La championne olympique Catriona Le May Doan et son tatouage des anneaux olympiques : une fascinante odyssée
Après avoir participé aux Jeux olympiques, plusieurs athlètes immortalisent ce moment marquant de leur carrière en se faisant tatouer les anneaux olympiques.
Toutefois, la quadruple olympienne et double médaillée d’or olympique Catriona Le May Doan a pris un engagement différent envers elle-même et cet engagement l’a conduite à se faire tatouer près de 20 ans après ses derniers coups de patin sur une glace olympique.
Maintenant, Le May Doan explique dans ses propres mots pourquoi le fait de devenir chef de mission d’Équipe Canada aux Jeux de Beijing 2022 l’a finalement amenée à concrétiser son engagement. Grâce à cette œuvre d’art sur son avant-bras gauche et la leçon apprise de sa mère, elle souhaite inspirer les athlètes d’Équipe Canada.
Quand j’ai pris ma retraite, on m’a suggéré de proposer mon nom comme chef de mission adjointe. C’était en 2004, en prévision des Jeux de Turin en 2006. Cependant, je venais de commencer à travailler dans le monde des médias et je voulais acquérir de l’expérience du point de vue des médias. Je savais alors qu’un jour, mon objectif serait d’être chef de mission. À cette époque, de nombreuses personnes me demandaient si j’avais le tatouage des anneaux olympiques (et supposaient que c’était le cas). J’ai commencé à me demander si j’allais me faire tatouer un jour et dans quelles circonstances. Au cours des années suivantes, j’ai commencé à formuler mes objectifs et c’est à ce moment-là que j’ai commencé à réfléchir à cet engagement.
J’ai toujours dit que mes résultats ne me définissaient pas. Je tiens cette attitude de ma mère qui disait toujours que ce n’est pas ce que quelqu’un fait ou réussit qui compte, mais c’est plutôt la façon dont il se comporte. C’est pourquoi je ne voulais pas que ces anneaux définissent ma carrière sportive. J’ai ensuite participé à cinq Jeux olympiques dans les médias et ce furent des expériences complètement différentes.
Entre les deux, j’ai eu l’occasion d’amorcer le relais de la flamme olympique avec Simon Whitfield à Victoria, le matin du 20 octobre 2009. C’était probablement l’un des moments olympiques les plus intenses de ma carrière. Je n’oublierai jamais que Simon et moi courions le long du sentier et que tout ce que je voyais, c’était les visages des gens dans la foule qui fixaient la flamme avec tant d’espoir. J’ai été profondément marquée à ce moment-là par le fait que les Jeux ne représentent pas seulement une compétition sportive, mais plutôt une combinaison du pouvoir de la flamme, des Jeux et des anneaux. Les Jeux donnent aux gens l’espoir de rêver.
Une fois mes objectifs au sein des médias atteints, j’ai eu l’occasion d’être mentore principale des athlètes pour Équipe Canada en 2018 à PyeongChang et ce fut une expérience incroyable. C’est là, en travaillant aux côtés d’Isabelle Charest, que j’ai su que je voulais être chef de mission.
Pour moi, être chef englobe toutes ces expériences aux Jeux olympiques : être une athlète, connaître du succès, faire face à des échecs, être témoin de la puissance des Jeux, raconter les histoires des athlètes à travers les médias, voir l’équipe de mission et la quantité de travail accompli en coulisses.
Pour moi, être chef de mission, c’est être une mentore, une leader, une porte-parole, une bénévole. Il s’agit de faire connaître le pouvoir des Jeux.
Pour moi, la boucle est bouclée, mais pour la boucler complètement, je dois porter la preuve que je crois aux Jeux et à ce qu’ils représentent.
Je voulais que le tatouage soit sur mon avant-bras pour que je puisse le voir, mais aussi pour que les autres le voient et que je puisse parler du pouvoir des Jeux. J’ai les initiales de mes enfants à l’intérieur de mon bras droit. Je peux donc regarder mes bras et tout ce que j’aime s’y trouve : mes enfants, le pouvoir du sport et tout ce que le sport nous enseigne.
Ma mère est en fin de vie. Elle a signé ses papiers d’aide médicale à mourir en août et il ne lui reste plus qu’un mois environ. Cela me rend triste, bien sûr, mais c’est aussi une occasion de célébrer sa vie.
Je voulais lui montrer mon tatouage, car elle a toujours été l’un de mes plus grands soutiens (elle et mon père). Elle ne m’a jamais poussée, mais elle m’a enseigné à développer une excellente éthique du travail. Ma mère était présente à tous les Jeux du Canada et à tous les Jeux olympiques. Elle a apporté le même drapeau de la Saskatchewan à chaque compétition et en 1998, je l’ai apporté sur le podium avec le drapeau canadien. En 2002, j’ai fait un tour d’honneur sur l’anneau de Salt Lake City avec les deux drapeaux.
Avant mes premiers Jeux en 1992, nous avions passé un mois en Europe pour nous entraîner et participer à des compétitions. Je me souviens d’une discussion au téléphone avec ma mère lors de laquelle elle m’avait dit : « Tu sais, tu n’es pas obligée d’y aller si tu ne veux pas. » Je me souviens avoir pensé que c’était sa manière de me rappeler qu’elle ne voulait pas que je ressente de pression de leur part. Je lui ai dit que je voulais y aller et elle m’a répondu avec son accent écossais : « Ok, alors on se verra là-bas ».
Je ne crois pas que ma mère sera encore là quand les Jeux de Beijing débuteront et je n’aurais pas eu cette vie olympique sans son soutien. Peu importe si je terminais en première ou en dernière place, elle me soutenait toujours et c’est la façon dont j’essaie d’élever mes enfants. Je veux que nos athlètes sachent que l’équipe derrière l’équipe les soutient et que tout le pays les encourage, quels que soient leurs résultats.