Apprendre à retomber sur ses pieds dans un nouveau sport et rêver grand

Marion Thénault a expérimenté une succession de vrilles, de flips et de virages dans son passage de la gymnastique aux sauts de ski acrobatique.

En apprenant à réussir des réceptions sur neige après l’avoir fait sur le tapis, elle a pu se servir de ses habiletés particulières pour chercher à atteindre son objectif de se tailler une place au sein d’Équipe Canada aux Jeux olympiques d’hiver de Beijing 2022.

Après avoir été identifiée par l’entremise du programme du Camp des recrues RBC en 2017, Thénault s’est fait un nom en seulement quatre ans de carrière au ski acrobatique. Née à Sherbrooke, au Québec, l’athlète ne connaissait rien de ce sport au départ, mais elle est devenue une des principales skieuses à surveiller après avoir remporté le bronze à la Coupe du monde de Moscou en janvier. Cette troisième place était d’autant plus impressionnante qu’elle en était à sa première saison sur le circuit de la Coupe du monde.

« Au début de la saison, je voulais juste voir où je me situais par rapport aux autres sur le circuit, a raconté Thénault à Olympique.ca. Après la première Coupe du monde en Finlande, j’avais terminé au cinquième rang et je me souviens clairement de m’être dit ‘OK, maintenant je veux un podium’. C’était l’objectif que je me donnais à chacune des étapes de la Coupe du monde, de me retrouver parmi les trois premières. »

Après avoir atteint son objectif de podium en Russie, elle n’a pas tardé à signer sa première victoire sur le circuit de la Coupe du monde au Kazakhstan puisque celle-ci est survenue deux mois plus tard. Elle a alors réalisé son rêve, mais cela a aussi attisé sa faim de remporter d’autres épreuves. Maintenant, Thénault a des objectifs plus ambitieux encore, qui vont au-delà du simple désir de participer aux prochains Jeux d’hiver.

« Je pense qu’aux Jeux, le niveau va être très élevé et les figures vont être très recherchées, mais en même temps, je vais miser sur ma constance et mon niveau d’exécution et je veux me retrouver parmi les six athlètes qui participeront à la finale. » 

Le cheminement de l’athlète de 21 ans vers son premier podium à l’échelle internationale ne s’est pas fait sans heurts. Même si elle savait comment réussir ses figures en gymnase, Thénault a non seulement dû apprendre comment réaliser des figures semblables sur des skis qui n’ont que quelques pouces de largeur, mais elle a aussi dû apprendre un élément particulièrement important de son nouveau sport; comment skier.

« Ma première année, je l’ai à toutes fins utiles passée à apprendre à skier, a noté Thénault. J’avais un entraîneur de ski, un entraîneur privé [Rémi Belanger] et j’allais skier trois à quatre fois par semaine sur un petit mont au nord de Montréal. Il m’a vraiment aidée. Il m’a amenée à découvrir à quel point le ski est plaisant ; il voulait que j’aie du plaisir et que j’en découvre tous les aspects. En même temps, j’apprenais les techniques de torsion pour les sauts sur le trampoline, alors je me préparais vraiment à faire des sauts complets sur neige sans vraiment sauter parce que je n’étais pas prête. »

Thénault a repoussé les limites de son corps et elle est maintenant à l’aise de filer à des vitesses pouvant atteindre 58 kilomètres à l’heure pour se lancer dans son saut et se retrouver 35 pieds dans les airs pour effectuer un double flip avec triple vrille.

Ce qu’elle a été en mesure de réaliser ferait peur à bien des athlètes aguerris, alors imaginez la difficulté de l’apprendre en une aussi courte période… Malgré cette courbe d’apprentissage plutôt à pic, il y a eu une constante chez elle : la mentalité qu’elle avait au moment d’entreprendre chaque saut.

« J’utilise beaucoup de mots-clés, a-t-elle indiqué. Il y a des choses que je me dis à des moments très précis pendant ma descente. Je passe à travers ces mots-là et quand je me retrouve dans les airs, je sais à ce moment-là si ça va être bon ou mauvais. Je le sais tout de suite, et ensuite je m’ajuste dans les airs. »

L’entrée en scène de Thénault a certes eu une incidence sur le reste de l’équipe canadienne des sauts, comme l’a fait remarquer l’olympien des Jeux de 2018 Lewis Irving, qui est revenu sur les pentes après avoir raté la saison 2018-2019 en raison d’une blessure et qui a alors constaté à quel point sa nouvelle coéquipière est remarquable.

« La présence de Marion a certainement été un gros coup de pied au derrière au début, a indiqué Irving à Olympique.ca. Je suis revenu après un an d’absence et voilà qu’il y avait cette nouvelle fille recrue dans l’équipe qui performait mieux que tout le monde, qui travaillait super fort et qui mettait la barre très haute […] C’est bien qu’elle soit là, ça fait en sorte que nous avons une équipe vraiment solide qui veut repousser ses limites et c’est une très bonne chose. » 

Bien que son niveau d’engagement inspire les autres membres de l’équipe, Thénault ne peut s’empêcher de penser à ce qui la motive, surtout après avoir vu d’autres athlètes du Camp des recrues RBC non seulement aller au bout de leur quête d’accéder à l’équipe olympique, mais aussi devenir des médaillés olympiques.

Pendant les Jeux de Tokyo 2020, Thénault a vu ce qui pouvait arriver grâce au Camp des recrues RBC. Kelsey Mitchell est sans doute la première athlète qui vient à l’esprit, puisque celle qui était joueuse de soccer à l’université et qui est devenue cycliste sur piste a remporté la médaille d’or olympique au sprint, quelques années seulement après avoir roulé dans un vélodrome pour la première fois de sa vie. 

« Ça montre selon moi qu’il est possible de n’avoir que quelques années de vécu dans un sport et de quand même se retrouver au sommet du monde, et je pense que c’est ce que je vais viser, a dit Thénault. Je n’ai pas autant d’expérience. Mais comme elle [Mitchell] l’a prouvé, et plusieurs autres athlètes du Camp des recrues RBC l’ont prouvé, c’est quand même possible de se rendre jusqu’en haut très rapidement. En raison de nos antécédents et ensuite, parce que nous avons de bonnes habitudes de travail et nous avons l’habitude de nous entraîner à un haut niveau; ça aussi, ça aide beaucoup. »

Grâce au Camp des recrues RBC, Thénault a été en mesure de trouver ce qui la passionnait à titre de spécialiste des sauts. Elle a conservé l’attitude de cette jeune fille qui se disait qu’elle n’avait rien à perdre à disputer une finale régionale même si on la trouvait trop grande pour faire de la gymnastique, et c’est ainsi qu’elle a pu découvrir un sport qui l’amènera maintenant sur la plus grande scène sportive au monde.

Le Camp des recrues RBC est un programme d’identification du talent et de financement des athlètes qui vise de découvrir de jeunes athlètes qui ont le potentiel de participer aux Jeux olympiques et de leur offrir les ressources nécessaires à la réalisation de leur rêve olympique. Les athlètes de 14 à 25 ans sont admissibles à participer à des camps d’évaluation un peu partout au Canada, où des organismes nationaux de sport cherchent à recruter des athlètes de talent susceptibles de connaître du succès dans le futur.