L’équipe féminine de basketball 3×3 d’Équipe Canada chemine vers Paris en mettant l’accent sur la passion
Quand l’équipe féminine de basketball 3×3 d’Équipe Canada a participé à sa première Coupe du monde 3×3 de la FIBA en 2022, elle a décroché la médaille d’argent. Dans le but d’avoir son point de vue sur leurs performances, les joueuses canadiennes ont demandé à leur entraîneure temporaire ce qu’elle en pensait.
« Courez plus vite, lancez mieux », a été la réponse qu’elles ont reçue. C’était un peu sévère, mais cela avait quand même le mérite de bien résumer la situation.
Qui était cette entraîneure temporaire? C’était la fille de la joueuse Paige Crozon, Poppy, alors âgée de trois ans. C’était elle qui avait offert cette analyse spontanée après le tournoi.
« Elle prenait son travail très au sérieux », assure Katherine Plouffe en riant.
L’équipe féminine de basketball 3×3 d’Équipe Canada, composée des jumelles Katherine et Michelle Plouffe ainsi que de Crozon et Kacie Bosch, fait sa place dans les livres d’histoire depuis que ces quatre femmes ont commencé à faire équipe en 2019. Les Canadiennes ont été dominantes dans le cadre des Séries féminines 3×3 de la FIBA depuis que ce circuit a été lancé en 2019. Leur pourcentage de victoires et leur statut de pionnières du basketball 3×3 au Canada suscitent souvent les comparaisons avec les légendaires Grads d’Edmonton, un compliment que les Plouffe apprécient tout particulièrement puisqu’elles sont originaires d’Edmonton.
« Je dirais que c’est un honneur, affirme Katherine. C’est spécial parce que ça représente une belle ligne de continuité qui incite les gens à regarder ce qui est arrivé avant [au basketball féminin] et à regarder ce qui se passe de nos jours. Cela leur permet aussi de se demander ce qui pourrait arriver dans le futur. »
Cependant, le parcours d’Équipe Canada n’a pas été facile. Quand nous nous étions entretenus avec elles au mois d’août 2023, elles avaient parlé de la déception qu’elles avaient vécue parce qu’on ne leur avait pas donné l’occasion de prendre part aux débuts olympique du 3×3 à Tokyo 2020. Quand même confiantes en leur approche, autant sur le plan personnel qu’en matière de basketball, elles ont continué de tracer leur voie.
Elles ont remporté des titres consécutifs des Séries féminines 3×3 de la FIBA en 2022 et 2023, consolidant ainsi leur réputation non seulement en tant qu’équipe talentueuse, mais aussi comme groupe qui affiche un leadership exemplaire dans le sport féminin. Leur culture d’équipe est ancrée dans l’amitié, le respect, le soutien et le plaisir.
L’équipe a été constituée avant que le Canada ait officiellement un programme de développement de basketball 3×3 en place, les joueuses devant initialement financer elles-mêmes leurs déplacements pour participer à des tournois. Crozon s’est fiée à ses coéquipières pour obtenir du soutien au moment de s’adapter à la vie en tant que mère monoparentale et athlète de haut niveau pendant que l’équipe y allait de sa première tentative de se qualifier pour les Jeux olympiques. Ce n’est pas là une culture que toutes les équipes peuvent se vanter d’avoir et les femmes d’Équipe Canada savent que cela leur a permis d’afficher une plus grande cohésion.
Encore aujourd’hui, à l’âge de cinq ans, Poppy continue d’offrir ses conseils de temps à autre, mais l’équipe a par ailleurs ajouté Kim Gaucher, qui a participé à trois Jeux olympiques en tant qu’athlète, au personnel d’entraîneurs, pour offrir un niveau d’expérience qui manque encore à Poppy à ce stade-ci de sa carrière.
La poussée vers Paris
La victoire dans les Séries féminines 3×3 de la FIBA 2023 a renforcé davantage le niveau de confiance qui régnait au sein d’Équipe Canada au moment d’amorcer l’année olympique. Après un hiver d’entraînement ciblé, l’équipe a lancé sa saison en avril à Springfield, au Massachusetts, avec une autre victoire, défaisant alors les États-Unis dans le match pour la médaille d’or du tournoi.
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Ensuite, ce sera plein gaz à l’occasion du Tournoi de qualification olympique universel 3×3 de la FIBA, qui aura lieu du 3 au 5 mai à Utsunomiya, au Japon. Une équipe par genre se qualifiera pour les Jeux. Les trois autres places restantes par genre seront à l’enjeu du 16 au 19 mai à Debrecen, en Hongrie. Les pays déjà qualifiés pour le tournoi féminin de basketball 3×3 des Jeux de Paris 2024 sont la Chine, la France, l’Azerbaïdjan et les États-Unis.
C’est là un horaire printanier fort chargé, mais Équipe Canada prévoit préconiser la même mentalité qui lui a permis d’avoir du succès jusqu’ici.
« Un élément qui a été très important pour moi, c’est de trouver un état mental pour jouer où je peux être heureuse et libre et avoir du plaisir, parce que c’est dans ces moments-là que je donne mon meilleur niveau de jeu, déclare Crozon. Je dois donc trouver le bon équilibre entre la concentration, l’intensité et l’intention tout en étant détendue et capable de savourer l’amour que j’ai pour mon sport. »
Katherine Plouffe est d’accord. « Ce n’est qu’un jeu. Alors il faut savoir se défaire de la pression pour pouvoir être libre, pour être dans le plaisir du jeu, pour se soutenir les unes les autres et rester dans le moment présent. Il ne faut jamais oublier que si tu as donné tout ce que tu avais, alors ça va donner le résultat que ça donne. Ça me permet d’avoir une vision claire des choses et d’être en paix quand je joue, parce que la seule chose que j’ai besoin de contrôler, c’est ce que je fais sur le terrain. »
Michelle et Katherine ont conclu les Séries 2023 classées parmi les trois premières joueuses dans la ligue au grand complet tandis que Michelle a par ailleurs été nommée joueuse la plus utile à son équipe à l’issue de la finale, alors il faut admettre qu’il y a du bon à cette approche. L’équipe dans son ensemble est la preuve qu’il est possible d’avoir du plaisir et aussi de voir son nom se retrouver un peu partout au sommet des différentes catégories statistiques.
Quoiqu’il arrive par la suite, les femmes d’Équipe Canada peuvent compter sur la sagesse de leur entraîneure d’âge préscolaire.
Crozon raconte qu’après les matchs, Poppy lui demande parfois : « Maman, as-tu gagné? »
« Alors je lui demande, ‘Est-ce que tu as regardé le match?’ Habituellement, elle répond : ‘Non, mais je vous encourageais!’, explique Crozon. Ce qui fait que le résultat n’est pas vraiment important, c’est plutôt le fait que nous sommes là à jouer, à faire ce que nous adorons faire, qui compte vraiment pour elle. »