La coureuse de BMX Molly Simpson roule vers Paris 2024
L’athlète de BMX d’Équipe Canada Molly Simpson va disputer les Championnats du monde de courses de BMX de l’UCI 2024 à Rock Hill, en Caroline du Sud, en pensant à sa préparation pour les Jeux de Paris.
Simpson a décroché la quatrième place à deux reprises cette saison sur le circuit de la Coupe du monde de l’UCI, après avoir obtenu la médaille d’argent aux Jeux panaméricains Santiago 2023. Les Championnats du monde offrent à la Canadienne de 21 ans l’occasion de gagner un peu d’expérience dans le contexte d’une compétition où la pression est élevée, mais aussi d’améliorer son classement mondial avant la fin de la période de qualification olympique qui clôturera le 2 juin.
Nous avons contacté Simpson afin de discuter de son parcours sportif et de quelle façon elle a évolué en tant qu’athlète de BMX ainsi que comme modèle à suivre pour les jeunes filles.
O.ca : Parle-moi de ton parcours et de ce qui t’a amenée à faire du BMX de haut niveau.
M. S. : J’ai joué au hockey pendant plusieurs années et j’ai toujours su que je voulais devenir une athlète olympique — bien que je pensais que ce serait au hockey! J’ai fini par essayer le BMX un jour et j’ai tout de suite adoré ça. J’ai quand même continué à jouer au hockey, jusqu’au moment où j’ai arrêté en 2016, quand j’ai fait le passage complet au BMX.
O.ca : Comment s’est passée ton expérience des Jeux panaméricains de Santiago 2023? Comment t’es-tu sentie quand tu as remporté cette médaille d’argent?
M. S. : Ç’a assurément été le fait saillant de mon année. L’ambiance, le Village, les athlètes, les gens, c’était quelque chose de vraiment spécial à tous les niveaux.
Il y avait aussi le fait de vivre un niveau aussi élevé de pression — c’était évident que ce n’était pas comme une compétition normale. Ce sera la même chose aux Jeux olympiques. Tout le monde dit, ‘Oh, c’est juste un match comme les autres, ou une course comme les autres’. Mais non, ce sont les Jeux olympiques. Il va donc y avoir de la tension, de la pression. Je pense que les Jeux panaméricains m’ont permis de voir comment c’était, alors ça va m’aider en vue de Paris.
O.ca : As-tu senti qu’en passant au niveau élite, il y avait des différentes importantes par rapport à la compétition U23?
M. S. : Je pense que ç’a été très bon pour moi de passer par les U23 parce que j’ai pu apprendre comment gérer la pression; j’ai appris comment gagner sous pression. Puis, je suis passée à l’élite et j’ai réalisé que j’avais déjà les connaissances nécessaires en moi, je me suis dit, ‘OK, je sais comment faire’.
O.ca : Quels éléments ou habiletés cherches-tu à développer plus particulièrement cette année?
M. S. : Dans le gym, juste ma force physique en général. Nous faisons beaucoup de levées en puissance en épaulé-jeté et à l’arraché, à la façon des haltérophiles. Tout doit être vraiment explosif et rapide. Alors nous cherchons à faire des levées qui sont les plus lourdes possible et aussi à augmenter la masse musculaire un peu.
Sur la piste, nous travaillons sur ma vitesse. J’ai de très bons départs, c’est ma force. Maintenant, comment puis-je appliquer le même principe un peu partout sur la piste et devenir une coureuse plus complète? J’ai le sentiment d’être bonne à certains égards et ensuite, il y a des aspects où je ne suis pas très bonne, comme c’est le cas pour tous les athlètes dans tous les sports.
O.ca : Es-tu une personne qui est accro à la vitesse dans tous les aspects de sa vie?
M. S. : Pas de doute, je carbure à l’adrénaline.
O.ca : Si tu retournais à l’époque où tu as fait tes débuts en BMX, y a-t-il quelque chose que tu voudrais dire à la version plus jeune de toi-même?
M. S. : Je pense que je lui dirais de ne pas se sous-estimer. Plus jeune, c’était plus difficile parce qu’à ce moment-là, le BMX était un sport grandement dominé par les garçons. Ce qui faisait que pour une jeune fille, c’était plutôt intimidant. Aujourd’hui, je veux inspirer ces jeunes filles-là. Tu peux te retrouver à un niveau qui peut mener aux Jeux olympiques, tu peux évoluer dans des compétitions de même calibre que les garçons. Tu peux sauter comme le fait un homme. C’est sûr que tu te sens toute petite quand tu es une jeune fille et que tu vois les garçons voler haut dans les airs dans ces sauts, c’est impressionnant. Alors j’essaie juste d’inspirer de cette façon-là. Je pense que je dirais à ma version plus jeune qu’elle peut le faire, qu’elle peut faire tout ça elle aussi.
O.ca : As-tu le sentiment d’avoir vu une amélioration, au fil de ta carrière, en termes de représentation?
M. S. : Même au niveau élite, il y a beaucoup plus de femmes. La catégorie U23 incite un plus grand nombre de jeunes filles à faire du BMX parce que ça leur donne l’occasion d’affronter d’autres filles de leur calibre en U23. Et ensuite, elles passent au niveau élite et y affichent plus de confiance. Il n’y avait pas de catégorie U23 il y a quelques années, alors c’était un milieu encore plus dur et sans pitié. On voit une augmentation du nombre de filles dans notre sport, ce qui est pas mal cool.
C’est un peu comme si je disais que les U23, c’est comme se tremper les pieds dans l’eau et ensuite, tu te retrouves à nager avec les requins. J’imagine que je suis maintenant un requin qui nage avec les autres requins!
O.ca : Y a-t-il des conseils que des entraîneurs t’ont donnés au fil de ta carrière et qui te sont restés?
M. S. : Mon psychologue du sport m’a dit à un moment donné que c’est toi qui choisis l’endroit où tu vas consacrer ton énergie.
Si j’ai des sentiments négatifs ou si je me sens un peu découragée ou si ma confiance est ébranlée, c’est clair que je consacre alors de l’énergie à ces pensées. Je dois donc prendre du recul et placer tout ça dans un espace plus positif, ou encore trouver une façon de mettre ça de côté dans ma tête pour y revenir plus tard. Il faut juste essayer de te mettre dans le moment présent et de consacrer plutôt ton énergie à ça, ce qui va te permettre de donner ta meilleure performance.
O.ca : Comment penses-tu avoir évolué comme athlète et comme personne depuis le début de carrière?
M. S. : Il y a plus d’un an [en décembre 2022], j’ai eu une infection à ma dent de sagesse [extraction] et j’ai été aux soins intensifs pendant sept jours. On m’avait posé une sonde gastrique et il a fallu aussi m’intuber pour m’aider à respirer et j’avais une défaillance des organes, j’étais presque mourante. Quand je repense à ça et que je me retrouve assise ici à réaliser cette entrevue, je me dis qu’il n’y a rien que je ne puisse pas faire dans la vie. Après être venue près de perdre la vie, j’ai davantage confiance que je suis capable d’affronter n’importe quoi dans le sport et aussi dans la vie.
O.ca : Si tu n’étais pas une athlète olympique dans ton sport actuel, dans quel autre sport aimerais-tu l’être et pourquoi?
M. S. : Je dirais le skateboard, mais je trouve que ce serait spécial aussi de faire du demi-lune en snowboard ou du slopestyle. Les sports à fortes sensations, c’est vraiment mon truc. Je fais du snowboard de temps à autre.
O.ca : Qu’est-ce que tu assimiles quand tu disputes des courses contre Mariana Pajón [deux fois championne olympique]?
M. S. : À chaque fois que je me trouve dans la rampe de départ à ses côtés, je me dis toujours ‘OK, c’est elle la reine, c’est Mariana Pajón!’ J’ai terminé deuxième derrière elle [à Santiago], mais quand c’est arrivé, je me suis dit, ‘Tu sais quoi? C’est une légende.’ C’est spécial de terminer en deuxième place derrière elle, mais c’est aussi motivant pour moi en raison de tout ce qu’elle a accompli. Je cherche donc comment je peux aller plus loin, qu’est-ce que je peux accomplir de plus. C’est motivant, c’est certain.