Appiah et Richardson Wilson en pleine ascension après leur début olympique
Comme la plupart des femmes qui évoluent dans cette discipline, Cynthia Appiah a amorcé son parcours olympique en tant que freineuse, chargée de pousser le bobsleigh de près de 300 livres afin de générer beaucoup de vitesse et de s’accroupir derrière la pilote dans une course contre la montre sur une piste glacée aux multiples virages.
Dawn Richardson Wilson, l’une des plus jeunes bobeuses olympiques au sein de l’équipe canadienne à seulement 22 ans, a revêtu l’unifolié à Beijing 2022 après s’être initiée au sport seulement trois ans auparavant. Appiah et Richardson Wilson ont rapidement adopté ce sport d’hiver en plus d’y vouer une grande curiosité.
Difficile de trouver un duo plus dynamique en bobsleigh.
Appiah, l’aînée de l’équipage, connaît du succès en bobsleigh en tant que membre de l’équipe nationale depuis 2015.
Richardson Wilson garde souvent un cahier de notes à portée de main à l’entraînement où elle y inscrit les leçons qu’elle apprend, ainsi que les erreurs qu’elle ne veut pas répéter.
Les deux athlètes olympiques qui en étaient à leurs premiers Jeux ont fait équipe pour représenter le Canada à Beijing 2022 dans l’épreuve féminine de bob à deux.
Il n’y a pas que le bobsleigh qui les unit : les deux vedettes du bobsleigh canadien ont un héritage ghanéen. Leurs cheminements en vue des Jeux olympiques de Beijing ont toutefois été bien différents.
Puisque ses débuts dans la discipline étaient si récents, Richardson Wilson doutait qu’elle soit nommée au sein de l’équipe olympique de 2022. De son côté, Appiah s’était donné comme mission d’être de la compétition à Beijing après avoir raté de peu sa chance de représenter le Canada à PyeongChang 2018, en Corée du Sud.
Deux semaines avant les Jeux olympiques d’hiver de PyeongChang 2018, Appiah a reçu la nouvelle qu’elle ferait le voyage en Asie, mais dans le rôle de remplaçante. Cette rétrogradation l’a tenue à l’écart d’une participation aux compétitions. Elle a donc séjourné dans un hôtel à l’extérieur du village olympique dans l’attente d’une possibilité de participer aux compétitions olympiques qui se présenterait seulement si une des membres de l’équipe se blessait. Il n’y a finalement pas eu de blessées et Appiah n’a donc jamais pu disputer d’épreuves à cette occasion.
Cette profonde déception l’a amenée à remettre son avenir dans ce sport en question où pourtant elle a tant excellé. Après des mois de réflexion et de discussions avec ses amis, sa famille et son entraîneur, Appiah a décidé de se rendre à Lake Placid aux États-Unis pour fréquenter une école de pilotage. Si elle allait continuer à évoluer dans le bobsleigh, ça serait à ses conditions.
Appiah a atteint son objectif de piloter un bob en plus de devenir la première femme noire à piloter un bobsleigh au Canada. Appiah est bien consciente du poids de cet accomplissement historique.
« Je veux constamment m’élever au rang de la meilleure athlète que mon sport ait jamais vue, et je crois pleinement que j’en suis capable, mais je veux vraiment être le modèle de ce que les athlètes noirs peuvent accomplir, » avait-elle déclaré en 2021.
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Disputant la première présentation de l’épreuve de monobob de l’histoire olympique à Beijing 2022, Appiah a pris le huitième rang. La plupart des gens considéreraient que terminer parmi les huit premiers aux Jeux olympiques est une réussite assez impressionnante, mais ce n’était pas son cas. Avant les Jeux, la Canadienne occupait le troisième du classement de la discipline et entretenait de grands espoirs de remporter une médaille. Déçue, mais loin d’être vaincue, elle s’en est rapidement remis et a jeté son dévolu sur l’épreuve féminine du bob à deux dans laquelle elle concourrait avec sa coéquipière Richardson Wilson.
Cette dernière, qui est en encore relativement à ses débuts, n’était pas du tout certaine qu’elle serait des Jeux et attendait l’annonce de l’équipe olympique canadienne de bobsleigh avec beaucoup d’impatience. Quand sa place au sein de la formation a été officialisée le 20 janvier 2022, Richardson Wilson a publié ce message sur les réseaux sociaux: « Je ne peux pas décrire pleinement ce que je ressens en ce moment, car la bataille a été difficile, c’est le moins qu’on puisse dire, mais je suis contente d’avoir fait ce choix parce que l’amour que je ressens pour ce sport et les gens qui en font partie est incalculable. »
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La bataille difficile à laquelle Richardson Wilson fait référence est le fait qu’elle est encore relativement considérée comme une recrue dans son sport. Apprendre les aspects physiques et techniques du bobsleigh est un processus progressif qui s’échelonne sur plusieurs années. Les hauts et les bas endurés dans son apprentissage du sport ont été éprouvants, mais elle y en est finalement venue à bout.
Toutefois, la douleur qu’elle a vécue dans son enfance à Edmonton a laissé une marque au fer rouge qui ne s’effacera jamais. À l’âge de six ans, sa mère et son père sont décédés à quelques mois d’intervalle, la laissant aux soins de son frère aîné et de sa femme. Richardson Wilson a développé une relation solide avec la femme de son frère, mais la jeune Dawn a dû faire face à beaucoup de défis émotionnels en grandissant sans parents. Le vide causé par leur décès serait en partie comblé par un sentiment d’appartenance au sein de son sport.
En tant que membres officielles de la famille olympique canadienne, elles ont tout donné dans l’épreuve féminine à deux. Enthousiaste à l’approche du défi olympique, Richardson Wilson a publié sur les réseaux sociaux : « On n’a jamais été aussi prêtes! »
Leurs descentes n’ont pas été parfaites. Après avoir fait un accident à leur troisième descente, ils ont fait oublier leur contre-performance avec une dernière descente exemplaire. À leur plus grande surprise, le duo s’est classé huitième. Clairement satisfaite du résultat, Appiah a publié ces messages sur Instagram: « Une fin en beauté! Super fière des descentes que nous avons réussies… » « Merci, Dawn, de nous avoir donné des poussées puissantes pour une seconde fois de suite [sic]. Ravie de terminer parmi les huit meilleures à nos premiers Jeux olympiques. »
Appiah a fait la paix avec la profonde déception d’avoir été exclue de l’équipe olympique de 2018 et s’est fixée l’objectif de devenir la première femme noire à piloter un bobsleigh au Canada. La perte de ses parents en bas âge a permis Richardson Wilson de développer un puissant amour pour la discipline. Les deux femmes font preuve de grâce et de courage inébranlables qui sont encore mieux illustrés par le poème de la poétesse et militante Maya Angelou, « Je me lève encore » :
« Tout comme les lunes et les soleils,
avec la certitude des marées,
tout comme l’espoir d’un printemps,
je me lève encore. »
Bobsleigh Canada misera sur ce duo face aux exigences des compétitions internationales avec l’objectif commun de participer aux prochains Jeux olympiques d’hiver à Milan Cortina 2026, en Italie.