« Notre objectif est de laisser un héritage au Canada » : Melissa Humana-Paredes et Brandie Wilkerson reviennent sur leur performance historique à Paris 2024, un an plus tard
Les cris. Les célébrations. La joie. L’histoire.
Il y a un an, à Paris 2024, Melissa Humana-Paredes et Brandie Wilkerson entraient dans l’histoire en remportant la médaille d’argent, devenant ainsi les premières Canadiennes à décrocher une médaille olympique en volleyball de plage.
Tout au long du tournoi olympique, Humana-Paredes et Wilkerson ont fait vivre à l’équipe canadienne – et à leurs partisans – toute une montagne russe d’émotions.
« On a vraiment vécu des hauts et des bas émotionnels », a confié Wilkerson en parlant de leur expérience à Paris. « Il y a eu des moments très intenses, des situations qu’on n’aurait jamais pu imaginer. On a dû faire face à des peurs profondes et se demander : comment allons-nous réagir face à ce qui nous effraie? »
Le duo a terminé la phase de groupes avec une victoire et deux défaites, ce qui les a forcées à disputer un match de repêchage contre la Tchéquie. Non seulement elles ont remporté ce match, mais elles ont causé une énorme surprise en éliminant la deuxième équipe mondiale, les Américaines, en huitièmes de finale.
En quart de finale, les Canadiennes ont affronté une équipe suisse invaincue jusqu’alors. Après avoir perdu la première manche, Humana-Paredes et Wilkerson ont fait preuve de résilience, remportant de justesse la deuxième manche, puis arrachant la victoire dans la troisième pour se qualifier pour la finale pour la médaille d’or.
« Gagner cette demi-finale de façon aussi spectaculaire, c’était un moment de joie et de satisfaction profondes. Voir Melissa courir sur le terrain, puis pleurer dans mes bras parce qu’on venait de faire l’histoire, c’était incroyable », se souvient Wilkerson.

Pour Humana-Paredes, au-delà du défilé des médaillés au parc des Champions devant la tour Eiffel, ce sont les petits moments vécus aux Jeux qui ont rendu l’expérience si spéciale – goûter à tous les desserts à la cafétéria des athlètes, ou encore jouer à des jeux farfelus avec le reste de l’équipe canadienne. Elle raconte aussi qu’un moment l’émeut à chaque visionnement : les réactions de leurs entraîneurs après la victoire en demi-finale.
« L’équipe derrière l’équipe, on ne les voit pas à l’écran, mais ils sont tellement investis dans notre parcours », dit-elle.
Une progression à deux
Ce qui rend leur performance à Paris encore plus impressionnante, c’est qu’elles y sont arrivées comme un duo relativement nouveau.
Bien qu’elles aient déjà été coéquipières à l’université York, chacune avait participé à ses premiers Jeux olympiques avec une autre partenaire. À Tokyo 2020, Humana-Paredes formait un duo avec Sarah Pavan, tandis que Wilkerson jouait avec Heather Bansley. Les deux tandems avaient terminé à égalité au 5e rang – ce qui constituait à l’époque le meilleur résultat canadien en volleyball de plage féminin aux Jeux.
Un peu plus d’un an avant Paris 2024, Humana-Paredes et Wilkerson ont uni leurs forces pour former une équipe fondée sur le respect mutuel, l’admiration et l’amitié. Et toutes deux croient fermement que plus elles jouent ensemble, plus elles deviendront redoutables.

« C’est excitant de continuer à mûrir dans notre jeu tout en s’amusant autant ensemble », explique Wilkerson.
« J’ai l’impression qu’on a encore beaucoup à découvrir », ajoute Humana-Paredes. « À Paris, on était encore assez nouvelles comme équipe, on n’avait pas eu beaucoup de temps pour se préparer. Maintenant, on peut vraiment bâtir quelque chose à long terme. »
Le prochain grand rendez-vous est les Championnats du monde en Australie, en novembre. Mais l’objectif ultime demeure Los Angeles 2028.
« C’est sûr qu’on vise l’or », dit Humana-Paredes. « Cela dit, même si on a une couleur en tête, on sait que notre parcours est encore plus significatif que la médaille en soi. »
Pas juste des résultats, aussi des valeurs
Ce qui rend le duo aussi inspirant pour les partisans, c’est que ce ne sont pas que les résultats qui comptent pour elles, mais aussi la manière d’y arriver.
« On travaille fort, de façon intentionnelle, sur notre jeu mais aussi sur nos valeurs, notre éthique et notre connexion en tant qu’équipe. Et on veut que ça transparaisse », explique Wilkerson.
« L’amour et le soutien qu’on reçoit nous motivent à continuer à jouer, à créer un héritage qui représente la diversité du Canada, les histoires uniques, la ténacité, la modestie tranquille, la confiance… et aussi le feu intérieur. Il y a tellement de jeunes énergies positives qui arrivent dans ce sport. »

Utiliser leur plateforme pour défendre les causes qui leur tiennent à cœur fait aussi partie intégrante de leur parcours. Humana-Paredes est très engagée dans la durabilité dans le sport, notamment comme ambassadrice de la Journée verte du sport au Canada, et comme membre des Comités des athlètes du COC et de Panam Sports. Wilkerson, pour sa part, milite pour une meilleure représentation des communautés racisées (BIPOC) dans le volleyball de plage.
« Je veux voir plus d’accessibilité au sport, et ne pas limiter le volleyball de plage aux personnes privilégiées vivant près de la plage », dit-elle. « Ce n’est pas comme ça qu’on a grandi. Nos histoires sont différentes. Le Canada, ce n’est pas le premier pays auquel on pense quand on parle de volleyball de plage… mais on veut changer ça. »
Et les choses commencent à changer. Quelques mois après Paris, elles ont appris qu’il y avait eu une hausse marquée des inscriptions au volleyball de plage au Canada. Voir, c’est croire.
Les partisans d’Équipe Canada auront bientôt la chance de les voir à l’œuvre. Humana-Paredes et Wilkerson participeront à l’étape Elite16 du Beach Pro Tour à Montréal, du 13 au 17 août.
Le duo garde un souvenir très spécial de cet événement, où elles avaient remporté leur premier titre Elite16 ensemble il y a deux ans, en route vers la qualification olympique.
« On avait l’impression d’avoir un troisième coéquipier avec nous sur le sable », dit Humana-Paredes. « Beaucoup de gens voyaient du volleyball de plage pour la première fois, mais la ville s’est mobilisée. »
Le tournoi sera diffusé en direct sur CBC Sports.