Un titre mondial est à la maison, un « rêve devenu réalité » pour les patineurs artistiques Stellato-Dudek et Deschamps
« Oh mon Dieu, est-ce qu’on a bien fait ? »
Pour Deanna Stellato-Dudek, le programme libre qui a valu à son partenaire Maxime Deschamps et elle la médaille d’or jeudi soir aux Championnats du monde de patinage artistique de l’ISU à Montréal ressemblait à ces moments où vous « clignez des yeux et c’est déjà fini ».
Une fois la victoire confirmée officiellement, c’était « un rêve devenu réalité » et un moment « vraiment incroyable » pour le duo, qui, à l’âge de 40 et 32 ans, défient toujours les probabilités. Stellato-Dudek écrit une page d’histoire en devenant la femme la plus âgée à remporter un titre mondial en patinage artistique.
Les émotions qu’ils ressentaient étaient bien visibles alors qu’ils se tenaient sur le podium en tant que vainqueurs. Alors que le « Ô Canada » était chanté par une chorale, Stellato-Dudek n’a pas retenu les larmes qui coulaient, mais s’est contentée de les essuyer.
Ils ont admis plus tard que la journée avait été journée stressante. Stellato-Dudek était un peu malade et doutait de sa capacité à performer à son meilleur dans leur plus importante compétition de l’année. Son état d’esprit n’a pas été aidé par un « terrible » échauffement. Mais quelques mots d’encouragement de Deschamps et de leurs entraîneurs leur a permis de trouver le chemin vers le sommet du podium. « Ils m’ont dit ‘si tu fais ça, tu vas y aller et te battre et donner tout ce que tu as’ », a expliqué Stellato-Dudek.
Dans leur programme sur la bande originale d’Interview with the Vampire (Entretient avec un vampire), il n’y a eu qu’une seule petite erreur, sur un double axel à la fin d’une combinaison de trois sauts vers le début du programme qui a été pourtant été un excellent véhicule pour eux toute la saison. À partir de là, ils ont enchaîné leurs éléments techniques difficiles, emportés par le soutien de la foule canadienne bruyante et fière.
Après avoir réussi leur dernier lancer, un triple boucle, il ne restait plus qu’une portée. Avant même que Stellato-Dudek n’atteigne sa position maximale sur le bras tendu de Deschamps, les fans étaient debout, créant un rugissement assourdissant qui les a emmenés dans leur position finale.
« Nous avons eu la chance d’avoir les Championnats du monde ici au Canada, même si nous en ressentions la pression, le public nous a vraiment portés tout au long de la seconde moitié de ce programme », a-t-elle déclaré.
« C’est incroyable ce que je vis ici ce soir », a dit Deschamps. « Nous sommes fiers de ce que nous avons accompli et c’était vraiment le fun de le faire devant la foule. »
Ils ont réalisé un record personnel de 144,08 points pour le programme libre, pour un meilleur pointage personnel total de 221,56. Ayant commencé avec une avance de presque quatre points après le programme court, seule une équipe pouvait les rattraper – les champions en titre, le Japonais Riku Miura et Ryuichi Kihara. Bien que les Japonais aient fini par remporter le programme libre, c’était seulement par 0,27 point, donc insuffisant pour combler l’écart. Ils ont remporté l’argent, tandis que les Allemands Minerva Fabienne Hase et Nikita Volodin ont décroché le bronze.
Les Allemands n’ont pas hésité à reconnaître le respect qu’ils ont pour les Canadiens et l’inspiration qu’ils en tirent.
« Ils ont tellement progressé au cours des dernières saisons », a déclaré Hase. « Surtout Deanna, à ton âge, c’est incroyable, vraiment. […] Ils nous donnent beaucoup de motivation pour la prochaine saison. »
Cette saison était déjà la meilleure de la carrière relativement courte de Stellato-Dudek et Deschamps ensemble. La saison a commencé avec une série de trois victoires consécutives, notamment des médailles d’or aux deux étapes du Grand Prix auxquelles ils ont pris part, les Internationaux de Patinage Canada et la Coupe de Chine. Une médaille de bronze à la Finale du Grand Prix a suivi. Après avoir remporté leur deuxième titre national consécutif, ils ont décroché l’or aux Championnats des quatre continents de l’ISU début février.
Mais leur ascension jusqu’au sommet s’est révélée des plus uniques pour les deux. L’histoire de Stellato-Dudek a été marquée par sa pause de 16 ans du sport. Son incroyable retour lui a valu de recevoir un « Achievement Award » de patinage artistique de l’ISU cette année, pris remis à un athlète pour une réalisation particulière. Mais Deschamps a également surmonté sa part de difficultés, y compris travailler avec huit partenaires différentes avec peu de succès au niveau national avant de trouver sa partenaire idéale en Stellato-Dudek.
« Nous avons tous les deux des histoires différentes, mais à la fin, nous avons tous les deux beaucoup de persévérance et de détermination ce qui nous a permis de réaliser ce que nous avons fait. Et toute l’expérience que nous avons acquise de manière très différente, nous avons pu la combiner ici », a expliqué Deschamps.
Originaire de la région de Chicago, Stellato-Dudek était une patineuse artistique en simple prometteuse pour les États-Unis. Elle a remporté l’argent aux Championnats du monde juniors de 2000, battant, entre autres, la future médaillée d’argent olympique Sasha Cohen. Mais la saison suivante, Stellato-Dudek a subi à nouveau une blessure à la hanche, après une série de blessures similaires, et a décidé de prendre sa retraite de la compétition du patinage artistique pour se lancer dans la prochaine phase de sa vie – du moins c’est ce qu’elle croyait.
Seize ans après avoir rangé ses patins, elle participait à une retraite avec son milieu de travail dans le cadre de sa carrière d’esthéticienne. Une question a été posée à tous les participants : Quelque chose que vous feriez si vous saviez que vous ne pouvez pas échouer ? Sa réponse immédiate l’a surprise elle-même : Je remporterais une médaille d’or olympique.
Elle a sorti ses patins du rangement et est allée à une séance de patinage public. Redécouvrant son amour pour le sport, elle a décidé de tenter un retour en tant que patineuse en couple, apprenant un tout nouvel ensemble d’éléments techniques qu’elle n’avait jamais exécutés auparavant. Elle avait dans la trentaine, un âge où la plupart des patineurs de haut niveau mettent fin à leur carrière.
Après la fin de son partenariat avec un autre Américain en 2019, un essai avec Deschamps a été organisé. Ils se sont bien entendus et ont décidé de représenter le Canada, sachant même que si elle voulait poursuivre son rêve de médaille d’or olympique, cela ne se réaliserait probablement pas avant 2026, puisqu’il lui faudrait tout ce temps pour obtenir la citoyenneté canadienne.
Ils ont commencé à participer à des compétitions internationales ensemble en 2021-2022 et à leurs débuts aux Championnats du monde en tant que duo en 2023, ils ont manqué le podium d’une place. Ayant reçu sa carte de résidente permanente l’année dernière, elle prévoit l’obtention d’un passeport canadien dans un avenir proche.
Avant de se projeter trop loin dans le futur, cependant, Stellato-Dudek et Deschamps vont célébrer ce titre mondial pour lequel ils ont travaillé si dur à leur manière.
« Je veux entrer chez Chanel et acheter quelque chose », a-t-elle dit en riant lors de la conférence de presse après la compétition.
« Manger une poutine, c’est probablement pour ce soir », a-t-il commenté avant d’ajouter plus tard qu’il aimerait vraiment tenir “ le flambeau des Canadiens ” lors du gala de dimanche pour peut-être qu’ils puissent gagner à nouveau et ramener une coupe Stanley à la maison. Ce serait vraiment spécial. »
La rédemption de Roman Sadovsky au programme court masculin
Lorsque Roman Sadovsky s’est entretenu avec les médias immédiatement après son programme court, il ne faisait aucun doute que le soulagement et le bonheur inondaient son visage.
« C’est certainement ce à quoi ressemble la rédemption. C’est à quoi ressemble l’entraînement », ont été les premiers mots qu’il a prononcés.
Avec une série de trois passages de sauts impeccables – quadruple salchow, triple axel et combinaison triple lutz – triple boucle piqué – Sadovsky a offert une performance qui lui procurait un meilleur sentiment que ce qu’il avait ressentait après ses programmes courts au cours des dernières saisons. « Je m’ennuyais de cette sensation. »
Cette performance lui a permis de conclure la journée au 11e rang, ce qui le place dans l’avant-dernier groupe pour le programme libre de samedi.
Sadovsky a donné une excellente démonstration de persévérance, lui qui, contrairement à la plupart des autres patineurs, n’avait pas beaucoup de résultats cette saison sur lesquels s’appuyer.
Ses problèmes de transport tout au long de l’automne et au début de l’hiver ont été largement documentés. Des bagages ont été perdus, un vol vers l’Europe a été renvoyé au Canada de manière inattendue – tout cela après qu’il se soit retiré de sa seule participation au Grand Prix pour s’assurer d’avoir le temps de récupérer complètement d’une blessure. Il n’avait donc pas foulé la glace en compétition avant les championnats canadiens en janvier.
Sadovsky a terminé sixième à cette compétition. Il a été envoyé aux Championnats des quatre continents de l’ISU quelques semaines plus tard où il n’a pas tenté son contenu technique le plus difficile. Ce qu’il a fait a toutefois été suffisant pour lui permettre de participer à ses deuxièmes championnats du monde.
Capable de cumuler les heures d’entraînement qu’il avait manquées au cours des semaines suivantes, il est arrivé à Montréal incroyablement préparé, mais aussi très nerveux.
« J’ai l’impression que c’est un peu comme une arme à double tranchant, car plus vous êtes préparé, plus vous voulez bien faire », a-t-il expliqué. Mais avec ce solide bloc d’entraînement sur lequel s’appuyer, il est parvenu à rester patient et calme, en particulier dans son approche des sauts à fort potentiel de points.
Mais ce n’est pas le quadruple ou le triple Axel qui ont été son moment préféré du programme court, mais plutôt lorsqu’il a salué la foule, profitant de l’ovation debout qui a retenti dans le bâtiment. Il avait été conseillé par d’autres patineurs de profiter de son temps devant les fans extrêmement bruyants qui avaient manifesté leur enthousiasme lors du premier jour de la compétition mercredi.
« Voir cette reconnaissance de milliers de personnes, c’est définitivement un moment gratifiant », a dit Sadovsky. Même la fin, il était pleinement conscient des acclamations qui ont éclaté à chaque saut atterri, à chaque mouvement sublime qu’il a réalisé.
«Comme si mes tympans explosaient. C’est tellement bon, tellement bon. »
Un des objectifs pour les Canadiens participants à la compétition individuelle à Montréal est de conserver deux places pour les Mondiaux de l’année prochaine. Après le programme court, ils sont en position de le faire. Ils doivent juste accomplir leur mission lors du programme libre.
Le nouveau champion national, Wesley Chiu, est au 18e rang après avoir commis une petite erreur à ses débuts aux championnats du monde. Il a rétrogradé la deuxième moitié de sa combinaison en double boucle piqué après un déséquilibre sur l’atterrissage du quadruple boucle piqué qui l’a précédée.
« C’est tellement spécial », a dit Chiu de cette « occasion unique dans une vie » de participer à des championnats du monde au Canada. « Juste d’avoir terminé un programme dont je suis fier, avec les fans derrière moi, c’est quelque chose dont on rêve enfant et je vis pratiquement mon rêve. »
Adaptation : Audrey Lacroix