tous trois étaient très sollicités pour des autographes et des photos pendant les Championnats à Ottawa.
« C’est vraiment spécial de pouvoir faire grandir ce sport et de le partager avec les Canadiens », dit-il.
Les partisans canadiens ont joué un rôle essentiel dans le parcours de chacun d’eux. Mitton vient de Brooklyn, en Nouvelle-Écosse, alors que Katzberg et Rogers sont originaires de Nanaimo et Richmond, en Colombie-Britannique.
« (Les partisans canadiens) ont toujours été très bienveillants avec moi, dans les bons comme dans les moins bons moments », confie Mitton. « Ils sont simplement heureux de me voir lancer, peu importe le résultat. Et ça, pour moi, c’est touchant. »

La visibilité accrue des lanceurs canadiens ouvre aussi la porte à une nouvelle génération d’athlètes, curieux de découvrir ces disciplines : le lancer du marteau, du poids, du javelot et du disque. Les deux dernières ont surtout été mises en lumière grâce aux exploits des décathloniens canadiens Damian Warner et Pierce LePage.
Katzberg, Rogers et Mitton sont convaincus que l’image du Canada comme « nation des grands lancers » est là pour rester, bien au-delà de leurs propres succès.
« On a un avenir vraiment prometteur avec les lanceurs qui montent », assure Rogers.
Surveillez-les de près !
Rogers et Katzberg occupent actuellement la première place du classement mondial World Athletics pour le lancer du marteau féminin et masculin. Mitton est classée troisième sur la liste pour le lancer du poids féminin.
Chez les hommes, le classement mondial du lancer du marteau reflète en grande partie le podium des Jeux de Paris 2024, avec le médaillé d’argent olympique Bence Halasz, de Hongrie, en deuxième position, et le médaillé de bronze Mykhaylo Kokhan, d’Ukraine, en troisième. (Le Hongrois et l’Ukrainien ayant échangé leur position dans le classement mondial, j’ai réordonné la liste pour suivre l’ordre du podium olympique.)
Chez les femmes, le lancer du marteau est plus ouvert. Rogers avait partagé le podium à Paris avec Annette Nneka Echikunwoke, des États-Unis (argent), et Jie Zhao, de Chine (bronze). Elles sont respectivement classées sixième et neuvième en vue des championnats du monde, tandis que Silja Kosonen, de Finlande, et Anita Wlodarczyk, de Pologne, occupent la deuxième et la troisième place du classement mondial.
« Le niveau est devenu encore plus relevé dans ces deux épreuves, et c’est vraiment excitant à voir », dit Katzberg. « Le Canada est toujours en tête et on vise les podiums. »

Surprenamment, aucune des médaillées du lancer du poids à Paris ne figure parmi les trois premières du classement mondial à l’approche des Mondiaux. Cela suggère que plusieurs athlètes de haut niveau ont eu du mal avec les conditions à Paris, tout comme Mitton. Sa grande rivale, l’Américaine Chase Jackson, arrivera à Tokyo en tant que favorite numéro un.
« Le lancer du poids féminin est très relevé cette année », explique Mitton. « Il y a presque cinq ou six femmes au-delà de 20 mètres (le record canadien de Mitton est de 20,68 m). On en a eu cinq à plus de 20 m dans une seule compétition. Donc, il faudra vraiment tout donner le jour J, et j’espère que ce sera mon jour ».
Les Championnats du monde d’athlétisme seront diffusés en direct sur CBC Sports du 13 au 21 septembre.